Du côté des Bordes d’Henri Vincenot

 

 

 



Le premier roman d'Henri Vincenot était resté inédit. Il nous est parvenu par l'intermédiaire de sa fille. Ecrit en 1941, dans le style déjà réaliste et doucement caustique qu'on lui connaîtra par la suite, il retrace les premiers temps de la dernière guerre dans la campagne bourguignonne.

 

François Charmot est domestique de culture à la ferme de la Belle Maria. Vingt ans, mobilisé au premier jour de la guerre, il a été très vite réformé temporaire. A la ferme, les patrons comptent sur lui, car leur fils unique est sous les drapeaux et ils en sont sans nouvelles depuis le début de l'offensive allemande. A la grande stupeur de ceux de 1914-1918, les armées alliées s'effondrent. Les réfugiés déferlent sur la campagne, bientôt suivis des soldats en déroute puis de l'armée allemande.

 

Du côté des Bordes est une chronique douce-amère des premiers temps de l'Occupation. On y assiste aux changements de mœurs que provoque la guerre. Les gens de la ville ont faim et froid, mais les paysans, autrefois généreux, gardent leurs provisions ou les vendent au prix fort aux Allemands. Tel commence la guerre résistant, qui finira dans les bonnes grâces de l'occupant.

 

C'est aussi une éducation sentimentale, celle de François, qui apprend à apprécier la terre qui le porte mais aussi à mieux juger ceux qui l'entourent. Ses patrons, qu'il considérait comme ses parents nourriciers, se révèlent durs et âpres au gain. M. de Levrette, le propriétaire, a la bouche remplie des mots d'honneur et de patrie, mais ni lui ni ses fils ne se sont battus contre l'ennemi. Les prisonniers français envoyés par les Allemands pour aider les fermiers au travail des champs préfèrent retourner au stalag car ils y sont mieux traités qu'à la ferme. Le petit monde de la campagne bascule devant l'épreuve, car chacun réagit avec ses qualités propres qui ne correspondent pas toujours à la place qu'il occupe.

 

On comprend qu'Henri Vincenot n'ait pu faire publier son roman ni pendant l'Occupation ni après la Libération,  car jugeant les hommes sans complaisance, il n'allait dans le sens d'aucune de ces deux époques. Cela rend, pour nous, son témoignage d'autant plus précieux.  

 

Ed. Anne Carrière-1998

 

 

 


 

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