Dans le n°160 (mai-juin 2016) de la revue éléments, le philosophe Vincent Coussedière nous explique dans un entretien sa vision du populisme. Il considère que le peuple français sait instinctivement que la notion de peuple n’est « ni une pure identité ni une pure liberté ». Il ajoute : « c’est pourquoi le peuple n’a voulu ni de l’offre lepéniste ni de l’offre volontariste chevènementiste ».

Le peuple n’a pas voulu de l’offre lepéniste tout simplement parce qu’il ne sentait pas menacé dans son essence. Et quand les menaces sur son identité se sont faites plus précises, la propagande politico-médiatico-judiciaire s’est mise en branle pour empêcher toute résistance identitaire.

Il poursuit : « Incapable de produire une synthèse politique, celle du nationalisme républicain, le Fn est condamné pour le moment à faire le grand écart entre nationalisme identitaire et nationalisme civique ». De tels propos démontrent une méconnaissance totale du Front national. Que ce soit à l’époque de Jean-Marie Le Pen ou de sa fille, le Fn a toujours été un parti assimilationniste. Le problème pour ce parti ne vient pas de l’assimilation mais de la quantité de personnes à assimiler ! Nous pouvons même ajouter que le Fn d’aujourd’hui est encore plus dans la vision républicaine et jacobine. N’allez surtout pas parler du Grand Remplacement à Marine Le Pen ou à Florian Philippot, ceci n’est pour eux qu’un fantasme de l’extrêmedrouaaaate !

Vincent Coussedière nous explique qu’ « un peuple vivant se moque de la question de l’identité, il est un peuple actif voulant continuer à éprouver du plaisir et de la joie dans des mœurs partagées ». C’est totalement faux. Il est vrai qu’un peuple vivant et sain ne passera pas son temps à parler d’identité puisqu’il la vivra. Mais le fait de vivre pleinement son identité est une revendication en soi ! Si le peuple se fichait vraiment de son identité pourquoi continuerait-il à vivre comme ses ancêtres et de surcroît en en étant fier ? Demandons aux Corses, aux Basques, aux Catalans, aux Alsaciens, etc., s’ils se moquent de leur identité…

Et si les questions identitaires se font de plus en plus entendre (face au mondialisme, face à l’islamisation qui découle de l’invasion migratoire), c’est justement parce qu’une majorité de ce(s) peuple(s) ne veut pas disparaître en tant que tel.

Vincent Coussedière nous propose « un dépassement de l’opposition identité-liberté ». « Assimiler, en ce sens, c’est se rendre activement similaire par un travail et non attendre d’être « rempli » par un modèle imaginaire ». Nous voyons bien là les limites d’un tel raisonnement. La France a toujours assimilé – souvent avec succès – des individus venant d’horizons lointains et fort différents culturellement. Mais ils sont toujours restés la partie infime du peuple qui les accueillait.

Assimiler des millions d’étrangers n’est ni possible ni souhaitable. L’ethnie ne fait pas tout mais elle est la base d’un peuple. Sinon le peuple ne sera plus le peuple mais un salmigondis.

Autre remarque : n’y a-t-il pas une contradiction à faire l’éloge du populisme - donc du peuple - quand ce même peuple n’est plus homogène ? Comment vouloir l’essor d’une volonté populaire quand un peuple n’est plus soudé par des origines et des valeurs communes ? Nous le répétons : l’assimilation ne se fera que pour un petit nombre d’individus. Il restera toujours les autres qui ne feront jamais partie du peuple. Quoi qu’en pensent des philosophes populistes qui n’ont pas tout compris – et surtout pas l’essentiel.

Yann

 

Ps : Le populisme est justement le thème du dossier du dernier numéro de notre revue (solstice d’été n°68) qui vient de paraître. Abonnez-vous sans plus tarder !

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