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La statuette restaurée du guerrier, découverte sur le site archéologique de Manching (Allemagne). © Bayerisches Landesamt für Denkmalpflege. schließen

 

40 000 objets exhumés, 1 300 structures documentées. Tel est le fruit de trois années de fouilles intensives dans la ville fortifiée de Manching (sud-est de l'Allemagne), considérée comme la colonie celte la mieux étudiée d'Europe centrale. Les nombreuses découvertes réalisées, annoncées dans un communiqué de l'Office bavarois pour la conservation des monuments historiques (Bayerisches Landesamt für Denkmalpflege, BLfD) publié le 13 août 2025, apportent des détails inédits sur l'organisation, la culture et les croyances des mystérieux peuples celtes, qui n'ont laissé que peu d'archives écrites derrière eux.

Vestiges d'une vie celte florissante

Situé à quelques kilomètres d'Ingolstadt (Haute-Bavière), l'oppidum – grande agglomération des peuples celtes – de Manching, occupé dès la fin du IVe siècle av. J.-C., a connu son apogée au IIe siècle av. J.-C., moment où il est fortifié. Devenu un centre politique et économique majeur au nord des Alpes, il pouvait alors accueillir jusqu'à 10 000 personnes. À ce jour, seuls 12 à 13 % des 400 hectares du site classé monument historique ont été minutieusement explorés, dont 6 800 mètres carrés entre 2021 et 2024 par une équipe multidisciplinaire, dans le cadre de travaux de sécurisation de la route nationale 16.

Les trouvailles sont fascinantes : pour la première fois, la consommation – outre de céréales, de bœuf et de porc – de poisson par les Celtes des lieux a pu être attestée grâce à des restes d'arêtes et d'écailles. « Ce n'est pas surprenant compte tenu de la localisation de la colonie entre les rivières de la Paar et du Danube, mais jusqu'à présent, la consommation de poisson à Manching n'était pas attestée », explique la Dr Stefanie Berg, cheffe du département de conservation archéologique du BLfD.

De même, des traces de forge ont été identifiées, apportant une preuve claire de la métallurgie du fer dans l'oppidum. Différents quartiers artisanaux ont été mis au jour, avec des zones de recyclage de bois, métal et céramique – témoignant d'un souci d'économie des ressources, déjà à l'époque.

 

Secrets celtes au fond d'un puits rituel

La découverte la plus intrigante reste sans doute celle d'un puits en bois datée d'environ 120- 60 av. J.-C., renfermant un assemblage exceptionnel d'objets (32 objets métalliques, plus de 50 récipients en céramique), d'ossements d'animaux (bovins, porcs et moutons) et de restes humains, appartement à au moins trois individus, dont deux squelettes relativement bien conservés – une rareté au sein d'une même structure à Manching, soulignent les experts.

Le grand nombre d'objets métalliques du site représente un défi particulier pour le BLfD. Plus de 15 000 fragments ont été enregistrés à travers 2034 radiographies dans les ateliers de restauration de l'Office, révélant des informations précieuses sur les matériaux, l'état de conservation, la datation et l'usage de ces artefacts.

Parmi eux figurait une statuette de guerrier celte en bronze haute de 75 millimètres, finement sculptée au IIIe siècle av. J.-C. « [C']est un travail particulièrement complexe et délicat. Elle a été fabriquée en bronze massif selon la technique de la cire perdue, décrit Thomas Stöckl, restaurateur au BLfD. On modèle d'abord une figurine en cire très détaillée, que l'on enrobe d'argile, puis on fait fondre la cire. Le vide ainsi formé est ensuite rempli de bronze fondu. Sur la tête de la figurine se trouve un anneau, qui servait probablement à la suspendre, par exemple à un collier. »

Ces précieux objets, désormais propriété de l'État, vont rejoindre les collections publiques. De futures recherches permettront d'approfondir leur interprétation. « L'oppidum de Manching est d'une valeur inestimable pour la science, conclut le Pr Mathias Pfeil, conservateur général du BLfD. [...] Grâce à la diversité des découvertes issues de la dernière campagne, nous voyons comment l'établissement de la fin de l'âge du fer était organisé, comment les gens y vivaient, travaillaient, se nourrissaient, quelles relations commerciales ils entretenaient, quelles compétences techniques ils avaient développées. »

Mathilde Ragot - Journaliste rédactrice web Histoire GEO.fr - 19 août 2025 

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