Rivarol, n°2991, 18 mars 2011, pp. 6 et 7.

 

Michelle FAVARD-JIRARD, Derrière l’insurrection, la main des Rothschild.

 

En dépit des apparences, les révoltes qui ont ébranlé et continuent de secouer le Grand Maghreb n’ont rien de spontané. Le renversement des gouvernements égyptien et tunisien résulte d’un stra­tagème ayant déjà fait ses preuves sous d’autres latitudes. Rouages d’une mise en scène bien huilés, images sélectionnées par des media à la botte, populations en liesse qui ne seront plus bientôt que des légions d’idiots utiles — expression chère à Kissinger. Car, encore et toujours, protagonistes et bénéficiaires ne sont hélas pas ceux que l’on imagine...

Mais venons-en aux faits. En Tuni­sie, où débuta l’insurrection, le prési­dent Ben Ali avait entrepris, depuis

une dizaine d’années, une libéralisation économique de son pays qui n’était certes pas sans risque. Ce fut pourtant une réussite indéniable, à laquelle ne fut pas étranger le rôle des banques islamiques, fondées sur les lois de la Charia, interdisant l’imposi­tion d’intérêts dans les transactions bancaires et offrant, en ces temps de crises financières à répétition, bien plus de stabilité que les banques occidentales.

C’est en Gambie que furent émis, en 2006, pour un montant de 166 millions de US dollards, les premiers sukuk*. On apprenait par le New York Times du 22 novembre 2007, que « titres et emprunts, respectant la loi cora­nique, étaient disponibles aux Etats-Unis. Ces investissements, pouvait-on lire, ont donné lieu à une renaissance économique du monde musulman [coïncidant avec] un conservatisme religieux croissant... Alors que les plus importantes banques islamiques se trouvent dans les pays du Golfe, les mar­chés potentiellement les plus intéressants sont en Turquie et en Afrique du Nord... ».

WALL STREET CONTRE LES BANQUES ISLAMIQUES

 

Fin 2008, notre ministre des Finances Chris­tine Lagarde parlait «de faire de Paris, la capitale de la finance islamique », un marché estimé entre 500 et 600 milliards de dollars, disait-elle, susceptible d’atteindre un taux de 11 % par an... Qu’est devenu ce projet qui, chez nous, sans contrôle, représentait assuré­ment un danger surtout lorsque l’on sait que 77 % des choix des sondés allaient à l’acqui­sition d’un logement. Mais chez eux, au contraire, un moyen certain de freiner les cou­rants migratoires vers un eldorado désormais inexistant. Sans vouloir faire l’apologie du système bancaire islamique, reconnaissons-lui une stabilité qui n’existe plus dans notre modèle financier actuel où l’intérêt atteint des sommets record. Après tout, l’usure n’était-elle pas déjà dénoncée par Aristote, limitée par les Romains et interdite par l’Eglise?

Toujours est-il qu’un système dans lequel la banque et son client partagent gains et pertes ne peut qu’inquiéter les usuriers de Wall Street ! D’autant plus lorsque « sur la liste des 500 plus importantes institutions financières dans le monde, sept des dix premières sont iraniennes » [Stock Analyst, 8 février 2011]. Toujours au sujet de la Tunisie, le 19 octobre 2010, le Telegraph de Londres commentait la création, sur le front de mer de la capitale, du premier centre financier de la région, subven­tionné par la banque islamique d’investisse­ment, Gulf Finance House (GFH) dont la maison mère se trouve à Bahrein. Une entreprise, «megaproject, dans l’espoir de voir la Tuni­sie, de par sa position stratégique, servir de pont entre l’Union européenne et l’expansion économique grandissante de l’Afrique du Nord et au-delà ». Suivait, en décembre 2010, un rapport: Global Competitiveness Report 2010-2011 du Forum économique mondial (World Economic Forum) classant la Tunisie comme le pays « le plus compétitif d’Afrique et 32e à l’échelle mondiale». Dans le même temps, un compte-rendu d’informations du renommé Middle East Business Intelligence affirmait qu’en dépit d’un climat économique maussade, le potentiel de la banque islamique d’Abu Dhabi s’annonçait prometteur.

Venait s’ajouter, début février 2011, une interview avec le secrétaire général de L’Opec, Abdalla El-Badri confirmant « l’in­tention du cartel de passer à l’euro dans les dix prochaines années pour combattre le déclin du dollar ». Des dizaines d’autres exemples pourraient être cités, attestant de la bonne santé des banques islamiques mais sus­citant, dans le même temps, de fortes inquié­tudes chez les magnats de la finance interna­tionale usuraire dont la majorité des actions sont entre les mains des Rothschild et de leurs associés — comme en témoigne avec brio le politologue et auteur américain Eustache Mul­lins. A son livre, The Federal Reserve Conspi­racy, édité en 1954, a fait suite : Secrets of the Federal Reserve, (les secrets de la Réserve fédérale) publié en 1983, dans lequel il démontre que « contrairement à ce que l’on pourrait croire, la finance mondiale est contrôlée par des “banques centrales pri­vées” se faisant passer pour des “banques gouvernementales ou fédérales” » **. Confir­mant ses dires, on y apprend également com­ment la Réserve fédérale (banque centrale américaine) a officiellement été déclarée « propriété privée » par la 9e chambre de la Cour d’Appel des Etats-Unis et sise au 680 F.2d 1239, Lewis v. United States of America.

Lorsque le 26 mai 2010, le gendre du prési­dent Ben Ali, Sakhel El Materi, inaugurait la banque islamique Zitouna — première de Tunisie et du Maghreb et « première pierre du programme de réforme » — il ne se doutait pas du risque qu’il encourait, particulièrement dans son ambition de vouloir faire de la Tuni­sie, « un pôle de services bancaires », capable de sérieusement saper le pouvoir et les profits de la banque centrale tunisienne. Le 20 jan­vier 2011, le lendemain de l’arrestation d’un neveu de Ben Ali et de 33 de ses fidèles «pour crimes envers la nation », la banque Zitouna était placée « sous le contrôle » de la banque centrale et M. Materi devait se réfugier à Dubai...

Il apparaît opportun de signaler ici que la Libye est un des rares pays — avec l’Iran et la Corée du Nord — à avoir sa propre banque centrale. Si le pétrole a son importance, il n’est pourtant qu’un bonus lorsque l’on réalise qu’en fin de compte, toutes les banques cen­trales de ces pays sont la propriété de quelques familles banquières, dont essentiellement les Rothschild, en la personne de son 4e baron, Jacob (Nathaniel Charles), membre britan­nique et senior de la dynastie. « Qui possède la banque centrale, possède le pays » clament les initiés. Ce qui fait mieux comprendre com­ment et pourquoi les systèmes monétaires tunisien, égyptien, yéménite, jordanien et algérien, pays actuellement en ébullition, sont tombés sous la coupe de cette cabale ainsi que celle du FMI, ce qui, en retour, a permis aux dirigeants de se conduire depuis bien long­temps et en toute quiétude, en intouchables despotes. Mais gare à qui ose déroger aux règles établies comme l’ont appris à leurs dépens les présidents Ben Ali et Moubarak.

Les révolutions de « style Rothschild » ont toutes comme prétexte d’instaurer la démo­cratie en destituant tel ou tel dictateur, non sans avoir créé le chaos — objectif initial. Une fois le pouvoir vacant, offrir aussitôt une solu­tion en installant un fantoche aux ordres de la cabale. Quant au peuple, sous le couvert d’une certaine liberté d’expression, il retombera dans un autre genre de servage, bien plus insi­dieux.

Scénario qui a fait ses preuves ; écrit et dirigé par le Rothschild’s International Crisis Group (RICG).

L’attitude conciliante et soumise de Hosni Moubarak envers les Etats-Unis et Israël aurait pu faire penser que ce genre de vicissi­tudes lui aurait été épargné. Mais il semble que, dernièrement, le raï ait eu des états d’âme et se soit, entre autres, opposé au pro­jet anglo-américain d’établir une union d’Etats sunnites, tels que l’Egypte, la Jorda­nie, l’Arabie séoudite et les pays du Golfe —sous protection nucléaire états-unienne et au côté d’Israël — avec intention d’entrer en guerre contre l’Iran, la Syrie, le Hezbollah et leurs alliés. Ce fut donc: exit Moubarak!

 

 

LE RÔLE IMPORTANT DE SOROS

 

D’après Webster G. Tarpley, le président égyptien aurait été victime d’un putsch mili­taire dirigé par une junte de généraux égyp­tiens à la solde de la CIA. L’ultimatum de Washington, dans la nuit du jeudi 10 février 2011 au vendredi 11, consistait en une menace (comme ce fut le cas en 1956): sai­sie ou blocus du Canal de Suez, (aujourd’hui, 8 % du trafic maritime mondial), avec inter­diction de passage à l’Iran, la Chine et la Rus­sie. Avec la chute de Moubarak disparaît aussi un des principaux obstacles au plan de réor­ganisation du Moyen-Orient voulu par les USA et présage donc de bien sombres lende­mains ouverts sur la perspective, à court terme, d’une guerre généralisée, alors qu’ayant dissous le parlement et mis en lam­beaux la constitution, la junte a annoncé six mois de loi martiale. La présence de Moha­med El Baradei, ancien directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) de décembre 1997 à novembre 2009 et lauréat du prix Nobel de la paix en 2005, n’a rien de rassurant — étant lui-même affi­lié au RICG aux côtés de Zbigniew Brze­zinski et de George Soros, qui lui, siège au comité exécutif. Deux personnages dont l’omniprésence est sans prix pour les Roth­schild. Et pour cause.

Au côté du milliardaire Soros et son « Open Society “Institute” » (ou parfois “Foundation” pour mieux brouiller les pistes), on retrouve aussi l’International Republican Institute, le Freedom House et le National Endowment for Democracy (NED) derrière l’organisation, la formation, la propagande et le fmancement de toutes les “révolutions de couleur” qui se sont succédé des années 2000 à 2005.

Quant à l’Albert Einstein Institution, sub­ventionnée par la Foundation Soros et la NED, les activistes de l’Otpor (Résistance) de Ser­bie affirment qu’elle a joué un rôle stratégique de premier plan dans leur formation. A ce pro­pos, en plus de certains signes ostentatoires, tels les V de la victoire agités devant les camé­ras, plusieurs tee-shirts de l’Otpor ont été vus portés par les organisateurs de manifestations en Egypte. Une façon d’écouler les surplus, M. Soros ?

Entre 2007 et 2008, la Freedom House de Tunisie avait déjà lancé une campagne intitu­lée « Hommes de loi contre la Corruption» pour le recrutement « de membres actifs tra­vaillant à un changement politique non-vio­lent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ». Tout un programme. C’est ainsi que lors d’un voyage à Washington, le 10 décembre 2008 — jour international des droits de l’homme —, un groupe de dissidents fut reçu par la secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice. En mai 2009, ce fut le tour d’un groupe de dissidents égyptiens qui rencontra Hillary Clinton. Freedom House rapporta sur son site que le groupe s’était également entretenu avec des responsables gouvernementaux, des membres du Congrès, des agences de presse et des groupes de réflexion (lire: C.F.R.). A leur retour, ils reçurent des subventions pour la recherche d’initiatives innovantes telles que la défense d’une politique de réformes par le biais de Facebook et de messages SMS. Des moyens employés avec succès en Egypte, ajouterons-nous, nouvelles armes redoutables des révolutions modernes grâce à la NED et à Soros. Dans le Foreign Policy Journal du 19 janvier dernier, le Dr. D.K. Bolton décla­rait sans ambages que « la NED et Soros tra­vaillent en tandem, ciblant les mêmes régimes et employant les mêmes méthodes... Au moins dix des vingt-deux directeurs de la NED sont également membres du ploutocratique groupe de réflexion (think tank) le CFR (Council on Foreign Relations) [fondé, on ne le dira jamais assez, par le sinistre Edward Mendell House et animé par le magnat David Rocke­feller] société qui n ‘est autre que la soeur américaine du Royal Institute of International Affairs (MIA) anglais des Rothschild toutes deux sont l’instrument d’un contrôle plouto­cratique à la vue de tous pour mieux passer inaperçu (hiding in plain sight) ».

Ils ont, affirme de son côté PwP Exclusive, « injecté des millions de dollars dans la for­mation de professeurs, hommes de loi, jour­nalistes et jeunes activistes “pro-démocratie” en Afrique du Nord. En 2009, ces finance­ments ont plus que doublé. Pourquoi, après avoir été soutenus pendant 30 ans, ces dictateurs sont-ils aujourd’hui jetés en pâture? L’enjeu est la rapide croissance économique de l’Afrique du Nord qui coïncide avec les efforts de Ben Ali de faire de la Tunisie le pre­mier centre financier de la région en promou­vant les banques islamiques. Les Rothschild veulent que les musulmans d’Afrique du Nord empruntent aux banques Rothschild avec des intérêts au taux imposé par leurs banques centrales... Les Rothschild veulent que les musulmans échangent leur actuelle oppres­sion politique aux mains de dictateurs pour un servage économique futur sous le contrôle du baron Rothschild ».

Et nous, dans tout cela ? Alors que le conflit libyen s’éternise, devons-nous nous attendre à voir bientôt nos villes et nos villages envahis par une faune exotique sans pareil ? Ces mil­liers de “réfugiés” auxquels faisaient réfé­rence, avec un incroyable cynisme, nos tech­nocrates de Bruxelles, il y a peu, et qu’il nous faudrait accueillir. Finirons-nous comme les pauvres condamnés du Camp des saints ou saurons-nous conjurer le sort?

Par une révolution? Pourquoi pas. Mais alors, de grâce, ne nous trompons pas d’en­nemi…

 

Michelle FAVARD-JIRARD.

 

*          Certificats d’investissements conformes à la recommandation religieuse issue du Coran inter­disant aux fidèles le prêt à intérêt (ribà). [Wiki­pedia].

**        D’après E. Mullins, la Réserve Fédérale est, depuis 1913, en possession de banques ou d’action­naires privés, via les actions détenues par ses 12 chapitres locaux dont essentiellement la Banque Lazard, Kuhn, Loeb & co, J.P. Morgan & Co., Goldman Sachs, Lehman Brothers, NM Roth­schild & Sons, Israel Siefi, Paul Warburg et la famille Rockefeller. Ces banques et intérêts privés contrôlent désormais la vie politique et écono­mique des Etats-Unis. C’est le 14 mai de la même année qu’était créée la Fondation Rockefeller.






 

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