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C’est le titre d’un pamphlet publié en 1845 par Eugène de Méricourt contre celui qui, aujourd’hui encore, nous fait vibrer aux exploits de d’Artagnan et à la vengeresse métamorphose d’Edmond Dantès.

Ce texte vise notamment l’utilisation de « nègres » : Auguste Maquet, le plus connu, mais aussi Gustave de Chanville, sans oublier les pièces de théâtre écrites en collaboration avec Goubaux, Baudin et Gaillardet, entre autres. On peut aussi reprocher à Dumas une activité de critique « opportuniste et polémique », obéissant de surcroît, comme en témoignent par exemple les éloges récurrents de George Sand, à « une logique de camaraderie » (1).

Né à Villers-Cotterêts en 1802 et décédé à Dieppe en 1870, Alexandre Dumas laisse une œuvre aussi abondante que polymorphe. Sa force de travail quasi frénétique suscite l’admiration. « Vous êtes surhumain », lui dit un Lamartine abasourdi. Entre 1823 et 1826 paraissent, notamment dans la revue La Psyché, les premiers écrits de Dumas (poèmes, nouvelles). Il trouve le succès au théâtre avec Henri III et sa cour (1829) et Antony (1831).

Vers le milieu de la décennie, il se lance dans la critique littéraire et collabore à La Presse. La période 1838 – 1853, et surtout à partir de 1844, est celle des grands romans historiques. De ce genre, il reste la figure française la plus notoire, via les adaptations en séries télévisées (La Dame de Monsoreau). On lui doit des récits de voyages en Suisse et en Italie (longs séjours à Florence et Naples). De 1860 à 1864, il dirige L’Indépendant, « journal de l’unité italienne » : conséquence de son rôle aux côtés de Garibaldi lors de l’expédition des Mille (d’où le récit Les Garibaldiens, 1861).

Infatigable, Dumas fonde les journaux Le Mousquetaire, Le Dartagnan et Le Monte-Cristo. Ses aventures de presse englobent même des chroniques culinaires recueillies après sa mort dans le Grand Dictionnaire de cuisine.

Il lance la mode des écrivains – journalistes – conférenciers. Il donne des « causeries » dans une vingtaine de villes françaises, ainsi qu’à Vienne et en Belgique. À l’Université de Caen – Normandie, des voix s’élèvent en faveur d’une réédition intégrale de la critique dumasienne : articles sur le théâtre de Victor Hugo, les romans d’Eugène Sue, les tableaux de Delacroix.

Incroyablement prolifique, l’œuvre d’Alexandre Dumas atteste aussi sa « compréhension de la modernité médiatique » et son art des « coups éditoriaux visant à battre monnaie sur le nom de l’auteur célèbre ». Ainsi s’expliquent les multiples querelles qui émaillent le parcours de Dumas, les accusations de « mercantilisme littéraire » portées contre lui, les échanges épistolaires peu amènes avec François Buloz, commissaire royal du Théâtre-Français et directeur des Revues des Deux Mondes et de Paris.

Dumas assigne Méricourt en justice et celui-ci est condamné à quinze jours de prison et six mois de contrainte par corps.

Daniel Cologne

Note

1 : Julie Anselmini, L’écrivain-critique au XIXe siècle. Dumas, Gautier, Barbey d’Aurevilly, Presses Universitaires de Liège, coll. « Situations », 2022, 55 p.,18 €.

 

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