LE NOUVEL AN CELTE, LA SAMHAIN

L’année celte est divisée en 4 sai­sons dont chacune débute par une fête.

La première de ces fêtes est celle du 1er février, appelée Imbolg, consacrée à Brigid, déesse de la fertilité. Elle cor­respond à la naissance des agneaux et à la lactation des brebis.

La seconde, Beltaine, (la fête des feux du dieu Bel, représenté par le so­leil donnant la vie), arrive le 1er mai avec le début de l’été, l’espoir des bonnes récoltes et la croissance des troupeaux.

La troisième, le 1er août, Lughnasadh, est dédiée au dieu Lugh qui l’au­rait fixée pour honorer sa mère nour­ricière. C’est la fête des moissons.

Quant à la quatrième, c’est celle de Samhain, celle du Nouvel An, celle des feux de la paix comme le signifie son nom. Elle est située dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre.

C’était, en Irlande, aux temps pré­cédant la Chrétienté, un événement unique d’ordre spirituel et religieux. Elle rassemblait tous les druides sur la colline sacrée de Tlachtga, aujour­d’hui appelée the Hill of Ward, près d’Athboy dans le comté de Meath, à une dizaine de kilomètres de la colli­ne de Tara. S’élevait, sur cet empla­cement, la forteresse où se retrouvaient tous les rois des royaumes d’Irlande, accompagnés des meilleurs chevaliers. C’était l’occasion d’un grand banquet durant toute la nuit.

Le rituel consistait à éteindre tous les feux sur tout le territoire irlandais. Les druides allumaient alors sur la col­line un feu sacré qui servait à alimen­ter pour la nouvelle année tous les foyers de l’île.

Mais la fête de Samhain n’était pas que la fin d’une saison et la célébra­tion de l’arrivée de l’année nouvelle à travers ces feux de la paix. Le fait qu’elle soit célébrée sur une colline portant   le   nom   de Tlaghtga l’associait à la personnalité de la déesse du même nom, fille du druide Mug Ruith, originaire du Munster et grand maitre des mystères   du monde et de leur magie.  

La nuit de Samhain se tenait surtout en l’honneur des an­cêtres morts. Elle avait aussi pour ob­jectif d’aider les âmes des disparus ré­cents à échapper au monde des mor­tels et à gagner rapidement le repos au paradis.

Mais elle était surtout l’unique mo­ment mettant les mortels en relation avec l’Au-delà, le monde des dieux et des déesses, des héros mythiques, de tous les

hommes, anonymes ou connus, qui avaient inscrit leur nom dans le grand livre de l’histoire de l’Irlande depuis des millénaires. Et c’est là, la magie du Nou­vel An Celte, la magie de cette nuit qui termine le Temps d’Avant et ouvre le Temps à Venir, la magie qui a perduré avec Halloween. Peut-être est-ce en réa­lité le seul instant où le Temps n’est plus le Temps !

L’in­nocence des enfants ne s’y est pas trompée. Les citrouilles évidées, éclairées par des bou­gies illustrent un triple symbole : elles repré­sentent la mort, mais aussi la lumière des foyers, ces feux de la paix qui étaient entretenus dans toute l’Irlande, enfin la présence magique de l’Au-delà. L’Au-delà si proche de l’ima­ginaire de l’enfance, à travers les contes se transmettant toujours de bouche à oreille. Tradition orale qui loin de s’être perdue anime toujours avec force les « festivals » celtes irlandais où se pro­duisent danseurs et musiciens si proches des bardes d’autrefois.

Les bardes appartenaient à la caste des prêtres, comme les druides hiérarchiquement placés au-dessus d’eux. Druidh, en langue celte, signi­fie homme sage, savant qui s’intéres­se aux sciences naturelles. Le druide est en fait à la fois un philosophe, un prêtre et un magicien car il possède des pouvoirs surnaturels. Il connaît les mystères de la nature et sait pré­dire l’avenir. C’est aussi un devin. Il est une sorte de mage oriental pour l’Occident. Il enseigne l’immortalité de l’âme, séparée du corps, qui est récompensée selon la conduite de l’homme pendant son passage ter­restre. En fonction des mérites, l’âme se dirige vers un paradis appelé « Flath Innis », l’île des braves ou des justes, où règnent le printemps éter­nel et la jeunesse immortelle. Ou bien, elle est plongée dans l’enfer, « Fla’Innis » des froides ténèbres sans soleil, appelé encore « Ifurin », l’ile du climat froid. Pour y échapper, il faut surtout être un guerrier glorieux.

Les bardes, quant à eux, avaient comme fonction de suivre les guerriers sur les champs de bataille. Ils furent ainsi les véritables chroniqueurs des temps anciens. Ils entrete­naient, par des évoca­tions déclamées et chan­tées, le courage des combattants et le mé­pris pour la mort. Ils glorifiaient l’amour pour la vertu, l’enthousiasme pour le combat. Ils exhortaient les hommes, exaltaient leur imagination. Ils étaient vraiment les « dispensateurs de la gloire », motivation première des Irlandais pour s’assurer une vie digne au paradis. Ils furent la mémoire des peuples et devinrent les véritables généalogistes des familles. Ainsi racontaient-ils, dans les incroyables banquets qu’aimaient à donner les chefs de guerre et les rois de l’Irlande, l’épopée interminable des guerriers, des che­valiers, rappelant les filiations, tra­dition qui se perpétuera durant tout le Moyen-Age et perdure aujour­d’hui encore dans l’esprit des Irlandais attachés à ce passé légen­daire et à ces fameuses généalogies.

L’Irlande fut toujours, en effet, le berceau des guerriers courageux, à travers les impitoyables combats des races et des peuples qui se succédè­rent sur l’île, mêlant allègrement les dieux aux mortels.

Quel Irlandais ne peut-il pas pré­tendre avoir, dans sa famille, comme ancêtre, une fée ou un enchanteur, une déesse ou un dieu ? Ou avoir parmi ses ancêtres un membre de la fameuse Fianna ? Il n’est pas un récit épique, pas une légende, pas un mythe que l’on raconte quand s’élè­vent les lueurs des feux de la nuit de Samhain qui ne fasse allusion à cette troupe mythique ou à l’un de ses guerriers chargés de veiller sur l’île. C’était bien avant le Roi Arthur et les Chevaliers de sa Table Ronde. Mais les noms des héros sont ceux que portent encore aujourd’hui les famil­les d’origine celte.

On   dit   même   que   la Fianna, conduite par ses chefs immortels, les Héros de la grande Irlande, continue à parcourir le ciel de l’île d’émeraude. On peut l’apercevoir pendant la nuit de Samhain.

C’est tout ce qui reste de ces temps immémoriaux, aux côtés des constructions mégalithiques où se réu­nissaient les guerriers, des Oghams, pierres dressées sur lesquelles les druides inscrivaient leurs messages de sagesse, et des vieilles légendes toujours contées à l’occasion du Nouvel An Celte...

Sources : Irlande, mythes et légendes celtes de Maurice DESSEMOND-Ed. AGEP

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