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Edward Fitzgerald avec son fils, Scott

 

On sait tout du grand-père maternel de Francis Scott Fitzgerald. Il s'appelle Philip F. Mc Quillan. Né en Irlande, dans le coté de Fermanagh, il a épousé, en 1860, Louisa Allen, fille d'un charpentier lui aussi irlandais. Il eut cinq enfants. Dont la mère de Scott, Mary (qu'on appela Mollie).

On ne sait pratiquement rien du grand-père paternel de l'auteur de Gatsby le Magnifique. Sinon qu'il s'appelait Michael Fitzgerald, qu'il avait marié Cecilia Ashton Scott et qu'il est mort en 1855. A cette date, son fils Edward, le père de l'écrivain, avait deux ans.

On en sait heureusement bien plus sur Edward Fitzgerald. Et déjà que, tout jeune, de convictions sudistes comme son entourage, il servit de guide aux espions confédérées infiltrés chez les Yankees. Il était d'ailleurs le cousin germain de Mary Surrat impliquée (à tort semble-t-il, mais la « justice » nordiste ne fit pas le détail) dans l'assassinat de Lincoln. Elle fut ignominieusement pendue à Washington.

Edward Fitzgerald et Mollie McQuillan se marient le 12 février 1890. Edward a 37 ans. Mollie, la seule des trois filles McQuillan qui se maria jamais, en a 29. La famille McQuillan est aisée. Le voyage de noces a lieu en Italie et à Paris. Ce n'est pas une découverte pour Mollie qui, comme toutes les jeunes filles de la « bonne société » alors, a fait son European Tour.

En 1893, on trouve le nom d'Edward Fitzgerald dans les annuaires de Saint Paul, Minnesota. Au titre de président des American Rattan & Willow Works, une manufacture de meubles qui mit la clef sous la porte en 1898.

Les deux premiers enfants d'Edward et de Mollie, deux petites filles, meurent en 1896, respectivement à l'âge d'un et trois ans. Scott naît le 24 septembre 1896, dans le quartier résidentiel de Summit Avenue à Saint Paul. On le prénomme Francis Scott Key : en hommage (ou peut-être pour se hausser du col) à un cousin éloigné, Francis Scott Key, le célèbre parolier de l'hymne américain, The Star-Spangled Banner. Quarante ans plus tard, il écrira : « Eh bien, trois mois avant ma naissance, ma mère perdit ses deux autres enfants et je pense que ce double décès est la première choses qui m'advint, bien que je ne sache pas exactement comment. Je pense que c'est à partir de ce moment-là que je commençais à être écrivain ».

Edward Fitzgerald, qui de l'avis même de son fils, va porter toute sa vie la défaite des Confédérés, accepte à son corps défendant un emploi de commis dans le commerce de l'épicerie en gros, chez Procter & Gamble de Buffalo, État de New York. La paie n'est pas énorme, mais elle a le mérite d'exister. Et puis Mollie a de l'argent de famille, ce qui permet de donner à Scott une éducation de petit lord.

Une éducation complétée par Edward qui inculque à son fils les vertus du Sud et l'histoire de ses héros. Ce qui apparaîtra en filigrane dans son œuvre et même ouvertement dans des textes comme « Une dette d’honneur » (qui met en scène le général Lee), « La chambre aux volets verts » (le destin tragique de John Wilkes Booth, le « Brutus sudiste » qui tua Lincoln), « The True Story of Appomattox », etc. On y ajoutera son grand (et délétère) amour pour Zelda Sayre, une belle du Sud jusqu'à la caricature. Edward lui donnera aussi le goût de la littérature et des poètes (Keats, Byron, Butler, Coleridge).

En 1901, Edward est nommé à Syracuse, État de New York, par ses employeurs. Toute la famille s'y installe. C'est là que naîtra, en juillet, la sœur de Scott, Annabelle (en 1900, était née une autre petite fille qui n'avait survécu qu'une heure). En 1903, retour à Buffalo. En 1908, Edward perd son emploi. Il a 55 ans et il marquera le coup. Plus tard, Scott en témoignera : « Ce matin-là, l'homme qui était sorti de la maison était relativement jeune, plein d'énergie et d'assurance. Ce soir-là, l'homme qui était rentré à la maison était un vieil homme complètement brisé. Il avait perdu sa raison de vivre et sa foi en lui-même. Il restera un raté jusqu'à la fin de ses jours ».

La famille se replie à Saint Paul, Minnesota, où Edward va gérer tant bien que mal (et plutôt mal que bien) l’épicerie que lui a confié McQuillan, son beau-frère, par ailleurs propriétaire d'une grosse agence immobilière. Ces revers de fortune n'empêcheront pas – l’argent de Mollie, il en reste – d'envoyer Scott dans les meilleures écoles et jusqu'à Princeton ce qui ne coûtait pas rien (il n'y fit pas des merveilles...).

Devenu célèbre, Scott vint vivre un temps avec Zelda à Saint Paul. Elle ne fut guère appréciée par Edward et Mollie. Et déjà parce qu'elle n'était pas catholique... Edward, en revanche, appréciait de se faire conduire dans la Buick de Scott jusqu'au drugstore Grotto où il faisait provision de ses cigares favoris, des Tom Moore. Par la suite, la vie décousue et l'alcoolisme tapageur de Scott et de Zelda ne contribuèrent pas à arranger les choses. Les frasques de ces deux enfants terribles heurta profondément le jansénisme intuitif d'Edward et de Zelda.

Le 31 janvier 1931, Edward s'éteint à Washington. Le service funèbre, en présence de Scott, eut lieu en l'église St Mary de Rockville, Maryland. Dans un essai inachevé, The Death of My Father, Scott écrit : « J'aimais mon père, et je me suis toujours demandé dans mon for intérieur, au moment de prendre une décision, ce qu'il aurait fait ou pensé. Il m'aimait et se sentait une profonde responsabilité envers moi ».

Alain Sanders

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