Grande comme le département de la Dordogne (11.000 km2) la province du Kosovo-Métochie se situe dans la partie sud-ouest de la Serbie, aux frontières de l’Albanie et de la Macédoine. C’est une région essentiellement agricole à part quelques gisements de lignite. Une plaine entourée de montagnes sur laquelle les tribus slaves venues de l’est s’établissent dès le VII° siècle comme dans le reste de la région.

Le drapeau Serbe

Soumis à Byzance et convertis à l’orthodoxie, d’abord sujets des Bulgares également orthodoxes, puis de nouveau à Byzance, les Serbes ne conquièrent leur pleine indépendance qu'en 1180 et pour seulement deux siècles. C'est alors que la Serbie va atteindre son apogée, sous l’Empire du Tsar Douchan, au milieu du XIVème, et qu'elle devient l'État le plus puissant des Balkans, intégrant même l'Albanie, jusqu'à la catastrophe de 1389. Date à laquelle la région est submergée par les Turcs. L’Empire Ottoman va asservir les Serbes jusqu'au XIXème siècle. Ce n'est qu'au Congrès de Berlin de 1878 que les Serbes obtiennent leur indépendance. Quant aux Albanais, ils affirment être les descendants des Illyriens. Après avoir brièvement résisté à l'invasion Turque au XIVème siècle les Albanais collaborent, s'islamisent et deviennent les fameux janissaires, les auxiliaires qui oppriment les peuples résistant aux Turcs, notamment ceux qui refusent l'islamisation.

Le Kosovo fut donc au cœur de la Serbie au XIVème siècle, et connut la floraison des monastères orthodoxes, annonçant la Renaissance, qui y subsistent encore partiellement aujourd'hui, et abrita à Pec (le Vatican des Serbes), la patriarchie, l'autorité suprême de l'Église nationale orthodoxe.

La toponymie et l’histoire du Kosovo ne laissent aucun doute sur sa serbité.

La bataille de Kosovo Polje

L’invasion ottomane, conduite par le sultan Mourad I, fait donc tomber le Kosovo aux mains des Turcs à la fin du XIV° S. L'armée des princes balkaniques, menée par le Prince Lazare Hrbeljanovic, comprend des Serbes, des contingents Valaques, des Albanais, des Hongrois, et des troupes dépêchées par le Roi serbe de Bosnie Tverdko Premier. Le Sultan Mourad est tué mais les Turcs défont les troupes de la coalition balkanique. Selon la tradition serbe, au soir de la bataille, le prince Lazare et la noblesse de Serbie préférèrent tendre leur cou au yatagan du bourreau turc, choisissent la liberté dans la mort, le Royaume du Ciel plutôt que la vie dans la servitude.

Ce cataclysme va faire du Kosovo, pour le peuple serbe, un espace mystique, quasi-inviolable, hors du temps, présent en permanence dans la mémoire du peuple, une Terre Sainte, où après avoir connu la gloire et la puissance, les Serbes perdent leur royaume et se retrouvent sous le joug ottoman. Le Kosovo n’est pas seulement un domaine terrestre, c’est bien davantage un territoire métaphysique auquel ils sont liés, depuis plus de six cents ans, par un serment à cette terre qui incarne à la fois le culte des héros et le mystère de la mort et de la résurrection de la nation.

Commencent alors cinq siècles d’occupation turque, avec leur cortège de massacres et d’exodes. Les Albanais voisins deviennent les auxiliaires de l’occupant que les Turcs lâchent sur eux en représailles dès qu’ils prétendent à plus de liberté. C’est sous la domination turque que les Albanais mettent pour la première fois le Kosovo en coupe réglée et s’y taillent des fiefs que leur qualité de musulmans les autorise seuls à posséder. Le plus surprenant est qu’après cette longue nuit d’un demi-millénaire, juste avant la libération du Kosovo en 1912, les Serbes aient encore représenté 52 pour cent de la population de cette province. Il est tout aussi étonnant que sur mille églises et monastères de cette époque, deux cents aient subsisté en 1912, après 500 ans d’oppression turque, alors que 150 lieux de culte, sous la protection formelle de l’OTAN ont été détruits ces 5 dernières années, et que près de 300 000 serbes ont été chassés de leurs foyers.

C’est sous le patronage de l’Italie d’abord, de l’Allemagne ensuite, qu’ils reviendront en 1941 et qu’après quatre années d’occupation il ne restera plus que 25% de Serbes dans le Kosovo annexé pour un temps à la Grande Albanie. Mais le coup le plus dur sera porté par Tito qui interdira, dès 1945, le retour des réfugiés serbes dans la province qu’il a plus ou moins promise à Enver Hodja en échange de sa participation à une Confédération balkanique qui devait comprendre aussi la Bulgarie mais qui ne verra jamais le jour. Tandis que les vannes sont massivement ouvertes à l’immigration en provenance d’Albanie, le satrape yougoslave devient même systématiquement parrain de tout septième enfant qui y naît de famille albanaise. Dès lors, plus aucun recensement officiel n’y sera effectué, les Albanais refusant d’y participer. On peut cependant estimer qu’en 1990, après cinquante de règne communiste anti-serbe, il restait près de 12% de Serbes parmi la population du Kosovo. Cette proportion se trouve ramenée à moins de deux pour cent après cinq années d’occupation militaire par l’Otan, ce qui est, convenons en, bien plus efficace que cinq siècles d’occupation ottomane et tout à fait inattendu pour une entreprise militaire menée au nom des droits de l’homme et de la multi-ethnicité.

Que s’est-il donc passé ?

Le terrorisme endémique albanais, qui n’a jamais été éradiqué depuis les années cinquante et coûtait chaque année la vie à 20 ou 30 policiers serbes, se manifestait aussi sous forme de harcèlement des populations serbes essentiellement rurales : vols de bétail, incendies, menaces et rixes à la sortie des écoles, profanations de cimetières, d’églises, tout ce l’on pourrait nommer dans la novlangue hexagonienne, incivilités. Régulièrement, les choses allaient plus loin, jusqu’à la disparition d’un père de famille dont on ne retrouvait jamais la trace. Le but était de faire vendre à bas prix la propriété du voisin et de s’y installer à sa place car le flot venu d’Albanie se concentrait dans les villes, et se trouvait trop à l’étroit pour y vivre.

Dans le même temps la source principale de tous les rapports diffusés dans le monde sur la question du traitement de la population albanaise au Kosovo était le « Conseil pour la défense des droits de l’homme et des libertés », fondé en 1989 par des militants séparatistes albanais, un instrument de propagande créé pour la cause indépendantiste. La structure comprenait un réseau d’une trentaine de bureaux employant près de deux mille personnes dotées de faxes et d’ordinateurs. Le Conseil devint rapidement la source de désinformation les plus importante sur le Kosovo. Des Organisations internationales comme la « Fédération internationale des Droits de l’Homme » ou la « Commission des Nations Unies pour les Droits de l’Homme », des agences de presse comme Associated Press y faisaient en permanence référence. Ainsi, une petite contrée, prétendument écrasée par une dictature omnipotente, était couverte d’un réseau de bureaux payés par l’étranger (Soros et autres contributeurs) où les opposants à l’Etat oeuvraient en permanence à le discréditer. Etant donné le caractère hermétique de la société albanaise et le manque de journalistes maîtrisant la langue, il était bien sûr impossible aux ONG ou aux agences de presse de vérifier ces informations. Pourtant elles les acceptaient et les diffusaient sans trop se poser de questions et ont même continué pendant les bombardements, fournissant à l’Occident des histoires d’atrocités permettant de soutenir ces mêmes bombardements. Après, quand tout cela s’avéra pur montage, on pensait déjà à autre chose.

Il suffisait pourtant de se reporter à ce que publiaient les journaux français avant la crise de 1991. Je cite : « des incidents liés au nationalisme albanais sont fréquemment signalés.. Immédiate et concrète est la tension résultant des pressions exercées sur la minorité serbe par la population d’ethnie albanaise. Elles prennent les formes les plus diverses : animaux empoisonnés, cimetières profanés, moissons saccagées, enfants malmenés sur le chemin de l’école et créent une psychose de rejet. On estime que 20.000 à 25.000 Serbes ont quitté la province depuis les incidents de 1981. » Vous ne rêvez pas, c’est dans Le Monde en date du 8 octobre 1987… Telle y était décrite la prétendue épuration ethnique des Albanais par les Serbes avant que ce journal ne se fasse un agent zélé de la désinformation.

Rapportées au nombre de Serbes présents dans la province, les pertes humaines des années 80 et 90 engendrées par le terrorisme albanais dépassent de dix fois celles du World Trade Center pour lesquelles l’Amérique est prête à bombarder la moitié du monde, à tel point que l’apparatchik Milosevic a fini par s’en émouvoir. La police locale, majoritairement albanaise à l’époque de l’autonomie, ne donnait aucune suite aux plaintes des Serbes, mieux, elle les menaçait quand elle ne les rossait pas. Dans la seule année 1998 ce ne sont pas moins de 1885 attaques terroristes qui seront menées contre les Serbes mais aussi 327 assauts contre des Albanais ethniques loyaux à la république de Serbie.

L’Albanie voisine, tout juste sortie d’une psychose paranoïde, était restée, pendant près de quarante ans, la représentante de Mao en Europe, plus recluse qu’un détenu de QHS, acharnée à construire les micro-bunkers qui devaient lui permettre de résister à l’invasion du monde entier, sans jamais se révolter contre le fou qui lui servait de guide. Sali Berisha, héritier du désastre à la chute du régime communiste, désemparé, cherchait de quoi remplir les caisses de l’État et éviter un soulèvement général. Les Américains, voyant que le pays offert à l’encan, s’était déjà à demi vendu à ses frères musulmans, décidèrent de l’acheter. Un peu tard peut-être, trop d’hésitations américaines avaient permis aux Pays du Golfe et surtout à l’Arabie Saoudite d’y établir des bases avancées de l’islam intégriste sur lesquelles il faudra revenir.

L’Albanie est pays soumis à des pratiques tribales et claniques plus proches du Ruanda que de la Grèce et se glorifie d’un passé sans cesse réinventé. Il est tout de même nécessaire de rappeler qu’il fut le seul d’Europe, en 1919, à avoir demandé son rattachement à la Turquie de Kemal Atatürk et à avoir gardé pendant des mois comme emblème le drapeau des tortionnaires des Balkans. L’Albanie, offerte aux enchères, fut donc achetée par l’Amérique qui succéda à la Chine dans ses ports de l’Adriatique. Le pays, assemblage austro-hongrois ratifié par un traité international, est fait de bric et de broc, de Tosques et Gregs, populations qui n’avaient pas de langue commune, n’a été créé, dans le XIX° finissant pour barrer à la Serbie libérée l’accès à la mer Adriatique.

Le Bundesnarichtendienst, (les services de renseignements allemands) y installa sa plus forte représentation étrangère, damant le pion à la CIA. Rapidement le flux de matériel militaire venu de la RFA connaîtra des sommets : c’est une partie de l’équipement de la défunte DDR qui se retrouve en Albanie du Nord, puis au Kosovo, charriée par des passeurs consciencieux, et qui vient s’ajouter aux armes pillées dans les arsenaux albanais lors de la révolte populaire après l’effondrement des investissements pyramidaux. Dès le début des années 90 les forces spéciales allemandes se chargent de l’entraînement des albanophones du Kosovo, essentiellement dans des camps situés au nord de l’Albanie. Le gouvernement de l’Allemagne fédérale s’érige en protecteur de l’UCK  avec le but évident de bétonner sa zone d’influence dans les Balkans et va y jouer un rôle d’avant-garde pour ouvrir le cœur de l’Europe aux menées états-uniennes.

L’on en arrive ainsi à l’automne 98. Sous la pression des forces de l’ordre, L’UCK est contrainte de se replier dans les montagnes frontalières avec l ‘Albanie, après avoir terrorisé un tiers de la province, pire, elle est menacée d’anéantissement. La communauté internationale décide de déployer des observateurs de l’OSCE (dont le responsable William Walker, est un agent bien connu de la CIA, spécialiste des coups tordus). C’est alors que survient le prétendu massacre de Racak, dans la filiation de Timisoara ou du marché de Markale en Bosnie.

La thèse du massacre (quarante-cinq civils abattus de sang-froid par les Serbes deux mois avant la guerre) ne résiste pas à l’analyse : pas de douilles ni de sang sur place. La bataille avait été observée par une équipe de l’OSCE, filmée par l’agence de presse AP. Personne n’avait rien constaté d’autre qu’un affrontement. L’armée serbe s’était retirée à la fin de la journée, juste avant l’entrée de l’OSCE dans le village de Racak. Personne ne leur a parlé de massacre. Mais, le lendemain, on découvre des cadavres qui en réalité sont ceux d’un combat qui a eu lieu entre les belligérants. D’ailleurs c’est le centre de presse serbe de Pristina qui a suggéré aux journalistes d’aller voir ce qui se passait à Racak Quand on prépare un massacre de civils, on procède rarement ainsi. La vérité ne sera établie que plus tard quand les compte-rendus d’autopsies seront connus : il n’y a pas eu de massacre de Racak mais ce pseudo-événement a permis de briser les dernières hésitations des nations européennes et de justifier l’agression de l’OTAN.

L’on convoque les Serbes, comme devant un tribunal, à une rencontre dite de la « dernière chance » qui se tient à Rambouillet. Les termes de « l’Accord, plus exactement du diktat » sont rendus inacceptables par des exigences qui prévoient entre autres l’occupation par l’OTAN du territoire de la Serbie Monténégro avec pleine immunité pour ses troupes au cas où des incidents viendraient à se produire. Qui mieux est, l’on empêche les deux délégations, serbe et albanaise, de se rencontrer en les cloîtrant dans des espaces différents. L’OTAN voulait sa guerre. C’était le cinquantième anniversaire d’une structure dont la raison d’être venait de disparaître avec l’URSS, un événement que l’Amérique redoutait. Il fallait donc revivifier cette alliance et ne pas la laisser échapper à la maîtrise d’outre-Atlantique.

Chacun connaît la suite et le déroulement de ce qui a été par ce bel oxymore de guerre humanitaire. Peut-on, d’ailleurs, nommer guerre à une attaque asymétrique où les uns bombardent de huit mille mètres de haut et tirent, depuis les navires protégés par la sixième flotte, des salves de missiles sur des objectifs aussi stratégiques que la RTS ou l’Ambassade de Chine à Belgrade, mais dont les fantassins n’oseront jamais affronter l’armée serbe sur le terrain ? Où la plus puissante coalition du monde moderne, en violation de la charte de l’Onu, de celle de l’Otan, des accords d’Helsinki, de toutes les règles internationales s’en prend à un pays qui n’a agressé aucun de ses voisins mais tente désespérément de répondre à une intrusion venue d’un pays frontalier, en l’occurrence l’Albanie, menée par une organisation qui était encore étiquetée par la communauté internationale comme terroriste.

C’est dans les dernières années de 90 que le complexe militaro-industriel américain et, en tout premier lieu Halliburton, (dont le patron n’était autre que le Vice-président US actuel) va comprendre le parti stratégique qu’il peut tirer de cette crise centre-européenne sur la voie stratégique qui conduit de la Mer Noire à l’Adriatique. Partant de la Bulgarie, traversant la Macédoine et aboutissant à l’Albanie où les USA sont déjà bien installés. Ceci explique que les plans de la base américaine Bondsteel, installée à deux pas de la frontière macédonienne en un temps record après l’occupation par l’OTAN de la province serbe, que le moindre détail de cette base (la plus importante à l’étranger depuis la guerre du Vietnam), son tracé et son emplacement, étaient déjà décidés depuis des mois avant la première frappe sur la Serbie.

On comprend mieux, dès lors, la conjonction d’intérêts entre Allemands et Américains longtemps partagés sur les risques entraînés par un soutien à l’UCK plus ou moins infiltrée d’islamistes. Berlin voulait contrôler la voie des Balkans, et que la route du pétrole passe par le Danube, (d’où la nécessité de rapetisser Belgrade) et achemine vers Hambourg ou Rotterdam le pétrole, le gaz caucasien et pourquoi pas, la production iranienne.

Ce passage, surnommé Corridor 8, a fait l’objet, à Tirana, en mars 2003, de rencontres au plus haut niveau entre Albanie, Macédoine, Grèce, Bulgarie, Turquie et Italie, sous le patronage des USA. Et de la mise sur pied d’un programme visant à établir une cohésion territoriale stratégique entre Adriatique, Balkans, Mer Noire et Moyen-Orient, avec la réalisation de routes, d’ouvrages maritimes et surtout d’un important système d’oléoducs et de gazoducs.

Il ne faut donc pas s’étonner d’y trouver la base américaine de Bondsteel, la plus importante jamais construite à l’étranger depuis 1970. Elle a pour but de permettre le contrôle de ce protectorat américain qu’est devenu le Kosovo, c’est une base beaucoup plus sûre que celles situées en Turquie, pays qui a refusé son aide lors de l’agression contre l’Irak. Et les Albanais, après avoir été les plus pro-turcs, les plus maoïstes de l’Europe, sont devenus tout naturellement les plus pro-américains du vieux continent. Toutes les troupes de l’Otan au Kosovo l’affirment : elles sont sous contrôle américain, sauf certaines, ce qui explique peut-être qu’en mars 2004, les soldats français ont été les seuls à compter des blessés et à recevoir l’ordre de tirer pour se dégager.

Le projet AMBO-Corridor 8 doit être envisagé dans le cadre du conflit d’intérêt américain avec la Russie et la volonté de Washington de contrôler les sources pétrolières du Caucase jusqu’à l’Asie Centrale. Misant sur un coma éthylique du Kremlin qui n’a pas duré aussi longtemps que l’espérait le Département d’État, l’Amérique a été réveillée par deux évènements : l’irruption de Vladimir Poutine à la tête d’une Russie convalescente, et le 11 septembre qui constitue le retour de bâton  des conflit entretenus en Tchétchène comme au Kosovo avec les mêmes complices et les mêmes moyens, la rançon à payer aux terroristes entraînés sous l’égide de structures comme l’organisation mercenaire MPRI, autant dire la CIA.

Que cherchait l’Amérique en prenant le train du terrorisme kosovar ? S’agissait-il, comme on a toutes raisons de le penser, de s’installer au cœur même de l’Europe, en s’appuyant sur un micro-état fanatisé par une doctrine de nettoyage ethnique qui ne remettrait jamais en question son énorme base stratégique, point de départ de toutes les manœuvres de déstabilisations européennes ? Voulait-on créer un précédent, en se passant de l’avis du Conseil de Sécurité pour entrer en guerre avec quiconque se trouver en travers du chemin du nouvel imperium ? Doter l’OTAN de nouvelles missions sans aucun rapport avec celle des origines ? Aucune de ces visées n’est exclusive des autres…

Pour comprendre à quel guêpier se trouve confrontée l’Europe, il faut faire un bilan succinct de la situation qui prévaut dans la province serbe sous protectorat de l’ONU. Ce n’est pas le seul dominium international de cette région. Il y en a déjà trois, bientôt peut-être quatre. Le premier en date est la Bosnie Herzégovine, où un britannique, un certain Paddy Ashdown, s’efforce de faire vivre ensemble des gens qui se sont combattu trois ans avec la dernière énergie pour ne pas avoir à cohabiter. Ce gentleman, avec un flegme souvent pris en défaut s’acharne à effacer des accords signés à Dayton entre Croato-Musulmans d’une part et Serbes de l’autre. Il démet les élus, menace, use de la trique comme un pacha turc avec le succès que je vous laisse imaginer. Il y a un second protectorat, qui a été plus facilement acheté, la Macédoine, parce que, comme son nom l’indique, s’y côtoient des gens qui n’ont rien de commun sinon leur adresse postale. Les USA y déversent des dollars pour avoir la paix, y ont noyé les offensives albanaises de 2002 sous des flots de crédits, mais le mélange détonnant reste ce qu’il est : imprévisible. Le troisième est le Kosovo, terre serbe depuis 12 siècles qui risque de constituer une grande première : la consécration de la conquête par des voies démographiques dont le concept, n’en doutons pas, est de nature à établir la paix partout dans le monde et surtout en Europe. Le quatrième candidat est le Monténégro, avec ses six cent mille habitants, dont le président, Djukanovic, en délicatesse avec la justice italienne pour faits de contrebande, se verrait garantir une immunité avec mandat renouvelé.

Pour en revenir au Kosovo, Un certain Sören Jesen-Pertersen en est l’actuel gouverneur. (Il est entouré de beaucoup de Scandinaves, comme Paddy Ashdown l’est en Bosnie de britanniques ou d’Américains, tous gens les plus qualifiés pour comprendre le mental balkanique). Ce Monsieur a pour charge de faire appliquer, sur le territoire qu’il contrôle, des standards dont le plus simple ( et aussi le plus difficile à obtenir) est que la minorité serbe puisse circuler sans devoir être protégée par une escorte armée.

Avant lui, en cinq ans, se sont succédés cinq gauleiters de la communauté internationale, dont notre inénarrable Kouchner qui affirmait sans rire que l’Europe venait de naître au Kosovo (il avait déjà utilisé l’expression à Sarajevo, aux côtés d’Izetbegovic). Un tel turn-over n’est jamais bon signe.

Voyons ce qu’il en est. Le distingué Petersen parle « d’économie grise » comme de l’élément majeur des affaires kosovares. Ceci s’explique aisément dans un pays qui compte 65% de chômeurs. Mais un tel euphémisme incite à se reporter aux statistiques d’Europol, moins soumises au politiquement correct : la réalité, c’est que le Kosovo, comme sa grande sœur albanaise l’était déjà, est devenu en Europe le centre des mafias de la prostitution, des trafics de stupéfiants, d’armes et du racket des émigrés albanais sur tout le continent. Au Kosovo les maisons closes ont poussé comme des champignons avec l’afflux des 50.000 soldats de la KFOR, des employés des Nations Unies, des personnels des ONG. Introduites d’Ukraine, de Moldavie, de Roumanie ou de Bulgarie les femmes se vendent aux enchères entre 1000 et 2000 dollars avant d’être expédiées, défraîchies, en Europe de l’ouest où M. Sarkozy leur fait la chasse. Pour ce qui est de l’héroïne, c’est d’un autre pays prétendument libéré par l’OTAN, en l’occurrence l’Afghanistan, que vient la marchandise dont la vente représente pour Kaboul, selon l’ONU, 60 pour cent des revenus de l’État. La mafia turque, au passage, touche ses dividendes. Mieux encore, des liens se sont tissés entre trafiquants d’al Qaida, du Kosovo et de la Cosa Nostra sicilienne qui se chargent d’alimenter les marchés européens et américains. La mafia ne connaît pas de barrières ethniques ou religieuses.

Al Quaida dans les Balkans

Il est maintenant avéré que les principaux suspects des attaques du onze septembre ont participé à la guerre de Bosnie, avec le soutien logistique de la CIA et d’autres services spéciaux européens. Ce déploiement des djihadistes en Europe a été largement ignoré par les médias mais durant la guerre de Bosnie, plusieurs milliers de musulmans des pays arabes et d’Iran ont combattu aux côtés de leurs frères musulmans bosniaques contre les chrétiens Croates ou Serbes. Comme dans les années 80 en Afghanistan l’administration américaine a passé un marché avec les moudjahiddin, et en violation de l’embargo décrété par l’Onu Washington leur a fourni du matériel sophistiqué. Osama Bin Laden s’est vu remettre un passeport bosniaque par le Gouvernement de Sarajevo et des centaines de ses fidèles se sont installés de façon permanente en Bosnie et en Albanie d’où certains ont été infiltrés au Kosovo et en Macédoine, toujours avec le soutien des États-Unis.

Une commission tardivement diligentée par le Congrès américain, a fait semblant, il y a trois semaines, de découvrir les liens existant entre certains pays des Balkans et le terrorisme islamique, découvrant naïvement qu’Al Qaïda s’y est infiltrée dans les années 90 à la faveur des conflits de Yougoslavie. Quand, en février 2005, le chef des services de renseignements serbes Momir Stojanovic déclarait à la presse que des groupes d’Al Qaïda opéraient au Kosovo, en Macédoine et en Albanie les réactions US se limitaient à un haussement d’épaules, une dénégation pure et simple d’allégations politiquement motivées. En avril, le patron des services bulgares, le Gal Borisov mettait, à son tour, en évidence l’infiltration locale du terrorisme islamique et appelait à unir les efforts européens en vue de combattre l’ensemble des réseaux d’Al Qaïda installés dans la région, citant le Kosovo comme la source directe d’instabilité régionale et un pivot du terrorisme international. Il est de notoriété publique, dans le monde du renseignement, que les USA, par le biais du FBI installé à Sofia, sont derrière ces déclarations, mais préfèrent ne pas communiquer directement sur le sujet. La question qui devrait être posée n’est plus celle de la présence avérée des métastases islamiques mais bien plutôt de savoir comment il peut se faire que l’organisation terroriste ait infiltré une zone des Balkans pendant la période où les troupes de l’Otan en assuraient le contrôle et de reconnaître qu’en apportant leur aide aux forces islamiques les plus radicales en Europe, les USA, comme certains de leurs séides européens ont directement contribué à développer l’insécurité dans la région! Et aussi pourquoi, grâce au patronage de l’Occident, une tête de pont terroriste qui menace la sécurité du continent tout entier a été tolérée dans les Balkans !

Pour tenter de conjurer le danger et faire baisser la température de ce chaudron de sorcière, la Communauté Européenne et les Nations Unies sont en train de concocter un plan dont elles diffusent les éléments de base par des indiscrétions calculées à certains journalistes. La solution présentée à Belgrade et à Pristina serait du type « à prendre ou à laisser ».

Le Kosovo recevrait au printemps prochain un statut de genre indépendance fictive, très sévèrement limitée, une sorte de Canada dry de la souveraineté, très semblable au statut actuel de la Republika Srpska de Bosnie. La plus haute autorité en serait un gouverneur européen qui aurait le droit d’annuler toutes les décisions politiques jugées néfastes et aussi celui de sanctionner les hommes politiques désobéissants, qu’ils soient albanais ou serbes. Ce pseudo-état aurait son droit civil et pénal calqué sur le modèle européen, un exécutif particulier et devrait être totalement démilitarisé, ne conservant comme forces armées que la police locale supervisée par les forces de l’Otan.

Il serait exigé de la majorité albanaise de permettre aux Serbes d’y travailler et vivre normalement. Le texte qui sera proposé prévoit également que l’Église Orthodoxe Serbes aurait une charte particulière et que ses églises et monastères, tout comme les monuments historiques serbes bénéficieraient d’un statut spécial sous garantie internationale. L’entité ainsi créée ne pourrait, même en recevant sa pleine indépendance, s’unir à l’Albanie. Personne n’a visiblement en Europe l’envie de créer une Grande Albanie. Cette pleine indépendance ne pourrait être accordée au Kosovo qu’au moment de son entrée dans la communauté européenne, et ceci après l’adhésion de la Serbie à la CE.

L’on se demande, devant ce plan angélique, ce qui est le plus confondant, de l’irréalisme, de la méconnaissance du terrain, ou du machiavélisme petit bras, style fuite en avant.

Il faut savoir que, pour 2 millions d’habitants, le Kosovo ne compte pas moins de six unités paramilitaires connues, albanaises ou serbes, qui cohabitent avec les troupes de la KFOR, du TMK et les deux polices du territoire. La KFOR reconnaît l’existence de ces groupes, mais la MINUK prétend ne pas être au courant.

La KFOR, la police de la MINUK, le Corps de Défense du Kosovo (composé d’anciens éléments UCK) et le Service de Police du Kosovo (KPS), représentent tous au plus 30 000 à 40 000 hommes sur le terrain mais n’ont pas connu beaucoup de succès dans la lutte contre les groupes qui opèrent depuis la fin de la guerre.

Le premier par le nombre de ces groupes irréguliers est l’Armée Nationale Albanaise du Kosovo (Armata Kombetare Shqiptare, AKSH), créée en 2001 et qualifiée en 2003 par la Minuk de « terroriste ». Ensuite: l’Armée pour l’indépendance du Kosovo (Armata për Pavarësinë e Kosovës) qui exige l’indépendance immédiate du Kosovo sinon, selon ses propres termes, » ce sont les armes qui parleront », enfin, l’Armée Albanaise Nationale dont le but est d’unir tous les territoires prétendument albanais en une Albanie ethnique.

Côté serbe : la Garde des volontaires de Serbie, le Mouvement serbe de Libération antiterroriste et une ou deux autres formations de moindre importance qui ont essentiellement pour projet de protéger les enclaves serbes.

On souhaite d’avance beaucoup de plaisir aux unités de l’OTAN qui seront chargées de désarmer tout ce monde. Quant à imposer aux Albanais un code civil ou pénal de facture européenne, cela relève du vœu pieux encore plus difficile (si cela est possible) que celui de les désarmer. Cinquante années du communisme le plus dur n’ont pas réussi à éradiquer le vieux code du Kanun qui règle le prix du sang  qui constitue une menace permanente pour tout Albanais et fait que des milliers de gens, en Albanie comme au Kosovo, ne peuvent quitter leur maison sans courir le risque d’être tués sur le pas de leur porte et que même un enfant au berceau peut en être victime. Ceci explique que les maisons albanaises du Kosovo sont souvent entourées de hauts murs avec pour seules fenêtres des meurtrières. En tuant systématiquement les hommes d’un clan qui refusaient de les aider, les terroristes de l’UCK ne faisaient qu’appliquer les prescriptions du Kanun.

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