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A Charleston, le soir, après avoir dégusté un mint julep, un margarita, un hurricane (et plus si affinités) dans les bars du French Market, on peut avoir une pensée pour Rhett Butler, le briseur de blocus, et pour Scarlett O’Hara, toujours présente dans nos cœurs. Et puis, alors qu’il ne fait plus « que » 36° (taux d’humidité : 97 %…), aller déambuler le long des quais, près de la statue à la mémoire des défenseurs confédérés de Charleston. Avec, au loin, comme un fantôme émergeant de la mer, Fort Sumter.

Quand la Caroline du Sud décide – seule et la toute première – de faire sécession, Fort Sumter, à l’entrée du port de Charleston, est occupé par les forces unionistes. Les Nordistes ayant refusé d’évacuer le fort, les forces confédérées décident de passer à l’attaque. Le 12 avril 1861, les canons sudistes de Fort Johnson entrent dans la danse.

Après un bombardement de deux jours, le major Robert Anderson et ses 85 hommes se rendent. Leur vainqueur, le légendaire général Beauregard (descendant d’un combattant vendéen), avait été l’élève d’Anderson à West Point. Le 14 avril, le soldat John S. Bird Jr., des Palmetto Guards, fait flotter le drapeau desdits Palmetto Guards sur le fort.

Jusqu’au 17 février 1865, le fort restera aux mains des Sudistes. Et jusqu’à cette date, Fort Sumter sera soumis à l’un des plus longs sièges de l’histoire moderne, résistant aux bombardements massifs de la marine yankee pendant deux ans (quelque 46 000 obus, des milliers de tonnes de métal…).

forces Confederate Fort Sumter Charleston South Carolina April 12 1861

 

Aujourd’hui, on peut débarquer pacifiquement à Fort Sumter. En prenant un bateau soit à Liberty Square sur les quais de Charleston, soit à Patriot Point à Mount Pleasant. Choisir plutôt le départ à Patriot Point, ne serait-ce que parce que le bateau qui vous emmène à Fort Sumter est ancré tout près de l’USS Yorktown, ce porte-avions (surnommé Fighting Lady), qui a été de tous les combats du Pacifique pendant la Seconde Guerre mondiale, d’Iwo Jima à Okinawa.

Ce n’est pas sans émotion que l’on met le pied – dans les pas des soldats de Beauregard – sur la petite île où se tient Fort Sumter, même si les bâtiments (après les bombardements yankees, le fort était une ruine) n’ont plus qu’un lointain rapport avec ceux de l’époque. Là, une plaque commémorative installée en 1929 par les United Daughters of the Confederacy à la mémoire des Sudistes qui tinrent le fort de 1861 à 1865. Là, les ruines du quartier des officiers qui avait trois étages. Ailleurs, les canons, des Mountain Howitzer, qui empêchèrent tout débarquement yankee.

C’est ici que tout a commencé. Charleston et la Caroline du Sud ne l’ont pas oublié. Sur des affiches, des autocollants, des T-shirts, des drapeaux, une tranquille constatation : « Standing alone against Northern agression since 1861 » (« Dressée, seule, contre l’agression nordiste depuis 1861 »). Dans le petit magasin de souvenirs de Fort Sumter, on vend des soldats de plomb. Des Nordistes. Et des Sudistes. Les Nordistes partent au compte-gouttes. Les Sudistes se vendent comme des petits pains. Vae victis ? Pas toujours. La preuve ! 

Alain Sanders

Présent n° du 12.04.2021

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