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Deux jours après la fête des Lar familiaris, les divinités tutélaires chargées de protéger la famille mais aussi les récoltes, les rues et les villes, il Dies Natalis Solis Invicti venait conclure les grandes festivités des Saturnales, inaugurées le 17 décembre. Les Saturnales, célébration religieuse dédiée au dieu Saturne, la divinité latine civilisatrice et souveraine de la péninsule, étaient accompagnées de grandes réjouissances populaires : d’abondants festins étaient organisés, les maisons toutes décorées de houx, de gui et de lierre, des dons échangés. Et les enfants recevaient des cadeaux sous formes de petites figurines en terre cuite, issues du panthéon divin et héroïque : c’est la fête des sigillaires, du nom de ces menues statuettes qui étaient vendues sur la Via Sigillaria de Rome, aménagée à cette période de l’année de boutiques temporaires prévues à cet effet…. un peu comme les stands de Noël qui, de nos jours, parent le centre de nos villes et de nos villages.

On a beaucoup écrit sur l’origine de la célébration du Soleil Invaincu. On raconte que l’empereur Aurélien, en guerre contre la reine Zénobie de Palmyre, aurait eu la vision du dieu Soleil. Ce dernier serait intervenu et aurait assuré la victoire aux troupes romaines lors de cette bataille décisive. Deux ans plus tard, en 274,  à Rome, il officialisait le culte du Deus Sol Invictus et lui consacrait un temple, le 25 décembre, sur le Champ de Mars.

L’adoption du Dieu-Soleil fut considérée par Aurélien comme un fort élément de cohésion puisque, sous diverses formes, le culte du Soleil était présent dans toutes les régions de l’Empire. Les  Gréco-romains Hélios, bien entendu, mais aussi Apollon, Jupiter, et l’indo-iranien Mithra étant identifiés au Soleil.

Pour nos ancêtres Indo-européens, l’astre de feu était la source de la lumière, de la vie et de la chaleur. Chose qui n’est pas forcément partagée par d’autres populations qui, souffrant les températures trop hautes d’aires à tendance désertique, ont associé le soleil à une puissance destructrice. Là, il pouvait être perçu de façon négative, ce qui se traduisit par la prédominance de religions dominées par un dieu jaloux et autoritaire.

Sous nos latitudes, c’est en 354 que le Dies Natalis Solis Invicti est retenu par les chrétiens pour célébrer la naissance du Christ : Deus Sol invictus et Mithra dont il s’inspire, correspondants à la naissance d’un dieu de lumière, qui surgissait d’un rocher ou d’une grotte sous la forme d’un enfant nouveau-né ; un dieu sauveur qui régénère le monde grâce au sang répandu et les repas sacramentels durant lesquels on partageait du pain et du vin, constantes de leur culte, n’étaient peut-être pas pour rien dans ce choix.

Les passionnés d’histoire débattront sans fin sur les origines des festivités de Noël. De son étymologie : sa racine provient-elle du latin Natalis ou de la fusion de deux mots gaulois Noio – nouveau – et Hel – soleil ? On pourra étudier la provenance des différents symboles qui nous enchantent en cette période et font entrer la magie dans nos vies mornes et frénétiques… Quelle belle chose que de s’interroger, de rechercher et de connaitre la généalogie de nos coutumes ! Mais s’il est un fait à retenir, c’est le syncrétisme qui nous unit. L’esprit de nos fêtes. Voilà ce qui compte vraiment : sous l’apparente diversité de nos cultures locales ou religieuses, païennes ou chrétiennes, nordiques ou méditerranéennes, c’est à nous de relier avec Dieu ou le Cosmos, de faire pénétrer un peu de spiritualité dans nos âmes tristement devenues rationnelles. Trouver du sens, faire revivre les antiques traditions, relier avec la famille et la communauté, minorer tant que possible le caractère consumériste qui s’est emparé de notre sacralité. Se recentrer aussi, vouloir être meilleur.

Alors, ce soir, plus que jamais allumons nos lampions, nos falots, nos bougies et nos lucioles, que cette nouvelle naissance, invaincue et invincible, soit !

Audrey D’Aguanno (Le 25 décembre 2022)

 

Source : BREIZH-INFO

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