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Aussi les textes et vidéos concernant tel ou tel candidat à l’élection présidentielle d’avril 2022 présentés dans la revue Terre & Peuple Magazine et sur le site internet de T & P, expriment,dans l’esprit de la tribune libre, les opinons de leurs seuls auteurs et non de Terre & Peuple.
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Entrevue donnée par Yvan Benedetti, candidat à l’élection présidentielle 2022 à Lectures Françaises en janvier 2022 :
Lectures Françaises : Yvan Benedetti, vous êtes bien connu de tous les nationalistes français, mais pouvez-vous néanmoins, en quelques mots, vous présenter ?
Yvan Benedetti : J’ai 56 ans, trois enfants et je suis à l’avant-garde du combat pour le rétablissement de la France depuis 35 ans. D’abord dans le sillage de Pierre Sidos, à qui je dois tout politiquement, puis en tant qu’un des chefs du nationalisme en France depuis que je lui ai succédé à la tête de l’Œuvre française le 6 février 2012. J’ai fait l’objet de trois agressions violentes, de plus d’une dizaine de poursuites judiciaires – j’ai été le premier en France à avoir été poursuivi pour une prétendue homo- phobie. J’ai été aussi condamné à des centaines de milliers d’euros d’amendes pour différents procès de presse et à 8 mois de prison avec sursis pour atteinte à la sûreté de l’État après avoir refusé la dissolution de l’Œuvre française par Manuel Valls. Au sein du Front national de Jean-Marie Le Pen, j’ai assuré un mandat d’élu local pendant plus de dix ans. Bras droit et directeur de campagne de Bruno Gollnisch lors de la campagne interne de succession au fondateur du Front national, je fus exclu du parti en 2011 par Marine Le Pen après son accession à la présidence pour m’être opposé à sa politique de dédiabolisation. Au cœur de la révolte de la Manif pour tous contre la loi Taubira, des Gilets jaunes dont je suis devenu l’un des porte-voix, représentant la tendance la plus révolutionnaire 1, je continue aujourd’hui le combat en luttant contre le passe et la tyrannie sanitaire imposée par l’État profond et en m’engageant dans la campagne présidentielle en tant que candidat.
LF. : Le 23 octobre 2021, vous avez en effet déclaré votre candidature à la présidence de la République. Dans cette déclaration, vous faites valoir que les trotskistes arrivent régulièrement à présenter (au moins) deux candidats aux élections présidentielles, et qu’il n’est pas normal que les nationalistes ne soient pas représentés. Est-ce à dire que les candidats de la droite nationale aux élections présidentielles (de Tixier-Vignancour à Marine Le Pen) n’ont pas été des candidats nationalistes ?
YB. : Vous parlez bien de candidats de la droite nationale. Aucun n’a revendiqué l’étiquette nationaliste. Tixier-Vignancour avait même appelé en 1965 à voter au second tour pour François Mitterrand, le candidat de l’union de la gauche. Même marqué par le fort contexte de l’époque, la perte de l’Algérie française et l’opposition à De Gaulle, on fait mieux, vous en conviendrez, comme candidat nationaliste. En ce qui concerne Marine Le Pen, il est inutile d’en parler, les faits plaident d’eux- mêmes. Quant à Jean-Marie Le Pen, lors de ses premières candidatures, il parlait de « nationalitarisme» pour ne pas avoir à assumer cette étiquette. Si c’est certainement lui qui a été le candidat le plus proche du nationalisme – excepté en 2007 avec la déclaration de Valmy et de la dalle d’Argenteuil – il reste le parfait modèle du légalisme en politique. Alors comment peut-on définir un candidat comme nationaliste, me direz-vous ? Un nationaliste, c’est celui qui considère que pour sortir de l’impasse, il faut sortir du système.
Le nationalisme, en tant que doctrine, est né en réaction au bouleversement engendré par la révolution bourgeoise de 1789. Elle est née de la contre-révolution et s’est enrichie de l’apport des maîtres successifs que furent Édouard Drumont, Maurice Barrès, Charles Maurras, Alexis Carrel, Maurice Bardèche et tant d’autres. Dans ses fondements, elle remet en cause l’ordre politique actuel qui découle de quatre événements majeurs : 1789 d’abord, on vient de le voir, où le monde ancien basé sur les trois ordres ancestraux, le paysan, le prêtre et le soldat a été balayé et remplacé par la prééminence du bourgeois.
C’est l’avènement de ces funestes droits de l’homme, dont on me- sure toutes les dérives aujourd’hui, où l’homme qui se fait Dieu rem- place le Dieu qui s’est fait homme. L’ordre du monde fut brisé quand 749 conventionnels élus s’arrogèrent le droit de juger 1000 ans d’histoire de France. 1863, ensuite, et la bataille de Gettysburg, qui marque le tournant de la guerre de Sécession. Le Nord « yankee » cosmopolite et bientôt mondialiste l’emporte sur le Sud dont le maintien de la tradition européenne était le moteur. 1945, aussi, et le tribunal de Nuremberg qui instaure une justice internationale et condamne définitivement, avec le national-socialisme, la primauté du national et le patriotisme. 1962, enfin, et le concile Vatican II qui consacre l’infiltration dans l’Église et la fin du catholicisme romain comme explication de l’ordre du monde et ciment de la civilisation européenne. Bien évidemment, il y a beaucoup d’autres événements funestes notamment 1917 et la révolution bolchévique, fille de 1789, la Première Guerre mondiale et l’effondrement des monarchies et des empires qui consacre l’émergence de la puissance « yankee ». Les années soixante aussi voient une avancée majeure de la subversion avec la fin de la plus grande France, le Concile et Mai 68, qui, si elle n’a pas été une révolution, a contribué à briser le cadre d’une société encore traditionnelle dans ses mentalités et son fonctionnement.
LF. : Vous vous revendiquez de « l’absolue défense des trois lois naturelles : celle du sol, celle du sang et celle du ciel ». Est-ce là votre conception du nationalisme ? Sinon, comment le définiriez-vous ?
YB. : Maurice Barrès définit le nationalisme d’abord comme un dé- terminisme : « Un nationaliste, c’est un Français qui a pris conscience de sa formation. Nationalisme est acceptation d’un déterminisme. » En cela, oui, le nationalisme est le respect et l’application des lois naturelles dans le champ temporel et le cadre social. Mais au-delà de cette définition générale, il faut constater qu’il y a autant de nationalismes qu’il existe de nations. En tant que doctrine, le nationalisme est l’en- semble des lois et des principes qui ont permis à une communauté humaine de s’ériger en nation et en conséquence, la défense de ces lois. Basé sur le réel, sur ce qui est, il s’oppose à toute forme d’idéologie. En France, il implique la défense des cinq éléments constitutifs de la nation : le sol avec des frontières naturelles que nous impose la géographie; un peuple de souche européenne; une religion depuis le baptême de Clovis; une forme bien particulière des institutions qui fait de la France un État-nation, État qui préexiste à 1789 comme le résultat de la mission historique d’unité française de la famille capétienne; et le dernier élément constitutif, la langue, le français qui a d’ailleurs contribué après le décret de Villers-Cotterêts (signé par François Ier en 1935) à édifier cet État autour d’une capitale, Paris et une monnaie, le franc créé par Jean II le Bon en 1360. Extraire un de ses éléments et en faire un absolu, comme le font certains identitaires, des souverainistes ou ceux qui veulent fusionner temporel et spirituel relève de l’idéologie dans laquelle il nous faut éviter de sombrer. Le nationalisme est aussi la forme conséquente et agissante du patriotisme qui défend la patrie non seulement de ses ennemis extérieurs, mais aussi de ses ennemis de l’intérieur que l’on nomme les forces et les agents de l’an- ti-France. Elle est encore un état d’esprit, une conception volontariste et héroïque de la vie en lutte contre les forces de mort. En toutes choses, du domaine de la raison ou de l’ordre du cœur, le nationalisme est le seul remède au poison mortel auquel nous sommes confrontés.
LF. : Toujours dans votre déclaration du 23 octobre, vous évoquez bien évidemment les candidatures de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour (celle-ci se laissait alors très largement deviner). Vous accusez la première d’avoir « renié les fondamentaux du combat du Front national ». Vous accusez le second d’être « un leurre » et « au mieux un placebo ». Pourriez-vous nous expliquer ce que vous entendez par là ?
YB. : En ce qui concerne Marine Le Pen, il n’est point nécessaire d’argumenter. Quand elle accède à la présidence du Front national au congrès de Tours en janvier 2011, son père lui laisse un mouvement en ordre de marche même s’il existe de vives tensions en interne liées au fait que Jean-Marie Le Pen a soutenu et promu sa fille contre l’avis et l’amitié de membres historiques. Les finances du mouvement sont saines, il y a encore quelques militants sincères et le programme peut se résumer globalement à la défense du travail, de la fa- mille et de la patrie. Plus de dix années plus tard, Marine Le Pen règne sur un champ de ruines. Financièrement, le parti est criblé de dettes. C’est une coquille vide, désertée par ces mêmes militants. Pensant détenir l’exclusivité de représentation du camp national, le mouvement est devenu un syndicat d’intérêts à mesure que l’héritière gérait le mouvement comme une rente. Peu à peu, tous les combats historiques ont été abandonnés, alors que les militants de convictions étaient exclus et remplacés par des arrivistes pensant rallier la victoire. Le point d’orgue étant l’exclusion du fondateur du Front national, Jean-Marie Le Pen en personne, à qui pourtant Marine Le Pen devait tout. Notons la responsabilité de Florian Philippot dans ce parricide, lui qui était le promoteur de cette funeste politique de dédiabolisation qui contenait en elle tous les germes de la trahison.
C’est précisément cette politique du reniement qui a permis l’émergence d’Éric Zemmour. Visiblement, il s’y prépare depuis deux ans, avec l’aide de Vincent Bolloré qui a, semble-t-il, quelques comptes à régler avec Emmanuel Macron. L’oligarque lui a mis à disposition l’antenne de CNews et une émission, Face à l’info, dirigée par la très populaire Christine Kelly, créée sur mesure pour le polémiste et sa mise en orbite politique. Il n’en fallait pas plus pour que la quasi-totalité du camp national rallie Éric Zemmour, un peu parce qu’il était orphelin d’un homme providentiel depuis le retrait du Menhir, mais surtout par anti-marinisme, tant l’incompétence et les mauvaises manières de Mme Le Pen ont suscité le rejet. Mais on ne fonde pas une politique sur l’opposition à une personne. D’autant plus que les déclarations tonitruantes d’Éric Zemmour ont un côté très artificiel. Elles n’ont qu’un seul but, celui de s’imposer sur les ruines du Rassemblement national et des Républicains. Mais ce n’est pas au nouveau converti politique – Éric reste Moïse à la synagogue – de porter la bannière du nationalisme. Il est important de ne pas prendre ses désirs pour la réalité.
Analysons en détail le programme d’Éric Zemmour, notamment quand il répond aux questions de Jean-Jacques Bourdin lors de l’émission du 7 décembre 2021 (sur la radio RMC). En résumé :
- Concernant la tyrannie sanitaire, il est doublement vacciné, ergote et finit par dire qu’il faut se faire vacciner ;
- Alors qu’il est présenté comme un opposant aux lois liberticides, lorsque Bourdin lui pose la question de l’abrogation éventuelle de la loi Fabius-Gayssot, il propose la création d’une commission d’historiens pour statuer sur l’utilité de cette loi. Quand on parle de créer une commission, alors qu’il suffit d’annoncer son retrait, on sait très bien ce que cela veut dire…
- Pour la loi Veil et l’avortement : pas d’abrogation ;
- La peine de mort : pas de rétablissement non plus ;
- La loi Taubira et le mariage homosexuel : pas de suppression, uniquement le retrait de la PMA…
- Même en matière migratoire, il prône peut-être une immigration zéro – ça reste à confirmer – mais avec une politique d’assimilation : c’est-à-dire avec comme conséquences le métissage et la guerre civile… Nous, nous affirmons que la seule alternative à la guerre civile, c’est de mener une véritable politique de remigration.
On voit, au-delà de déclarations fracassantes, que le programme de celui qui s’est présenté lors de la réunion de Villepinte comme le « petit juif berbère venu de l’autre côté de la Méditerranée » ne peut en rien mettre un terme au processus de destruction de la France. J’ai résumé son programme en une formule : il faut que tout change pour que rien ne change ! Que l’on ait affaire à un populisme dédiabolisé comme celui de Marine Le Pen ou à un populisme diabolisé comme celui d’Éric Zemmour, nous sommes en présence de deux popu- lismes qui restent des révoltes dans le cadre du système. Au moment où le centre de gravité de la politique française se déplace vers le nationalisme, ce serait une erreur grave que d’abandonner nos positions et de le rallier. Nous avons fait le choix d’affirmer nos principes.
LF. : Concernant les élections, vous affirmez en quelque sorte que les dés sont pipés, vous déclarant « conscient des obstacles inhérents à ce type de scrutin où les règles ont été édictées par le système ». Mais alors, pourquoi présenter votre candidature ?
YB. : La question se pose en effet. D’autant plus que je n’ai de cesse de dénoncer l’électoralisme qui constitue la tare et la sauvegarde du régime. Mais l’élection présidentielle, dans son principe plutôt référendaire, est la moins mauvaise des élections : un homme avec son histoire et sa personnalité se présente devant le peuple et expose ce qu’il veut pour la France. L’élection présidentielle est un moment particulier où nos compatriotes se soucient un peu plus de politique. Et je refuse que le débat soit monopolisé par l’opposition entre Marine Le Pen et Éric Zemmour. Ceci étant dit, nous sommes conscients que l’élection présidentielle de 2022, suivie des élections législatives, apporte une fois de plus la preuve que la démocratie libérale n’est rien d’autre que la lutte des places, avec pour oriflammes des programmes qui ne remettent nullement en cause ce système mortifère et à bout de souffle. Toutefois, nous devons nous saisir de toutes les opportunités qui se présentent. Cette élection dont nous savons qu’elle est corsetée de telle manière qu’aucun candidat anti-régimiste ne puisse y participer – outre l’omerta médiatique, le seuil des 500 signatures obligatoires (et rendues publiques) d’élus pour être admis à concourir en fournit une preuve – les nationalistes doivent en prendre date. La France est en urgence absolue. Son pronostic vital est engagé. Il faut un programme politique révolutionnaire, de salut public. Nous n’avons pas vocation à gérer le déclin. Nous n’avons pas de maires à convaincre ni d’électeurs à séduire. Même si nous sommes prêts à rencontrer discrètement tous les édiles qui se reconnaissent dans notre dé- marche. Nous nous posons en alternative d’urgence. Pour ce faire, nous présentons un programme d’action 2 que nous proposons aux Français pour rétablir la France et que nous défendons dans toutes les réunions et rencontres que nous pouvons organiser. Dans la situation profondément instable que nous vivons, tout peut aller très vite. Encore faut-il avoir des repères forts et proposer une politique radicale et sans concession. C’est le sens de notre démarche et de notre participation à cette campagne électorale. Et nous appelons tous ceux qui partagent nos analyses, à nous rejoindre et à nous soutenir dans cette campagne derrière un slogan unificateur :
Propos recueillis par Vincent CHABROL
Source : Lectures Françaises, Janvier 2022, n°777 disponible sur Chiré
Notes :
1 – Comme je l’indique dans le corps de l’entretien, la doctrine nationaliste est née de la contre-révolution. Mais aujourd’hui, elle est révolutionnaire, au sens étymologique ; c’est-à-dire qu’elle implique le renversement du système actuel et l’établissement d’un ordre nouveau. En cela, nous nous référons à la Révolution nationale du maréchal Pétain.
2 – NDLR : On se reportera donc aux « 20 mesures d’urgence pour rétablir la France » . Relevons qu’Yvan Benedetti propose notamment « le rétablissement d’une religion d’État, le catholicisme » ainsi que l’« interdiction des sociétés secrètes».