Guerre de Libye : car il s'agit bien d'une guerre, n'est-ce-pas ? Grâce aux frappes de la coalition, le sort des armes a commencé à changer de camp. Mais rien n'est encore joué : si les insurgés ont repris leur marche vers l'ouest, rien ne dit qu'ils réussiront à franchir les obstacles contre lesquels ils s'étaient cassé les dents une première fois. Si Kadhafi est maintenant dans l'incapacité de reprendre la totalité du pays, les "libérateurs" qui gesticulent aux cris de "Allah Akhbar !" en vidant les chargeurs de leurs kalashnikovs vers le ciel, "spécialistes du check-point et de la débandade" (dixit Le Figaro), s'avèrent tout aussi incapables de bousculer l'armée régulière retranchée sur Tripoli, et auparavant sur Syrte, villes majoritairement hostiles à l'insurrection. Pour les coalisés, l'épreuve de vérité approche : soit Kadhafi craque, à la manière de Milosevic en 1999, et tout va bien ; soit il tient bon et la route vers l'inconnu est ouverte. Nos stratèges ont-ils pensé qu'on pouvait gagner une guerre sans troupes au sol ? De leur part, ce serait de l'incompétence totale - il ne faut pas les prendre pour des imbéciles -, à moins qu'au contraire, ils n'aient, dès le départ, planifié un débarquement de troupes otaniennes (plus quelques faire-valoir émiratis ou qataris). Ne soyons pas naïfs : des forces spéciales sont déjà en Libye, ne serait-ce que pour "éclairer" les frappes aériennes.
On commence à mieux saisir le processus d'engagement en Libye : Sarkozy n'a été que le prête-nom  d'une opération montée de toutes pièces par ses amis anglo-saxons. Mais il fallait bien que ceux-ci avancent masqués. On l'a compris dès le déclenchement des tirs : alors que les Français envoyaient quatre avions sur Benghazi, les Américains et les Anglais lançaient 112 missiles de croisière sur la Libye. Disproportion de forces évidente. Et l'on apprenait rapidement que les Français étaient sous commandement étatsunien, avant d'accepter, la mort dans l'âme (?), de passer sous commandement otanien. Comme dit un certain, tout ceci sent bigrement le pétrole. Et reconnaissons qu'ils ne manquent pas d'air, ces Américains et leurs alliés : embourbés en Irak et en Afghanistan, ils n'hésitent pas à se lancer dans une troisième aventure au pays de l'islam.
Il paraît que la communauté internationale ne pouvait intervenir en Côte d'Ivoire où, ici pourtant, elle aurait eu un mandat clair de l'ONU : chasser l'usurpateur et installer le nouveau président "démocratiquement élu"... Elle aurait pu aussi intervenir au Yémen ou à Bahreïn où les Saoudiens écrasent dans le sang les manifestations pacifiques. Faut pas rêver !
Le printemps arabe : il n'en finit pas. On croit l'incendie éteint et le voici qui se rallume ici ou là. C'est le tour de la Syrie d'être prise dans la tourmente. On retrouve les mêmes motivations : colère contre la corruption et l'Etat autoritaire et aspirations à plus de libertés, mais aussi composantes ethniques et religieuses. En Syrie, la ligne de front se situe entre alaouites et sunnites. Quand on prend du recul, on s'aperçoit que le feu couve du Maroc à l'Irak. Un seul Etat, oui un seul, n'est pas encore atteint par la colère de la "rue arabe" : l'Arabie saoudite. Ici, on laisse les Saoudiens tuer dans l'oeuf toute tentative de rébellion. Mais si l'impensable se produisait, on imagine le séisme qui s'ensuivrait : explosion des cours du pétrole, effondrement des bourses... Chiche !
A propos de séisme, les masques tombent aussi au Japon. Le gouvernement et Tepco ont perdu toute crédibilité. Comme on l'avait dit, la situation est critique dans les quatre réacteurs et les Japonais perdent pied peu à peu. Trois réacteurs sont en fusion, deux enceintes de confinement sont endommagées, les circuits de refroidissement sont inutilisables, deux piscines sont fissurées, le sel y commet des dégâts aux conséquences inconnues, la radioactivité augmente rapidement et de manière exponentielle, si bien que les liquidateurs n'ont plus accès au périmètre crucial. Dans tout le Nord du Japon, une grande partie du sol est déjà contaminée, ainsi que l'eau de mer. Et si le Japon a été relativement préservé de la radioactivité ambiante grâce aux vents d'ouest, ce régime de vents favorable devrait cesser vers la mi-avril. Faudra-t-il évacuer Tokyo ? Quoi qu'il en soit, le Japon aura du mal à se relever de ce triple drame.
AC

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