"C’est des hommes que dépend le sort des batailles" (Anabase, III, 2)

 
 
 

Rebelle à la décadence, à la médiocrité, à l’argent-roi.
Fidèle aux valeurs traditionnelles des anciens Grecs.

Grand voyageur, bête de guerre, propriétaire foncier préoccupé de l'exploitation de ses domaines, père de famille dévoué aux siens, homme pratique et ami du bien public, fort attaché aux traditions et à la religion de son pays : ainsi a-t-on coutume de présenter Xénophon, personnage étrange aux yeux de l'homme moderne, qui a vécu il y a près de 2.500 ans et dont la figure haute en couleurs ne manque pas d'intriguer encore les esprits curieux de notre temps.

 

 

Sa vie à elle seule a de quoi séduire tout aventurier. Né près d'Athènes aux environs de 430 avant notre ère durant la tragique guerre du Péloponnèse, qui oppose en plein coeur de l'antiquité Sparte à Athènes, Xénophon est un cavalier plein de fougue que déçoivent les errements politiciens de sa patrie.

 

Lassé des complots et des mensonges qui transforment la démocratie en une pitoyable démagogie, il s'engage fort jeune comme mercenaire et part combattre en Asie. Rebelle à la décadence, à la médiocrité, au règne de l'argent tout-puissant qui a force de loi dans une Athènes qui se vautre dans les jeux politiciens les plus stériles, il reste en revanche fidèle à l'idéal grec classique de l'homme dévoué à sa cité, à ses proches et à la religion de ses pères.

 
 
 

Arrivés en Asie Mineure, victimes des complots et des trahisons qui sont le lot commun de la politique en orient, Xénophon et dix mille de ses compatriotes mettent en déroute la puissante armée des Perses et traversent d'immenses contrées peuplées de tribus sauvages. L'Anabase, le récit qu’il rapporte de cette prodigieuse aventure, deviendra la bible des aventuriers et des mercenaires de tous les temps.

 
 

Le réprouvé

De retour en Grèce, Xénophon ne peut malheureusement rentrer à Athènes. Les politiciens corrompus qui règnent en maîtres sur la cité se méfient des hommes d'action. Le voici donc en exil, protégé par Sparte. Le "chien de guerre" se mue en gentleman-farmer. Disciple, tout comme son concitoyen Platon, du moraliste Socrate, il va se mettre à l'écriture et laisser une oeuvre dans laquelle domine l’attachement aux valeurs traditionnelles qui ont fait la force et la renommée des cités grecques.

 

Outre ses mémoires militaires, (l'Anabase), il sait tour à tour se faire historien, pédagogue, chroniqueur, politologue, philosophe, romancier, quand il ne se transforme pas en technicien ou en économiste.

 

En effet, cet homme curieux est tout à la fois l'auteur de traités d'équitation, de manuels de chasse, de récits historiques, et de l'un des premiers essais d'économie que nous connaissions en occident.

 

L'économie en ce temps a une signification simple : il s'agit de l'art de gouverner sa maison, autrement dit, d'administrer la propriété que l’on a reçue de ses pères. Xénophon explique aussi bien les secrets de la plantation des arbres ou de la vigne que la manière dont il convient de maîtriser les techniques de moissonnage, de battage et de vannage.

 

Ou encore, il enseigne à ses contremaîtres comment diriger leurs ouvriers, comment se faire respecter et faire régner l'ordre et la justice sans lesquels il n'est pas de société harmonieuse.

 

L'économie n'est pas une fin en soi, elle est un moyen de consolider la paix entre les hommes. Cette exigence se retrouve dans un autre de ses traités, "les revenus", dont feraient bien de s'inspirer nos ministres des finances, où il s'évertue à donner quelques recettes pour renflouer les finances publiques sans écraser de charges les populations.

 

Sans avoir jamais rien renié de ses convictions, ayant choisi le parti de la raison contre la fébrile démagogie qui conduit à la ruine sa cité natale, Xénophon, que les politiciens véreux d'Athènes avaient contraint à l'exil, voit vers la fin de sa vie être levé le décret d'ostracisme qui l'avait jadis frappé.

 

Mais il s’éteint vers 355, au moment où les deux cités qu’il avait chéries, Sparte et Athènes, se sont affaiblies au point de ne pouvoir résister à la montée en puissance d’un État à demi barbare, situé dans les confins de la Grèce du Nord, dirigé par un homme à la poigne de fer, Philippe de Macédoine, le père du futur Alexandre le Grand. La Grèce classique s'éteint. Mais survivra un idéal d'homme, qui hantera toute la pensée politique en occident, et qu’incarnait à merveille Xénophon : l'homme beau et bon, kalos kagathos.

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