Les Lupercales (les origines de la St-Valentin)

 

D'origine romaine, les lupercales sont célébrées du 13 au 15 février par les luperques ( 12 prêtres de la Rome antique).

Les luperques se réunissaient dans la grotte de Lupercal au pied du Mont Palatin là où la louve aurait allaité Romulus et Remus avant qu'ils ne soient recueillis par un couple de berger dont la femme, une prostituée, était surnommée « Lupa » (la louve en latin). Cette « Lupa » s'appelait Acca Larentia et son commerce de prostitution la rendit prospère lui permettant ainsi de léguer à sa mort sa fortune à Romulus.

 

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Romulus et Remus allaités par une louve (Lupa Capitolina - Musée du Capitole, Rome - œuvre étrusque du Ve siècle av. J.C.).

 

Avec eux, les luperques, rassemblaient les fils descendants des plus anciennes familles ayant fondé la ville de Rome. Ainsi, ils célèbrent la légende de Romulus et Remus, les enfants de la louve tout en rendant hommage à Faunus Lupercus, divinité ayant pour apparence mi-homme, mi-bouc, dieu de la fertilité et défenseur des troupeaux contre les loups en lui faisant offrande d'un bouc en sacrifice.

 

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Faunus Lupercus.

Chez les Grecs, bien avant les Romains, on célébrait déjà la fête des loups, « Lukéia ».

Comme toutes choses, les Romains se sont inspirés des Grecs et de leurs déités afin de créer les Lupercale.

Depuis toujours, le dieu grec Pan est représenté sous une forme mi humain, mi-bouc. Il est le protecteur des bergers et des troupeaux.

Il est le dieu qui est réputé pour sa puissance sexuelle. Il aurait appris la masturbation auprès de son père Hermès avant de la transmettre aux bergers.

Dans son apparence, il partage avec les satyres des attributs rustre et jeune, caractéristiques typiques de la brutalité érotique et de la jeunesse.

 

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Pan s’accouplant avec une chèvre.

Un rituel Grec officié par un prêtre dit sacrificateur voulait qu'au cours de ce dernier, le prêtre exerçait une incision sur le front de deux jeunes hommes afin que leur sang se mélange à du lait. Par la suite, ces jeunes hommes couraient quasi nus dans toute la ville, en fouettant les femmes au passage, qui voulaient avoir un enfant, à l'aide des lanières de peau de bouc pour les rendre fécondes. Chez les Grecs le bouc était réputé pour être l'animal symbolisant la luxure par excellence ainsi que tous les plaisirs sexuels.

 

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Deux jeunes hommes en train de flageller des femmes. À droite, une statue de Faunus Lupercus.

Chez les Romains, au cours des Lupercales, les noms des jeunes femmes étaient tirés au sort par des hommes. Celles-ci était par la suite « prise en chasse» et la suite des événements disons-le comme cela n'était qu'immoralité sexuelle. C'était en somme une période de dépravation sexuelle, de luxure, de débauche et d'orgie généralisée.

En 494, le Pape Gélase Ier, mis fin à cette fête. Il la remplaça par la Saint Valentin, patron des fiancés et des amoureux. Puis décréta que le 14 février est le jour qui serait consacrée à nouvelle célébration. Le nom de Valentin provient du nom de Valentin de Terni. Un moine du 3e siècle, martyrisé sous l'empereur romain Claude II surnommé « Claude le Cruel ». Valentin de Terni fût, par ordre de Claude le Cruel, roué de coups par les légionnaires et décapité le 14 février 269.

 

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Valentin de Terni

Le symbolisme du bouc

Comme mentionné plus haut, le bouc est relié aux rituels de fertilité, de fécondité, mais aussi à la purification puisque les fêtes des Lupercales étaient des fêtes de purification. De par le fait même, le sacrifice d'un bouc laisse dans la culture européenne l'expression populaire du « bouc émissaire », celui-ci expier les impuretés.

Dans la culture judéo-chrétienne, le bouc est devenu la représentation de l'Antéchrist et est associé à Satan puisqu'il symbolise la luxure.

 

En résumé, la fête Lukéia est devenue celle des Lupercales qui par la suite a été convertie par l'Église en Saint-Valentin, qui de nos jours est devenue une simple fête commerciale ou l'on célèbre l'amour. Avec le temps elle a perdu toutes richesses spirituelles et magiques. Les valeurs et les rituels qu'avaient créés nos ancêtres afin d'honorer et de célébrer la fécondité, sans nécessairement tomber dans l'orgie généralisé au milieu de la ville, ont disparues. Mais ce que vous retiendrez de l'origine de la St-Valentin c'est qu'à la base elle n'était en fait qu'une fête ou l'orgie régnait durant 3 jours et où la copulation massive était le sport favori du moment. De mon côté je retiens que du 13 au 15 février c'est le moment idéal d'effectuer vos rituels amoureux et de fécondité.


Stéphanie

 

Saint Valentin. Anglaise ou savoyarde, la fête des amoureux a de lointaines origines celtes

 

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La célébration du couple hétérosexuel chaque 14 février est une invention de l’Angleterre médiévale, selon la version qui semble la mieux étayée. Plus précisément la première Saint Valentin pourrait avoir eu lieu à Londres vers 1382 et avoir été lancée par les poètes professionnels qui fréquentaient la cour du roi.

Parmi ces influenceurs, le plus important est Chaucer : dans « le Parlement des Oiseaux » (vers 1382), le poète anglais imagine que c’est ce jour précis que Dame Nature marie les volatiles pour l’année qui vient. Son collègue Othon de Grandson (un chevalier-troubadour suisse réfugié à Londres) brode aussi sur ce thème, dans une série de poèmes placés sous le patronage de Saint Valentin. Pas de connotation religieuse, mais des déclarations d’amour à sa belle :

Je vois que chacun amoureux
se veut ce jour apparier,
je vois chacun être joyeux,
je vois le temps renouveller
(…) Pour ce, sans jamais repentir,
(Je) la servirai jusqu’à la fin
Ainsi (c’est ce que je) lui promets sans mentir,
le jour de la Saint Valentin.

Othon de Grandson, la Complainte de Saint Valentin (deuxième moitié du 14ème siècle)

 

Depuis Londres, la nouvelle coutume se répand assez vite dans le milieu international des poètes. Une vingtaine d’années après Chaucer, l’italienne Christine de Pisan, figure historique du féminisme installée à la cour du roi de France, s’en empare à son tour.

Mais pourquoi ce jour précis ? Aucun rapport avec la vie du saint romain fêté à cette date dans l’ancien calendrier catholique, en vigueur jusqu’au Concile Vatican II. La légende de l’évêque martyr bravant l’interdiction impériale de célébrer des mariages semble tardive et a peut-être été imaginée après coup pour expliquer la fête, qui est ludique et sans prétention.

Il faudrait plutôt chercher une explication dans le calendrier agricole de la Grande Bretagne médiévale, où février était considéré comme le début de la belle saison. D’où l’association d’idées entre le printemps, le chant des oiseaux et le bon moment pour faire une déclaration d’amour. Trop cliché, dirait-on aujourd’hui. Sauf que ce cliché romantique naît précisément à cette période du Moyen Age, à la suite d’un grand courant idéologique dont l’épicentre est le Pays-de-Galles.

 

Valentin, nom mis à la mode par un roman d’amour

L’idéalisation de la femme, les interférences mystérieuses de la nature avec les sentiments humains, ou encore le rôle des oiseaux comme messagers d’un monde merveilleux…Tout cela se trouve en effet dans les contes celtes traditionnels, dont les thèmes sont alors librement recyclés d’un bout à l’autre du continent dans de nombreux romans de chevalerie imités du cycle d’Arthur.

 

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Dans cette masse de romans d’aventure et d’amour, l’un des plus populaires s’intitulait « Valentin et Orson » et existait dès le 13ème siècle. Signe de son succès, il avait été traduit en de nombreuses langues : depuis le français jusqu’à l’islandais en passant par l’italien. On en trouve aussi une version tardive en langue bretonne : vers 1870, l’ethnologue François-Marie Luzel assiste à Morlaix à une représentation de théâtre amateur traditionnel en breton. Le titre de la pièce ? « Orson et Valentin » ! (1)

L’histoire avait traversé les siècles en marge des modes littéraires. Elle raconte le destin de deux jumeaux, séparés à la naissance et ignorants tout de leur origine. Valentin est adopté par un prince, Orson par une Ourse qui l’élève en pleine forêt – à rapprocher peut-être d’Arthur dont le nom dérive de l’ours et de Perceval qui est aussi un homme des bois. Après toutes sortes de péripéties plus ou moins burlesques, l’histoire se termine par des retrouvailles familiales, par un mariage (celui d’Orson) et par une entrée en religion (celle de Valentin, qui meurt en odeur de sainteté).

Chaucer devait connaître ce récit, qui avait été traduit en anglais. Il est donc possible qu’il ait choisi de célébrer sur un mode plaisant, parmi les premiers jours du printemps, celui qui portait le nom d’un personnage de roman alors tellement à la mode.

 

Deux théories alternatives

On trouve une variante (peu sourcée, il s’agit peut-être d’un faux), selon laquelle Chaucer ferait référence à un autre Saint Valentin, un évêque de Gênes fêté le 2 mai. Nous serions alors dans une adaptation courtoise de ce que Arnold Van Gennep, l’ethnologue des Français, avait appelé « le Cycle de Mai ». Ce mois voyait fleurir à travers toute l’Europe des fêtes villageoises purement laïques autour de l’amour, accompagnées de déclarations et de cadeaux aux filles, le plus souvent des bouquets – avec peut-être là encore une origine celte liée à Beltane (le 1er Mai).

Enfin, mieux étayée mais avec un certain flou chronologique, on peut évoquer l’hypothèse d’une origine savoyarde de la fête. Van Gennep, dans un article de 1924 (2), signale l’existence d’un carnaval existant anciennement à Bissy, près de Chambér, le 14 février : dans des temps anciens, un cortège de jeunes gens se rendait à l’église dédiée à Saint Valentin, la messe en l’honneur du saint patron étant suivie de coutumes plus ou moins barbares (sacrifice d’un coq) et de danses. Y participaient des jeunes mariés qui tenaient en main un bouquet, appelé « valentine ». Saint Valentin était par ailleurs connu dans la contrée pour soigner les maux de ventre (peut-être à cause de son nom qui rappelle en latin le mot « vigoureux, bien portant »). Du ventre à la grossesse, il y avait peut-être un lien.

Bissy semble un coin un peu trop paumé pour avoir initié la Saint Valentin moderne, qui est surtout anglo-saxonne. Il faut pourtant signaler qu’une forme proche de la fête actuelle existait dès 1603 à Annecy : elle consistait alors dans le tirage au sort, le 14 février, de couples de « valentins » et de « valentines », les premiers devant servir de chevalier servant aux secondes, une année durant. L’évêque de Genève, Saint François de Sales, critiquera dans un sermon cette coutume, innocente pour des jeunes gens, mais dangereuse si elle concerne des gens mariés (elle remet en cause le sacrement du mariage).

Or Othon de Grandson était suisse romand, c’était un voisin des Savoyards et il aurait pu apporter à Londres cette coutume régionale aussi typique que la raclette. Pour Van Gennep toutefois, l’influence s’est exercée dans l’autre sens : c’est Chaucer qui l’a révélée à Grandson et celui-ci l’aurait rapportée ensuite dans les Alpes.

Pour compliquer encore l’affaire, Van Gennep signale d’autres fêtes d’amoureux, célébrées assez anciennement le 14 février, en Normandie et en Lorraine.

Enora

Notes :

1) « Morlaix possédait un théâtre breton, il n’y a pas encore plus de vingt ans, et, deux fois la semaine, on y jouait, dans la langue du pays, les Quatre fils Aymon, Huon de Bordeaux, Orson et Valentin, Sainte Tryphine, Sainte Geneviève de Brabant, le Purgatoire de Saint Patrice, et plusieurs autres pièces d’un répertoire populaire fort apprécié dans le pays. J’ai assisté plusieurs fois à ces représentations, et j’ai acquis un certain nombre des manuscrits de la troupe morlaisienne. Il est à remarquer qu’ils provenaient tous des Côtes-du-Nord, de Lannion ou de Pluzunet, qui avaient aussi leur troupe d’acteurs bretons. » (Préface des Contes populaires de Basse-Bretagne, FM Luzel, 1887).

2) « La Chandeleur et la Saint Valentin en Savoie », Revue d’ethnographie et des Traditions populaires, 1924

Source : Breizh-info.com - 14 février 2023

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