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Nombre de parents, même si c’est pour une bonne Cause, redoutent pour leurs enfants un engagement politique précoce de crainte que cela nuise à leurs études. Une crainte, il faut dire, qui n’est pas toujours injustifiée. Pourtant, le rôle formateur de cet engagement n’est pas à négliger. Particulièrement pour ceux tentés par l’écriture. En effet tout mouvement politique, aussi modeste soit-il, se doit de posséder une tribune reflétant ses conceptions du combat à mener, son analyse des faits sociaux et ses vues culturelles.

Or les journaux militants sont friands de copie car les rédacteurs n’y sont pas rémunérés. Voilà, pour un jeune, une occasion à saisir ; ce galop d’essai lui permettra de travailler son style et de développer son esprit de synthèse (sans compter l’amélioration de son orthographe !) Bien sûr, ce type de publications est rarement un modèle de journalisme. Comme le relève Henry Charbonneau dans Les Mémoires de Porthos : « Je connais les journaux de partis et de « mouvements », leur médiocrité est inévitable. Ils manquent d’originalité, de recul, d’indépendance : il faut plaire au chef, éduquer le militant, accueillir des articles et des rédacteurs dont la fidélité tient lieu de talent. »

 

Avec l’aide de journalistes plus expérimentés

Il convient toutefois de nuancer ce jugement du fait que des plumes de renom peuvent, par idéal, offrir leur collaboration. Avec pour résultat d’être des sortes de professeur d’écriture.

Un exemple ? Prenons le dans une publication qui plonge dans l’histoire récente du nationalisme français : Jeune Révolution. Ce modeste mensuel– dans la pratique souvent bimestriel– parut de janvier1966 à avril-mai 1971 ; il était l’organe du Mouvement jeune révolution (MJR) dont les dirigeants avaient fait leurs classes dans l’OAS métro jeunes (OMJ). La consultation de Jeune Révolution (l’Institut Emmanuel Ratier en possède une collection complète) met en valeur plusieurs concours talentueux bien qu’épisodiques. Relevons les noms de Jean Bourdier (politique française), Pierre de Villemarest (politique étrangère), André Figueras (polémique) : trois écrivains et journalistes appartenant au courant de la droite nationale.

On ne saurait omettre la page consacrée au cinéma compte tenu de son grand intérêt. Ainsi, les films évoquant la guerre d’Algérie ou l’OAS étaient analysés avec finesse et compétence ; ce fut le cas des Centurions de Mark Robson (« mauvais film caricaturant les héros de Lartéguy »), d’Objectif 500 millions de Pierre Schoendoerffer, ou encore du Petit soldat de Jean-Luc Godard. Ces remarquables articles étaient signés Philippe Walden. Qui pouvait bien être cet auteur ? La lecture du tout récent Ma vie et le cinéma– Mémoires intempestif de Philippe d’Hugues (voir Présent du 12 février 2022) permet de lever ce mystère. Philippe Walden était le pseudonyme de Philippe d’Hugues, critique, entre autres, aux Cahiers du cinéma et à La Nation française de Pierre Boutang. C’est son ami Nicolas Kayanakis, ex prisonnier Algérie française, tout juste libéré de prison, qui lui avait demandé d’agrémenter de son talent l’austère Jeune Révolution.

Relevons encore que le numéro d’avril-mai 1971 de Jeune Révolution vit le tout premier article de Francis Bergeron titrant : « Dans l’Est : Hayange, bastion solidariste » ; il venait d’avoir 18 ans… et les lecteurs de Présent savent bien où tout cela l’a mené !

Philippe Vilgier

Présent – Vendredi 13 mai 2022

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