La BNP Paribas est menacée par les Etats-Unis d’une amende phénoménale estimée entre 10 et 16 milliards de $. A titre de comparaison, la banque la plus exposée dans le scandale des subprimes, l’Américaine JPMorgan, n’a écopé que de 13 milliards de $. Il faut donc croire que le crime commis par la BNP est épouvantable.

 

Que lui est-il reproché exactement ? D’avoir fait, entre 2002 et 2009, des transactions légales de marchandises autorisées avec Cuba, le Soudan, la Libye, l’Iran et la Birmanie, des pays sous embargo américain. Mais pas sous embargo français. Et la BNP n’a pas œuvré depuis le territoire américain, mais par l’intermédiaire d’une filiale installée en Suisse. Alors qu’a-t-elle fait de si méchant ? Tout simplement d’avoir utilisé le billet vert dans ses transactions, sous la forme d’une simple écriture dans le système new-yorkais de compensation interbancaire. C’est que la très vertueuse Amérique ne transige pas avec l’honneur quand il s’agit du billet vert qui est, comme chacun sait, la plus grande création de Iahveh.

 

Alors, l’oncle Sam a lâché les loups, en l’occurrence le procureur fédéral de l’Etat de New York, mais surtout le procureur général des Etats-Unis, Eric Holder, et la patronne de la division criminelle du département de la Justice, Leslie Cadwell. Ce qui n’empêche pas l’hypocrite Obama de dire que dans son pays, le pouvoir politique et le pouvoir judiciaire sont parfaitement cloisonnés.

 

En fait, celui-ci essaye de se refaire une santé électorale à six mois des élections de mi-mandat. L’opinion publique américaine aime encore moins les banques que nous depuis la crise des subprimes. Alors si on peut en pendre une par les pieds, ce ne peut qu’être apprécié par l’électorat américain. Mais pas question de s’en prendre à une banque US. Non, une banque européenne, c’est tellement mieux, surtout quand il s’agit de BNP Paribas, l’une des plus solides et des plus saines de la planète, et parfaitement solvable (chiffre d’affaires annuel de 93,6 milliards d’euros ; bénéfice annuel de 4,8 milliards). Pour preuve, deux autres banques européennes, plus petites et convaincues du même « crime », la Standard Chartered et ING, n’ont respectivement écopé que de 670 et 620 millions de $ d’amende. « Peanuts » comme disent les cow-boys, en comparaison de celle que risque la BNP.

 

Il n’est donc absolument pas question de justice dans cette affaire, mais de racket tout simplement. Ce n’est pas la première fois. D’autres entreprises françaises ont déjà dû passer sous les fourches caudines des prédateurs de Washington : Saint-Gobain, Axa… Et n’oublions pas comment a été traitée la SNCF en Californie pour sa prétendue participation volontaire à la Shoah ! D’autres banques françaises pourraient d’ailleurs suivre, comme le Crédit agricole et la Société générale. On pourrait aussi parler de l’éviction d’Iran de Renault, puis de PSA. A peine la firme de Sochaux avait-elle mis la clé sous la porte que Ford venait courtiser les ayatollahs de Téhéran avec la bénédiction du gouvernement américain. L’oncle Sam et ses complices de Wall Street n’aiment que l’argent, le Veau d’Or de la Torah.

 

Bien sûr, le gouvernement français fait preuve d’une grande fermeté... Mais si ! Fabius, a même menacé d’entraver les négociations sur le Grand Traité transatlantique. Au secours, l’Amérique a peur ! Il n’est qu’à voir les courageuses remontrances que la Hollandie a exprimées auprès de la Maison Blanche après la publication par Edward Snowden des turpitudes de la NSA. L’Allemande Merkel a au moins le courage de porter l’affaire des écoutes de la NSA devant sa propre justice. Nos socialistes n’ont même pas ce cran ; et la droite, celle de Sarkozy, Juppé et Raffarin, est aux abonnés absents. Mais ce serait oublier que tous, sans exception, ne sont que des larbins aux ordres de l’oncle Sam. Et des larves sans courage et sans honneur.

 

Une seule parade existe pour contrer cette opération de piraterie mondiale organisée par les USA. Ne plus utiliser le billet vert. Comme l’ont déjà compris la Russie, l’Iran et la Chine pour leurs propres opérations. Qu’attendent les dirigeants européens pour les imiter ? Comme l’écrit Renaud Girard dans Le Figaro du 10 juin : « Il est grand temps que l’Union européenne se ressaisisse et qu’elle se mette enfin en état de pouvoir résister à l’hégémonie du système financier américain ».

 

Dire que les Américains se prétendent nos amis. Ah ! La belle amitié célébrée avec faste lors des cérémonies du 6 juin 1944. Mais contrairement aux discours serinés pendant des jours, en aucun cas, les Américains ne sont morts pour libérer l’Europe ; ils ont seulement voulu éliminer un rival qui menaçait de prendre le contrôle de toute l’Europe, l’Allemagne. Comme disait de Gaulle (propos rapportés par son fils Philippe) : « Mon père le répétera, les Américains qui sont morts en libérant la France sont morts pour les Etats-Unis d’Amérique et pour personne d’autre ».

 

Alain CAGNAT

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