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Défenseur sincère des « Gilets jaunes », procureur impertinent des traités austéritaires néo-libéraux européens, dénonciateur implacable de tous les présidents français, de Mitterrand à Macron, Emmanuel Todd a découvert au lendemain de la minable séquence émotionnelle « Je suis Charlie » le phénomène des « catho-zombie », futur socle de la macronie.

Il lie dans ses recherches l’économie et la sociologie aux faits anthropologiques, d’où sa propension à étudier les structures familiales. Il en tire une approche quelque peu réductionniste. Cet ancien sympathisant du Parti socialiste l’améliore sans cesse alors que l’ère liquide de l’ultra-modernité bouleverse ce monde intime aux indéniables répercussions publiques qu’est la famille.

Il faudrait plutôt parler « des familles ». N’existe-t-il pas dans le gouvernement de Jean Castex, sous la tutelle du ministère des Solidarités et de la Santé, un secrétariat d’État chargé de l’Enfance et des Familles en la personne du dénommé Adrien Taquet ? Le pluriel s’impose, car la République hexagonale reconnaît en effet aujourd’hui cinq formes familiales. La première, la plus habituelle, demeure la « famille nucléaire » réunissant un couple hétérosexuel et leurs enfants conçus de manière naturelle. Il existe ensuite la     « famille adoptive », reconnue chez les antiques Romains, par la Maison impériale des Bonaparte et dans la dynastie monégasque. En forte hausse depuis vingt ans, la « famille monoparentale » correspond à une mère qui élève seule sa progéniture. L’avant-dernière forme de famille concerne la « famille d’accueil ». Des enfants, souvent victimes de parents dépravés, égoïstes ou violents, ou orphelins, trouvent par décisions judiciaires un refuge plus ou moins convenable auprès de couples. Reconnue ces dernières années en Occident terminal, la « famille homoparentale » bénéficie dorénavant de la PMA (procréation médicalement assistée, soit les « bébés-éprouvettes » issus de la fécondation in vitro), voire de la GPA (gestion pour autrui) qui assigne en « usines à naissances » les « mères-porteuses ». Sociologues et psychologues devraient dans la prochaine décennie se pencher sur les répercussions mentales de cette réalité néo-familiale à travers le comportement et l’état d’esprit des enfants élevés dans ce contexte spécifique.

L’État court-termiste ne reconnaît toujours pas une sixième catégorie familiale : la famille polygame. Ce terme conserve néanmoins son imprécision. Sous « polygamie », on doit entendre aussi bien la polyandrie (une femme épouse deux, trois ou x maris) que la polygynie (un homme vit officiellement avec deux, trois ou x femmes). Si les revendications en sa faveur restent faibles, certains activistes dyssexuels militent en faveur de la reconnaissance officielle du « trouple » (ou le ménage à trois). En octobre 2015, un trio de femmes (une femme d'affaires d’âge non mentionné, une dentiste de 32 ans et une gérante administrative de 34 ans) officialisait leur union à Rio de Janeiro au Brésil. Déjà, trois ans auparavant, une caissière, une auxiliaire administrative et un architecte avaient formé la première union dite « poly-affective » du Brésil. En Colombie, un acteur, un éducateur physique et un journaliste sont entrés le 3 juin 2017 sous le régime patrimonial connu légalement dans cet État d’Amérique du Sud sous le nom de « trieja ». À quand donc sous nos cieux un homme épousant le même jour deux, trois femmes ou plus ? Gageons que cet autre pari hardi sur l’avenir deviendrait rapidement la cible des officines anti-discriminatoires et ultra-féministes en guerre contre le mâle. À l’heure des grandes avancées dites « sociétales », il persiste une inégalité inique à l’égard des éventuelles familles polygames, en particulier des conjugalités polygyniques hétérosexuelles.

Dans Libération (des 13 et 14 octobre 2012), un entrepreneur de l’Utah aux États-Unis, Joe Darger, est un mormon fondamentaliste dissident. Il vit avec ses trois femmes et leurs vingt-quatre enfants. En pleine campagne présidentielle, il explique au correspondant du quotidien gaucho-bancaire que « ce qui m’intéresse particulièrement, c’est qu’Obama est en faveur du mariage gay. S’il est réélu et que cela va plus loin, alors on pourra se battre encore un peu plus pour rétablir la polygamie. Après tout, ce ne sont que deux modes de vie différents et le gouvernement ne devrait pas nous dicter ce que l’on peut faire dans nos chambres à coucher ». Or, l’idéologie gendériste s’accompagne d’une misandrie implacable constante. Maintes harpies féministes rejettent toute légalisation de la polygynie qu’elles perçoivent comme le symbole éclatant du supposé patriarcat cisgenre hétéronormé blanc. Ces névrosées préfèrent insister sur les rapports « poly-amoureux » qu’on peut confondre avec la banale partouze. Souvent dans le cadre poly-amoureux, c’est la femme qui prend l’initiative, qui définit les règles et qui décide d’y mettre fin.

 

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Le mariage polygynique ne tient pas à singer le triolisme ou les fantasmes orgiaques de l’hyper-classe cosmopolite. À l’heure où la civilisation albo-européenne achève son déclin final marqué par un effroyable « hiver démographique », l’hypothétique relance d’une natalité « eurotochtone » passe par des innovations sociétales percutantes guère soucieuses des morales monothéistes religieuses, laïcardes et « féministolâtres » ! L’autorisation et la promotion de l’union polygynique constitue un moyen crucial de redressement nataliste. Dans Le destin du monde d’après la tradition shivaïte (1985), l’indianiste Alain Daniélou avertit que parmi les signes précurseurs de la fin du présent cycle, « le nombre des hommes diminuera, celui des femmes augmentera ». Il rappelle plus loin, dans une optique eugénique de bon aloi, que « bien que le choix du fécondateur soit en principe exclusif pour des raisons génétiques, les époux ne vivent pas normalement en couple. L’idée que le couple est la base de la stabilité sociale est une idée pernicieuse qui ne correspond pas à la nature de l’homme et fait de la famille une sorte de prison ». On observe dans les maternités que les petites filles semblent plus nombreuses que les petits garçons.

Un précédent historique de polygamie officielle existe. Après la féroce Guerre de la Triple Alliance (1864 – 1870) qui opposa le Paraguay à la coalition du Brésil, de l’Argentine et de l’Uruguay, les pertes masculines paraguayennes représentaient une véritable hémorragie. Bien que contesté, le déséquilibre était un homme pour quatre à cinq femmes. Les autorités d’Asuncion encouragèrent les Paraguayennes à se partager un vétéran. Malgré son hostilité publique, l’Église catholique accepta dans les faits cette situation exceptionnelle.

Si les gouvernements nantis et décadents européens ne montraient pas leur soumission envers les pétroleuses excitées, ils légaliseraient au plus tôt l’union polygynique. Ce serait d’ailleurs un juste rappel à la complémentarité essentielle entre les pôles féminin et masculin de l’être humain.

Salutations flibustières !

GF-T 

« Vigie d’un monde en ébullition », n° 29, mise en ligne le 19 avril 2022 sur Radio Méridien Zéro.

Le lien audio est : https://radiomz.org/vigie-dun-monde-en-ebullition-29-cinq-formes-familiales-plus-une/

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