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La chute de Constantinople, en 1453, sous les coups des Turcs, a fait l'effet d'un coup de tonnerre dans le ciel de l'Europe. L'empire byzantin, qui avait été un rempart contre l'Islam depuis huit siècles, en assumant l'héritage de la tradition romaine (les Byzantins se désignent eux-mêmes, en grec, par le nom de Romaioi, « les Romains » repris dans le monde musulman sous la forme « Roumis », disparaît, submergé par la marée musulmane. Après avoir pénétré dans l'église Sainte-Sophie (c'est-à-dire « Sainte Sagesse »), Mehmet II danse une gigue triomphale sur l'autel avant de transformer l'édifice en mosquée.

Rien ne semble plus pouvoir faire obstacle, en Méditerranée, aux envahisseurs. Et pourtant, tenace, farouche, une résistance s'affirme : celle des chevaliers Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, installés à Rhodes depuis la chute de la Terre Sainte à la fin du XIIIe siècle. Ils ont mené et continuent de mener une guerre impitoyable, sur mer, contre les Turcs. Ceux-ci, exaspérés par cette poignée d'irréductibles, décident d'en venir à bout. En 1480, Mehmet II concentre aux abords d'Istanbul une formidable armée de 100 000 hommes, confiée à Miseh Pacha.

Celui-ci s'appelle, en fait, Paléologue. Descendant de la célèbre famille impériale byzantine, il a renié le christianisme et fait, du coup, carrière au service des Turcs. Il est secondé par trois autres renégats, Démétrios Sophianos, Antoine Méligale et Georges Frapam, un expert en artillerie. La flotte turque arrive devant Rhodes le 23 mai.

L'île doit son nom (qui signifie « la fleur »), selon la mythologie grecque, à une nymphe, fille de Poséidon, qui s'unit en d'ardentes amours à Hélios. L'île est donc le symbole de l'union du soleil et de la mer. Elle n'en va pas moins connaître de tragiques évènements. Dès qu'a été signalée l'approche des voiles turques, le grand maître des Hospitaliers a mis Rhodes en état d'alerte. Pierre d'Aubusson sait pouvoir compter sur ses chevaliers, qui portent fièrement le manteau noir frappé de la croix blanche. En entrant dans l'ordre ils ont, une fois pour toutes, fait don de leur vie. Leur moral, en acier trempé, est encore conforté par l'arrivée d'un contingent de volontaires venus de France : cinq cents chevaliers et deux mille hommes d'armes, conduits par le frère du grand maître, Antoine d'Aubusson, ancien chambellan de Charles VII puis de Louis XI.

Sitôt débarqués, les Turcs installent de puissantes batteries d'artillerie. Un feu d'enfer est déclenché contre le fort Saint-Nicolas. Le harcèlement dure jusqu'au 9 juin. Les Turcs se lancent alors à l'attaque, misant sur leur écrasante supériorité numérique. Les combats font rage, au corps à corps. Le grand maître est en première ligne, comme il se doit.

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Trois assauts ont lieu, jusqu'au 27 juillet. Ce jour-là les Turcs réussissent à prendre pied sur les murailles. Mais le grand maître a donné comme mot d'ordre : « Mourons ici, mes chers frères, plutôt que de reculer ». Il reçoit cinq blessures. Au prix de pertes très sévères, les Hospitaliers restent maîtres de la place. Le flot musulman reflue. Mais Pierre d'Aubusson sait qu'il faudra rester vigilant.

Cinq siècles plus tard, ses mots d'ordre restent d'actualité.

Pierre VIAL

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