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Depuis le début du conflit russo-ukrainien, le pouvoir à Kiev a « accueilli » beaucoup d’étrangers au sein de ses forces armées, bataillons supplétifs comme la « légion étrangère ukrainienne » ou volontaires étrangers incorporés. Des journalistes, rares, ont témoigné de la prise en main du recrutement et de la formation de ces « mercenaires » par les services américains sur le territoire même de l’ancienne République socialiste d’Ukraine séparée de l’URSS en 1991. Régis Le Sommier, revenant du terrain, en témoignait dès le 8 avril 2022 dernier sur CNews : « Au-delà de l’aspect romantique, des fois j’avais l’impression d’être avec les brigades internationales, in fine je me retrouve avec le pentagone (…) »

En novembre dernier, le Comité d’enquête russe a fait part de la présence de « mercenaires » de 54 pays qui combattent dans les rangs des forces armées ukrainiennes dont beaucoup disposent d’expérience au combat. Et de nombreuses sources au sein de l’armée russe, ou des responsables des Républiques populaires de Lougansk et Donetsk unifiées à la Fédération de Russie, font état de la présence détectable dans les rangs ukrainiens de nombreux combattants étrangers, révélée par les conversations interceptées, en langue polonaise ou anglaise par exemple. 

Des médiats non occidentaux révèlent maintenant la forte présence de combattants d’origine israélienne, issus des rangs des forces armées de l’État juif, dans les forces armées ukrainiennes.

Un certain nombre de mercenaires qui combattent en Ukraine proviennent d’Israёl, ont annoncé en novembre les autorités russes. La majorité d’entre eux possèderaient la double nationalité ukrainienne et israélienne. Ces mercenaires se décrivent eux-mêmes comme « une équipe israélienne des forces armées de l’Ukraine ». Ils sont très actifs dans les médias ukrainiens et israéliens, ainsi que sur les réseaux sociaux. Cependant, leur statut de mercenaire n’a jamais été publiquement dévoilé. Pour les deux parties intéressées, il s’agit de « volontaires ».

De premières preuves vidéo sont apparues fin avril, à l’approche de Pessa’h, fête juive. Sur les images diffusées sur les réseaux sociaux, un groupe de plusieurs personnes en uniforme militaire déclarent se trouver dans un hôtel de Dniepropetrovsk. Selon leurs dires, ils y séjournent pour célébrer la fête avant de se rendre sur le front pour rejoindre les militaires ukrainiens. Le groupe a aussi remercié le rabbin de la ville de les avoir aidés à s’installer.

Dans la foulée, un message vidéo de la part de militaires, visiblement des ressortissants israéliens, a été publié par le journal Yediot Aharonot :

« Nous voulons dire un grand merci à tout le peuple d’Israël et au gouvernement d’Israël qui nous aident. Un grand merci aussi à la synagogue principale et au rabbin Asman [Moshe Reuven Azman, grand rabbin d’Ukraine] ».

C’est d’ailleurs le rabbin Reuven Azman qui a déclaré en mai dernier qu’environ 200 mercenaires israéliens étaient impliqués dans les combats. Des propos qui laissent supposer que le gouvernement israélien est non seulement bien informé du départ de certains de ses citoyens pour faire la guerre dans un autre pays, mais leur accorde aussi un soutien.

Le rabbin Reuven Azman n’est pas une source folklorique ou marginale : on le voit ci-dessous qui pose fièrement avec Valerii Zaluzhnyi, le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, au cinquième jour de l’allumage des feux d’Hanouka, au mois de décembre 2022, à Kiev.

 

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En plus de cela, l’écrasante majorité des mercenaires israéliens sont membres de Tsahal. Certains ont même une expérience de combat. Parmi eux figure Grigory Pivovarov, né à Saint-Pétersbourg, mais ex-officier de l’unité spéciale d’élite Golani. Il a rejoint les rangs des forces de Kiev en janvier 2022. Initialement, il a adhéré au bataillon Aidar avant d’être inclus dans « l’équipe israélienne ».

Puis vient Viktor Fridman, détenteur d’une double nationalité. Né à Dniepropetrovsk, il habite Israёl depuis une dizaine d’années et a terminé son service militaire à Tsahal en 2018.

Deux autres militaires, cités par certains médiats, sont aussi nés en Ukraine avant de déménager en Israёl et d’y faire leur service militaire. D’après un ex-militaire de Tsahal, l’équipe israélienne remplit des tâches particulières sur le front en Ukraine, « dignes du niveau des unités spéciales de Tsahal ». Dans son interview accordée à un média ukrainien, Argument, il souligne que personne n’a entravé son départ pour l’Ukraine.

Parmi les plusieurs centaines d’Israéliens qui combattent dans les rangs des forces de Kiev, la majorité est représentée par des ressortissants des pays de l’ex-URSS, en plus de l’Ukraine. Ils ont le droit de garder leur nationalité d’origine et parlent russe. Par exemple, le chef de l’équipe israélienne, Denis Dessyatnik, vient d’Ouzbékistan. Selon ses témoignages, il habite Israёl depuis les années 1990. L’individu est arrivé en Ukraine en tant que volontaire fin février où il a eu pour mission de former son propre détachement, devenu la fameuse « équipe israélienne ». Dans son ombre se trouvent tous les mercenaires venant d’Israёl, ainsi que des Américains d’origine juive, qui avaient déjà fait partie du contingent américain en Afghanistan.

En avril dernier, le média russe Rybar a révélé une liste de mercenaires étrangers sur laquelle figure un ancien ambassadeur israélien en Biélorussie. Cependant, il a disparu du radar des médiats en mars, raison pour laquelle il est impossible de confirmer ou démentir cette information.

Les membres de cette équipe se positionnent comme volontaires et soldats par idéologie. Cependant, il se peut que certaines sources de financements existent. Par exemple, un membre de cette équipe israélienne, qui n’a aucun lien avec l’URSS, est très actif sur les réseaux sociaux, c’est le blogueur Meir Baruch, ancien soldat de Tsahal. Même s’il a affirmé dans une vidéo que cette équipe ne se faisait pas payer, il a toutefois publié des coordonnées bancaires avec des références israéliennes.

Selon le Comité d’enquête russe, les pays les plus actifs à envoyer leurs soldats – sous couverts du volontariat ou du mercenariat – en Ukraine sont les États-Unis, la France, Israёl, le Royaume-Uni, le Canada, la Suède, la Géorgie, la Finlande, la Pologne et la Lituanie. Des combattants  dont il est de plus en plus difficile de cacher leur appartenance actuelle ou passée aux forces armées de leurs pays d’origine.

Leur présence agissante est de plus en plus prégnante jusque sur la ligne de front au contact des forces armées russes. Elle ressemble fortement à un pré-positionnement d’éclaireurs qui pourrait avoir son utilité si les pays d’origine (principalement de l’OTAN) décidaient finalement, ou se laisser convaincre par le commandant en chef outre-Atlantique, de tenter une aventure folle sur le terrain même des hostilités contre la Fédération de Russie.

Marcoux Sylvain - 6 janvier 2023 (P. N. C.)

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