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L’écrivain latin Lucain, dans son ouvrage "La Pharsale", parle lorsqu’il évoque la religion gauloise, d’une triade composée de trois divinités, Esus, Taranis et Teutates. Ce nom de Taranis se retrouve à plusieurs reprises dans les inscriptions retrouvées en Gaule sous des formes relativement variées, Tanarus, Taranucnus, Taranucus, Taranuos ou encore Taranus. Selon Xavier Delamarre, dans son "Dictionnaire de la langue gauloise", la forme véritable du nom de ce dieu serait Taranus, mais parce que ce nom de Taranis est bien plus connu, nous maintiendrons cette forme. On retrouve le dieu Taranis aussi bien en Bretagne romaine qu’en Gaule et il correspond exactement au dieu gallois (et probablement irlandais) Taran et au dieu écossais Taranaich.
Le nom de Taranis dérive, comme celui du dieu germanique Donar/Thor et du dieu hittite Tahrun, de la racine indo-européenne *ten- qui a le sens de "tonner, gronder". La fonction orageuse apparaît clairement dès l’origine donc, ce qui explique pourquoi les Romains l’ont assimilé très naturellement à leur Jupiter, lui-aussi dieu de l’orage et de la foudre. Mais Taranis est également un dieu du ciel, d’où son association au symbole de la roue, symbole solaire par excellence mais aussi symbole de l’orage. Enfin, et c’est sans doute sa fonction la plus importante, Taranis est le dieu de la guerre. Certes il existe d’autres divinités guerrières chez les Gaulois, comme par exemple Camulos, dieu que l’on retrouve aussi bien en Gaule qu’en Bretagne. Mais en vérité, comme chez les Germains, aucune divinité n’est totalement absente de la fonction guerrière. Ainsi le dieu suprême Lugus, le Lug irlandais, comme le dieu Ogmios, agissent aussi en guerriers.
Taranis apparaît en premier lieu comme un dieu orageux par son association avec le chêne, avec le taureau et avec le swastika, tous symboles de l’orage. Mais il est aussi dieu guerrier puisqu’un certain nombre d’animaux comme le loup, le coq ou encore le cheval lui sont associés et que ces animaux sont toujours en relation avec le dieu guerrier. Ses deux fonctions du dieu apparaissent aussi dans ses armes sacrées. Car Taranis est un dieu au marteau, comme Thor, mais aussi un dieu à l’épée, comme Mars. Enfin Taranis prend parfois la fonction de roi des dieux, d’où le nom de sa parèdre, Rigani, « la Reine ». Contrairement au panthéon gréco-romain, très structuré, le panthéon gaulois apparaît plus chaotique. Selon les tribus, c’est l’une ou l’autre des divinités qui passe au premier plan. Teutates ainsi semble bien n’être qu’un titre, celui de "père de la tribu", titre associé à n’importe quelle divinité. Lugus devait être le "teutates" de Lyon par exemple.
Bien que nous ne disposions que d’une documentation fort réduite, deux mythes concernant Taranis semblent transparaître. Le premier mythe est celui du combat entre le héros Smertrios opposé au loup de Taranis et qui aboutira à la défaite de ce dernier. Le second mythe est celui, classique dans le monde indo-européen, entre le dieu de l’orage, à savoir Taranis, et un dragon destructeur qui est, en Gaule, Tarascus, la fameuse Tarasque médiévale. La christianisation de la Gaule a transformé ce mythe en celui du fameux combat entre Saint-Georges et le dragon.
Taranis était honoré dans toute la Gaule bien que son culte paraît plus important dans le Nord et l’Est. Il était le grand dieu des Carnutes et Orléans comme Chartres possédaient très vraisemblablement des sanctuaires qui lui étaient consacrés. Il est même probable que la cathédrale de Chartres fut construite sur un tel sanctuaire. Saint-Denis, près de Lutèce, là où les rois de France sont enterrés, était de même un sanctuaire de Taranis. En Alsace et en Lorraine, son culte était prédominent. Le couple Taranis-Rigani était honoré à Strasbourg (Argentorate) et à Metz. Son culte était également fondamental chez les Lémoviques (Limoges) où il disposait de plusieurs hauts lieux.
Chose plus amusante encore, la ville de Jeanne d’Arc, Domrémy, était également un sanctuaire consacré à Taranis et le chêne sâcré sous lequel Jeanne entendit les paroles de Dieu était très probablement celui du sanctuaire. D’ailleurs l’importance du chêne en France médiévale semble bien être le maintien d’une tradition druidique liée au culte de Taranis. Saint-Louis ne rendait-il pas ses jugements royaux sous un chêne ?
L’origine véritable du dieu Taranis est à rechercher dans la mythologie indo-européenne. Celui-ci correspond au dieu indo-européen de l’orage et de la guerre, le dieu de la deuxième fonction au sens dumézilien du terme. Il est donc l’équivalent du Thor scandinave mais aussi du dieu slave Perun, du dieu lituanien Perkunas, du Perendi albanais, comme de l’Indra védique, du Mars romain et de l’Arès grec. Chez certains peuples, ce dieu n’a plus conservé que la fonction guerrière, comme à Rome et en Grèce où cette fonction est passée au dieu du ciel (Zeus/Jupiter). Chez d’autres, il n’a conservé que la fonction orageuse, comme chez les Germains. Mais très souvent il s’est substitué au dieu du ciel pour ce qui est de la royauté divine. Indra, Perun comme Taranis sont rois des dieux, ce au détriment du dieu céleste. Chez les Celtes, Lug est le dieu du ciel mais c’est pourtant Taranis qui est roi. Il est intéressant toutefois de noter que si Taranis est premier des dieux en Gaule, son rôle chez les Gallois est on ne peut plus modeste et en Irlande il a quasiment disparu, ce au profit de Lug et d’un dieu proprement irlandais, Dagda, "le bon dieu", qui semble avoir récupéré certaines fonctions de Taranis.
Le culte de Taranis a disparu de Gaule non lors de l’interdiction, théorique car probablement jamais appliquée, du druidisme sous l’empereur Claude, mais lors de la christianisation qui débuta au IVème siècle avec Saint-Martin mais n’aboutira véritablement que plusieurs siècles après. Indéboulonnable, l’Eglise dut se résoudre à le christianiser superficiellement en faisant de lui Saint-Georges, le tueur de dragon, de même que Saint-Michel se substitua au dieu Belenos. Des fêtes maintinrent cependant la vieille mythologie. Ainsi à Metz on fêtait la défaite du Graouilly, dragon sensé personnifier le paganisme vaincu mais en réalité variante locale de l’ennemi de Taranis.
Taranis fut mais demeure le protecteur de la Gaule. L’association de Jeanne d’Arc avec ce dieu en serait alors une nouvelle illustration. Jeanne aurait été le bras de Taranis, qui l’aurait chargé de libérer la Gaule du joug ennemi. Et la décadence de notre pays ne viendrait-elle pas alors de l’abandon de ce dieu ? De tous les dieux gaulois, même les plus importants comme Belenos, Nodens, Lug et Cernunnos, Taranis apparaît bien comme le plus noble.
Thomas STAHLER
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La plupart des peuples indo-européens connaissent un grand dieu du ciel issu du *Dyeus originel (grec Zeus).Or, une des particularités des Celtes c’est l’absence complète de ce dieu, alors qu’en revanche le mot qui en est issu et qui signifie "un dieu", devos, est présent. Mais si le nom ne se retrouve pas, cela ne signifie pas pour autant que ce dieu n’existe pas. Ainsi chez les Slaves, on constate le même phénomène avec un dieu du ciel du nom de Svarog, analogue au mot sanscrit svarga, « ciel ». Les Celtes connaissaient donc un grand dieu du ciel, et le seul crédible dans ce rôle est Lugus, dieu celte de la lumière. En somme Lug "le lumineux" était probablement au départ une épiclèse du dieu céleste indo-européen, une forme probable i.e *Leukyos. C’est ce dieu que je vais maintenant étudier plus précisément.
Le dieu Lug se retrouve dans l’ensemble du monde celtique ; il est Lugos chez les Gaulois, Lugh chez les Irlandais, Lleu chez les Gallois, et sa représentation est partout identique. Il est barbu, comme Jupiter, et son sceptre, plus précisément une lance, peut envoyer la foudre. Il a surtout donné son nom à de très nombreuses villes occidentales. Lugo et Leoñ en Espagne, Loudun et Lyon en France, Leipzig en Allemagne (car les Celtes dominèrent un temps les Germains, ce que les Romains ne purent jamais faire) comme Londres en Grande-Bretagne, dérivent toutes de Lugudunon, "la cité du dieu Lugus". Tout cela prouve son importance dans le panthéon celte.
Son épouse et parèdre était probablement la grande déesse celte de l’aurore, de l’intelligence et des techniques, Brigantia en Gaule, Brighid chez les Irlandais et les Gallois, celle que César appellera du nom romain de "Minerve".
Une particularité de Lug c’est de ne pas être qu’un dieu céleste et souverain ; les Celtes l’appelaient le "polytechnicien" et c’est pourquoi les Romains, au lieu d’y voir un Jupiter, préférèrent y reconnaître Mercure, dont César dit qu’il était le dieu le plus honoré. L’empereur Auguste vit en Lug non seulement la figure de Mercure mais y vit aussi Apollon en tant que dieu de la lumière ; il semble qu’Auguste avait le plus profond respect pour ce dieu celte. Les Irlandais aussi avaient fait de Lugh le roi de leur panthéon, et le mythe du roi Arthur en est probablement issu.
En effet, le symbole sacré de Lug est sa lance de combat mais qui peut aussi foudroyer. Or un mythe semble montrer en Lugh le dieu qui « se sacrifie à lui-même » afin d’acquérir la sagesse universelle. Il se serait transpercé et son sang aurait été recueilli dans une coupe (le futur Graal) ou plutôt dans un chaudron, celui de la régénération infinie du dieu Dagda, "le bon dieu", probablement un autre nom de Lug, du moins à l’origine. Les Chrétiens durent reconnaître le sacrifice de leur prophète dans celui de Lug, d’où l’idée de la coupe de Joseph d’Arimathie recueillant le sang du Christ, qui est une idée purement celte et aucunement orientale. Ce mythe rapproche également Lug du dieu germanique Wotan/Odhinn. Symboles et mythe sont en effet similaires. Lug comme Wotan sont des dieux porteurs de lance (celle de Wotan est "Gungnir" mais le nom de celle de Lug nous est inconnu), tous deux sont accompagnés de deux loups, ce qui s’explique probablement par la ressemblance indo-européenne entre *leuks, "la lumière", base du nom de Lug, et *lukwos (ou *wlkwos), "le loup". Lug est également, comme Wotan, un dieu des corbeaux, comme le mythe de la fondation de Lyon par un corbeau noir le montre clairement. Et en ce sens on peut dire que Lug est aussi un dieu guerrier et même un dieu des morts. C’est fort vraisemblablement lui qui doit se cacher derrière le nom gaulois divin de toutatis, "le père de la tribu".
On peut donc constater que le dieu céleste des Celtes, Lug, est assez différent des autres dieux célestes indo-européens. Le seul qui lui ressemblât vraiment est Wotan, ce qui s’explique assez logiquement par le fait que Wotan, dont le nom signifie "le furieux", s’est emparé des fonctions célestes du vieux dieu germanique Tius, connu chez les Scandinaves sous le nom de Tyr. Mais que sa place dans le panthéon est fondamentale. Taranis apporte la foudre destructrice et la mort des ennemis mais Lug apporte la lumière du ciel et de l’esprit et combat les ténèbres. Une expression issue d’un roman moderne sur le mythe arthurien, "Pendragon", de Stephen Lawhead, me revient à l’esprit. Le roi Uther Pendragon, le père d’Arthur, s’exclame : "Par Lleu (Lug) et Zeus". Intuitivement, le romancier avait bien cerné la figure de ce dieu et soulignait aussi son importance. Le "génie" de Patrick, initiateur de l’évangélisation de l’Irlande, fut de mettre sur un même plan mythique Jésus et Lug, afin de faciliter la conversion.
Si Taranis défend avec énergie notre corps, Lug protège notre âme.
Thomas STAHLER
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Voltaire remet les pendules à l’heure dans son Dictionnaire Philosophique consultable sur Internet : http://www.voltaire-integral.com
« … C’est encore une question parmi les savants, si l’empereur Julien était en effet apostat, et s’il avait jamais été chrétien véritablement.
Il n’était pas âgé de six ans lorsque l’empereur Constance, plus barbare encore que Constantin, fit égorger son père et son frère, et sept de ses cousins germains. A peine échappa-t-il à ce carnage avec son frère Gallus; mais il fut toujours traité très durement par Constance. Sa vie fut longtemps menacée; il vit bientôt assassiner, par les ordres du tyran, le frère qui lui restait. Les sultans turcs les plus barbares n’ont jamais surpassé, je l’avoue à regret, ni les cruautés, ni les fourberies de la famille Constantine. L’étude fut la seule consolation de Julien dès sa plus tendre jeunesse. Il voyait en secret les plus illustres philosophes, qui étaient de l’ancienne religion de Rome. Il est bien probable qu’il ne suivit celle de son oncle Constance que pour éviter l’assassinat. Julien fut obligé de cacher son esprit, comme avait fait Brutus sous Tarquin. Il devait être d’autant moins chrétien que son oncle l’avait forcé à être moine, et à faire les fonctions de lecteur dans l’Église. On est rarement de la religion de son persécuteur, surtout quand il veut dominer sur la conscience.
Une autre probabilité, c’est que dans aucun de ses ouvrages il ne dit qu’il ait été chrétien. Il n’en demande jamais pardon aux pontifes de l’ancienne religion. Il leur parle dans ses lettres comme s’il avait toujours été attaché au culte du sénat. Il n’est pas même avéré qu’il ait pratiqué les cérémonies du taurobole, qu’on pouvait regarder comme une espèce d’expiation, ni qu’il eût voulu laver avec du sang de taureau ce qu’il appelait si malheureusement la tache de son baptême. C’était une dévotion païenne qui d’ailleurs ne prouverait pas plus que l’association aux mystères de Cérès. En un mot, ni ses amis, ni ses ennemis ne rapportent aucun fait, aucun discours qui puisse prouver qu’il ait jamais cru au christianisme, et qu’il ait passé de cette croyance sincère à celle des dieux de l’empire.
S’il est ainsi, ceux qui ne le traitent point d’apostat paraissent très excusables.
La saine critique s’étant perfectionnée, tout le monde avoue aujourd’hui que l’empereur Julien était un héros et un sage, un stoïcien égal à Marc-Aurèle. On condamne ses erreurs, on convient de ses vertus. […]
Ses détracteurs sont réduits à lui donner des qualificatifs ridicules ; mais il avait plus d’esprit que ceux qui le raillent. Un historien lui reproche d’après saint Grégoire de Nazianze, d’avoir porté une barbe trop grande. Mais, mon ami, si la nature la lui donna longue, pourquoi voudrais-tu qu’il la portât courte? Il branlait la tête. Tiens mieux la tienne. Sa démarche était précipitée. Souviens-toi que l’abbé d’Aubignac, prédicateur du roi, sifflé à la comédie, se moque de la démarche et de l’air du grand Corneille. Oserais-tu espérer de tourner le maréchal de Luxembourg en ridicule, parce qu’il marchait mal, et que sa taille était irrégulière? Il marchait très bien à l’ennemi. Laissons l’ex-jésuite Patouillet et l’ex-jésuite Nonotte, etc., appeler l’empereur Julien l’apostat. Eh, gredins! son successeur chrétien, Jovien, l’appela divus Julianus.
Traitons cet empereur comme il nous a traités lui-même. Il disait en se trompant : "Nous ne devons pas les haïr, mais les plaindre ; ils sont déjà assez malheureux d’errer dans la chose la plus importante."
Ayons pour lui la même compassion, puisque nous sommes sûrs que la vérité est de notre côté.
Il rendait exactement justice à ses sujets, rendons-la donc à sa mémoire. Des Alexandrins s’emportent contre un évêque chrétien, méchant homme, il est vrai, élu par une brigue de scélérats. C’était le fils d’un maçon, nommé George Biordos. Ses mœurs étaient plus basses que sa naissance: il joignait la perfidie la plus lâche à la férocité la plus brute, et la superstition à tous les vices ; avare, calomniateur, persécuteur, imposteur, sanguinaire, séditieux, détesté de tous les partis : enfin les habitants le tuèrent à coups de bâton. Voyez la lettre que l’empereur Julien écrit aux Alexandrins sur cette émeute populaire. Voyez comme il leur parle en père et en juge :
"Quoi ! au lieu de me réserver la connaissance de vos outrages, vous vous êtes laissés emporter à la colère, vous vous êtes livrés aux mêmes excès que vous reprochez à vos ennemis ! George méritait d’être traité ainsi mais ce n’était pas à vous d’être ses exécuteurs. Vous avez des lois, il fallait demander justice, etc."
On a osé flétrir Julien de l’infâme nom d’intolérant et de persécuteur, lui qui voulait extirper la persécution et l’intolérance […]
L’abbé de La Bletterie, historien de l’empereur Julien, le calomnie assez en disant qu’il n’avait que des vertus apparentes, et des vices réels. Mais Julien n’était ni hypocrite, ni avare, ni fourbe, ni menteur, ni ingrat, ni lâche, ni ivrogne, ni débauché, ni paresseux, ni vindicatif. Quels étaient donc ses vices ? »
Certainement de n’accorder aucun crédit à la superstition judéo-chrétienne.
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Né à Bombay en 1865, Rudyard Kipling passe son enfance en Europe et retourne aux Indes à l’âge de 17 ans : c’est là qu’il compose une partie de son œuvre, à partir des souvenirs qu’il a réunis dans l’empire alors à son apogée.
Sous ce titre de L’homme qui voulut être roi, Kipling réunit neuf nouvelles fort différentes, mais se déroulant toutes en Inde. Notre auteur y montre une réalité sans fard, très loin des clichés du politiquement correct en usage de nos jours pour évoquer les civilisations extra-européennes : « les Etats indigènes professent une salutaire horreur pour les journaux anglais, toujours susceptibles de mettre en lumière leurs méthodes originales de gouvernement (…). Ils ne comprennent pas que personne ne se soucie plus que d’une guigne de l’administration intérieure d’un Etat indigène, tant que l’oppression et la criminalité s’y maintiennent dans des bornes raisonnables et tant que le chef n’y reste pas sous l’influence de l’opium, de l’eau-de-vie ou de la maladie d’un bout de l’année à l’autre. Les Etats indigènes furent crées par la Providence afin de pourvoir le monde de décors pittoresques de tigres et de descriptions. Ce sont de sombres coins de la terre, pleins d’inimaginables cruautés, qui touchent d’un côté au chemin de fer et au télégraphe et, de l’autre, aux jours d’Haroun-al-Raschid. »
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Sous ce titre presque anodin, ce docteur ès lettres, spécialiste de la langue gauloise, produit une synthèse extrêmement étendue sur le sujet : 3 à 4000 noms de lieux sont aujourd’hui inventoriés en France, ce qui montre selon lui que « notre carte de France est en partie écrite en gaulois ».
Les chapitres du livre traitent en priorité d’une des spécialités de nos ancêtres : la guerre. Ainsi, le premier chapitre s’intitule « les raisons des combats », et les suivants, « l’équipement militaire », « la guerre de défense », « la guerre d’attaque » et « la Gaule des combats ».
Il est agrémenté de listes de toponymes où l’on retrouve les correspondances entre les noms des tribus et celles de notre actuelle géographie : les Andecavi sont ainsi les ancêtres des Angevins, Les Rèmes habitent la région de Reims, les Petrocori la région de Périgueux.
Les cartes proposées sont encore plus surprenantes par leur correspondance avec les actuelles frontières des départements, pourtant si décriés par les milieux identitaires : ainsi, la cité des Cénomans correspond-elle peu ou prou aux limites de la Sarthe, celle des Turons à celles de l’Indre-et-Loire. Certaines régions (et anciennes provinces) se retrouvent elles aussi : le Limousin et ses trois départements se superposent aux frontières de la cité des Lémoviques, l’Auvergne correspond à la cité des Arvernes.
Lire la suite : Les noms d'origine gauloise, la Gaule des combats
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« Ce livre est le prolongement naturel de Qui se souvient des Hommes », nous annonce Jean Raspail dans un avant-propos. « D’une certaine façon, Pêcheur de lunes est le livre d’une vie. En quarante ans de voyages à travers le monde, j’ai suivi de nombreuses pistes qui conduisaient aux derniers survivants encore doués de mémoire (…) comme si j’avais retrouvé le Graal ».
Mais de quoi donc nous parle Raspail ? L’auteur est un explorateur et un aventurier : ce dernier beau qualificatif pouvait encore être attribué en cet immédiat après-guerre qui vit le jeune Raspail entamer avec des amis de son âge, formés comme lui au scoutisme, le parcours en canot de Cavelier de la Salle, du Québec à l’embouchure du Mississipi. Il multiplia ensuite les voyages autour du monde et témoigna des particularités ethnologiques que la mondialisation, comme on ne disait pas encore, ne menaçait pas. Sa quête visait particulièrement à fixer pour la postérité les traces des peuples en voie de disparition, Indiens alakaloufs ou caraïbes.

