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Le 19 janvier dernier, ils étaient près de 1 million à défiler dans la rue contre le projet de réforme des retraites d’Emmanuel Macron. De multiples professions étaient représentées. On y trouvait entre autres le personnel des raffineries, les représentants des forces de l’ordre, des ouvriers, des jeunes. Bref la vraie France, la majorité réelle, comme l’appellerait le géographe Christophe Guilluy, est en colère. Et les syndicats ne sont pas les seuls moteurs de cette expression.

Pourtant, le Rassemblement national, qui a fait campagne sur le pouvoir d’achat des classes populaires, n’a pas participé aux rassemblements qui se sont déroulés un peu partout en France. Et les explications des cadres du mouvement ont laissé fort à désirer.

Pour le RN : la rue est pour les gueux

Le 12 janvier dernier, Thomas Ménagé, porte-parole du groupe des députés RN à l’Assemblée nationale, déclarait que ne pas vouloir suivre la logique des mouvements de gauche. Selon lui, le parti communiste, le parti socialiste et la France insoumise attendent tout de la rue. Donc pas de manif pour les élus du RN représentant le peuple. Bonté d’âme tout de même, Marine Le Pen a indiqué laisser libre les militants et sympathisants d’y participer ou pas.

Selon Sébastien Chenu, vice-président à l’AN et porte-parole du parti, le travail des députés se fait au sein de l’hémicycle. La rue, c’est pour les syndicats. La preuve d’une énième déconnexion d’avec les français particulièrement ceux issus de la classe ouvrière, grande perdante de la réforme. La rue pour les gueux, le costard cravate pour les hommes politiques. La méthode Macron n’est pas loin.

Autre raison invoquée : le refus des syndicats de voir « l’extrême droite » défiler dans la rue à leurs côtés. Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT l’a répété à plusieurs reprises dans les médias. Il a été écouté par le RN qui a donc obéi docilement à ses invectives. Or quand vous vous déclarez la première opposition à Macron, vous défilez, vous gueulez, vous défendez les français. Et vous emmerdez Martinez au passage. Surtout à une époque où la défiance vis-à-vis des syndicats n’a jamais été aussi importante.

Enfin autre preuve de leur déconnexion d’avec la base fut l’annonce de Marine Le Pen quant à son absence de la France pour un voyage prévu depuis un certain temps en Afrique. Ça tombait bien, au même moment que l’appel de la rue. Loin des manifestations, loin de la colère des Français et donc de sympathisants, militants et électeurs. Toujours tenir une certaine distance avec le peuple.

 

Succès incontestable de la manifestation du 19 janvier, le RN ne sait plus sur quel pied danser

Le 19 janvier, partout en France, les images des manifestations sont impressionnantes. Le million de personnes en colère est largement atteint. Les mouvements de gauche et les syndicats sont satisfaits, leurs appels répétés ont fonctionné. La contestation est sans équivoque.

Alors comme cela a pu être remarqué dans d’autres contextes de contestations significatives, on pensera au début de la gestion du covid, les cadres du RN commencent à faire évoluer leur pensée. La boussole du RN est souvent fondée sur les sondages, l’expression des français. Dans ces moments-là, les cadres sortent les rames pour communiquer dans le sens majoritairement exprimé par le peuple. Même si cela est à l’inverse des choix opérés.

Le 20 janvier, Sébastien Chenu indique que le RN participera peut-être aux prochaines manifestations. La date du 31 janvier est déjà dans les têtes.

Mettant en avant son passé militant et sa participation à des manifestations passées (on ne commentera pas, cela serait méchant), le porte-parole justifie l’évolution de sa pensée. Mais le mal est fait et les critiques émises. Les Français délaissés ne veulent pas seulement entendre une opposition verbale et politique mais des élus prêts à mouiller la chemise.

Dès le 21 janvier, l’élu distribue des tracts sur un marché de sa circonscription du Nord.

Ils ne sont pas à une contradiction près. Rappelons aussi les épisodes quant au vote de la motion de censure de la NUPES ou encore le dépôt d’un amendement pour inscrire l’avortement dans la Constitution.

Les élus du mouvement ont tenté de sauver les meubles en participant hier aux mobilisations organisées par les boulangers. Chacun aura eu son petit tweet de soutien.

Ces changements de pied démontrent l’absence de colonne vertébrale de ce mouvement qui à coups de normalisation efface totalement les convictions qui constituent l’âme de ce parti.

 

La réforme soumise à un référendum, l’idée piquée à Nicolas Dupont Aignan

Marine Le Pen revenue en France, elle annonce hier matin sur le plateau de BFM TV l’intention de soumettre cette réforme par référendum. Comme si l’idée était neuve.

Apolline de Malherbe aurait eu une belle occasion de lui rappeler qu’elle n’est pas issue de ses propres réflexions mais de celles de Nicolas Dupont Aignan, dirigeant de Debout la France. Dès le 17 janvier, il s’exprimait en ce sens. Il aura fallu près d’une semaine au RN, attendant le retour de sa maîtresse, pour aller dans ce sens…Et au passage s’approprier l’initiative.

Et il n’y a pas qu’en matière de proposition que Nicolas Dupont Aignan prit une autre tangente. Le 19 janvier, il était dans la rue et manifestait aux côtés de syndicalistes. Comme quoi quand on veut, on peut.

Nicolas Dupont-Aignan, seul, est parvenu à être force de propositions, à soutenir les Français dans la rue. Le RN, toujours à la traîne, attendant constamment de voir si ses idées ne vont pas choquer, se retrouve donc distancé juste par l’action d’un seul homme politique.

A quoi bon être 89 députés dans l’hémicycle si domine le ridicule de la recherche de la dédiabolisation à tout prix? Leur dernière communication le prouve encore une fois. « Pour un débouché pacifique et démocratique aux mobilisations contre la Réforme Des Retraites, la seule solution c’est le référendum ! ». L’essentiel est sauf, rester respectable et non violent.

VD

Source : Breizh-info.com - 25 janvier 2023

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