Il est des silences qui puent l’abdication. Celui de la presse française mainstream, à l’exception notable du Figaro, autour du scandale sanitaire de Saint-Quentin, où cinq boucheries sur six fermées étaient halal, en est un exemple éclatant. Tandis que vingt-et-une personnes, pour la plupart des enfants, sont tombées malades, et qu’une fillette de douze ans est morte, nos grands médias, dans leur prudence si vertueuse, ont cru bon de flouter les enseignes et de taire l’essentiel. L’on ne saurait, en République, nommer ce qui fâche : halal est devenu le mot interdit. Un vocable que l’on efface pour ne pas déranger le fragile édifice du « vivre ensemble » à géométrie variable.
Seul Le Figaro, dans un article signé avec une gravité salutaire par Mayeul Aldebert, a eu l’audace de dire ce que tous savaient. Cinq boucheries halal parmi les six visées par les fermetures. Des soupçons de contamination à Escherichia coli possiblement liés aux modalités d’abattage. Et ce, sans forcer le trait, sans spéculation idéologique, mais en donnant la parole à des vétérinaires, des professionnels, des scientifiques. Voilà un journal qui fait encore son métier, comme Breizh infos l’avait fait bien avant lui, tandis que les autres, comme France 2, BFM, France Bleu, rampent devant les nouvelles brigades inquisitoriales, ces dévots modernes de la bien-pensance qui traquent toute résistance à l’islamisation rampante du pays.
L’enjeu ici dépasse de loin la seule intoxication alimentaire. Ce qui se joue, c’est le droit du public à être informé sans fard. Il ne s’agit pas de stigmatiser, mais de nommer. De dire ce qui est, comme le fit Carl Schmitt en définissant la politique par la distinction du « mien » et de « l’autre ». La presse n’est plus une sentinelle. Elle est devenue un ministère de la parole autorisée, obéissant à une ligne idéologique qui, sous prétexte de tolérance, organise le déni. Que le halal soit ici en cause, non dans ses présupposés religieux, mais dans ses conditions sanitaires, devrait éveiller l’attention. L’abattage sans étourdissement, tel qu’il est pratiqué, compromet la sécurité alimentaire par les mécanismes mêmes qu’il impose : égorgement à vif, reflux stomacal, absence de ligature œsophagienne. Ce ne sont pas des fantasmes : ce sont des faits, documentés, énoncés par des vétérinaires, exposés dans Le Figaro, et qu’aucune autorité n’a encore contestés sur le fond.
Parmi ceux qui depuis longtemps déjà alertent, on retrouve Alain de Peretti, vétérinaire de profession, président de l’association Vigilance Halal. Cet homme, que l’on ne pourra soupçonner de parler à la légère, dénonce avec constance non seulement la souffrance animale, mais aussi le risque sanitaire objectivement lié aux pratiques d’abattage sans étourdissement. Il n’est pas seul à le faire, mais sa voix, comme tant d’autres, est tenue à l’écart, classée dans la catégorie du « polémique », ce mot-valise dont on affuble toute parole qui trouble l’ordre moral établi par les rédactions.
L’affaire de Saint-Quentin n’est qu’un révélateur. Elle montre que le champ lexical de la République est désormais balisé, quadrillé, surveillé par les commissaires de la bonne conscience. Tout ce qui touche à l’islam, même dans ses dimensions les plus profanes, hygiène, commerce, organisation économique, devient tabou. Florence Bergeaud-Blackler, dans ses travaux, n’a cessé de montrer comment le halal devenait non seulement un marché, mais un vecteur idéologique, un cheval de Troie du communautarisme. Ce qu’elle appelait un « djihad économique », nul ne veut le regarder en face.
Que reste-t-il alors ? La colère. L’ironie. Le retrait. Et ce réflexe, chaque jour plus vif, de se détourner des grands titres pour chercher sur X, Telegram ou dans les marges ce que l’on ne dit plus au centre. À cette lente désagrégation de la confiance dans les institutions médiatiques, nos élites ne répondent que par l’infantilisation et la peur du retour de la bête immonde. Ils ne voient pas que c’est justement cette conspiration du silence qui alimente les colères et durcit les cœurs.
Qu’un seul journal ait eu le courage de dire ce que tous savaient suffit à l’honorer. Et à déshonorer tous les autres.
Balbino Katz chroniqueur des vents et des marées
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Source : Breizh-info.com - 27/06/2025