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Fondé en Terre sainte après les ordres de l'Hôpital et du Temple, l'ordre des chevaliers Teutoniques s'était d'abord donné pour mission de protéger et de secourir les chrétiens de Palestine. Recrutant exclusivement au sein de la noblesse allemande, l'Ordre ne tardait pas toutefois à trouver d'autres terrains à son ambition. Sans attendre la chute de Saint-Jean-d'Acre en 1291 et l'effondrement définitif du royaume franc de Jérusalem, les chevaliers Teutoniques s'étaient organisés solidement aux marches orientales de l'Allemagne et ils allaient inscrire leur action à la fois dans le cadre de la croisade contre le paganisme et dans celui de l'expansion germanique vers l'est. Pendant près de trois siècles leur destin se confond avec celui de la Prusse qu'ils ont conquise, peuplée, enrichie et agrandie au fil de leurs combats.

Les chevaliers Teutoniques illustrent parfaitement le paradoxe des ordres militaires et religieux nés de la croisade mais tôt reconvertis dans les guerres de conquête et dans l'administration des États. Leur histoire n'est pas une histoire sainte. Violente, cruelle, tournée vers la possession de biens temporels, elle justifie l'image effrayante et magnifique qu'a donnée de ces chevaliers aux blancs manteaux frappés d'une croix noire le cinéaste soviétique Eisenstein dans Alexandre Nevski.

En 1128, un marchand de Brème et sa femme, venus en pèlerinage à Jérusalem, y fondent un hôpital pour - nous dit le chroniqueur Jacques de Vitry - «recueillir les pèlerins allemands, leurs compatriotes, afin de les soigner et d'adoucir leurs souffrances».

Cette fondation s'inscrit dans le vaste mouvement d'implantation et d'organisation qui anime alors la Terre sainte, conquise par les chrétiens à l'issue de la première croisade, en 1099. Organisation bien nécessaire. Il faut tenir le pays, avec des effectifs réduits : nombre de pèlerins repartent en effet, une fois leur vœu accompli, en Occident. Face à l'Islam, les Européens qui ont choisi de s'établir en Palestine et en Syrie doivent se tenir mobilisés en permanence pour assurer un minimum de sécurité dans les États créés à l'issue de la conquête : royaume de Jérusalem, comté de Tripoli, principautés d'Edesse et d'Antioche. Pour se dévouer totalement à cette tâche, quelques chevaliers français choisissent de constituer, en 1118, une petite communauté tout à la fois religieuse et guerrière. Logés dans un bâtiment situé sur l'emplacement de l'ancien temple de Salomon, à Jérusalem, ils prennent le nom de Templiers. Dix ans plus tard, ils sont reconnus officiellement par l'Église et reçoivent une règle lors du concile de Troyes.

1128 : c'est l'année même où naît la communauté des frères de l'Hôpital de Sainte-Marie-de-Jérusalem, qui regroupe des Allemands ayant fait vœu d'accueillir et de soigner, grâce à l'hôpital fondé par le couple de généreux Brêmois, les pèlerins germaniques dans la détresse. Une telle communauté, constituée autour d'un hôpital et pour le service de celui-ci, suit le modèle tracé par les frères de l'Hôpital de Saint-Jean, nés au milieu du XIe siècle autour d'un hôpital fondé par des marchands italiens. Mais la communauté allemande — comme, d'ailleurs, les Hospitaliers de Saint-Jean — va assez rapidement imiter les Templiers : à l'action charitable — soigner les malades, les déshérités — il faut adjoindre une action militaire. Dans un pays sans cesse menacé par les contre-offensives musulmanes, l'homme de prière doit être aussi un homme d'épée.

Seuls les nobles

Faire son salut en maniant le glaive : c'est un langage qui plaît à la chevalerie. Aussi nombre de chevaliers germaniques rejoignent-ils les rangs de l'Hôpital de Sainte-Marie. L'ordre naissant est rattaché, au point de vue hiérarchique, à l'Hôpital de Saint-Jean-de-Jérusalem, appelé plus communément ordre de l'Hôpital. Le grand maître des Hospitaliers a donc, à l'origine, autorité sur ceux que l'on va vite prendre l'habitude d'appeler les chevaliers Teutoniques. Mais cette autorité pèse aux Teutoniques. D'autant que leur communauté a vite débordé les limites de la Terre sainte et s'est implantée en Allemagne. C'est une évolution logique, que l'on retrouve chez les autres ordres militaires : Templiers et Hospitaliers ont eux aussi, grâce aux nombreuses donations de pieux laïcs, établi des maisons en Occident, qui servent de bases arrière et de centres de recrutement. L'originalité des Teutoniques réside simplement dans le fait que leur ordre n'est ouvert qu'aux Allemands.

En 1190, en s'installant à Acre - Jérusalem est tombée aux mains des musulmans en 1187 - les Teutoniques s'émancipent de la tutelle des Hospitaliers et se donnent leur propre grand maître, Henri Walpach. En 1192 une bulle du pape Célestin III en apporte la confirmation : désormais les Teutoniques ne dépendent plus que du Saint-Siège et jouissent ainsi du même privilège que Templiers et Hospitaliers. Ils vont, dans les décennies suivantes, s'efforcer d'obtenir de la papauté un ensemble cohérent de privilèges, assurant leur indépendance, leur puissance et leur influence.

Une croix noire sur un manteau blanc

L'essentiel est obtenu par le grand maître Hermann von Salza. Le pape Honorius III lui adresse, en janvier 1221, une série de lettres par lesquelles les Teutoniques se voient reconnaître les mêmes libertés, immunités et privilèges que ceux dont jouissent Templiers et Hospitaliers : exemption des dîmes, possibilité de construire églises et oratoires, indépendance à l'égard de l'autorité épiscopale, tant pour leurs personnes que pour leurs biens, etc.

Preuve qu'ils constituent bien désormais un ordre à part entière, les chevaliers Teutoniques reçoivent de Grégoire IX, en 1230, le droit de porter un manteau blanc frappé, sur le côté gauche, d'une croix noire - ce qui les distingue des Templiers, qui portent une croix pattée rouge. Ils peuvent prétendre, alors, tenir le rang qui leur revient en Terre sainte. Leurs possessions rivalisent avec celles des autres ordres militaires. De vastes domaines agricoles procurent des revenus substantiels. Le trésor de l'ordre est entreposé au château de Montfort, imposante forteresse construite par les Teutoniques au sommet d'une colline. Deux enceintes et un donjon protègent de grandes salles voûtées d'ogives, des caves et des citernes donnant la possibilité de soutenir un long siège.

Les Teutoniques sont liés d'amitié avec certaines des plus grandes familles de Terre sainte, dont ils reçoivent des terres mais à qui ils prêtent, en retour, de considérables sommes d'argent. Le prestige des Teutoniques est dû à leur vaillance sur le champ de bataille, vaillance qui ne le cède en rien à celle des Templiers et des Hospitaliers. Le tribut qu'ils payent, pour la défense des positions chrétiennes, est d'ailleurs lourd : à la bataille de Forbie, près de Gaza, en 1244, quatre cents des leurs périssent, aux côtés de trois cent douze Templiers et de trois cent vingt-cinq Hospitaliers. Dans la défense de Saint-Jean-d'Acre, les Teutoniques tiennent aussi dignement leur place. Mais la chute de cette place, en mai 1291, sonne le glas des États francs d'Orient. N'est-ce pas la fin de ce qui avait fait la raison d'être des ordres militaires ? L'ordre du Temple, effectivement, disparaît dans des conditions dramatiques au cours des vingt ans qui suivent. L'Hôpital, lui, va mener, à partir de l'île de Rhodes, une guerre de course en Méditerranée contre les Infidèles.

Un chef brillant et ambitieux

Dès 1230, les Teutoniques ont orienté leurs efforts dans une direction originale, encore que logique pour des Allemands : c'est le Drang nach Osten, la «marche vers l'est». Cette conquête de nouveaux territoires, gagnés sur des peuples païens - et donc contre lesquels tous les coups sont permis - commence au temps où Hermann von Salza est le grand maître de l'ordre. Ce n'est pas un hasard. Von Salza a la dimension d'un grand homme d'État. Il est un des conseillers les plus influents de l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen, et s'entremet à de nombreuses reprises entre celui-ci et le pape, qui poursuit le souverain allemand d'une haine vigilante : depuis un siècle et demi la lutte entre la papauté et l'empire n'a pas cessé, le Saint-Siège affirme ses prétentions théocratiques - le pape, au nom de Dieu, doit régenter la vie des États - alors que les empereurs refusent de telles prétentions et revendiquent l'autonomie du politique par rapport au religieux.

De par sa position de chef d'un ordre religieux actif et influent, Hermann von Salza est un personnage qui compte dans la vie de l'Église. Il participe, ainsi, en bonne place au quatrième concile du Latran, réuni en 1215 par le pape Innocent III. Il peut, du coup, jouer les intermédiaires entre Rome et Frédéric II, qui a promis de partir à la croisade mais retarde sans cesse son départ (les convictions chrétiennes de l'empereur sont, il faut bien le dire, pour le moins superficielles). Lorsque Frédéric II part enfin pour la Terre sainte, en 1228 - alors qu'il est sous le coup de l'excommunication lancée contre lui par le pape Grégoire IX - Hermann von Salza est à ses côtés.

En Orient, le grand maître des Teutoniques accompagne sans cesse le Hohenstaufen, y compris lors de la cérémonie où celui-ci se sacre lui-même roi de Jérusalem. Au milieu des dissensions qui opposent entre eux les chrétiens en Terre sainte, les Teutoniques restent immuablement fidèles à l'empereur. Leur appui ne lui fera pas davantage défaut lorsque, rentré en Italie, Frédéric II cherche un accord avec le pape. C'est une nouvelle fois Hermann von Salza qui s'entremet, et ses talents de diplomate permettent le traité de San Germano, en 1230, qui scelle - provisoirement - la réconciliation entre empire et papauté.

La marche vers l'est

Fidèle soutien du souverain germanique, Hermann von Salza n'en oublie pas pour autant les intérêts de son ordre. Il pressent, sans doute, que les positions chrétiennes sont condamnées, à terme, en Orient. Aussi saisit-il l'occasion de fournir à ses frères un nouveau terrain d'action, qui va leur permettre de bâtir un véritable empire. Au chapitre général de 1230, l'Ordre répond favorablement à Conrad de Pologne, qui a demandé aux chevaliers Teutoniques une aide militaire contre les Borusses, une peuplade occupant le territoire qui va devenir la Prusse. C'est le début d'une grande aventure.

Le duc de Pologne, en signe de l'accord passé avec les Teutoniques, leur donne la ville et le château de Culm, ainsi que tout ce qu'ils pourront prendre à l'ennemi. C'est le genre de proposition qui plaît à ces hommes qui, pour être des religieux, n'en restent pas moins, avant tout, des guerriers. Encouragés officiellement par le pape à «la guerre contre les païens de Prusse qui tuent et exterminent les chrétiens des provinces de Pologne, Poméranie, Moravie, Suranie, Holstein et Gorland», les chevaliers Teutoniques lancent leurs raids contre les pays baltes. Ils établissent, sur les terres conquises, des colons allemands gui vont mettre en valeur le pays. L'Évangile - comme cela a été bien souvent le cas au cours de l'histoire - sert de prétexte à une guerre de conquête. La «religion d'amour» est imposée par le fer et le feu. Les populations autochtones subissent un régime de terreur. Toute tentative de révolte est châtiée cruellement : pour l'exemple, des grappes de pendus décorent sinistrement les branches des arbres, le long des routes, les chaumières sont incendiées et des moissons détruites.

Jalons de la conquête, de nouvelles forteresses s'élèvent, dominant de leurs remparts de briques les territoires soumis. Marienwerder est construite en 1233. Puis c'est Königsberg, Marienburg, qui recevra en 1309 le siège de l'Ordre.

Une soif insatiable de conquête

Inquiet des progrès des Teutoniques et de leur soif insatiable de conquêtes, le duc de Poméranie tente de s'opposer à eux. En vain. Après avoir battu le rappel de leurs troupes en Pologne, Hongrie et Bohême, les chevaliers à la croix noire s'emparent de la Poméranie. La ville de Schwetza refusant de se soumettre, le grand maître Siegfried de Feuchtwangen fait pendre, devant ses murs, tous les paysans des environs. C'est une constante, dans la politique de tous les successeurs d'Hermann von Salza : il ne faut pas hésiter à frapper durement les esprits quand les intérêts supérieurs de l'Ordre sont en jeu.

La volonté de puissance et l'orgueil des Teutoniques sont tels qu'ils en viennent à se dresser contre la papauté elle-même. Lorsque, sur plainte du roi de Pologne, qui s'inquiète à son tour des empiétements des chevaliers, le pape Jean XXII ordonne à l'Ordre de restituer la Poméranie, les dignitaires refusent purement et simplement. On est alors en 1320. Les Teutoniques représentent une force de plusieurs milliers de chevaliers, appuyés par de nombreux sergents. Aux Allemands, qui constitueront toujours la majorité des forces de l'Ordre, sont venus s'adjoindre des Français (l'Ordre possède quelques commanderies en France, à la suite de donations). Aussi la guerre avec la Pologne va-t-elle durer plusieurs décennies, hachée de trêves vite remises en cause par l'une ou l'autre des deux parties.

Dans le conflit, la diplomatie intervient autant que les armes. Quand, en 1337, un jugement pontifical ordonne à nouveau la restitution de la Poméranie, l'Ordre oppose le veto formulé par l'empereur Louis V de Bavière, qui a solennellement interdit aux chevaliers de se dessaisir de la moindre parcelle de territoire sans son autorisation. De surcroît, les Teutoniques exhibent les nombreuses bulles pontificales qui, dans le passé, ont légitimé leurs conquêtes.

Un État souverain puissamment organisé

C'est donc en toute bonne conscience que les chevaliers, nonobstant adjurations et menaces, poursuivent leur œuvre. D'une main rude, certes, mais efficace : en un siècle, ils ont fondé quatorze cents nouveaux villages, défriché, asséché des provinces entières. Des frontières du Mecklembourg jusqu'en Livonie règne la pax teutonica.

Une paix à vrai dire souvent troublée. Car à la soif de domination des chevaliers répond la haine des princes menacés par l'expansion de l'Ordre. Toute occasion est bonne pour susciter contre les Teutoniques les coalitions les plus hétéroclites : en 1370, Lituaniens, Samogitiens, Russes et Tartares marchent ensemble contre l'Ordre, qui perd vingt-six commandeurs et deux cents chevaliers à la bataille de Rudan. En 1386, la conversion au christianisme de Jagellon, roi de Lituanie, enlève cependant aux Teutoniques un bon et pieux prétexte pour agir contre lui.

Signe des temps ? Pourtant, apparemment jamais l'Ordre n'a été plus puissant. L'État qu'il a créé, de l'Oder au golfe de Finlande, est pratiquement souverain. Il se divise en trois principaux districts : la maîtrise de Prusse, dirigée directement depuis Marienburg par le grand maître, celle de Livonie, confiée à un Landmeister, et celle des pays d'Empire dont a charge le Deutsch-Meister. Les maîtrises régionales sont divisées en bailliages, eux-mêmes subdivisés en commanderies. L'Ordre est ainsi fortement structuré, sa gestion et son administration, rigoureuses, sont infiniment plus efficaces que celles de beaucoup d'États à la même époque.

Composé de chevaliers, de simples frères et de prêtres qui servent de chapelains (on retrouve le même schéma chez les Templiers et les Hospitaliers) - tous ayant prononcé les traditionnels vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance - l'Ordre est dirigé par un chapitre général (huit chevaliers, quatre frères et un prêtre) qui élit le grand maître. Celui-ci, pour gouverner le complexe édifice qu'est devenu l'Ordre, s'appuie sur de grands dignitaires : le grand commandeur, le maréchal, le trésorier, l'intendant et l'hospitalier. On remarque la place prise, à côté des impératifs militaires, par les préoccupations économiques. L'ordre Teutonique contrôle en effet de nombreuses activités commerciales. Il est au centre d'échanges entre l'Allemagne et la Pologne, la Hongrie et la Russie, grâce aux marchés qu'il a établis à Thorn, à Kulm, mais aussi et surtout par ses grands ports de Dantzig (une ville longtemps convoitée), Elbing, Braunsberg, Königsberg, Riga, Penaud, Reval. Tout ceci, bien sûr, en liaison avec l'organisation hanséatique. Les produits des domaines de l'Ordre, le monopole de l'exploitation de l'ambre baltique, que les Teutoniques se sont réservé, procurent de gros revenus. Par les agents qu'il entretient à Novgorod, Lübeck, Bruges, Londres, Venise, l'Ordre est en liaison constante avec les principaux foyers d'échange européens.

Le désastre de Tannenberg

Une telle puissance semble inébranlable. Pourtant, avec le début du XVe siècle, l'Empire teutonique est menacé par les premières lézardes. Les chevaliers ont réussi à faire contre eux l'unanimité : le grand-duc de Lituanie et le roi de Pologne rassemblent des troupes considérables. L'objectif est simple : la valeur militaire des Teutoniques est telle qu'on ne peut espérer en venir à bout qu'en les accablant sous le nombre. C'est ce qui va se réaliser le 15 juillet 1410, à Tannenberg. A un contre quatre, les Teutoniques résistent pendant de longues heures aux assauts des hordes de Russes, de Lituaniens, de Samogitiens, de Tartares, de Hongrois, de Polonais qui n'ont en commun que la haine de l'Allemand. Le choc des épées, des masses d'armes, des haches est effroyable. Les chevaux pataugent dans la terre gorgée de sang et s'affaissent lourdement sous les volées de traits. A l'issue de la journée, la plaine est jonchée de cadavres, dont celui du grand maître Ulrich Von Jungingen, de plusieurs dignitaires et d'une grande partie des chevaliers engagés dans la bataille.

C'est, pour l'Ordre, le commencement de la fin. Il doit se résoudre à signer le traité de Thorn, qui lui impose le paiement d'une lourde réparation. Les revers, dans les décennies suivantes, vont s'accumuler. Encouragés par le roi de Pologne, des bourgeois et des nobles prussiens se révoltent contre l'Ordre, dont le despotisme est jugé insupportable. Cette guerre civile sonne le glas de la puissance teutonique. En 1454 le roi de Pologne Casimir IV proclame le rattachement de la Prusse à ses États et le grand maître doit se réfugier à Königsberg, qui devient le siège de l'Ordre. Par le second traité de Thorn (1466), les Teutoniques reconnaissent ne plus avoir autorité que sur les districts de Königsberg et du Selland, qui relèvent désormais de la mouvance polonaise.

Décadence et conversion

C'est, pour les Teutoniques, une situation fort humiliante. Plusieurs tentatives faites pour retrouver la grandeur passée se soldent par des échecs. On comprend, du coup, que le grand maître Albert de Saxe n'ait guère hésité, en 1525, à abjurer le catholicisme pour passer à la Réforme, la partie de la Prusse encore soumise à l'ordre Teutonique étant érigée à son profit en duché séculier et héréditaire. De nombreux chevaliers ont suivi l'exemple du grand maître. Conclusion logique dans l'histoire d'une institution qui, plus que les intérêts romains, avait toujours servi en priorité sa propre grandeur.

Certains chevaliers Teutoniques vont rester cependant fidèles au catholicisme. Se plaçant sous la protection de l'Autriche, ils maintiennent, dans ce pays, quatorze commanderies. En 1595, l'archiduc Maximilien devient grand maître. L'habitude se conservera, par la suite, de choisir au sein de la famille impériale le chef de l'Ordre. Un Ordre qui, à travers les vicissitudes de l'histoire, a réussi à survivre jusqu'à nos jours, en retrouvant sa vocation première, hospitalière. Image rassurante pour certains. Désolante pour d'autres, dont les rêves d'héroïsme tragique restent encore habités par les chevaliers à la croix noire.

 

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