LA DOCTRINE CORPORATIVE
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- Catégorie : Economie organique
La variété des conceptions rend difficile tout effort de synthèse. Depuis le simple syndicat mixte qui englobe tous les éléments professionnels et qui a « pour principe essentiel la liberté » (1), jusqu'au « corporatisme pur » qui fait de l'Etat lui-même une sorte de super corporation (2), nous trouvons toute une gamme de doctrines. Les unes s'inspirent du Moyen-âge, insistant sur la paix sociale et la moralité ; elles ont parfois un certain parfum de romantisme et de poésie. Les autres visent à être scientifiques, mettent l'accent sur la recherche du bien commun et la restauration du principe d'autorité ; elles ont de la force, voire de la rudesse. Beaucoup sont sommaires, se bornant à critiquer des thèses adverses et à nous fournir des esquisses de réglementation pratique, applicables à des cas déterminés.
La variété des doctrines étrangères.
Il est surprenant qu'il y ait aussi diversité de doctrines dans le pays qui passe pour un modèle de réalisation corporative : l'Italie.
A en croire G. Arias (3), les fins publiques se substituent aux fins privées dans le régime corporatif, au point que l'individu, lors des choix par lesquels il exerce son activité, se laisse guider par sa « conscience corporative » et non par son intérêt personnel, et que l'entrepreneur se conforme à ce qu'il croit être l'intérêt public (4).
Suivant Fovel (5), le corporatisme est une doctrine productiviste, c'est-à-dire d'augmentation de la production. Dans ce but, il convient d'éliminer le revenu du capital. Cette thèse est donc avant tout anticapitaliste.
Pour Ugo Spirito (6), l'Etat moderne n'est ni transcendant, comme en régime libéral, ni bureaucratique, comme en régime socialiste, il n'est pas surajouté à l'individu, il est la nation elle-même qui absorbe l'homme par l'intermédiaire de la corporation. L'économie se trouve subordonnée à l'Etat ainsi compris et tous les phénomènes économiques sont systématisés en vue de fins d'ordre étatique. La corporation se présente à la fois comme une solution des antagonismes « public-privé » et « capital-travail » ; elle aboutit à une fusion de l'individu et de l'Etat du point de vue économique.
Comme le remarque G. Arias avec raison et non sans vivacité, cette dernière conception est contraire à celle qui inspire la Charte du Travail italienne. Celle-ci, en effet, dans la déclaration VII, affirme le principe de l'initiative privée et distingue nettement l'individu et l'Etat du point de vue économique. « Les organisateurs d'entreprises, lit-on, sont responsables vis-à-vis de l'Etat de la direction de la production. »
Passons à des auteurs moins hardis. Marco Fanno regarde la corporation comme un moyen de remédier aux crises, c'est-à-dire aux fluctuations des prix dans le temps. Il découvre la cause de ces mouvements dans un fait structurel qui est non pas précisément la longueur du processus de la production, dont certains économistes français ont parlé, mais la différence dans la durée des cycles productifs des biens instrumentaux et de ceux des biens directs (de consommation). Les variations de la demande de ces derniers biens se répercutent de manière inégale à travers les stades de la production, en sorte que les chefs d'entreprise, isolés, commettent de multiples erreurs de calcul et ne parviennent pas à ajuster leur offre à cette demande ultérieure changeante. La corporation, ayant une vue globale des entreprises, est à même de mieux connaître, de mieux calculer, de mieux prévoir, et d'imposer une discipline de l'offre (7).
En généralisant la conception de Marco Fanno, on peut se faire une idée de celle d'Ugo Papi qui fait du corporatisme une doctrine d'assurance non seulement contre la crise, mais contre tous les risques économiques. Cette assurance porte sur l'individu et sur l'affaire elle-même : elle vise les revenus à leur source (8). La propriété privée, l'initiative individuelle, la faculté d'épargne sont préservées, mais une « discipline unitaire » est instituée. Par exemple, la corporation décide s'il convient ou non, en raison de la situation du marché, de permettre la création ou l'extension d'une entreprise.
Ugo Papi n'ignore pas que le système corporatif fait surgir une nouvelle bureaucratie et il recommande une « réduction systématique du coût », conformément à la déclaration VIII de la Charte du Travail, c'est-à-dire l'obtention d'une production plus économique et non la simple amputation des revenus existants. Pour y parvenir, il compte sur l'intervention de l'Etat, non pas « occasionnelle et incohérente sous la pression des intérêts les plus puissants », mais « ordonnée et consciente des répercussions », conformément au double principe d' « intégralité dans la tutelle des intérêts existants » et « d'adhérence à la réalité du marché ». Ces deux normes correspondent au quatrième caractère général que nous avons indiqué ; elles signifient que les dirigeants du système, grâce à la vue d'ensemble qu'ils possèdent, d'une part contrôlent toutes les activités de manière à obtenir leur meilleur aménagement, et d'autre part règlent leur action d'après les conditions du milieu sans obéir à des dogmes.
Particulièrement instructive pour nous est la thèse d'Agostino Lanzillo (9), car elle se situe aux antipodes de celles de Fovel et de Spirito ; elle est réaliste et prouve que le corporatisme d'association avait d'éminents partisans dans l'Italie de 1936.
Selon cet excellent auteur, la corporation est un « regroupement des entreprises, des forces de travail, des activités, des échanges, sous le contrôle de l'Etat, par grandes branches de la production, en vue d'une coordination rationnelle des entreprises et des facteurs de production et d'une distribution équitable du produit dans la sphère des intérêts économiques et moraux de la Nation ». La corporation n'est pas un organe d'Etat, au contraire, elle est autonome par essence et même elle se présente comme « la négation dialectique de l'Etat » puisqu'elle apporte une « solution intégrale des problèmes de structure » et exerce ses fonctions « en dehors de l'Etat et même, s'il y a lieu, contre l'Etat ».
Malheureusement, « la structure corporative italienne présente le défaut d'être née par la volonté de l'Etat », elle n'est pas sortie de « l'humus social ». D'où des incertitudes à ses débuts. Mais la corporation ne doit pas préparer une planification qui serait une préface du socialisme. Elle n'est ni révolutionnaire, ni anticapitaliste, elle apporte une heureuse solution « à la contradiction qui existe entre les exigences de la vie sociale et l'incapacité de l'Etat ».
A. Lanzillo nous apporte donc une théorie remarquable de corporatisme anti-étatiste.
Filippo Carli rapproche l'économie corporative de l'économie néo-classique (10). D'après lui, la psychologie de l'individu est en partie déterminée par les groupes auxquels cet individu appartient, notamment par l'Etat, synthèse des citoyens et fait spirituel. La recherche de l'équilibre ne doit pas être rejetée, elle doit au contraire être étendue, de manière à obtenir un équilibre à la fois dynamique et multiple, c'est-à-dire « économique, éthique, psychique, démographique, juridique ». L'ordre économique n'est que l'aspect hédonistique de l'ordre politique. Le théoricien peut retenir cet aspect pour étudier une « économie pure » du corporatisme. L'homo corporativus, sujet d'une telle économie, procède à des calculs analogues à ceux auxquels se livre l'homo economicus, mais en tenant compte à la fois de ses intérêts et de ceux de la corporation dont il dépend (calcul hédonistique synthétique). L'économie orthodoxe n'est pas niée, elle est complétée.
Cette manière de présenter le problème est très acceptable, car l'économiste a toujours la faculté d'abstraire pour mieux étudier, mais il est à peine besoin de remarquer que l'homme réel tient généralement peu de compte des intérêts de son groupe lorsque celui-ci est très étendu, ce qui est le cas de la corporation. Un tel fondement doctrinal donne naissance à de grandes difficultés. Les prix, par exemple, doivent être coordonnés de manière à satisfaire aux exigences à la fois des individus et des groupes.
Pour F. Vito, l'économie politique étudie les moyens de parvenir à certaines fins et ces fins, qu'il résume dans les mots « justice sociale », sont des données morales et politiques. La justice est satisfaite lorsqu'une compensation est offerte à quiconque fournit un effort utile à la société et non à l'entreprise. Par exemple, le salaire est rémunéré d'après l'utilité sociale de la prestation accomplie et non conformément à l'intérêt pécuniaire de l'entrepreneur, en d'autres termes, selon la productivité sociale et non selon la rentabilité individuelle. La corporation est l'instrument qui, sous l'égide de l'Etat, « assure la discipline unitaire, organique et totalitaire de la production », en appliquant l'activité à des buts d'intérêt national (11). Les pouvoirs publics, on le voit, ont une mission difficile à remplir : préciser les fins et inciter les individus à les atteindre. L'économique est le
corollaire d'une éthique et d'une politique (12).
Théoriquement donc, l'économie corporative ainsi comprise n'est pas purement et simplement étatiste. « Tout en conservant l'initiative individuelle et la propriété privée, on cherche à obvier aux désordres de la concurrence grâce à l'instauration d'un système de discipline de la production dans lequel les intéressés conservent le rôle principal. Tel est le système de l’autodiscipline de la production institué par le corporatisme » (13). Il y a là une forte base individualiste : le salut doit en principe venir d'un acte de volonté.
Mais les corporatistes ne croient pas au jeu des automatismes et à l'harmonie des intérêts ; à cet égard, la divergence éclate avec les classiques : « Dans l'Etat corporatif qui considère l'homme tel qu'il est, l'initiative privée n'est pas niée, elle est reconnue en tant qu'elle s'accorde avec les intérêts de la collectivité » (14). Mais s'accorde-t-elle d'elle-même ? Le corporatiste se méfie des tendances naturelles à l'homme, consacrées par de mauvaises habitudes, et recourt à l'Etat pour les combattre. Cette direction étatiste s'exerce par l'intermédiaire de la corporation et là est la différence avec les associations à caractère de monopole : ces dernières s'orientent vers la défense des intérêts privés, tandis que la corporation est orientée vers l'intérêt national. Et c'est ainsi que l'étatisme s'étend, soit temporairement si on regarde l'homme comme capable de s'amender et d'aboutir à l'autodiscipline souhaitée, soit définitivement si l'on est moins optimiste. « L'organisme typique à qui est confié le soin de discipliner la production dans le système italien est la corporation, bien que cette discipline soit exercée directement par l'Etat dans certains secteurs à titre temporaire ou définitif » (15).
Remarquons que la théorie, ainsi comprise, se présente toujours comme celle d'une économie de bien-être, mais en précisant « bien-être collectif » ; elle n'est pas a priori une économie de puissance, bien qu'elle le soit devenue en Italie. Elle repose sur ce postulat que l'Etat, à défaut de l'individu isolé ou groupé, sera capable d'orienter le système de manière à obtenir le bien-être et en même temps la justice. Que l'individualisme n'y parvienne pas complètement, c'est l'évidence même ; l'homme est récompensé non seulement suivant son mérite, mais encore suivant sa chance ; il ne peut en être autrement dans un système de liberté relative, car on ne saurait supprimer le hasard sans instaurer un régime d'autorité totale. Mais que les dirigeants soient capables de faire mieux, c'est une autre question. L'action du hasard peut être considérée comme la rançon de cette liberté dont chacun profite et qui est source à la fois de responsabilité et de risques. Chacun n'a, en principe, qu'à s'en prendre à lui-même s'il ne parvient pas à ses fins, et l'Etat, toujours présent dans une société individualiste, a pour rôle de remédier aux conséquences fâcheuses des circonstances imprévues. Nous n'avons ici ni à décrire, ni à défendre ce système qui a incontestablement de la grandeur, puisqu'il repose sur une notion de personnalité humaine, mais nous sommes fondés à nous demander si les résultats de l'action corporative, temporairement ou définitivement étatiste, seront tels qu'ils compenseront la perte de la liberté individuelle. Le bien-être collectif repose sur une augmentation de la production, qu'aucune contrainte et sans doute aucune persuasion ne permet d'obtenir aussi bien et aussi vite que l'intérêt personnel ; la justice sociale repose, comme le veut M. Vito, sur une rémunération conforme à l'utilité sociale de la prestation accomplie. Mais comment apprécier cette utilité ? C'est aux dirigeants à le faire. Tout dépend de la qualité des agents chargés de la direction et c'est un problème d'élite qui se pose, problème auquel nous sommes constamment ramenés dans notre société actuelle, quel que soit le régime adopté.
Si de l'Italie nous passons au Portugal, autre pays corporatif qui a récemment attiré les regards, nous trouvons des idées analogues à celles que nous venons d'exposer. Citons quelques excellents auteurs : M. Caetano, C. Gonçalves, M. de Figueiredo, Da Costa Leite Lumbrales, José Joaquin Teixera Ribeiro, Pereira dos Santos. Le premier de ces écrivains notamment (16) explique que le corporatisme est un système comportant une conception complète d'organisation sociale. D'après lui, il existerait une sociologie corporative dont se détacheraient une économie corporative, une politique corporative et un droit corporatif. Le principe de cette sociologie serait personnaliste. La distinction entre l'individu et la personne, qui est en honneur aujourd'hui parmi les tenants du personnalisme et qui leur permet de faire figure d'adversaires à la fois des anciens libéraux et des modernes socialistes, était faite déjà par des auteurs portugais. La « personne » serait l'homme concret et social par opposition à « l'individu » qui correspondrait à un être économique abstrait et isolé (17). L'économie corporative est donc « intégraliste » puisqu'elle concerne l'homme « intégral », elle est morale et sociale, elle doit servir à des fins supérieures. Ainsi le capital a pour but l'utilité sociale, c'est-à-dire doit être socialement productif ; là seulement est sa justification. L'Etat corporatif, de son côté, unit un pouvoir fort et unitaire à une large décentralisation des fonctions administratives conférées à des entités juridiques autonomes sous la tutelle du Gouvernement.
L'économie corporative comme économie de groupes.
Essayons de dégager les grandes lignes d'une théorie de l'économie corporative : celle-ci nous apparaît essentiellement comme une économie de groupes, qu'elle soit d'Etat (imposée) ou d'association (spontanée). Elle se présente comme une extension et une accentuation du mouvement de concentration que l'on constate à l'époque moderne dans l'industrie et le commerce.
La corporation peut faire partie d'autres groupements ou elle-même être divisée en groupements, mais elle demeure l'unité du système.
Le point de vue économique.
Dans l'ordre économique proprement dit, tout dépend de la réalisation d'un équilibre entre les groupes et non plus entre les individus.
Insuffisances et dangers du corporatisme d'association.
S'il s'agit d'un corporatisme d'association, la lutte entre les entreprises, que déplorent les adversaires du libéralisme, est remplacée par une lutte entre les collectivités. Celles-ci elles-mêmes ne sont parfois que des façades, car dans tout groupement il existe des entreprises particulièrement puissantes et actives, des « centres de force », comme l'écrit Pantaleoni, qui font prédominer leurs propres intérêts (18). Le monopole, si amèrement reproché aux individualistes, est généralisé, renforcé, sanctionné. Le « jugement corporatif » risque d'être un jugement hédonistique collectif et même individuel dans le cas dont nous venons de parler. Les corporations ont sur les cartels ce surplus de force qui leur vient du nombre et de la cohésion de leurs membres. Déjà les cartels, dit-on, réalisent une économie de groupes, mais ils réussissent rarement à englober toutes les entreprises de
la branche de production envisagée, une concurrence résiduelle ou potentielle subsiste, et bien souvent des concurrences partielles se perpétuent même entre les entreprises cartellisées en portant sur la qualité, la présentation, les délais de livraison, etc... Dans la plupart des cas, nous sommes aujourd'hui en face de ces « marchés imparfaits » sur lesquels s'est exercée la sagacité des modernes économistes. Le système corporatif au contraire ne laisse plus qu'une alternative entre deux formes de monopole dont nous aurons à parler.
Enfin, en raison de sa cohésion, le groupe est puissant et il est doué, comme tous les organismes vivants, d'une force d'expansion dont les grandes entreprises privées nous fournissent maints exemples (19). L'autodiscipline devrait consister alors en une autolimitation, bien improbable d'ailleurs, car on sait quels entraînements subissent les individus comme les collectivités en périodes de prospérité. Il ne suffit pas d'avoir une conception de l'intérêt général pour modérer sa marche quand la route est belle et l'horizon clair, il faut une connaissance, assez peu répandue de nos jours, des nécessités du rythme.
L'action du groupé sur les prix.
Un tel groupe monopoleur va exercer son action sur les prix. Quand les corporations se trouvent en présence d'éléments non corporatisés, elles tendent à imposer leurs prix, quand elles ont à faire à d'autres corporations, elles se heurtent plus ou moins violemment à elles. D'un côté, monopole unilatéral, de l'autre, monopole bilatéral.
Le cas du monopole unilatéral.
a) La théorie du monopole a été exposée avec soin dans le courant de ces dernières années par un grand nombre d'économistes et nous n'avons pas à y revenir (20).
Plaçons-nous dans l'hypothèse la plus favorable en supposant que le Comité directeur du groupe ait acquis le sens de l'intérêt général et ne cherche pas à obtenir uniquement le gain maximum. Il évitera toute sous-production rentable, c'est-à-dire qu'il s'abstiendra de réduire la production dans le cas où, grâce à une certaine rigidité de la demande, l'augmentation de valeur correspondant à la rareté croissante de l'offre ferait plus que compenser la contraction du volume des ventes (21).
Nous pouvons admettre dans ce cas que les dirigeants de bonne volonté désireront découvrir le prix normal, forme moderne du juste prix médiéval, qui a hanté nos hommes d'Etat depuis bien des années. Après avoir essayé de traquer le bénéfice anormal, nos législateurs ont visé ce prix normal par la loi du 19 août 1936 relative aux denrées de première nécessité en le considérant comme égal à la somme du coût réel et du bénéfice légitime (« rapport qui doit exister entre le prix d'achat et le prix de revente » art. 7). Ils étaient sur ce point d'accord avec la conception vulgaire et c'est ainsi sans doute que raisonneraient les chefs bien intentionnés des grandes unités corporatives. Or il y a là des dangers.
D’abord le calcul du prix de vente doit se faire d’après le prix de remplacement des marchandises et non d’après le prix de revient sous peine de conduire à la ruine, en temps de hausse des prix, les entreprises dont la trésorerie est étroite. C’est pour parer à ce grave inconvénient que de bons esprits ont proposé la constitution d’un stock de base ou stock-outil, ensemble de marchandises à l’état de matières premières, de produits semi-ouvrés ou de produits finis, dont l’importance serait proportionnelle à celle du matériel et à celle du chiffre d’affaire de l’entreprise. Ce fonds de roulement devrait être maintenu en nature, non en valeur monétaire. Le supplément de bénéfices, après les prélèvements nécessaire à ce maintien, serait seul retenu pour le calcul des bénéfices normaux (22).
Si, au lieu d’envisager une période de hausse, nous supposons qu’une dépression mondiale survienne et entraîne un fléchissement des revenus nationaux, les prix établis à partir du coût dont les principaux éléments, intérêts, salaires, charges fiscales et sociales, suivent avec retard ou ne suivent pas du tout les mouvements des affaires, seront manifestement excessifs par rapport à la demande. Ou les prix de vente seront maintenus et les affaires se raréfieront, ou les prix de vente fléchiront et le profit considéré comme légitime disparaîtra. De toutes manières, les entreprises iront à la ruine, plus ou moins rapidement suivant le degré d'élasticité de la demande.
Il est probable que les dirigeants de la corporation, notant une tendance de la demande à se restreindre, pour ce motif d'ordre général ou pour tout autre, par exemple à cause d'un changement de la mode, seront incités à fermer la profession en interdisant des créations et des extensions d'entreprises, au lieu de chercher à réduire les coûts et les prix pour susciter une demande nouvelle de la part d'acheteurs jusque là hors de portée.
Ajoutons encore que la fixation d'un bénéfice légitime est forcément arbitraire. On peut imaginer quelles pressions subiront les membres des organismes chargés d'une tâche aussi délicate, de quelle force de caractère ils devront faire preuve.
Ce n'est pas tout : dans l'hypothèse corporative, le prix est uniforme pour les produits identiques fournis par les diverses entreprises, comme sur un marché ordinaire. Or les groupes réunissent des entreprises travaillant à des coûts divers qui correspondent à des différences dans la situation, l'outillage, l'organisation, l'habileté des dirigeants ou du personnel, les proportions respectives des coûts fixes et des coûts proportionnels. Le prix devra couvrir le coût maximum afin d'éviter la ruine des entreprises défavorisées. En conséquence subsisteront les rentes, si souvent reprochées à nos économies.
Lorsque les prix sont fixés de la sorte sur le marché des produits, ils doivent l'être également sur celui des services et sur celui des capitaux. La corporation doit assurer l'équilibre entre l'épargne et l'investissement, obtenir l'auto-discipline de ce dernier et contrôler le crédit : véritable direction économique, des plus délicates et dont les résultats sont fort douteux (23).
Le cas du monopole bilatéral
b) La question du prix dans le cas où les corporations, chacune dotée d'un monopole, s'opposent les unes aux autres, est encore très controversée. Les spécialistes ne sont pas d'accord sur le point de savoir si ce prix est déterminé ou non. Tout dépend du sens que l'on donne à ce mot. Si l'on considère comme déterminé un prix qui pourrait être prévu, c'est-à-dire calculé d'avance par un observateur connaissant toutes les données économiques du problème, nous verrons que le prix est indéterminé dans le cas qui nous intéresse ici. Si, au contraire, on admet qu'il y a détermination dès l'instant où l'on peut rassembler toutes les données, économiques ou non, mesurables ou non, tous les prix sont susceptibles d'être déterminés.
Lorsque les discussions s'engagent entre deux parties jouissant d'un monopole, l'une d'achat, l'autre de vente, chacune d'elles pousse à la hausse et résiste à la baisse ou inversement jusqu'au moment où d'une part elle n'a plus d'avantage à traiter et où d'autre part elle craint que l'adversaire ne se retire. Il y a donc des limites qui encadrent une zone dans laquelle se fixera le prix, mais, étant donné que les entreprises peuvent se décider à vendre temporairement à perte, en raison de l'importance des immobilisations qu'il faut amortir, cette zone est fort étendue.
Les théoriciens nous apprennent que le prix, au cas de monopole bilatéral, tend à se fixer à un point d'équilibre qui correspond soit au sacrifice égal minimum pour les deux parties, soit à l'avantage égal maximum pour elles, soit au maximum total d'avantages. Cette multiplicité de solutions possibles prouve déjà que la détermination du prix n'est pas absolue. Mais cette manière de voir ne nous offre qu'une approximation de la réalité. En effet, ces auteurs raisonnent sur deux unités opposées comme ils raisonneraient sur des moyennes abstraites qui se heurteraient mécaniquement. En fait, chaque partie ne se borne pas à faire pression sur l'autre et à résister à la pression adverse jusqu'au moment où un équilibre est atteint. Elle tient compte de l'attitude probable de l'adversaire, c'est-à-dire estime dans quelle mesure celui-ci sera disposé à poursuivre la discussion plutôt qu'à conclure un arrangement, et à la suite de cette estimation peut se décider à traiter en deçà du point d'équilibre ou à tenter d'aller au delà de ce point. Si par exemple deux unités industrielles se trouvent en présence, l'une vendeuse de matières premières et ayant une trésorerie aisée, l'autre acheteuse de ces matières et ayant une trésorerie étroite, chacune dotée d'un monopole respectif de vente et d'achat, le prix sera très différent suivant que la première ignorera ou non la situation de la seconde et suivant que la seconde jouera hardiment ou non son jeu.
L'action des parties dépend donc d'une double appréciation : chacune cherche à connaître la situation de l'adversaire et l'opinion que cet adversaire a d'elle. Il y a des dirigeants de corporation, comme des dirigeants de cartels ou de syndicats, qui peuvent être téméraires, timorés, bluffeurs ou insouciants dans les négociations. Ces caractères particuliers se compensent quand il y a sur le marché multiplicité de vendeurs et d'acheteurs, mais non dans le cas où des unités sont en présence. Si donc le prix n'est pas complètement arbitraire, comme dans le cas d'une fixation par un tiers ou par l'Etat, on ne peut pas cependant le regarder comme déterminé, puisque nous nous trouvons avoir à faire à des facteurs psychologiques non mesurables et dont les influences sont imprévisibles (24).
Il va de soi que toutes les constatations précédentes sont faites en supposant que les dirigeants des corporations sont des hommes à qui rien d'humain n'est étranger. C'est une hypothèse qui restera voisine de la réalité tant que ne seront pas intervenues des modifications psychologiques profondes dont nous aurons à parler.
Incertitudes et dangers du corporatisme d'Etat.
Nous avons raisonné jusqu'à présent sur une économie de groupes conforme à l'hypothèse d'un corporatisme d'association. Dans le cas d'une corporation conçue comme différente des groupes, représentant l'intérêt national et émanant du Gouvernement, c'est l'Etat qui décide souverainement. Il fixe les prix par l'intermédiaire des comités directeurs suivant les indications fournies par des statistiques plus ou moins exactes dans la mesure où les préoccupations économiques dominent et selon les conceptions personnelles des dirigeants dans la mesure où les préoccupations politiques ou éthiques l'emportent. De toutes manières, l'équilibre n'est assuré que par des tâtonnements successifs et coûteux. Le prix perd sa signification propre de point d'équilibre obtenu par la conjonction de forces opposées. Dès l'instant où interviennent des tiers par voie d'autorité, il n'a plus du prix que le nom et devient incapable de remplir son rôle de régularisation et d'orientation. S'obstiner à l'appeler prix est une hypocrisie verbale. Il ne reste plus, dans ce cas, qu'à souhaiter que les fonctionnaires chargés de la direction soient d'une compétence indiscutée et d'une conscience parfaite (25).
Quant au profit, il est maintenu en principe, lui aussi, mais il se rapproche du traitement du fonctionnaire ; en effet, les surprofits dus au monopole et à la concurrence imparfaite tendent à être éliminés ; inversement, l'Etat intervient en cas de difficulté pour soutenir les entreprises en péril de manière à éviter une diminution des salaires ou une fermeture de l'usine et il empêche ainsi la disparition totale de la rémunération des dirigeants (26).
Tout dépend évidemment de la mesure dans laquelle l'Etat saura assouplir le système de manière à le plier au rythme de la vie économique avec une marge suffisante de profit pour conserver un stimulant individuel.
Il ne faut pas se dissimuler que, lorsque l'Etat entre en jeu pour fixer les prix et les profits, il se charge d'une tâche redoutable. Pour peu qu'il soit faible, les épreuves de force qui se livrent autour des prix dans les économies de groupes reparaissent sous une forme indirecte : les intéressés s'efforcent d'agir sur les pouvoirs publics par la persuasion, l'intimidation, la corruption, et, comme il s'agit d'intérêts collectifs, l'exploitation du vaincu est totale, car la responsabilité se dilue dans le groupe et nul ne prend conscience de la part qui lui incombe.
Le point de vue social.
Dans l'ordre social, la corporation n'échappe pas aux lois des groupes que Palante a fort bien énumérées à la fin du siècle dernier.
Conformément à la loi de conservation, elle cherche à grandir, à s'étendre, à acquérir la prépondérance. Toute vie, dit Nietzsche, est volonté de puissance et toute société acquiert un caractère « exploiteur ». D'où les innombrables procès entre les anciennes corporations, la tendance à l'exploitation des consommateurs, la difficulté d'une auto-limitation et les efforts en vue d'englober le plus grand nombre de sujets (métiers connexes) ou d'objets (prix).
D'après la loi de continuité, le lien physiologique se substitue aux autres liens sociaux lorsque ces derniers font défaut. De là vient que la corporation jadis s'est contractée, s'est repliée sur elle-même, est devenue étroitement familiale, a réservé l'accès à la maîtrise aux seuls fils ou gendres de maîtres.
La loi de grégarisme amène la solidarité économique à se transformer en contrôle et en contrainte. Palante cite à ce propos les corporations médiévales qui assujettissaient la vie privée de leurs membres à une étroite discipline.
La loi de conformisme, corollaire de la précédente, explique l'intolérance des groupes les uns vis-à-vis des autres.
Enfin la loi d'immobilisme s'applique avec d'autant plus de rigueur que le groupe est plus fragile, la moindre innovation risquant de détruire ce qui lui reste de cohésion, et elle se traduit par cette routine que l'on a constatée en France dans les corporations lors de leur décadence (27).
Il est à remarquer que ces lois peuvent engendrer des effets heureux. « L'esprit de corps » est capable de susciter l'enthousiasme, l'héroïsme, la charité. La loi de conservation peut se traduire en besoin de grandeur, la loi de continuité en désir de sacrifice en faveur des générations à venir, la loi de grégarisme en sentiment de fraternité, la loi de conformisme en volonté de discipline, la loi d'immobilisme en respect des traditions. Il semblerait donc que tous les caractères changeraient pour ainsi dire de signe si l'inspiration générale se modifiait. Ainsi en va-t-il de la graphologie, les mêmes traits ont deux significations différentes, l'une favorable, l'autre défavorable, suivant que l'écriture est considérée dans son ensemble comme supérieure ou inférieure. Malheureusement, rien ne garantit que les élites seront placées à la tête des corporations. Cette association n'a en elle-même aucune vertu propre de redressement, elle est une forme et nous sommes obligés de constater une fois de plus que tout dépend de l'esprit qui l'anime.
L'économie de groupes dans l'évolution actuelle.
Si, considérant les différents caractères de la corporation, on essaye de s'élever à une vue d'ensemble, il faut prendre garde de ne pas tomber dans l'erreur qui consiste à regarder l'économie de groupes comme une économie individuelle dans laquelle l'unité se serait simplement dilatée. On commettrait une inexactitude analogue à celle que nous avons relevée ailleurs dans les comparaisons faites couramment entre les petites communautés socialistes dont l'histoire nous offre des modèles et les nations socialistes que certains voudraient instituer. Dans les deux cas, la différence entre les institutions confrontées est de nature et non de degré. Les unités individuelles sur lesquelles raisonnaient les économistes classiques, douées de sensibilité, d'intelligence et de volonté dans une mesure extrêmement variable suivant les cas, supposées indépendantes les unes des autres, permettent à la loi des grands nombres de jouer. Or, nous savons aujourd'hui que les lois économiques sont des lois statistiques comme les lois physiques (28). Si donc nous avons à faire à un petit nombre de grandes unités, le degré de probabilité des lois va fléchir. Comment imaginer les équilibres envisagés par Walras sur les marchés des produits, des services, des capitaux, si au lieu de milliers de chefs d'entreprise, d'ouvriers et d'épargnants, il n'existe qu'un nombre restreint de corporations et, qui plus est, de grandeur et de puissance inégales ?
Il est certain que les hommes tendent à s'agglomérer en fait depuis longtemps, et que le groupe peut être regardé à bien des égards comme la consécration d'un état de choses existant. Deux voies s'ouvrent alors au réformateur: ou chercher à repersonnaliser l'homme, au besoin avec l'aide de l'Etat, ou admettre et accentuer l'évolution en légalisant une économie de groupes.
Si nous sommes en présence d'une économie de bien-être, comme nos ancêtres la concevaient, la première solution est défendable, mais exige de la patience et du temps ; si nous avons à faire à une économie de puissance, telle que la conçoivent plusieurs de nos contemporains, la deuxième solution sera probablement préférée.
Nous nous arrêtons ici dans cet exposé, car nous sommes en présence d'un jugement de valeur. Mais nous comprenons maintenant pourquoi les théoriciens que nous avons cités sont enclins à déborder le cadre économique et à nous imposer des fins politiques et morales. Dans une économie de groupes, les équilibres naturels anciens sont détruits. Il faut supposer une modification psychologique en admettant que l'homme est altruiste, comme fait G. Arias, ou faire intervenir l'Etat en prenant appui sur une donnée historique ou philosophique, comme fait Ugo Spirito. De toutes manières, les fins sont l'essentiel, ainsi que l'explique F. Vito.
Le dilemme ne doit pourtant pas être posé de manière simpliste dans les termes : moralisation ou étatisme. Les classiques ont admis la morale et l'Etat, mais avec une extrême modération et c'est en cela que leur doctrine est humaine. Ils savent que la moralité est indispensable au système qu'ils exposent, et même qu'ils vivent de leur temps : un régime contractuel exige le respect des contrats. Ils sous-entendent ce postulat qui est évident ; ils le sous-entendent même trop, car les commentateurs modernes ne l'ont pas toujours aperçu. Mais ils savent également que l'homme est faillible et ils placent l'Etat à côté de lui pour le surveiller.
Au total, le corporatisme est une doctrine extra économique dans une large mesure appliquée à un système de grandes unités professionnelles. L'équilibre s'établit dans le cas d'une auto limitation (morale) ou d'une contrainte extérieure (étatisme). Il en résulte fréquemment une tendance confessionnelle ou dictatoriale.
La nuance confessionnelle est d'autant plus normale que le corporatisme repose au fond sur un sentiment de méfiance à l'égard de l'homme actuel. Or, d'après la doctrine chrétienne, les penchants naturels de l'homme
sont considérés comme mauvais et chacun de nous doit travailler à les redresser. M. Salazar fait .allusion aux « tendances vicieuses de l'humanité. » (29). A cet égard, nous sommes loin de l'individualisme qui fait confiance à
l'homme en le supposant, intéressé, mais non perverti.
La mutuelle attirance des deux formes de corporation.
Si différentes que soient la corporation d'association et la corporation d'Etat, elles s'attirent l'une l'autre curieusement.
D'une part la corporation d'association, même si elle se discipline, peut éviter difficilement l'intervention de l'Etat quand elle est amenée à prendre des mesures d'importance nationale, comme la fixation des prix, l'établissement d'un certificat d'aptitude, la fermeture d'une profession (30). Et si elle ne se discipline pas, non seulement les pouvoirs publics seront amenés à la diriger, mais c'est elle-même qui les appellera à son aide.
D'autre part, le corporatisme d'Etat n'est qu'une forme d'étatisme et l'on comprend que les pouvoirs publics souhaitent de voir jaillir du sol national des associations vivaces. Mais comme une invitation ne suffit pas, ils créent la charpente, ils éduquent les individus, ils prennent temporairement en mains l'organisation de l'économie avec le désir bien arrêté de préparer ainsi leur propre abdication. L'expérience portugaise, dont nous aurons à parler, nous offrira un modèle de cette méthode que nous résumerons par la formule : au corporatisme d'association par le corporatisme d'Etat.
Cette attirance mutuelle provient d'une double instabilité. Le corporatisme d'association ne trouve pas dans le milieu ambiant le support nécessaire (spiritualisme, notion d'intérêt général, désir de collaboration, etc...) pour se suffire à lui-même ; le corporatisme d'Etat, s'il n'est pas temporaire et destiné à servir de cadre à un mouvement ultérieur spontané, n'est qu'un masque de l'étatisme et, théoriquement, se renie.
Louis Baudin
(Sources : Le Corporatisme par Louis Baudin, Ed. L.G.D.J. – 1941)
Notes:
(1) La Tour du Pin, Vers un ordre social-chrétien
(2) M. Manoïlesco, Le siècle du corporatisme
(3) Economie nationale corporativa ; Rome, 1929. L'economia corporativa ; Florence, 1934.
(4) Cette conscience n'est pas un principe rationnel, écrit G. Arias. Suivant l'expression d'un commentateur, elle est « le concept normatif de l'utilité corporative » (P. E. Taiviani, II concetto di ulilita nella teoria corporativa, Economia, juillet 1935). Sur la même question, voyez M. Troisi, Considerazione nella norma corporativa, Economia, janvier 1937
(5) Struttura teorica del corporativismo. come economia di
produttori, in Nuovi problemi politica, storia ed economia, 1932.
Economia e corporativismo, Ferrare, 1929.
(6) I fondamenti della economie corporativa ; Milan, 1932. Capitalisme e corporativismo ; Florence, 1933.
(7) Cicli di produzione, cicli di credito e fluituazioni industriali, Giornale degli Economisti, mai 1931.
(8) Lezioni di economia politica corporativa ; 4e édit., Padoue, 1937, tome III, titre II, chap. XIV.
(9) Lo Stalo nel processo economico ; Padoue, 1936, ch. XV.
(10) Promesse di economia corporativa ; Pisé, 1929. Teoria generale della economia politica nazionate ; Milan, 1931.
(11) F. Vito, Economia politica corporativa ; Milan, 1939, ch. III.
(12) Dans le même sens, E. Coppola, La norma corporativa ; Rome, 1936. Cette norme est « une dogmatique nouvelle connexe aux principes éthiques et politiques ».
(13) F. Vito, Lo stato attuale della dottrina degli aggruppamenti di imprese in Italie, in Gli aggruppamenti di imprese nett economie corporativa ; Milan, 1939. Cet économiste a écrit un grand nombre d'études sur la corporation. Citons, en ce qui concerne la question des fins et le caractère éthique de l'économie corporative : L'essenza dell’economia corporativa, in Economia corporativa ; Milan, 1935. Sui fini dell'economia corporativa, Giornale degli Economisti ; 1935.
(14) Fr. Feroldi, I gruppi di imprese nell'economia corporativa, in Gli aggruppamenti di imprese... ; op. cit., p. 115, note 1.
(15) F. Vite : Concorenza imperfetta, monopolio collettivo di economia corporativa in Gli aggruppamenti di imprese... ; op. cit., P. 15.
(16) M. Caetano, Licoes de Direito Corporativo ; Lisbonne, 1936.
(17) Remarquons incidemment qu'il n'existe aucune opposition entre l'individualisme et le personnalisme, le deuxième n'est que le développement du premier, lequel n'a jamais admis l'isolement de l'homme et même a toujours reconnu la nécessité de certaines interventions de l'Etat.
(18) La critique a été faite par M. Venditti, Negozii associa-tivi économie! ; Naples, 1938, p. 168. M. F. Feroldi répond que c'est là un fait interne qui peut et doit être combattu : / gruppi di imprese neilVconomia corporative, Economi'a, mars 1939, p. 246.
(18) La critique a été faite par M. Venditti, Negozii associativi économici ; Naples, 1938, p. 168. M. F. Feroldi répond que c'est là un fait interne qui peut et doit être combattu : I gruppi di imprese nell’economia corporativa, Economia, mars 1939, p. 246.
(19) Fovel compte sur cette tendance de la corporation pour éviter la stagnation.
(20) Pour tout ce qui concerne les prix, voyez nos ouvrages : La monnaie et la formation des prix ; Paris, 1936, et plus récemment : le mécanisme des prix ; Paris, 1940.
(2l) C'est le cas du « monopole social » de E. Staley, World Economy in Transition ; New-York, 1939, p. 184.
(22) J.o., Déb. Parl.,Sénat, Séances des 15 et 22 février 1940 et proposition de loi Dommange.
(23) Voyez notre brochure : La réforme du crédit ; Paris, 1938, p. 107.
(24) Nous ne sommes donc pas d'accord avec M. F. Zeuthen (Du monopole bilatéral. Revue d'économie politique, 1933, p. 1651).
(25) Les hommes d'Etat eux-mêmes semblent n'avoir pas une idée claire des difficultés inextricables auxquelles ils se heurteraient s'ils devaient fixer les prix. Ils paraissent ignorer ce que les économistes nomment « le calcul des valeurs ». C'est ainsi que M. Déat écrit à propos de la corporation : « Le prix sera fixé pour une période donnée et pour une denrée déterminée en tenant compte de tous les éléments et en assurant à chacun des producteurs, salariés ou non, à quelque échelon qu'ils soient placés, une rémunération normale et suffisante ». On juge du travail ! Nous renvoyons aux remarques pertinentes de tous ceux qui ont étudié la question de nos jours : Mises, Haiyek, Robbins, etc... (M. Déat, Corporatisme et liberté ; op. cit., p. 54).
(26) Bruno Foa, II profitto nel sistema corporativo, Annali di statistica e di economia, 1935, vol. III, p. 73.
(27) Pour l'analyse générale de ces lois, voir G. Palante, Précis de sociologie ; Paris, 1903.
(28) Voyez notre étude. La loi économique, dans l’ouvrage : Cournot ; Padoue, 1939, p. 29.
(29) Une révolution dans la paix ; Paris, 1937, p. 148.
(30) F. Perroux, Capitalisme et communauté de travail ; op. cit., p. 155 et suiv.
Les origines inconnues de la Révolution bolchevique de 1917
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- Catégorie : HISTOIRE
Les communistes — et, avec eux, bon nombre de journaux — ont célébré la révolution russe de 1917. Des revues « bourgeoises » ont même consacré des numéros spéciaux à cet événement politique, le plus considérable de notre siècle.
On nous a longuement parlé, à la radio, des grandes figures du mouvement bolchevick, en particulier de Lénine et de Trotsky. Mais aucun de ces journalistes, aucun des ces historiens, aucun de ces speakers, imités d'ailleurs par leurs confrères dit anticommunistes, n'a soufflé mot de l'un des grands responsables de la révolution d'octobre, de celui dont le concours permit à Lénine et à Trotsky de vaincre les derniers obstacles qui se dressaient encore sur le chemin qui menait au Kremlin.
Cet homme mystérieux, sans lequel les chefs communistes; n'auraient peut-être pu triompher s'appelait Jacob Schiff.
L'ascension de Jacob Schiff.
Né à Francfort-sur-Main en 1847, Jacob-Heinrich Schiff était le principal dirigeant de la banque Kuhn, Loeb and C° de New York. Après de courtes études en Allemagne, il avait gagné l'Amérique en 1865 et s'était établi à New York où il travailla dans une banque. Après un séjour en Europe, autour de 1873, il était entre chez Kuhn, Loeb and C°, fondée par des coreligionnaires, et en était devenu le « grand patron » quelques années plus tard.
Sous son impulsion, la banque prit un essor considérable : elle finança la reconstruction du chemin de fer de l'Union Pacific, créa la Bothern Security C° qui supprima la concurrence ruineuse entre les diverses compagnies de chemins de fer et renfloua les finances japonaises (1). Devenu l'un des magnats de la finance américaine, il dirigea de nombreuses affaires industrielles, toutes considérables (Central Trust C°, Western Union Telegraph C°, Wells Fargo Express C°, etc.) et présida même à plusieurs reprises la Chambre de Commerce de New York. Il fonda la chaire d'Economie sociale de Columbia, occupa celle de la section est-asiatique du Musée d'histoire naturelle de New York et présida diverses œuvres philanthropiques.
Lorsque Jacob Schiff célébra son soixante-dixième anniversaire, «toutes les tendances de la Communauté juive aux U.S.A., lisons nous dans le « Jewish Communal Register of New York » (2), s'unirent pour lui témoigner leur reconnaissance ».
Il est vrai, précisait cette publication israélite américaine, que « M. Schiff a toujours usé de sa fortune et de son influence pour le plus grand intérêt de son peuple» et qu'« IL FINANÇA LES ADVERSAIRES DE LA RUSSIE AUTOCRATIQUE» (3).
Banquier des révolutionnaires.
En rendant ainsi hommage au banquier américain, quelques années avant sa disparition, il mourut en 1920, peu avant Lénine, cet organe officiel du judaïsme américain ne faisait que confirmer ce que la diplomatie américaine avait appris dès 1917 et qu'elle devait consigner dans un document du Département d'Etat en 1931 : à savoir que Jacob Schiff et son correspondant en Europe, Warburg, avaient financé l'opération révolutionnaire qui permit aux bolchevicks de prendre le pouvoir en Russie.
A vrai dire, l'accord de Schiff avec les théoriciens de la Révolution marxiste remontait à de longues années. Dès 1880, on notait que nombre de révolutionnaires russes, revenus de l'étranger dans leur patrie pour se livrer à une propagande subversive, étaient soupçonnés de recevoir des subsides de Jacob Schiff.
La guerre russo-japonaise avait fourni à la banque Kuhn, Loeb and C°, l'occasion de combattre le Tsarisme abhorré (4) et de lui porter un coup dont il ne devait pas se relever. C'est elle qui avait négocié tous les emprunts japonais (5), non seulement aux Etats-Unis, mais sur les marchés allemands et surtout anglais. C'était évidemment son rôle de banque, mais là ne s'était pas borné son activité.
Les subsides accordés aux nihilistes par Jacob Schiff ne furent pas des générosités isolées. Le banquier entretint une véritable organisation terroriste chargée de « liquider » ministres, gouverneurs, officiers de police, personnalités et de créer un climat insurrectionnel. Des bombes « made in U.S.A. » entraient en contrebande par la Finlande. Elles étaient utilisées non seulement contre les hauts fonctionnaires du Tzar, mais aussi contre les installations militaires, les fabriques d'armes et de munitions, les entrepôts, etc. Des grèves révolutionnaires fomentées par les émissaires de Schiff et financées par eux, se déchaînaient opportunément. Des soulèvements se produisaient dans les faubourgs ouvriers de Moscou et de Saint-Pétersbourg, gagnaient les autres quartiers et les principales villes. L'opinion publique accusait le Japon, principal bénéficiaire (du moment) : ces destructions paralysaient, en effet, son ennemi. On évalua les dégâts causés à plus de quinze millions de roubles, soit 100 millions environ de nos francs actuels.
Le tableau de chasse de Jacob Schiff, établi au lendemain de la guerre russo-Japonaise par un journal de Saint-Pétersbourg, le Strand, comporte : 114 gouverneurs, hauts fonctionnaires et généraux, 286 chefs et officiers de police, 452 agents, 109 officiers et 750 soldats tués ou blessés, plus 7331 civils tués et 9661 civils blessés, 194 attentats à la bombe et 1 995 vol à main armée.
Une manœuvre de grande envergure.
Cet épouvantable massacre porta ses fruits : menacée de révolution intérieure, la Russie dut accepter la médiation du président Théodore Roosevelt. Elle envoya le comte Witte traiter à Portsmouth (U.S.A.) avec les plénipotentiaires japonais. Outre les représentants de l'ennemi officiel, le ministre russe reçut par deux fois, la visite de négociateurs inattendus.
Dans ses Mémoires (6), il précise que ces négociateurs étaient Jacob Schiff en personne, le Dr Strauss, ancien ambassadeur des Etats-Unis en Italie, et M. Kraus, Grand Maître de l'Ordre des B'nai B'rith (7).
« Ces Messieurs, explique le comte Witte, se trouvaient être dans les meilleurs termes avec le président Roosevelt. »
Cela leur valut d'être reçus aussitôt, avec des égards particuliers. Exposant sans détours le but de leur visite, ils ne cachèrent pas au représentant du Tsar que la cause des malheurs récents de la Russie était la situation inférieure faite à leurs coreligionnaires dans ce pays.
Le comte Witte, qui avait épousé une israélite, n'avait rien d'un antisémite. Il fit toutefois observer à Jacob Schiff et à ses collègues qu'ils exagéraient les malheurs des Juifs de Russie et que l'on ne pouvait leur donner tous les droits sans amener une réaction populaire qui leur serait plutôt nuisible.
« Cela provoqua de la part de Schiff, écrit le comte Witte, des répliques acerbes, que les raisonnements plus pondérés de Strauss atténuèrent. »
Une seconde entrevue n'eut guère plus de résultat. Il était donc désormais établi que même si la paix était signée avec le Japon, la guerre continuerait avec une autre puissance, au nom de laquelle Jacob Schiff et ses amis s'estimaient en droit de parler.
Dès lors, la banque Kuhn, Loeb and C° prépara, presque ouvertement, les événements à la faveur desquels se produirait, en Russie, l'avènement d'un régime révolutionnaire. Elle consacra des fonds importants à subventionner parmi les prisonniers de guerre russes internés au Japon, une propagande socialiste et antimilitariste. Suivant une méthode qui a été reprise depuis par les Chinois, durant la guerre de Corée, des propagandistes parlant russe parcouraient les camps de prisonniers, distribuant des secours matériels, des vivres et du tabac en même temps que des brochures révolutionnaires pour les inciter à l'insurrection quand ils rentreraient dans leur pays. Le bon grain ainsi semé en 1905 devait lever douze ans plus tard,..
La cynique alliance.
Tout en subventionnant les révolutionnaires russes, Jacob Schiff poursuivait, sur un autre plan, la guerre qu'il avait déclarée aux Romanoff.
Il déclencha, en 1911, une violente campagne contre le Président William H. Taft, successeur de Théodore Roosevelt, pour le contraindre à dénoncer les accords commerciaux existant entre les Etats-Unis et la Russie. Il prit prétexte d'une affaire de passeports pour faire voter aux deux Chambres du Congrès une résolution invitant l'hôte de la Maison Blanche à déchirer le traité de commerce. Le Président Taft s'était fait tirer l'oreille : il finit par s'incliner. Jacob Schiff devait se vanter publiquement de sa victoire dans une déclaration qu'il fit à la presse peu avant l'effondrement du régime impérial russe :
« Qui donc, sinon moi, a-t-il dit, a mis en mouvement l'agitation qui a contraint ensuite le président des Etats-Unis, comme vous devez bien le savoir vous-mêmes, à dénoncer notre traité avec la Russie ? » (8).
Cette rupture avec les Etats-Unis, même limitée au plan commercial, n'allait pas améliorer la situation économique de l'Empire. On se doute que les conséquences ne furent pas graves seulement pour les Romanoff.
Affaiblie par ces mesures économiques, la Russie ne se trouvait pas en possession de tous ses moyens lorsque la guerre éclata en 1914. Le fameux « rouleau compresseur » dut stopper son avance assez loin de la capitale allemande.
L'action révolutionnaire démoralisait les combattants du front, excitait les mécontentements de l'arrière, aiguisait les haines et les rancœurs de la classe ouvrière.
Les premiers troubles graves, fomentés par des agents révolutionnaires envoyés par les amis de Jacob Schiff, se produisirent dans les faubourgs des villes russes ; la propagande révolutionnaire obtint des résultats dans les dépôts bondés de réservistes. On sait que c'est un régiment de ces derniers qui provoqua, en s'insurgeant pour ne pas partir au front, la chute du régime impérial.
Schiff est satisfait.
Le 19 mars 1917, Jacob Schiff avait gagné la partie contre les Romanoff. Il pouvait envoyer à Milioukoff, ministre des Affaires étrangères du gouvernement provisoire, le télégramme suivant :
« Permettez-moi, en qualité d'ennemi irréconciliable de l'autocratie tyrannique qui poursuivait sans pitié nos coreligionnaires, de féliciter par votre entremise le peuple russe de l'action qu'il vient d'accomplir, si brillamment, et de souhaiter plein succès à vos camarades du gouvernement et à vous-même» (9).
Ce premier succès parut nettement insuffisant à Jacob Schiff. Le gouvernement provisoire, composé principalement d'idéologues francs-maçons, était-il suffisamment docile aux consignes de la haute finance ? On le disait soucieux de conserver l'amitié anglaise et décidé à continuer la guerre contre l'Allemagne. C'était là un danger, car les contre-révolutionnaires pouvaient se ressaisir et réduire à néant les efforts des amis du banquier. Les millions de dollars que la banque Kuhn, Loeb and C° avaient dépensés dans l'opération risquaient d'avoir été gaspillés. Il importait de prendre d'urgence des mesures propres à parfaire un travail si bien commencé.
Puisque le gouvernement provisoire n'était pas un instrument absolument sûr, Jacob Schiff résolut de le briser et de lui substituer des hommes et un gouvernement qui activeraient le travail révolutionnaire.
Ces hommes existaient : ils formaient l'extrême-gauche du parti révolutionnaire russe. Ils avaient participé aux réunions internationales de Zimmerwald et de Kienthal (10). Après la révolution de Mars 1917, un de leurs chefs, Lénine, était entré en Russie par le fameux « train plombé » allemand.
« En dépêchant Lénine en Russie, a dit Ludendorff dans ses Mémoires sur la guerre, notre gouvernement assumait une grande responsabilité ; du point de vue militaire, cette initiative fat justifiée : il fallait abattre la Russie. »
Lénine était porteur de quarante millions or fournis par Berlin pour lui permettre d'agiter les masses révolutionnaires et de contraindre le gouvernement provisoire à faire la paix. Le concours de Jacob Schiff rendait cette action décisive.
L'aide directe a Trotsky.
C'est ce que devait aller exposer à New York, aux dirigeants de la banque Kuhn, Loeb and C°, l'un des plus redoutables agitateurs révolutionnaires, Leiba Bronstein, dit Léon Trotsky.
Les premiers contacts de Trotsky avec le magnat de la Finance cosmopolite furent assez décevants. Le banquier jouait alors la carte démocratique en Russie. Il se savait près d'aboutir et n'était pas disposé à contrarier le jeu de ceux dont il se servait. Trotsky, introduit et recommandé par la direction du journal juif révolutionnaire Forward de New York, n'obtint que des paroles d'attente et des subsides relativement peu importants. Trotsky s'embarqua donc sans avoir reçu de promesse formelle.
A quelques mois de là, éclatait l'émeute du 4 juillet 1917 qui devait, selon les prévisions de Lénine et de Trotsky, renverser le gouvernement provisoire. Déconcertés par l'intervention d'un unique régiment rappelé du front, les insurgés se dispersèrent. Lénine s'enfuit et Trotsky fut arrêté.
Leur cause paraissait perdue. Mais les bolcheviks avaient fait la preuve de leur audace et le télégraphe allait leur apporter l'annonce du concours financier de Jacob Schiff, décidément résolu à pousser la révolution russe à l'extrême.
On ignore l'importance des fonds mis à la disposition des bolcheviks Lénine et Trotsky pour fomenter l'insurrection d'Octobre 1917 qui renversa Kerensky et établit le régime soviétique. Mais on sait comment ces fonds leur parvinrent. Le gouvernement des Etats-Unis a publié sous le titre « Paper relating to the Foreign Relations of the United States — 1918 — Russie (in three volumes). United States, Governement Printing Office, Washington 1931 » les preuves de la collusion.
Les pièces principales de ce volumineux dossier ont été reproduites dans notre numéro spécial — si curieusement ignoré de la presse de droite et de gauche, parue en 1963 (11).
Ce document contient, notamment, le texte d'une dépêche adressée au bolchevik Raphaël Scholnickan, Haparanda, pour avertir le camarade Trotsky (qui venait d'être stupidement libéré sous caution) que la banque Warburg venait d'ouvrir un compte courant pour financer son entreprise.
Vous devinerez sans peine l'origine de ce compte lorsque vous saurez que les frères Warburg, qui dirigeaient à Hambourg la banque Max Warburg, étaient apparentés et associés à Jacob Schiff. Un des Warburg d'Amérique, Félix, était le gendre du banquier américain, tandis que l'autre, Paul, avait épousé la belle-sœur du potentat. La « construction du socialisme en Russie », pour parler comme l'Humanité, devenait une simple affaire de famille...
On sait la suite...
Un syndicaliste accuse.
La révolution triomphante établit le régime communiste qui dure encore et qui s'est maintenu, contre vents et marées, grâce à ces complicités financières internationales que Samuel Gompers, peu suspect d'antisémitisme puisque juif lui-même, dénonçait avec vigueur moins de cinq ans plus tard.
Après avoir stigmatisé l'attitude « cynique » des hommes d'Etat et des financiers, le fameux syndicaliste américain mettait directement en cause un « groupe de banquiers germano anglo-américains qui aiment à s'intituler financiers internationaux pour masquer leur vraie fonction ». Et il précisait : « Le plus important banquier de ce groupe et parlant au nom de ce groupe, né en Allemagne comme il se trouve (12), a envoyé des ordres à mes amis et associés afin que tous travaillent en faveur de la reconnaissance des Soviets » (13).
Les communistes et, avec eux, les « historiens » qui ont empli les colonnes des journaux et les pages des revues pour retracer les fameuses journées d'octobre 1917, ont été bien ingrat de ne pas citer l'homme qui avait travaillé avec tant d’acharnement à l'écrasement de la vieille Russie et à son remplacement par l'inquiétante U.R.S.S.
Henry COSTON
Notes :
(1) Cf. « The Jewish Communal Register of New York 1917-1918 pages 1018-1019.
(2) Ibid.
(3) Ibid.
(4) « En 1904-1905, la firme Kuhn, Coch & Cie renfloua les finances
militaires japonaises, rendant ainsi possible la victoire nippone sur
les Russes. » (Ibid.)
(5) Les Rothschild apportèrent également leur aide au Japon de
1905 à 1913 et y investirent des fonds {Jacques Bonzon : Les Emprunts russes et les Rothschild).
(6) Berlin 1932, tome I, pages 394-395.
(7) Société secrète israélite, qui compte plusieurs centaines de loge»
à travers le monde, en France notamment.
(8) New York Times, 5 juin 1916.
(9) New York Times, 10 avril 1917.
(10) Ces conférences avaient eu lieu respectivement en 1915 et 1916. Elles avaient réuni, en pleine guerre, des militants socialistes appartenant aux deux parties belligérantes.
(11) « La Haute Finance et les Révolutions » (à nos bureaux : 6 F plus port).
(12) Il désignait ainsi Warburg, parent et associé de feu Jacob
Schiff à la banque Kuhn, Loeb and C°.
(13) New York Times, 7 mais 1922
Sources : Lectures Françaises-Octobre 1967
Chór Bez Batuty - W moim ogródecku (chant polonais)
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La FNSEA « assume pleinement » les salaires très élevés de ses dirigeants
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- Catégorie : ECONOMIE
La première organisation syndicale agricole s’insurge après les révélations de Mediapart sur les rémunérations de ses cadres dirigeants. Clément Faurax, le directeur général de la FNSEA, est rémunéré 13 400 euros brut mensuels.
La FNSEA, la première organisation syndicale agricole, dit « assumer pleinement les niveaux de rémunération de ses cadres dirigeants », après les révélations de Mediapart cette semaine. Et elle s’indigne même d’un « règlement de comptes ».
Dans un communiqué, le syndicat explique que les salaires en question se situent « en dessous des normes de rémunération pour une organisation professionnelle nationale de cette taille ».
« C’est une entreprise de démolition, nous contestons la façon dont Mediapart a fonctionné », a ajouté ce vendredi, sur RMC, Christiane Lambert, qui a annoncé le dépôt d’une plainte pour vol de documents.
13 400 bruts mensuels
D’après l’enquête publiée par mercredi par le pure player, le nouveau directeur général de la FNSEA, Clément Faurax, « émarge aujourd’hui à 13 400 euros brut mensuels » à l’issue d’une revalorisation de 22 % décidée après son arrivée en avril 2019.
Son remplaçant au poste de directeur adjoint, Jean-Louis Chandelier, a bénéficié pour sa part d’une augmentation de 30 % de sa rémunération, désormais de 9 600 euros brut.
Enfin, le journal en ligne s’était penché sur les rémunérations attribuées à Catherine Lion après son départ de la direction. Restée conseillère à temps partiel jusqu’en septembre, elle avait bénéficié d’un salaire de base de 8 900 euros et d’une prime mensuelle de 6 000 euros, selon l’avenant à son contrat de travail consulté par Mediapart.
A la retraite depuis octobre, elle cumule désormais sa pension avec un salaire à temps partiel (notamment car elle a été désignée par le syndicat pour siéger au Conseil économique, social et environnemental) pour un montant total de 12 500 euros, sans que cette situation de cumul soit inédite au sein de la FNSEA, signale Mediapart.
Conférence "Le défi islamiste de la Turquie"
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- Catégorie : GEOPOLITIQUE
Conférence de JG Malliarakis organisée par Gabriel Adinolfi
et les Amis de Daniel Gazzola
"Le défi islamiste de la Turquie"
Le 24 février à 19 h 30. S'inscrire au dîner débat (Paris) auprès de l’organisateur
par SMS au 06 19 51 45 78 ou par courriel
prix du dîner : 30 €.
La Période Nietzschéenne de Charles Maurras
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- Catégorie : PHILOSOPHIE
Je ne crois pas que la morale du christianisme soit la meilleure possible. Je la regarde comme profondément vicieuse en bien des points, et responsable de l'arrêt de l'évolution de l'humanité vers le Beau physique et moral.
GEORGES VACHER DE LAPOUGE
II serait hasardeux de s'essayer à déterminer précisément la « période nietzschéenne » de Charles Maurras et de ses amis d'A.F. Pour parer à toute équivoque, mettons que la période définie par M. Jacques Paugam (1), de 1899 à 1908, c'est-à-dire la date de création de la « Revue d'Action Française » et la date de lancement du journal quotidien « L'ACTION FRANÇAISE », peut servir de point de repère. Ceci dit, il est bien évident qu'une analyse s'attachant à connaître la personnalité de chaque rédacteur de la « Revue bleue » serait nécessaire pour servir à une étude complète et approfondie ; mais tel n'est pas notre propos.
De plus, il est nécessaire de s'entendre sur le titre du présent chapitre. Nous n'entendons pas le moins du monde poser Maurras en disciple de Nietzsche. Nous avons esquissé lors du « Voyage d'Athènes » (2) une légère comparaison dans l'ordre de l'analyse de la société grecque, par Maurras et par Nietzsche, et tout au long de notre propre approche des écrits maurrassiens, nous avons remarqué certaines affinités de pensées, mais en aucun cas d'identités entre les deux hommes. L'évolution des sentiments maurrassiens à l'égard de Frédéric Nietzsche nous est connue : après avoir été « notre condisciple » (3) Maurras parla de « ce sarmate ingénieux et passionné ». (4)
Dans les premiers temps de son existence, l'A.F. proclamait : « Nous ne sommes pas des gens moraux ». Maurras proclame encore : (5) « Ni morale, ni immorale, mais bien extérieure et supérieure peut-être à la moralité, vide de toute signification de cette portée, telle est la succession des événements pour le sage ». Comment ne pas penser à la remarque de Nietzsche : « II n'y a pas de phénomènes moraux, il n'y a que des interprétations morales des phénomènes. »...
L'amitié dont Maurras honorait le poète nietzschéen Hugues Rebell, et le titre de « prince de l'intelligence » qu'il lui décernait attirent davantage l'attention à la lecture de ce texte (6) : « Soyons donc habiles : la lyre d'Orphée est impuissante pour le moment à attendrir les viles brutes qui nous entourent ; saisissons l'épée ou le caducée ; ayons la ruse, pratiquons la violence ; nous devons être tout à tour des combattants, des apôtres, des proxénètes... Que l'artiste ait le culte de l'or. Il ne s'agit point de sacrifier sa pensée, mais de l'imposer. A défaut de protections princières, la fortune reste le meilleur moyen de dominer les hommes ».
Hugues Rebell est aussi un helléniste fervent, qui s'attache à « l'olympiade immense qui va d'Homère à la Renaissance. » II trouve à partir de ce fonds culturel de nombreux accords avec Maurras, notamment au sein de l'Ecole romane dirigée par Jean Moréas où ils iront tous les deux à la recherche du « chant pur des ancêtres ». Il est à remarquer la Minerve casquée emblème de l'Ecole sera reprise pour les publications dépendantes de l'A .F... Elle constitue une puissante source d'inspiration pour Rebell et l'incite à invoquer la force : « C'est vous que je plains, mes amis, vous qui allez peut-être assister, après moi, au triomphe des populaces immondes... Il faut vous attendre à voir toute la vermine de la terre unie dans une révolte impie contre ceux qui n'ont pas su l'écraser. La canaille noire va s'allier à tout ce que notre Europe contient d'esclaves et d'affranchis, contre la fière aristocratie. Le travail de ceux qui représentent la sagesse et qui furent les derniers fous a consisté, depuis un siècle, à renverser les digues et les défenses. L'humanité ne pourra de sitôt les rétabli. Avant que la discipline et l'autorité ne viennent sauver la société expirante, des années et des années de honte s'écouleront. Pour vous mes amis, ne perdez pas l'espoir. Souvenez-vous que les Barbares ont déjà renversé les statues, détruit les temples, brûlé les bibliothèques. Un jour arrive où, parmi les ruines, refleurit avec de nouvelles grâces le culte d'Apollon, de Minerve et des dieux familiers » (7).
Maurras décrit les rapports d'Hugues Rebell avec la philosophie nietzschéenne de la manière suivante : « Les études profondes auxquelles s'est livré M. Hugues Rebell sur la philosophie de Nietzsche ont eu le résultat de le confirmer dans la sagesse traditionnelle de nos maîtres de France : après Goethe et Schopenhauer, Nietzsche est un de ces Allemands qui s'oublient volontiers jusqu'à affirmer et jusqu'à prouver la supériorité du modèle classique français sur le génie de leur propre famille ethnique. Ces aveux du Germain furent profitables à M. Hugues Rebell : mais il ne prit à Nietzsche ni l'extravagance romantique des conceptions ni le tour biblique de l'inspiration ». (8)
Maurras manifeste ici trois données fondamentales pour la compréhension de son œuvre propre :
- L'attachement au classicisme français, que l'on peut également trouver chez Nietzsche.
- La haine de « l'extravagance romantique », établie dans « Barbarie et poésie », qu'il considère comme un produit d'exportation germanique et barbare.
- La défiance de tout ce qui touche au monde hébraïque et biblique, tant que le catholicisme n'est pas là pour apaiser ses craintes.
Rebell apporte donc à Maurras un éclairage ad hoc de la philosophie nietzschéenne, même s'il ne doit en subsister par la suite qu'un faible souvenir, dans les écrits maurrassiens. Quant aux relations de Rebell avec les milieux de Droite chrétienne, ils sont loin d'être cordiaux, ainsi que l'on peut s'en douter. L'apologie de la force dressée par le poète nantais avec nombre d'allusions au monde païen heurte violemment le concept catholique de paix sociale (que Maurras ne cessera de soutenir quelques années plus tard) ; pour Rebell, il ne s'agit que de la médiocre « tranquillité de l'ordre ».
Le mot de la fin revient sans doute à Rémy de Gourmont qui vit en Rebell un poète « aristocrate et païen ».
Dans « Kiel et Tanger », Maurras note en septembre 1905, au sujet d'un risque constant de guerre européenne : « Ce ne sera pas un monde tranquille que ce monde. Les faibles y seront trop faibles, les puissants trop puissants, la tranquillité des uns et des autres ne reposant que sur les sentiments de terreur qu'auront su imposer les colosses aux colosses. Société d'épouvantement mutuel, compagnie d'intimidation réciproque, cannibalisme organisé ».
Maurras note plus loin : « La civilisation occidentale a fait la faute immense d'armer les Barbares... Telle est la loi des impérialismes contemporains. Ils travaillent et travailleront contre leur commune raison d'être, contre la civilisation, par la simple fatalité de leurs progrès matériels. »
On peut discerner ici l'analyse dialectique nietzschéenne de la puissance et de la liberté. La puissance n'est-elle pas un terme synonyme de liberté ?
Dès lors que les « Barbares » dont parle Maurras décident d'orienter leur destinée à leur convenance, de choisir leur terrain d'action ne donnent-ils pas une preuve de la puissance et donc de la liberté conquise ? En reprenant le mot d'Oswald Wirth, ils sont libres, car ils règnent sur eux-mêmes.
L'idée d'une guerre sainte ou d'une croisade à entreprendre pour la sauvegarde du monde occidental apparaît comme une nécessité à Maurras : « Le monde jaune organisé par le Japon, le monde sémitique ressuscité par l'Internationale juive, et ailleurs par l'Islam, nous menacent de furieux mouvements et tout le monde ne néglige pas l'apport intarissable des contingents noirs. Il reste donc bien des croisades à entreprendre ». (9)
En fait, la « croisade » entreprise par Maurras intéresse l'aspect de la religion chrétienne le plus controversé par l'école contre-révolutionnaire : à savoir les « ambiguïtés » du message évangélique.
Très concrètement, Maurras dénonce à la manière de Joseph de Maistre, l'anarchisme latent et les principes de subversion sociale contenus dans l'Ancien et le Nouveau Testament, ainsi que les effets du christianisme et de son Dieu sur le monde contemporain : « Sous la croix de ce Dieu souffrant, la nuit s'était répandue sur l'âge moderne » (10).
Dans « Anthinea », Maurras parle du « convoi de bateleurs, de prophètes, de nécromants, d'agités et d'agitateurs sans patrie » en désignant par là les Apôtres et les premiers chrétiens. Il fustige, dans « Le Chemin de Paradis », les « pauvres oies protestantes et néo chrétiennes » disciples du « Christ Hébreu ». Plus tard, il donne à « La Gazette de France » un article intitulé « Révolutionnaire comme l'Evangile » dans lequel il observe qu’ « il y a dans l'Evangile de quoi former un almanach du bon démagogue anarchiste, »
Reprenant le mot de son ami Hugues Rebell, Charles Maurras déclare que « le mérite de l'Eglise catholique c'est d'avoir stérilisé le christianisme. »
Dans « Les Monod », il écrit qu' « On ne peut lire indéfiniment ces textes sacrés sans y respirer quelques miasmes de l'esprit prophétique et millénariste. »
Quant aux Evangiles, ils sont le fait de « quatre Juifs obscurs », le Sermon sur la Montagne et le Magnificat — Maurras parlera du « venin » du Magnificat —, les produits des « turbulences orientales » de « la barbarie judéo-chrétienne » ou « des obscurantismes judéo-chrétiens ». « Isaïe et Jésus, écrit-il, David et Jérémie, Ezéchiel et Salomon donnaient par leur exemple et par leurs discours les modèles de la frénésie toute pure » (11).
Robert Launay, ami de Maurras et collaborateur de la « Revue d'Action (Française » ne transige pas davantage : « Le Sauveur donna quelque peu dans les théories des Esséniens communistes, les déracinés du temps ; mais malgré son dédain pour la Loi, il ne put négliger le legs des ancêtres... De ce fait, ce fut, comme on l'a dit, l'aboutissement des Prophètes. Malgré la scission entre la Synagogue et l'Eglise, le christianisme n'en reste pas moins comme une bouture de la vieille loi. L'Eglise victorieuse conservait les Ecritures et vénérait les prophètes. Elle eut le tort d'étendre ses convictions à toute la juiverie, et de laisser imposer le respect du peuple élu, du peuple de Dieu. Ce mot « respect » n'est pas excessif : voyez le scrupule avec lequel on retrace l'histoire sainte dans les écoles congréganistes : on s'en rapporte fidèlement aux assertions des logographes de Palestine. L'Esprit-Saint est manifestement citoyen de Judée » (12). L'historien d'Action Française, Jacques Bainville, n'hésite pas à stigmatiser le mythe de l'égalité : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fît » est selon lui une sentence « sortie des bitumeuses vapeurs du Jourdain. »
Comme nous l'avons remarqué dès le début, Maurras a souvent .recours au conte philosophique pour dévoiler le fond de sa pensée. Dans le conte des « Serviteurs » (13), il décrit les causes de l'inégalité des maîtres et des esclaves : « Les âmes des hommes n'ont pas été tirées de la même origine. Les filles de l'argile ne s'élèveront point au rang de celles que les dieux ont conçues dans les lits de pourpre. » II va jusqu'à écrire : « Combien d'esclaves-nés de notre connaissance retrouveraient la paix au fond de leurs ergastules dont l'histoire moderne les a follement exilés ! Il faut donc absolument cesser de répandre parmi eux la suggestion de la liberté et leur rendre au plus tôt le bienfait du carcan. »
Ce texte que Maurras n'aurait probablement pas écrit durant la période d'essor du mouvement royaliste, demeure, en revanche, suffisamment édifiant pour ce qui concerne l'esprit des débuts de l'A. F.
Dans le conte intitulé « Les Serviteurs », précédemment cité, dont le héros n'est autre que Criton (14), « nous retrouvons, dit Léon S. Roudiez, un écho de la dénonciation par Nietzsche de l'éthique du christianisme comme étant une morale pour esclaves et la définition de la révolte d'esclaves qu'il a donnée du christianisme lui-même ; on y aperçois aussi un reflet du dégoût qu'avait Nietzsche pour l'évangile d'amour prêché par le Christ et qui, du point de vue de Maurras, n'est pas à proprement parler l'amour, mais une imitation d'ordre secondaire appelée charité. De plus, « Les Serviteurs » ne forment pas un cas isolé et d'autres (ressemblances entre les idées de Nietzsche et celles de Maurras apparaîtront ailleurs (...). Le plus curieux de cet accord entre Maurras et Nietzsche, c'est qu'il faut, en l'occurrence, rejeter toute possibilité d'influence de l'un sur l'autre. Aucune traduction de Nietzsche ne parut en France avant 1892, et les trois articles publiés sur Nietzsche dans les revues en 1888, 1890 et 1891 n'étaient pas de ceux qui auraient pu éclairer les lecteurs sur sa philosophie » (15).
Ce point de vue concernant principalement l'attitude anti-chrétienne de Maurras peut s'expliquer par la chronologie : le conte des « Serviteurs », paru en 1895 (il fait partie d'un ensemble intitulé « Le Chemin de Paradis ») recouvre en fait la période de 1880 à 1886, dont la « nuit du Tholonet » est l'événement marquant. Si le « Voyage d'Athènes » n'a pas effacé dans le cœur et l'esprit de Maurras toute forme d'hostilité à l'encontre de la religion chrétienne — on pourrait assez légitimement soupçonner l'inverse —, la leçon d'harmonie qu'il dégagea de son voyage lui fit certainement comprendre l'illégitimité de telles attaques qui ne pouvaient que favoriser le trouble de l'ordre social.
D'autre part, il est bon de connaître le jugement que Maurras portera sur son œuvre de jeunesse, « Le Chemin de Paradis ». C'est sans indulgence, qu'il considérera le livre ainsi qu'en atteste la préface ajoutée à une réédition de 1920.
Quoique Maurras se soit toujours défendu d'avoir des intentions sacrilèges, ses attaques visant le faux Christ de l'Evangile, protestant, révolutionnaire ou tolstoïen, ne pouvaient pas ne pas effleurer, incidemment ou non la face immaculée du vrai Jésus des Ecritures. En quelque sorte, l'ironie dont Maurras fit un large emploi dans ses écrits parvint, nonobstant sa volonté, à blesser cruellement dans leur foi de nombreuses âmes chrétiennes.
« C'est un chaud-froid, passablement épicé, mais choquant, vénéneux peut-être » déclarera Maurras, en manière de désaveu, du « Chemin de Paradis ». Cette dernière remarque prouve à l'envie combien l'auteur, acquis à la sérénité, fut sensible à l'idée de ne pas froisser nombre de ses amis monarchistes.
Guillaume DE FERETTE
Notes :
(1) Jacques Paugam : « L'Age d'or du maurrassisme »
(2) Guillaume de Ferette : « Maurras et le voyage d'Athènes » D. O. N° 144.
(3) Charles Maurras : « Enquête sur la monarchie ».
(4) Ch. Maurras : « Quand les Français ne s'aiment pas. »
(5) Charles Maurras : « La Revue Encyclopédique. »
(6) Hugues Rebell : « Union des trois aristocraties. »
(7) Hugues Rebell : « Le Diable à table. »
(8) Charles Maurras : « L'Enquête sur la monarchie.
(9) « Revue d'Action Française », 1er février 1908.
(10) Charles Maurras : « Anthinea ».
(11) « Revue d'Action Française », tome 1, p. 318.
(12) « Revue d'Action Française », tome IV, p. 1007.
(13) Charles Maurras : « Oeuvres Capitales », tome 1.
(14) Maurras prit, souvent de fois, le nom de Criton. En particulier lorsqu'il intervenait dans un conte philosophique.
(15) Léon S. Roudiez : « Maurras jusqu'à l'Action Française ».
Source : Défense de l’Occident/Juillet-août 1977
Clearview : le logiciel qui vous reconnait et vous dénonce
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L'Australien Hoan Ton-That s'était jusque-là fait connaître avec une application pour iPhone permettant de rajouter la coupe de cheveux de Donald Trump sur n'importe quel visage. En 2016, raconte le New York Times, il commença à télécharger des photos de visages sur le web et les réseaux sociaux, et à développer un logiciel de reconnaissance faciale.
Il n'avait pas encore de modèle économique. En 2017, financé par Peter Thiel, fondateur de Palantir et conseiller de Trump qui siège aussi au conseil d'administration de Facebook, et aidé par plusieurs anciens responsables républicains, il décide de l'offrir à l'essai gratuitement pendant 30 jours à des forces de l'ordre, afin de les aider à identifier des suspects.
Aujourd'hui utilisée par plus de 600 forces de police américaine, son logiciel Clearview comporterait près de 3 milliards de visage, contre 411 millions « seulement » dans le fichier du FBI. À l'en croire, le logiciel identifierait les suspects dans 75% des cas, bien qu'il soit impossible en l'état de décompter les faux positifs.
Après que Kashmir Hill, la journaliste du New York Times, a demandé à des officiers de police de tester l'application sur son visage, ces derniers ont reçu des coups de fil de la société Clearview AI leur demandant s'ils avaient parlé avec des journalistes, signe que l'entreprise surveillerait l'utilisation faite de son outil.
Interrogé à ce sujet, Ton-That lui a répondu que l'application surveillait effectivement les « comportements de recherche potentiellement anormaux ». Clearview fût en mesure de retrouver des photos de Kashmir Hill datant pour certaines d'une dizaine d'années, et qu'elle n'avait jamais vue. Même après avoir recouvert son nez et le bas de son visage, Clearview l'identifia sur sept photos.
30 MILLIONS D'ENNEMIS
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Liste de logiciels alternatifs aux produits Google (en anglais)
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With growing concerns over online privacy and securing personal data, more people than ever are considering alternatives to Google products. After all, Google’s business model essentially revolves around data collection and advertisements, both of which infringe on your privacy. More data means better (targeted) ads and more revenue. The company pulled in over $116 billion in ad revenue last year alone – and that number continues to grow.
But the word is getting out. A growing number of people are seeking alternatives to Google products that respect their privacy and data. This guide aims to be the most exhaustive resource available for documenting alternatives to Google product. So let’s get started (in no particular order or preference)...
Google search alternatives
When it comes to privacy, using Google search is not a good idea. When you use their search engine, Google is recording your IP address, search terms, user agent, and often a unique identifier, which is stored in cookies.
Here are ten alternatives to Google search:
- StartPage – StartPage gives you Google search results, but without the tracking (based in the Netherlands).
- Searx – A privacy-friendly and versatile metasearch engine that’s also open source.
- MetaGer – An open source metasearch engine with good features, based in Germany.
- SwissCows – A zero-tracking private search engine based in Switzerland, hosted on secure Swiss infrastructure.
- Qwant – A private search engine based in France.
- DuckDuckGo – A private search engine based in the US.
- Mojeek – The only true search engine (rather than metasearch engine) that has its own crawler and index (based in the UK).
- YaCy – A decentralized, open source, peer-to-peer search engine.
- Givero – Based in Denmark, Givero offers more privacy than Google and combines search with charitable donations.
- Ecosia – Ecosia is based in Germany and donates a part of revenues to planting trees.
Note: With the exception of Mojeek, all of the private search engines above are technically metasearch engines, since they source their results from other search engines, such as Bing and Google.
Gmail alternatives
Gmail may be convenient and popular, but there are three major problems:
- Your inbox is used as a data collection tool. (Did you know Google is tracking your purchasing history from the receipts in your inbox?)
- Rather than seeing just emails, your email inbox is also used for ads and marketing.
- The contents of your inbox are being shared with Google and other random third parties.
When you remain logged in to your Gmail account, Google can easily track your activities online as you browse different websites, which may be hosting Google Analytics or Google ads (Adsense).
Here are ten alternatives to Gmail that do well in terms of privacy:
- Tutanota – based in Germany; very secure and private; free accounts up to 1 GB
- Mailfence – based in Belgium; lots of features; free accounts up to 500 MB
- Posteo – based in Germany; €1/mo with 14 day refund window
- StartMail – based in Netherlands; $5.00/mo with 7 day free trial
- Runbox – based in Norway; lots of storage and features; $1.66/mo with 30 day free trial
- Mailbox.org – based in Germany; €1/mo with 30 day free trial
- CounterMail – based in Sweden; $4.00/mo with 7 day free trial
- Kolab Now – based in Switzerland; €4.41/mo with 30 day money-back guarantee
- ProtonMail – based in Switzerland; free accounts up to 500 MB
- Thexyz – based in Canada; $1.95/mo with 30 day refund window
More information on these providers is available in the secure and private email servicesguide.
Chrome alternatives
Google Chrome is a popular browser, but it’s also a data collection tool – and many people are taking notice. Just a few days ago, the Washington Post asserted that “Google’s web browser has become spy software,” with 11,000 tracker cookies observed in a single week. Here are seven alternatives for more privacy:
- Firefox browser – Firefox is a very customizable, open-source browser that is popular in privacy circles. There are also many different Firefox modifications and tweaks that will give you more privacy and security. (Also check out Firefox Focus, a privacy-focused version for mobile users.)
- Iridium – Based on open source Chromium, Iridium offers numerous privacy and security enhancements over Chrome, source code here.
- GNU IceCat – A fork of Firefox from the Free Software Foundation.
- Tor browser – A hardened and secured version of Firefox that runs on the Tor network by default. (It also does a good job against browser fingerprinting.)
- Ungoogled Chromium – Just as the name says, this is an open source version of Chromium that has been “ungoogled” and modified for more privacy.
- Brave – Brave is another Chromium-based browser that is rather popular. It blocks trackers and ads by default (except for “approved” ads that are part of the “Brave Ads” network).
- Waterfox – This is a fork of Firefox that is configured for more privacy by default, with Mozilla telemetry stripped out of the code.
Of course, there are other alternatives to Chrome, such as Safari (from Apple), Microsoft Internet Explorer/Edge, Opera, and Vivaldi – but these also come with some privacy drawbacks.
Google Drive alternatives
If you’re looking for a secure cloud storage option, you can check out these Google Drive alternatives:
- Tresorit – A user-friendly cloud storage option based in Switzerland.
- ownCloud – An open source and self-hosted cloud platform developed in Germany.
- Nextcloud – Nextcloud is also an open source, self-hosted file sharing and collaboration platform, based in Germany.
- Sync – Based in Canada, Sync offers a secure, encrypted cloud storage solution for businesses and individuals.
- Syncthing – Here we have a decentralized, open source, peer-to-peer cloud storage platform.
Of course, Dropbox is another popular Google drive alternative, but it’s not the best in terms of privacy.
Google Calendar alternative
Here are some Google Calendar alternatives:
- Lightning Calendar is an open source calendar option developed by Mozilla, and it’s compatible with Thunderbird and Seamonkey.
- Etar, an open source, basic calendar option.
- Fruux, an open source calendar with good features and support for many operating systems.
For those wanting a combined solution for both email and calendar functionality, these providers offer that:
Google Docs / Sheets / Slides alternative
There are many solid Google Docs alternatives available. The largest offline document editing suite is, of course, Microsoft Office. As most people know, however, Microsoft is not the best company for privacy. Nonetheless, there are a few other good Google Docs alternatives:
- CryptPad – CryptPad is a privacy-focused alternative with strong encryption, and it’s free.
- Etherpad – A self-hosted collaborative online editor that’s also open source.
- Zoho Docs – This is another good Google Docs alternative with a clean interface and good functionality, although it may not be the best for privacy.
- OnlyOffice – OnlyOffice feels a bit more restricted than some of the other options in terms of features.
- Cryptee – This is a privacy-focused platform for photo and document storage and editing. It’s open source and based in Estonia.
- LibreOffice (offline) – You can use LibreOffice which is free and open source.
- Apache OpenOffice (offline) – Another good open source office suite.
Google Photos alternative
Here are a few good Google Photos alternatives:
- Piwigo – Piwigo is a great option that you can self-host. It is also free and open source.
- Lychee – Lychee is another self-hosted, open source photo management platform.
Shoebox was another alternative, but it closed operations in June 2019.
YouTube alternatives
Unfortunately, YouTube alternatives can really be hit or miss, with most struggling to gain popularity.
Tip: Invidio.us is a great Youtube proxy that allows you to watch any Youtube video without logging in, even if the video is somehow restricted. To do this, simply replace [www.youtube.com] with [invidio.us] in the URL you want to view.
Google Translate alternative
Here are a few Google translate alternatives I have come across:
- DeepL – DeepL is a solid Google Translate alternative that seems to give great results. Like Google Translate, DeepL allows you to post up to 5,000 characters at a time (but the pro version is unlimited). The user interface is good and there is also a built-in dictionary feature.
- Linguee – Linguee does not allow you to post large blocks of text like DeepL. However, Linguee will give you very accurate translations for single words or phrases, along with context examples.
- dict.cc – This Google Translate alternative seems to do a decent job on single-world lookups, but it also feels a bit outdated.
- Swisscows Translate – A good translation service supporting many languages.
If you want to translate blocks of text, check out DeepL. If you want in-depth translations for single words or phrases, then Linguee is a good choice.
Google Analytics alternative
For website admins, there are many reasons to use an alternative to Google Analytics. Aside from privacy concerns, there are also faster and more user-friendly alternatives that also respect your visitors’ privacy.
- Clicky is a great alternative to Google Analytics that truncates and anonymizes visitor IP addresses by default. It is lightweight, user-friendly, and fully compliant with GDPR regulations, while also being certified by Privacy Shield.
- Matomo (formerly Piwik) is an open-source analytics platform that respects the privacy of visitors by anonymizing and truncating visitor IP addresses (if enabled by the website admin). It is also certified to respect user privacy.
- Fathom Analytics is an open source alternative to Google Analytics that’s available on Github here. It’s minimal, fast, and lightweight.
- AT Internet is a France-based analytics provider that is fully GDPR compliant, with all data stored on French servers, and a good track record going back to 1996.
Many websites host Google Analytics because they run Google Adsense campaigns. Without Google Analytics, tracking performance of these campaigns would be difficult. Nonetheless, there are still better options for privacy.
Google Maps alternative
A map alternative for PCs is OpenStreetMap.
A few Google Maps alternatives for mobile devices include:
- OsmAnd is a free and open-source mobile maps app for both Android and iOS (based on OpenStreetMap data).
- Maps (F Droid) uses OpenStreetMap data (offline).
- Here WeGo provides good mapping solutions for both PCs and mobile devices with their app.
- Maps.Me is another option that is free on both Android and iOS, but there is a fair amount of data collection with this alternative, as explained in their privacy policy.
- MapHub is also based on OpenStreeMap data and it does not collect locations or user IP addresses.
Note: Waze is not an “alternative” as it is owned by Google.
Google Play Store alternative
Currently the best Google Play Store alternative is to use F-Droid and then go through the Yalp store. As explained on the official site, F-Droid is an installable catalog of FOSS (Free and Open Source Software) applications for the Android platform. After you have installed F-Droid, you can then download the Yalp store APK, which allows you to download apps from the Google Play Store directly as APK files.
See the F-Droid website or the official GitHub page for more info. Other alternatives to the Google Play Store include:
- TechSpot – We have an Android section in Downloads full of safe and verified downloads.
- Aptoide – An independent marketplace for Android apps.
- APKMirror – This is a large library of APK files uploaded by different users (be careful).
- Aurora Store – A fork of the Yalp Store.
Google Chrome OS alternative
Want to ditch the Chromebook and Chrome OS? Here are a few alternatives:
- Linux – Of course, Linux is arguably the best alternative, being a free, open-source operating system with lots of different flavors. With some adjustments, Linux Ubuntu can be run on Chromebooks.
- Tails – Tails is a free, privacy-focused operating system based on Linux that routes all traffic through the Tor network.
- QubesOS – Recommended by Snowden, free, and also open source.
Of course, the other two big operating system alternatives are Windows and Apple’s operating system for MacBooks – Mac OS. Windows, particularly Windows 10, is a very bad option for privacy. While slightly better, Apple also collects user data and has partnered with the NSA for surveillance.
Android alternatives
The biggest alternative to Android is iOS from Apple. But we’ll skip over that for reasons already mentioned. Here are a few Android OS alternatives:
- LineageOS – A free and open-source operating system for phones and tablets based on Android.
- Ubuntu Touch – A mobile version of the Ubuntu operating system.
- Plasma Mobile – An open source, Linux-based operating system with active development.
- Sailfish OS – Another open source, Linux-based mobile OS.
- Replicant – A fully free Android distribution with an emphasis on freedom, privacy, and security.
- /e/ – This is another open source project with a focus on privacy and security.
Purism is also working on a privacy-focused mobile phone called the Librem 5. It is in production, but not yet available (estimated Q3 2019).
Google Hangouts alternatives
Here are some alternatives to Google Hangouts:
- Wire – A great all-around secure messenger, video, and chat app, but somewhat limited on the number of people who can chat together in a group conversation via voice or video.
- Signal – A good secure messenger platform from Open Whisper Systems.
- Telegram – A longtime secure messenger app, formerly based in Russia, now in Dubai.
- Riot – A privacy-focused encrypted chat service that is also open source.
Google Domains alternative
Google Domains is a domain registration service. Here are a few alternatives:
- Namecheap – I like Namecheap because all domain purchases now come with free WhoisGuard protection for life, which protects your contact information from third parties. Namecheap also accepts Bitcoin and offers domain registration, hosting, email, SSL certs, and a variety of other products.
- Njalla – Njalla is a privacy-focused domain registration service based in Nevis. They offer hosting options, too, and also accept cryptocurrency payments.
- OrangeWebsite – OrangeWebsite offers anonymous domain registration services and also accepts cryptocurrency payments, based in Iceland.
Other Google alternatives
Here more alternatives for various Google products:
Google Forms alternative – JotForm is a free online form builder.
Google Keep alternative – Below are a few different Google Keep alternatives:
- Standard Notes is a great alternative for a note-taking service. It is secure, encrypted, and free with apps for Windows, Mac, Linux, iOS, and Android (web-based also available).
- Joplin is another great option that is open source and works on Windows, Mac, Linux, iOS, and Android.
- Zoho Notebook from Zoho, with apps for desktop and mobile devices.
- QOwnNotes is an open source file editor with Nextcloud integration.
Google Fonts alternative – Many websites load Google fonts through Google APIs, but that’s not necessary. One alternative to this is to use Font Squirrel, which has a large selection of both Google and non-Google fonts which are free to download and use.
Google Voice alternative – JMP.chat (both free and paid)
G Suite alternative – Zoho is probably the best option
Google Firebase alternative – Kuzzle (free and open source)
Google Blogger alternatives – WordPress, Medium, and Ghost are all good options.
Do you have any other tips or suggestions for Google alternatives? Feel free to drop a comment below. This guide will be regularly updated to reflect the latest information and user feedback.
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