On en apprend de belles sur le grand rabbin de France Gilles Bernheim. Il est censé être l’auteur d’ouvrages sur la profondeur desquels les media s’étaient extasiés (c’est la moindre des choses) : audace et originalité de la pensée, qualité et ampleur des références, etc, etc… Mais problème : il a été « mis en cause dans des affaires de plagiat ces dernières semaines » (Le Monde, 7 avril). Par exemple, son livre si édifiant Quarante méditations juives (Stock, 2011) a été en fait écrit par « un étudiant » (sic) qu’il avait chargé de tenir la plume à sa place (cela s’appelle, dans le jargon de l’édition, « un nègre »). Lequel, à court d’idées, est allé « pomper » chez divers auteurs des bouts de textes mis en œuvre selon la technique du copier-coller.

Comme un malheur n’arrive jamais seul, L’Express a découvert et révélé que l’agrégation de philosophie dont se targuait Bernheim était totalement bidon, comme l’a confirmé la vénérable institution qu’est la Société des Agrégés. Pas gêné, le porte-parole du grand rabbin évoque « la carrure intellectuelle de Gilles Bernheim » pour dire qu’après tout être vraiment agrégé ou pas n’a pas beaucoup d’importance. Et puis, dans un classique réflexe de solidarité communautaire (dont les Gaulois feraient bien de prendre exemple…) la communauté juive, certes embêtée, n’en serre pas moins les rangs. Même si, comme l’écrit Le Monde, « cette nouvelle révélation sur le CV de M. Bernheim, qui a fondé une grande partie de sa légitimité sur sa qualité de « rabbin-philosophe », ne constitue apparemment pas une surprise pour tout le monde ». Ah bon ?

 

Pierre Vial

 

 

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