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Atlantico: Votre livre "L'archipel français" retrace le processus d'une atomisation de la nation au cours de ces trois dernières décennies. Quels ont été les déclencheurs de ce processus, marquant une fragilisation de la cohésion de la société ?
Jêrome Fourquet : Ces processus sont de nature et de temporalité différentes. Il est possible de les décrire en commençant par l’accélération du mouvement de déchristianisation de la société française qui a été diagnostiquée dès les années 50-60. Ce mouvement s’est considérablement accéléré au cours des dernières décennies pour en arriver aujourd'hui à une phase terminale de ce processus, qu’il s’agisse du nombre de personnes se déclarant aller à la messe (35% à 6% en quelques décennies), du nombre de prêtres qui exercent encore leur magistère qui a été divisé par deux en l’espace de seulement 20 ans. Nous ne sommes plus là dans une érosion de l’influence du catholicisme mais nous en passe d’assister à sa disparition.
Les catholiques en eux-mêmes ne vont pas disparaître, mais ils ne constitueront plus qu’une île de cet archipel français alors même que pendant des siècles et des siècles, et jusqu’aux dernières décennies, le catholicisme était quand même un élément fondateur et structurant et assurant l’armature psychologique, culturelle et sociologique du pays. En opposition au bloc républicain et laïc. Cette armature s’est disloquée avec le processus de sortie de la religion décrit par Marcel Gauchet au début des années 80. Son intuition était tellement la bonne que l’on arrive maintenant à la fin du phénomène. Ensuite, lorsque l’on voit les transformations dans la sphère familiale, dans le rapport au corps ou à la sexualité, on prend conscience maintenant de l’importance qu’a pu avoir cette matrice judéo-chrétienne qui nous a été transmise. C’est tout cet équilibre qui est en train de vaciller.
Un deuxième phénomène est l'extraordinaire montée en puissance de l’individualisation, qui rappelle le livre “L’ère du vide” de Gilles Lipovestky qui date également des années 80. Ici, encore, avec 30 années de recul supplémentaire, les logiques décrites ont pris une importance considérable. Cette expansion des droits individuels, cette volonté de s’affranchir d’un certain nombre de cadres, a eu comme effet déstructurant de saper toute une série de piliers qui étaient constitutifs de l’ordre social. On peut avoir une illustration parmi d’autres de ce processus d’individualisation dans l’extraordinaire inflation du nombre de prénoms donnés en France année après année.
Nous avions un cadre totalement stable qui a fait qu’entre 1900 et 1950, la France a fonctionné avec un portefeuille d’à peu près 2000 prénoms qui étaient donnés chaque année et que nous en sommes aujourd'hui à 13 000. On peut y voir une volonté de distinction qui s’est développée dans notre société sachant que ces 13000 prénoms dénombrés par l’INSEE s’ajoute la catégorie des prénoms rares (donnés moins de trois fois) dans l’année en France. Pour les dernières années disponibles, nous avons 50 000 enfants dans ce cas. Les prénoms sont un formidable révélateur d’évolution sociétale. La pratique traditionnelle de choix du prénom a volé en éclats.
Un autre élément de ce processus a été le déclin de l’église rouge. Le communisme a été un autre grand pôle structurant avec 20 à 25% du corps électoral qui se reconnaissait dans cette idéologie, dans cette sociologie, avec une contre société qui avait été très bien étudiée avec le communisme municipal, les associations de jeunesse, les organisations syndicales, le mouvement étudiant, la presse, les colonies de vacances. Tout cela existe encore mais à l’état de traces résiduelles. Il subsiste quelques îlots communistes dans certaines municipalités de banlieues ou ouvrières, mais tout cela n’a plus du tout le poid de jadis.
On peut aussi évoquer l’influence de grands médias qui créait du commun. On peut prendre l’exemple de TF1 qui jusqu’à la fin des années 80 caracole à 40% d’audience, ce qui est colossal. Aujourd’hui, cette chaîne qui reste la plus puissante d’Europe atteint un niveau incomparablement plus bas d’audience. On observe également ce phénomène au travers du déclin des magazines hebdomadaires (L’express, Le Point, l’Obs etc..) qui donnaient une grille de lecture qui était partagée par des centaines de milliers de personnes. Ils n’ont pas disparu, mais ont perdu énormément de leur puissance. Ce qui est également le cas d’un journal comme Le Monde. Face à cela, on assiste à la montée en puissance des réseaux sociaux, et la fragmentation des audiences. Avec les Gilets jaunes, on a vu toute une population qui quelque part avec fait sécession ou dissidence jusque dans ses moyens d’information, en allant s’informer sur Facebook par exemple. C’est une fragmentation du paysage informationnel qui s’est opérée.
Tous ces mouvements, dont le principal est le processus d’individualisation, ont abouti au fait que la société française a été bouleversée et déstructurée.
Comment identifierez-vous les critères des trois grands groupes constitués au cours de ces années, qui semblent se matérialiser autour de groupes non homogènes, un groupe Gilets jaunes, un groupe des plus éduquées plus internationalisés, et un bloc issu de l'immigration ?
Si nous avons utilisé la notion d’archipel, c’est pour faire passer l’idée que nous étions face à une fragmentation multiple selon des logiques différentes qui peuvent être économiques, culturelles, identitaires ou géographiques. Ces lignes de faille ne se superposent pas forcément les unes aux autres, ce qui aboutit à une sorte de kaléidoscope avec des recompositions permanentes. On peut néanmoins essayer de cartographier un certain nombre de ces grandes îles.
On voit bien évidemment une logique sociologique qui demeure importante avec ce que l’on pourrait appeler l’île des Gilets jaunes ou celle d’une partie des catégories populaires qui habitent plutôt la France périphérique pour reprendre la terminologie de Christophe Guilluy, qui s’est assez bien reconnue dans le mouvement des Gilets jaunes, et qui vote plutôt pour le Rassemblement national. Cette France populaire et périphérique constitue une des grandes îles importantes de l’archipel français. Nous en avons cartographié un certain nombre de contours notamment avec la carte du vote du deuxième tour de l’élection présidentielle de 2017, et les communes ou Marine Le Pen est arrivée en tête. Nous y voyons un gros bloc de communes dans le quart nord-est de la France - plusieurs milliers de communes en périphérie des grandes métropoles de cette grande régions - sont dans ce cas, par exemple.
A l’autre extrémité du spectre sociologique, on a ce que l’on peut appeler l’île mondialisée, c’est à dire qui est composée par les strates de la population les plus éduquées qui dans leur majorité résident dans le coeur des grandes métropoles connectées à la mondialisation, ce qui a aussi été décrit par Christophe Guilluy. Nous sommes allés plus loin en montrant que ces populations sont également dans un processus d'individualisation et de sécession. Elles se replient sur elles-mêmes et peuvent vivre en autarcie, elles ont leurs propres codes, leur propre écosystème, leurs lieux de villégiature. Le problème est qu’historiquement, les élites ont quand même vocation à piloter l’ensemble de la société. Un pilotage qui devient de plus en plus compliqué à partir du moment où ces élites ne sont plus vraiment, pour une partie d’entre elles, en capacité d’être en contact avec les réalités profondes du reste de la société. On pourrait évidemment affiner ce bloc.
Il y a aussi un autre groupe d’îles qui est composé des populations issues de l’immigration. Elles ne constituent pas, comme les autres groupes, un bloc homogène. Il y a des immigrations qui se distinguent d’abord par l’origine très diverse des pays concernés. Si on se focalise sur les populations arabo-musulmanes, on voit une immigration maghrébine, turque, du Sahel, qui ne sont pas les mêmes populations. On voit aussi des divergences au sein des populations maghrébines ou même au sein des populations turques. Il y aussi des différences en fonction de la période d’arrivée, récente ou plus ancienne, notamment dans le rapport au religieux. Tout cela crée des nuances qui sont très nombreuses.
Mais un des enseignements majeurs qui nous est apparu à la fin de notre travail est que la société française, et c’est aussi une des mutations majeures qu’elle a connu, est de facto devenue une société multiculturelle. Cette nature composite ou hétérogène ne va que se renforcer au fil du temps. Un des chiffres phares qui a déjà été beaucoup repris est que 18 à 19% de naissances masculines en 2016 donnaient lieu au choix d’un prénom arabo-musulman. La France de demain ou d'après demain sera mécaniquement composée d’au moins 20% de population qui seront rattachées au titre ou à un autre à cette immigration arabo-musulmane. C’est une autre île qui compose désormais la société française.
Voyez-vous un autre groupe qu’il serait nécessaire d’ajouter ?
Il faut évoquer un autre groupe qui est celui des catholiques qui demeurent une part non négligeable de la société française mais qui ne sont plus que l’ombre de ce qu’ils ont été. Ils ne sont pas forcément définissables géographiquement mais plutôt générationnellement, c’est une population plutôt âgée, mais également en termes de valeurs avec une vision du monde, une grille de lecture, qui leur apparaît comme étant de plus en plus en décalage avec la marche de la société. D'où le mouvement de la Manif pour Tous, que l’on peut relire à cet aune en disant qu’il a été le symptôme d’une prise de conscience de leur passage à un statut de minorité, parmi d’autres dans la société française, ce qui a été un choc assez brutal.
Mais plus que cela, il s’agit de la prise de conscience des conséquences de ce passage au statut de minorité. Le changement qui s’est opéré est que cette population a décru considérablement numériquement mais que jusqu’il y a peu, en dépit de ce poids restreint dans la société française, elle bénéficiait d’une espèce de bouclier. Il y a avait alors une sorte d’accord avec la République et le reste de la société qui faisait que les fondamentaux anthropologiques, juridiques et culturels de la société française demeuraient adossés à la culture judéo-chrétienne. C’est ce consensus qui a volé en éclats aux yeux d’une partie des catholiques au moment de la mobilisation contre le mariage pour tous. Les catholiques se rendent compte alors qu’ils sont exposés à voir voter des lois qui sont en contradiction totale avec leurs valeurs profondes. C’est un traumatisme très important.
Il y a deux réactions possibles qui sont bien décrites dans un livre qui vient d’être publié, de Yann Raison du Cleuziou (Une contre-révolution catholique). Il a été travaillé sur une notion appelée “catholiques observants” qui sont une partie des catholiques pratiquants -les plus conservateurs - et qui oscillent dans cette nouvelle donne entre deux positions. Soit la position du bastion ; la société telle qu’elle se métamorphose ne leur convient plus du tout et veulent assurer une transmission à leurs enfants, ce qui provoque une forme de repli sur la famille, sur un certain nombre d’associations. Ils intègrent le phénomène -très marginal mais sociologiquement révélateur - de développement des écoles privées hors contrat. Parce que pour ce public, même l’école catholique privée classique est contaminée par l’évolution de la société. C’est la logique du bastion et du repli.
L’autre option est celle de l’engagement soit missionnaire soit politique pour essayer de retrouver une influence et un rayonnement. Cela peut donner un engagement politique immédiat, cela donne le mouvement Sens Commun. Sur une implication à plus long terme, c’est tout le travail de rayonnement culturel avec la revue “Limites” ou la démarche de Marion Maréchal de créer sa propre école en se disant qu’il faut tout reprendre à la base et essayer d’infuser dans la culture dominante des représentations conformes à leurs valeurs.
En quoi l'élection d'Emmanuel Macron a été la révélation politique de ces classifications, et en quoi pourrait-il précéder la reconstitution politique du pays ?
Toutes ces transformations profondes de l’équilibre interne de la société française ne pouvaient pas ne pas avoir de conséquences électorales et politiques. L’époque qui nous précède a été marquée par l’écrasante domination au plan politique de l’opposition gauche-droite qui structurait tout. Or, même si nous revenons à ce grand moment de notre histoire politique qui est la victoire du Front populaire en 1936 ou l’affrontement gauche-droite est à son paroxysme, on se rend compte rétrospectivement que ce qui avait structuré les votes en dernière instance, ce qui explique le mieux la carte électorale entre le Front populaire et les autres, est la carte de présence ou d’influence du catholicisme. Les régions catholiques ont voté à droite alors que les autres ont voté pour le Front populaire dans toutes ses nuances, des radicaux jusqu’aux communistes. On voyait bien que chacune des composantes du Front populaire avait sa clientèle. Les ouvriers et une partie de la petite paysannerie pour les communistes, ce que l’on appelait les classes nouvelles - ce qui correspondrait à nos classes moyennes aujourd’hui - pour les radicaux, et en partie pour les socialistes.
Cet attelage sociologiquement hétéroclite avait comme ciment le fait de s’être alliés au Front populaire mais en dernière instance la colle qui a permis d’agréger ces différentes pièces du puzzle était quand même le fait que nous étions sur des régions et des publics laïcs et déconfessionnalisés, voir laïcs très militants qui se définissaient d’abord dans leur combat contre l’église. A l’inverse le bloc d’en face était conservateur mais d’abord et avant tout catholique. On voit bien qu’à partir du moment où le catholicisme a perdu son influence, suivi, à quelques années d’écart par l’effondrement de la contre société communiste, la domination du système gauche-droite, en fait, était de plus en plus menacée et ne tenait plus.
C’est la grande révélation de 2017, en partie, que par ce que l’on pourrait appeler la force de l’habitude, se logeant dans deux forces principales. D’abord l’existence de forces politiques se référant à ce clivage droite-gauche, et autour desquelles tournait la vie politique, puis, autre composante importante du modèle; le système électoral à deux tours qui aboutissait automatiquement sauf accident en 2002, au fait que les champions de la droite et de la gauche arrivent en finale et imposent à tout le corps électoral de se polariser et de se conformer à cette opposition. François Bayrou avait l’intuition que tout cela était tout de même très vermoulu et avait tenté sa chance en 2007 en essayant de passer par le centre. Parallèlement à cela on avait vu émerger de manière très puissante mais de manière très limitée dans le temps un nouveau clivage que l’on peut appeler “ouvert-fermé” lors du référendum de 1992 sur Maastricht et en 2005 sur le TCE. Mais ce clivage ne s’est produit que dans l’instant d’une élection, et le cours des choses reprenait normalement et retombait dans le rituel de l’opposition gauche-droite.
L’irruption d’Emmanuel Macron dans le champ politique intervient à un moment ou une personnalité et un fait historique se rencontrent. Emmanuel Macron sent la décomposition du système politique dans un processus qui s’est enclenché bien avant son arrivée. Emmanuel Macron est venu dynamiter ce qui restait des vestiges de l’ancien ordre politique, ce qui aboutit à une opposition au deuxième tour entre lui et Marine Le Pen. Les forces de gauche et de droite se voient à leur tour obligés, selon la loi d'airain de notre système politique, de se positionner sur l’alternative électorale que le système leur propose. Les blocs de gauche et de droite se trouvent fracassés par cette nouvelle offre.
Tout cela n’était pas qu’un simple accident industriel, même si nous n’avons pas encore le recul historique suffisant, mais deux ans se sont déjà écoulés et force est de constater que la capacité de rebond de l’ancien paysage politique est quand même très limitée. Le PS est toujours dans les plus grandes difficultés, alors que les LR connaissent également des difficultés majeures avec la poursuite du phénomène de recomposition politique dont les derniers épisodes qui ponctuent la campagne des européennes nous montrent qu’il se poursuit. La nomination, par exemple, d’Alain Juppé au Conseil Constitutionnel par le président de l’Assemblée Nationale qui est un macroniste, ou encore le ralliement d’une partie des personnalités issues de l’écologie comme Pascal Durand à ce bloc présidentiel, puis, le soutien affiché et affirmé de Jean-Pierre Raffarin à la liste d’Emmanuel Macron pour les européennes.
Ce qui est fascinant, c’est qu’en l’espace de quinze jours, on a vu le ralliement au macronisme sous des formes différentes des deux principaux pères de l’UMP qui sont Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin, deux premiers ministres de Jacques Chirac. Et si on fait un retour en arrière, on doit se souvenir que l’UMP est créée dans la foulée du choc du 21 avril 2002 pour fédérer la droite et le centre pour faire face au Front national. Nous étions dans des phases de contraction avant l’accouchement. 17 ans après, ces deux personnalités se rallient à Emmanuel Macron.
Quelque part, bien que ce nouvel ordre politique ne soit pas encore figé, on peut déjà l’analyser comme la mise en conformité tardive du paysage électoral avec la réalité sociale, économique, culturelle et démographique de notre pays. Le pays a connu 30 à 40 années de mutations profondes, et même si chaque génération a l’impression de vivre une époque historique, on peut dire qu’ici, cela est réellement majeur. On peut reprendre la formule de Gramsci, la crise, c’est quand le vieux monde ne veut pas mourir et que le nouveau n’arrive pas encore à naître. Nous nous acheminons peut-être vers la sortie de crise, avec un ancien monde qui fait encore de la résistance et un nouveau monde qui n’est pas encore stabilisé. Mais ce dont on peut être un peu certain, c’est que nous ne reviendrons pas à l’ancien monde. Dans 3 ans, je ne vois pas une finale entre le candidat de droite et le candidat PS.
Qu'est-ce qui à vos yeux est important concernant la "sécession des élites" et n'a pas été suffisamment souligné ?
Cette question de la sécession des élites comme je l'ai appelée, possède une genèse.
Il faut d'abord s'entendre sur la définition des "élites". On peut par exemple choisir le critère du niveau de diplôme pour segmenter la population et dessiner le contour d'une élite. Avec ce critère, les élites, c’est-à-dire le groupe de diplômés de l'enseignement supérieur, ou si l'on veut raffiner un tout petit peu, ceux qui ont un diplôme supérieur à Bac+2, est une population aujourd'hui numériquement très nombreuse et nous ne sommes plus du tout dans un schéma traditionnel où les élites représentaient 3 ou 5% de l'ensemble de la société. Quand vous représentez un si faible pourcentage de l'ensemble de la société, vous avez la conviction ou la sensation de faire partie d'un tout petit groupe.
Cette sensation n'est plus forcément partagée par beaucoup de gens qu'on peut objectivement classer dans l'élite. Du fait de cette dilatation du sommet de la pyramide, avec la démocratisation de l'accès à l'enseignement supérieur, on en est arrivé à une situation où l'on peut considérer qu'on a 15-20% de la population qui peut être catégorisée comme faisant partie de l'élite. On peut bien sûr dire que c'est beaucoup, et il y a évidemment l'élite de l'élite, mais nous avons ce vaste corps social de 15 à 20% de la population qui est suffisamment nombreux pour avoir l'impression que l'ensemble de la société lui ressemble.
C'est un élément important dans la sécession des élites : la perte de contact avec les autres catégories sociales et la capacité de ses membres à vivre en vase clos. Quand vous représentez 4 à 5% de la population, fatalement, vous êtes obligés d'être en contact avec tout le reste de la société. Quand vous êtes membre à part entière d'un groupe qui représente 15 à 20% et que ce groupe-là est relativement sectorisé en ce qui concerne son implantation géographique, vous pouvez avoir un sentiment de déconnexion qui se développe, et vous pouvez vous dire : "j'habite dans une grande ville, je côtoie beaucoup de gens qui me ressemblent". Vous perdez la conscience d'appartenir à une société dans laquelle de très nombreuses catégories de la population n'ont pas le même niveau de vie que vous, les mêmes préoccupations ou les mêmes attentes.
Cette situation nouvelle a été très claire dans la crise des Gilets Jaunes. On a eu parfois des face-à-face sur le terrain, par exemple dans les rues de Paris entre des gilets jaunes qui venaient du Loiret, de la Seine-et-Marne, de l'Oise, et des habitants des beaux quartiers de Paris qui ont tourné au véritable dialogue de sourds, avec une incompréhension et un fossé culturel proprement abyssal. On a eu le même genre de scènes, par exemple sur un certain nombre de plateaux de télévision, quand des représentants par exemple de LREM ont été confrontés à des gilets jaunes. On voyait que sur un certain nombre de constats basiques, il n'y avait plus de capacité à s'entendre.
Est-ce que ce que vous soulignez avec la "sécession des élites" dans votre livre vous semble entendu et compris par les élites ? Ont-elles conscience de cette rupture ou se réfugient-elles dans une sorte de déni ?
Il est un peu tôt pour statuer sur cette question. J'espère que la sortie de ce livre et le gros travail qu'il a représenté permettra à un certain nombre de nos concitoyens d'avoir une vision, une lecture plus actualisée, plus objective, de l'état de notre société commune, et, notamment, si cela peut être l'occasion ou le moyen d'apporter des connaissances aux décideurs, pour leur donner un diagnostic à froid et sans concession de l'état du pays, tout cela n'aura pas été vain.
Le livre est sorti il y a seulement quelques jours, donc il est tôt pour se prononcer. Parmi les retours médiatiques que j'ai eu, si le livre rencontre un certain écho, c'est que manifestement il a eu comme effet de dessiller les yeux de certaines personnes qui n'étaient pas conscientes de l'ampleur des fractures qui parcouraient la société française. Donc, effectivement, peut-être qu'une partie du petit écho que peut rencontrer ce livre peut s'expliquer par l'étonnement qu'il a suscité et la révélation de fractures ou de fragmentations qui n'étaient pas apparues comme évidentes par ceux qui l'ont reçu.
Source : Atlantico
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Voici une version française de Jean-Yves Camus, « Die Identitäre Bewegung oder die Konstruktion eines Mythos europäischer Ursprünge », Gudrun Hentges, Kristina Nottbohm, Hans-Wolfgang Platzer, dir., Europäische Identität in der Krise ?, Springer, 2017, pp. 233-247.
Le terme « identitaire » désigne habituellement depuis le début des années 2000, le Bloc identitaire (BI), ses pseudopodes locaux et déclinaisons sous d’autres dénominations (Génération identitaire ; Les Identitaires, connus pour leur activisme, leur présence sur internet et les réseaux sociaux ainsi que pour leur participation au système électoral (entre 2005 et 2017) puis leur retour à la fonction d’avant-garde militante et idéologique laissant le terrain électoral au FN/RN. Les Identitaires ne sont que la partie la plus visible d’une mouvance plus large, la mouvance identitaire, archipel de groupes concurrents dont l’objectif essentiel est l’action métapolitique. Celle-ci a pour objectif de diffuser un certain nombre de thèmes dont l’origine se trouve dans le travail de la Nouvelle Droite des années 1970-80 : refus de la société multiculturelle ; sens de la communauté militante ; opposition à l’immigration extra-européenne ; ethno-différentialisme ; refus du nationalisme jacobin et valorisation des « patries charnelles » ; attachement à l’Europe des ethnies et non au souverainisme hexagonal anti-européen. Grâce à un réel professionnalisme dans l’utilisation du web et des réseaux sociaux, le BI a contribué à faire connaître des idées telles que le « grand remplacement » ou la « remigration ». Vivier de cadres pour le le FN, il a néanmoins un logiciel idéologique propre et, avec Marine Le Pen, des désaccords de fond sur les identités régionales, l’Europe, l’Islam et la définition de l’identité nationale. Avec des opérations médiatisées comme affrètement du C-Star ; l’opération de patrouilles aux frontières au col de l’Échelle et l’occupation des locaux de SOS-Méditerranée à Marseille, le mouvement possède aussi une dimension consistant à endosser des actions et des mots d’ordre que la politique de normalisation du FN ne lui permet pas d’assumer.
Nous n’en oublierons pas pour autant la mouvance identitaire en dehors du BI. Celle-ci comprend d’autres groupuscules dont les thèmes sont soit identiques (Réseau Identités1) soit orientés de manière plus radicale vers un racialisme de type völkisch (Terre et Peuple2), soit privilégiant un esprit communautaire s’inscrivant dans la postérité du Mouvement de Jeunesse allemand dans sa composante bündisch (Europe Jeunesse3). Dans la lignée du GRECE (Groupement de Recherches et d’Etudes pour la Civilisation Européenne), l’ensemble des mouvements identitaires cherche à promouvoir une identité française inscrite dans un héritage européen, en postulant une filiation directe et ininterrompue avec les Indo-Européens définis en tant que peuple historique, porteurs d’un schéma d’organisation sociale, de valeurs culturelles et de mythes qui constituent « la plus longue mémoire »4 de la civilisation européenne. Très réduite au plan des effectifs militants, éclatée en de multiples organisations concurrentes, cette mouvance n’en a pas moins eu une influence sur le Front national et, d’une manière moins perceptible, sur l’évolution des idées politiques en France, puisque le simple mot « identitaire », ignoré avant la décennie 2000 en dehors de l’extrême-droite5, est désormais entré dans l’usage courant, au terme d’une évolution que les militants du « gramscisme de droite » considèrent être une victoire de la guerre des mots qu’ils ont engagée.
« Identitaire » : genèse d’un concept
“Le désir d’égalité, succédant au désir de liberté, fut la grande passion des temps modernes. Celle des temps postmodernes sera le désir d’identité”. Alain de Benoist, figure de proue de la “Nouvelle droite”, énonçait cette prédiction en 1977 dans son ouvrage Vu de droite. La genèse idéologique de la famille néo-droitière, sur laquelle Pierre-André Taguieff6 a produit une œuvre de référence, permet de comprendre comment et pourquoi la notion d’identité a pris le pas, dans ces milieux, sur celui de Nation. C’est le passage du nationalisme français (« hexagonal ») à la valorisation de l’identité européenne, théorisé par le mouvement Europe-Action au milieu des années 60, qui a bouleversé les références de l’extrême-droite française en produisant une fracture non réparée à ce jour. Celle-ci sépare les souverainistes intégraux, pour qui aucun niveau de souveraineté n’est légitime hormis l’État-nation (c’est l’idée des néo-fascistes de Jeune Nation et de l’Œuvre française, des royalistes, mais aussi du Front national), des identitaires pour qui l’État-nation est un cadre intermédiaire entre l’enracinement dans une région (au sens du « Heimat » allemand) et l’appartenance à un cadre civilisationnel qui est celui de l’Europe.
L’identité individuelle du citoyen est, pour les souverainistes intégraux du FN, française au sens où la Révolution de 1789 a défini ce mot, c’est-à-dire (théoriquement) ouverte à tous ceux qui, indépendamment de leur origine et de leur religion, acceptent le pacte républicain. Ainsi par exemple, le FN veut interdire l’expression de l’islam politique, mais il ne professe pas d’incompatibilité entre être musulman et être citoyen, même si son idéal est l’assimilation et non l’intégration7. La mouvance identitaire par contre, est ethno-différentialiste : pour elle, chaque peuple, chaque culture, ne peut s’épanouir que sur son territoire d’origine ; le métissage est vu comme un facteur de décadence ; le multiculturalisme comme un projet pathogène, produisant criminalité, perte des repères et au final, possibilité d’une « guerre ethnique » sur le sol européen, entre « européens de souche » et « allogènes » afro-maghrébins et en tout cas musulmans8. Au plan des projets politiques, le FN et les identitaires partagent de plus en plus le constat du « Grand Remplacement ». Cette théorie, popularisée par l’écrivain souverainiste et identitaire Renaud Camus9, affirme que le substrat ethnico-religieux du peuple français est en passe de changer totalement de nature, en raison d’une immigration de peuplement d’origine extra-européenne. Les deux sous-familles de l’extrême-droite divergent par contre sur la manière de répondre à ce constat. Le FN souhaite limiter strictement l’immigration légale, voire la faire diminuer par le renvoi de certaines catégories d’étrangers10, la mouvance identitaire propose la « remigration », c’est-à-dire le rapatriement organisé et obligatoire (bien que théoriquement négocié avec les États étrangers) des extra-européens vers leur pays « d’origine »11.
Dans l’ordre chronologique, le terme « identitaire » apparaît dans le vocabulaire de la Nouvelle droite. La stratégie métapolitique du GRECE, dès le milieu des années 1980, conduisit la Nouvelle Droite à abandonner le racisme hiérarchisant et à prendre ses distances avec l’action proprement politique, certains de ses animateurs, Pierre Vial et Jean Mabire en particulier, fondant le mouvement Terre et Peuple. C’est dans les colonnes de son magazine éponyme que dès le second numéro (hiver 1999), Pierre Vial consacre son éditorial au « Mouvement identitaire ». A peu près à la même époque un autre ancien cadre du GRECE, Guillaume Faye, publie une série de livres largement lus et commentés dans la mouvance nationaliste, qui évoquent à la fois l’inévitable « guerre raciale », le nécessaire retour aux traditions ancestrales indo-européennes et la centralité du concept d’identité dans le combat idéologique12.
Revenant en fait à la théorie du conflit racial exposée par la revue Europe-Action, il affirme la valeur positive de l’ethnocentrisme, qui est pour lui une « conviction mobilisatrice, propre aux peuples longs-vivants, que celui auquel on appartient est central et supérieur et qu’il doit conserver son identité ethnique pour perdurer dans l’histoire ». Il complète son propos par un aveu de taille : « vrai ou faux “objectivement”, peu importe: l’ethnocentrisme est la condition psychologique de la survie d’une peuple (ou même d’une nation) dans l’histoire ». Autrement dit : la généalogie des peuples européens que retrace la mouvance identitaire n’a pas nécessairement à voir avec l’histoire : elle tient du mythe mobilisateur. Là où Faye, comme Vial, restent toutefois en lisière de l’action partisane13, un acteur émerge au début des années 2000, qui va associer le terme « identitaire » à un parti politique : c’est le Bloc identitaire.
Le Bloc identitaire : du nationalisme-révolutionnaire à la périphérie du FN
Crée officiellement le 6 avril 2003, le Bloc identitaire n’émerge pas à partir du néant. Pour un certain nombre de ses dirigeants dont Fabrice Robert et Philippe Vardon, il est la continuation de leur engagement nationaliste-révolutionnaire dans les rangs des mouvements Nouvelle Résistance (1991-98) et Unité Radicale (1998-2002), dont la figure de proue était Christian Bouchet14. Nous avons en 1998 montré comment déjà, les deux groupes en question articulaient leur discours autour de deux thèmes : la recherche de nouvelles convergences entre radicaux de droite et de gauche, dans un projet de confrontation idéologique entre « la périphérie » et « le centre » ; et la mise en avant des ethnies comme référence première des identités personnelles et collectives, au détriment de la Nation, perçue comme une entité abstraite, voire destructrice des particularismes locaux15.
Le Bloc identitaire a conservé le second de ces fondamentaux, mais il a abandonné le premier, en affirmant nettement son identité de droite et en prenant en compte la quasi-impossibilité, pour un groupe activiste, d’avoir une audience autre que marginale, dans un contexte où le camp nationaliste est tout entier accaparé par la force électorale du Front national (28% des voix aux élections régionales de décembre 2015). En date de 2016, il a adopté un positionnement original, qui lui permet de continuer à s’exprimer en tant que force politique autonome tout en en se plaçant dans l’orbite du FN. Depuis décembre 2015, Philippe Vardon et Benoît Loeillet, deux de ses animateurs historiques à Nice, sont conseillers régionaux de Provence-Alpes-Côte d’Azur, respectivement placés en cinquième et septième position sur la liste frontiste des Alpes-Maritimes. D’anciens cadres de la mouvance (André-Yves Beck à Béziers16) ou d’autres plus récents (Damien Rieu à Beaucaire17, toujours actif au BI), occupent ou ont occupé des fonctions au cabinet de maires frontistes ou « Rassemblement Bleu Marine » élus en 2014. Une cinquantaine de militants identitaires ont, aux municipales de 2014, été candidats sur des listes FN ou RBM18.
Comment s’est effectuée cette évolution et à quelle logique répond-elle ? Après la dissolution d’Unité radicale, le 6 août 2002, qui suivit l’attentat manqué contre le Président Chirac commis le 14 juillet précédent, trois options étaient ouvertes pour les militants, outre l’abandon de la politique : continuer sous un autre nom et en se repliant sur la métapolitique et la géopolitique (c’est ce que fit Christian Bouchet avec son Réseau radical), tomber dans la surenchère de l’activisme violent19 ou devenir un mouvement politique légal, prenant ses distances avec les formes extérieures de la radicalité et révisant au besoin certaines de ses positions passées. Le Bloc identitaire naquit ainsi en avril 2003 et se transforma en parti politique lors de la convention tenue à Orange en octobre 2009. Les Jeunesses identitaires, au départ mouvement de jeunesse du BI, furent présentées dès 2005 comme une formation autonome, bien que les liens interpersonnels entre animateurs des deux structures fussent suffisamment étroits pour suggérer une quasi-identité entre elles. Depuis septembre 2012, date à laquelle Génération identitaire a pris le relais, la distinction d’avec le BI subsiste. Elle permet au BI de ne pas avoir à endosser la responsabilité politique et judiciaire d’actions susceptibles de donner lieu à des poursuites pénales, comme l’occupation du toit de la mosquée de Poitiers (20 octobre 2012) ou, le 26 mai 2013, l’intrusion dans les locaux du Parti Socialiste à Paris.
Se définissant comme la « première ligne de la résistance », mais également comme « un clan » qui se dresse « face à la racaille, face à ceux qui veulent fliquer notre vie et nos pensées, face à l’uniformisation des peuples et des cultures, face au raz de marée de l’immigration massive, face à une École qui nous cache l’histoire de notre peuple pour nous empêcher de l’aimer, face à un prétendu vivre-ensemble qui vire au cauchemar »20, Génération identitaire a une posture de combat, comme en témoigne son emblème, le « lambda » majuscule qui ornait le bouclier des Spartiates. Le BI lui, cherche à montrer l’image d’un mouvement plus politique qu’activiste, doté d’un programme charpenté, qui repose sur quatre axes21 : une « vision de l’homme enracinée dans ses communautés naturelles et historiques », donc ethno-différentialiste, en ce sens qu’elle postule l’incompatibilité de l’islam et de toute forme d’immigration extra-européenne avec la culture de notre continent ; l’opposition à « la globalisation économique, celle qui écrase les peuples », ce qui conduit le BI à se réclamer d’un refus de la marchandisation du monde inspirée par les thèses de la Nouvelle droite ; la prétention à incarner l’écologie sous la forme du localisme, de la lutte contre la démesure (hubris), voire d’une certaine décroissance, mais aussi de l’écologie des peuples22 et enfin construction d’une « Europe politique puissante dégagée de l’OTAN » et « élargie à la Russie ».
Les diverses composantes de ce programme conduisent le BI et ceux de ses cadres qui sont désormais dans l’orbite du FN à pencher résolument en faveur des positions de Marion Maréchal Le-Pen plutôt que de celles de Marine Le Pen ou Florian Philippot. Si les liens sont de nature géographique (Marion Maréchal a dirigé la liste FN en Provence-Côte d’Azur, bastion du BI), ils sont aussi idéologiques. Les identitaires ne sont pas des souverainistes absolus. Leur nationalisme français admet un enracinement dans des régionalismes (breton, provençal, alsacien, etc…) et une articulation avec le sentiment d’appartenance à une culture européenne permettant de dépasser l’idée de Nation. Dans leur période de jeunesse militante, certains ont cru trouver cet idéal dans la pratique des rituels néo-païens (de type solstice) et la référence indo-européenne. Des groupes comme Europe-Jeunesse et Terre et Peuple s’y adonnent encore. Toutefois les cadres du BI ont ensuite réalisé que de telles références, si elles permettaient de conserver un « folklore » militant et une culture de témoignage, cadraient mal avec l’évolution vers l’âge adulte et la volonté sinon de toucher les masses, du moins de jouer un rôle de laboratoire d’idées pour le seul parti nationaliste doté de perspectives de participation au pouvoir ( le FN) et plus largement, pour une grande famille des droites qui concilierait organicisme et défense des libertés économiques, promotion des valeurs morales traditionnelles et modernité, volonté d’abattre le « système » et utilisation décomplexée du marqueur politique de droite. Soit précisément ce qui constitue l’agenda idéologique de Marion Maréchal et à quoi s’oppose le « ni droite, ni gauche » de la direction nationale du parti.
L’un des aspects les plus originaux du parcours intellectuel du Bloc identitaire est par ailleurs la capacité à se réclamer d’une identité européenne influencée, dans les années 1990 par la Nouvelle droite et des écrivains comme Jean Mabire et Dominique Venner pour aboutir, 25 ans plus tard, à une synthèse entre références européennes et catholicisme traditionnel. Pour comprendre ce chemin intellectuel, il faut scruter l’évolution de Dominique Venner lui-même dont le BI semble avoir été proche puisqu’au lendemain de son suicide, le 23 mai 2013, le mouvement saluait « le soldat, le militant, l’intellectuel (…) le camarade qui, naguère encore, nous accordait de son temps et nous prodiguait son amitié »23.
Réconcilier « la plus longue mémoire » et le christianisme
En se donnant la mort le 21 mai 2013 dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, l’écrivain et essayiste Dominique Venner, modèle des générations identitaires au sens large, depuis Europe Action (1964) jusqu’au BI en passant par la Nouvelle droite, a surpris, voire choqué, plus d’un militant de cette droite radicale française dont il avait été une des icônes dans l’activisme, le passage du nationalisme hexagonal au nationalisme européen et enfin la réflexion métapolitique néo-droitière. « Suicide d’un opposant au mariage pour tous » ; « suicide d’un ex-OAS »: ainsi a été annoncée sa mort dans la presse généraliste. Une analyse pour le moins superficielle pour un geste symbolique qu’il convient d’interpréter autrement, si l’on veut comprendre l’idéologie identitaire. Cet historien et essayiste avait été de tous les combats de l’extrême-droite du milieu des années 50 à celui des années 60, décrivant son idéal comme un « ordre militaire et mystique». Il avait ensuite cessé de militer dans des groupes voués selon lui à un activisme stérile et était devenu une des figures de la « Nouvelle droite », dont il partageait l’ethno-différentialisme, le paganisme et l’élitisme. C’est chez lui, en particulier, que le mouvement identitaire a puisé tout le vocabulaire du « soldat politique », du héros spartiate, du code de l’honneur. Venner, comme nombre d’identitaires au départ, était païen, mais il se donne la mort dans une cathédrale. En choisissant ce lieu, pour commettre un acte de surcroît explicitement interdit par la religion chrétienne, il pose Notre-Dame non plus comme un lieu de prières mais comme un symbole du « génie européen » dont se réclama en héritage la mouvance identitaire.
Il transforme la croyance, le dogme, en religion nationale, en composante fondamentale de l’identité française et européenne à laquelle il n’est pas indispensable de croire pour se reconnaître en elle, mais qu’il est indispensable de considérer comme la religion qui a façonné la France pour être français. Il se donne en outre la mort à un moment précis : celui des manifestations, auxquelles participent les Identitaires contre le « mariage pour tous ». Son suicide est un geste à portée politique, qu’il motive ainsi : « Je crois nécessaire de me sacrifier pour rompre la léthargie qui nous accable »24. Le malentendu est de croire qu’il réduisait cette « léthargie » au vote du mariage pour tous. Comme la majorité de son camp politique, il était persuadé que cette loi s’inscrivait dans un contexte général, celui de la destruction programmée, voire déjà largement achevée, de la civilisation européenne par le « mondialisme ». Pour lui cette fin imminente de civilisation résultait au premier chef de ce qu’il appelait « le crime visant au remplacement de nos populations ». C’est-à-dire le changement, selon lui imposé, structurel et définitif du substrat ethnique français et européen par l’immigration et le métissage. Il avait soutenu le Printemps français tout en distinguant bien en son sein deux composantes: une catholique, conservatrice et bourgeoise dont il n’attendait rien et une » identitaire » de laquelle il espérait un sursaut. Cette dernière n’était pas réductible au BI mais elle l’incluait, comme d’autres organisations de la même mouvance parmi lesquelles on peut citer la fondation Polémia, de Jean-Yves Le Gallou, ou encore l’institut Iliade, dirigé par Philippe Conrad.
Le Bloc identitaire, laboratoire de nouvelles méthodes d’action
Le BI s’est distingué des autres mouvements de la droite radicale par sa capacité à innover dans les pratiques d’action militante. Dès sa création, il s’est investi dans ce que les observateurs appellent le « militantisme 2.0 »25 avec une certaine maîtrise des réseaux sociaux, de la vidéo prise sur le vif et envoyée en quasi-direct sur les plateformes de partage et dans la mise en ligne de sites de « réinformation » gratuits, interactifs et présentés comme une alternative aux medias dominants26 : c’est ce que les adversaires du mouvement appellent la « fachosphère ». Cette forme de propagande militante, adaptée aux classes d’âge 18-24 et 25-35 ans, supplante la presse écrite du mouvement, qui consiste en un journal en quadrichromie théoriquement trimestriel (Identitaires) et un certain nombre de fanzines publiés par des groupes locaux27. Le mouvement est également différent des autres en termes d’organisation territoriale : en application de son intérêt pour les régionalismes il a, ou a eu, une structure quasi-fédérale qui agrège des sections dotées d’une autonomie et dont les noms évoquent les identités locales ou régionales, voire les langues régionales : Nissa Rebella (Nice) ; Alsace d’abord ; Rebeyne (Lyon) ; Vox populi Turone (Tours), etc… Il a également intégré la dimension régionaliste dans le combat électoral, en participant à la Ligue du (2,69%) et à la Ligue du Midi (0,68%), qui ont présenté des listes aux élections régionales de 2010, tout comme Alsace d’abord (4,98%).
Le BI a en outre tenté de transposer en France la pratique, ancienne au sein de la droite radicale italienne où Casapound (à Rome) est devenu un lieu emblématique, des locaux militants ayant pignon sur rue et jouant à la fois le rôle de siège d’une section, de maison de quartier, de salle de conférences et de lieu d’activités sociales ou sportives. L’expérience-pilote a été, à partir de 2004, l’ouverture à Nice de La Maioun, actuellement ouverte sous le nom de Lou Bastioun, dans le quartier populaire du Paillon. D’une surface d’environ 150 mètres carrés, visible depuis la rue, ce local comporte une salle de bar pouvant accueillir une soixantaine de personnes, une petite bibliothèque militante, des présentoirs avec les publications du mouvement et une plus grande salle, pouvant contenir une centaine d’invités lors de conférences ou projections de cinéma. Cette dernière est convertie, une partie du temps, en salle d’entraînement aux sports de combat/self-défense, notamment la boxe thaï. Un bureau sert enfin à l’administration de Nissa Rebella28. D’autres locaux semblables existent à Lyon (La Traboule) : ceux ouverts en 2012 à Toulouse et Bordeaux semblent avoir fermé.
On notera pour conclure que les identitaires ont voulu exporter leur doctrine et leurs méthodes d’action. S’ils n’ont pas le monopole des contacts internationaux avec des mouvements-frères, la spécificité de leur histoire est d’avoir créé de toutes pièces un concept (celui d’Identitaire), là où les autres réseaux transeuropéens diffusent des références idéologiques déjà existantes : national-populisme, nationalisme-révolutionnaire ou néo-fascisme. Le Bloc identitaire a fait des émules dans un premier temps en Espagne (Assemblea identitaria), au Portugal (Causa identitaria) et avec le député européen de la Ligue du Nord, Mario Borghezio puis en Allemagne et en Autriche avec le Identitäre Bewegung29. L’un des témoignages les plus intéressants sur le caractère à la fois international et générationnel du mouvement identitaire européen est ainsi l’ouvrage de Markus Willinger, Génération Identitaire: Une Déclaration de Guerre Contre les Soixante-huitards (2014), écrit par un activiste autrichien, ayant fait ses études à Stuttgart, inspiré par un mouvement français et publié par Arktos un éditeur basé en Suède30.
Conclusion
Le Bloc identitaire peut être interprété comme la matrice d’un renouvellement idéologique et générationnel qui a cherché, à partir de la France, à reformuler l’idée d’identité européenne, en tenant compte des apports théoriques de la Nouvelle droite et du nationalisme-révolutionnaire. L’actualisation idéologique essentielle est celle qui consiste, dans un pays (la France), très marqué par la centralisation et l’idée d’État unitaire (« jacobin »), à tenter de penser l’articulation entre régionalisme ( mais pas séparatisme), nationalisme français et conscience d’une unité ethnoculturelle de l’Europe. Le facteur générationnel tient à la jeunesse des cadres du BI et des organisations associées, nés dans les années 1980 et 1990, et qui estiment incarner la génération du rejet des valeurs libérales-libertaires issues de Mai 68.
Le Bloc identitaire est resté un mouvement numériquement réduit (600 personnes présentes à la convention d’Orange de novembre 2012). Il est néanmoins le plus important de l’opposition nationaliste extra-parlementaire. Il avait à sa création un désavantage : être né alors que le FN était déjà, par ses succès électoraux et sa visibilité médiatique, hégémonique au sein de la droite radicale française. Il a su retourner cette situation : d’une part en abandonnant la tactique du « front uni antisystème » utilisée par Nouvelle Résistance, dont les références allant jusqu’au national-bolchevisme trouvaient peu d’échos à droite ; d’autre part, en évitant l’écueil de la surenchère activiste qui a conduit d’autres groupes comme Troisième Voie et l’ Œuvre française à être dissous, enfin en assumant, avec un savoir-faire certain dans le domaine de la communication politique, un rôle d’écoles de cadres et d’aiguillon politique pour cette partie du FN qui voit son avenir dans une recomposition totale des droites entre les élections présidentielles de 2017 et de 2022.
Notes
1 Dirigé par Richard Roudier, à Montpellier, qui a quitté le Bloc identitaire après en avoir animé l’antenne en Languedoc-Roussilon, la Ligue du Midi.
2 Mouvement fondé et dirigé par Pierre Vial et travaillant avec le Thule Seminar, de Pierre Krebs.
3 Mouvement de jeunesse de type Wandervogel, en lien avec der Freibund (Göttingen).
4 L’expression « peuples à la longue à la plus longue mémoire », très utilisée dans la mouvance identitaire, est adaptée de la phrase de Nietzsche : « L’homme de l’avenir est celui qui aura la plus longue mémoire ».
5 Une des rares occurrences du terme dans le monde académique, avant les années 2000, se trouve dans le titre de l’ouvrage de Jean-François Bayart, L’illusion identitaire, Fayard, 1996. Parmi les ouvrages ayant reçu un écho médiatique, on citera : Joseph Macé-Scaron : La panique identitaire, Grasset, 2014 ; Ivan Rioufol : La fracture identitaire, Fayard, 2010 ; Eric Dupin : L’hystérie identitaire, Le Cherche Midi, 2004 ; Daniel Sibony, Le « racisme », une haine identitaire, Seuil, 2001, etc…
6 Voir notamment : Sur la Nouvelle droite. Jalons d’une analyse critique (1994)
7 Marine Le Pen affirme : « Or, l’assimilation constitue le rempart contre le communautarisme qui est l’un des terreaux du fondamentalisme islamiste. Dans sa sagesse, l’antiquité avait résumé cette règle de bon sens : « A Rome, fais comme les romains ! ». Discours à l’université d’Oxford, 5 février 2015. Dans une conversation avec l’auteur (1er juin 2016), Jean-Marie Le Pen expliquait : « Nous pouvons dire aux musulmans : voyez le château de Versailles eh bien, c’est à vous. Mais à condition que vous deveniez français ».
8 Dans Terre et Peuple n°28, été 2006, Pierre Vial annonce « la clé du choc des civilisations : la guerre ethnique, qui est l’aspect le plus important du duel Nord-Sud ». Guillaume Faye, qui participe désormais à des tables-rondes du Bloc identitaire écrit : « La guerre civile ethnique, comme un serpenteau de vipère qui brise la coquille de son œuf, n’en est qu’à ses très modestes débuts ». Cf. son blog intitulé J’ai tout compris : http://www.gfaye.
9 R. Camus : Le Grand Remplacement, éditions David Reinharc, 2011
10 Le »projet politique » du FN, dans sa version de 2015, indique : « Pour ce qui est de l’immigration légale, l’objectif est d’aboutir à un solde de l’ordre de 10 000 étrangers par an dans notre pays ». Il ajoute que pourront être sommés de quitter la France les immigrants en situation légale mais condamnés par la justice ou au chômage depuis plus d’un an.
11 Le Bloc identitaire a organisé le 15 novembre 2014 à Paris des Assises de la Remigration. Le Mouvement pour la Remigration, dirigé Laurent Ozon, un temps membre de la direction frontiste, est un autre groupe identitaire actif sur cette thématique : http://www.
12 L’Archéofuturisme (1998) ;
13 Vial a été conseiller régional FN, puis MNR, en Rhône-Alpes, jusqu’en 2004.
14 C. Bouchet, personnage-clé de la mouvance nationaliste-révolutionnaire depuis les années 1980, s’est progressivement rapproché du FN après la dissolution d’Unité radicale, jusqu’à en devenir le secrétaire départemental en Loire-Atlantique. Il s’en est éloigné fin 2015.
15 Jean-Yves Camus : Une avant-garde populiste : peuple et nation dans le discours de Nouvelle Résistance. In: Mots, n°55, juin 1998.
16 Ancien cadre de Nouvelle Résistance, ancien collaborateur du maire d’Orange, Jacques Bompard, il est désormais directeur de cabinet de Robert Ménard.
17 Nommé fin 2014 directeur adjoint de la communication du maire FN, Julien Sanchez, il semble l’avoir depuis quitté.
18 Entretien avec Fabrice Robert, juin 2014, à Paris
19 En janvier 2003 un sympathisant d’Unité radicale, .J.F.T, âgé de 30 ans, était interpellé pour avoir envisagé de commettre un attentat-kamikaze devant une mosquée parisienne.
20 Présentation du mouvement sur son site : https://www.generation-
22 Le programme du BI mentionne » le respect de la diversité et des écosystèmes humains (lien entre les ethnies, les peuples et leur milieu géographique et culturel) »
24 Sa dernière lettre, qui fait office de testament, est consultable sur l’un des principaux sites de la mouvance identitaire : http://fr.
25 Sur ce point, voir Virchow, Fabian (2015). The « Identitarian Movement »: What Kind of Identity? Is it Really a Movement?. Digital Media Strategies of the Far Right in Europe and the United States (Lexington Books). Virchow, Fabian (2015). The « Identitarian Movement »: What Kind of Identity? Is it Really a Movement?. Digital Media Strategies of the Far Right in Europe and the United States (Lexington Books). pp. 177–190.pp. 177–190.
26 Les principaux sont : http://fr.novopress.
27 Ainsi Malfoutu, publié par la section parisienne nommée Projet Apache, n°1, avril-mai 2010
28 État des lieux, lors de notre visite du 28 août 2015, grâce au concours de Philippe Vardon.
30 <a href="/http://www
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Ceci est une présentation "douce" de la réalité qui est très dure.
J-39 avant les prochaines élections régionales, fédérales et européennes. D'ici le 26 mai, les traditionnels débats et autres interviews en direct vont se multiplier dans les médias d'information. Mais certains partis et personnalités politiques seront absents de ces dispositifs en raison du cordon sanitaire médiatique, effectif en Belgique francophone depuis près de 30 ans. Une pratique souvent assimilée au boycott, à la censure et à une atteinte à la liberté d'expression. À raison? Comment s'applique-t-il concrètement? Pourquoi a-t-il été instauré? Qui est concerné?
Le cordon sanitaire, c'est quoi?
Le cordon sanitaire est d'abord politique. Au début des années 90, plusieurs partis flamands prennent l'engagement ferme de ne pas gouverner avec le Vlaams Blok et de ne pas faire passer des propositions de lois ou de décrets qui nécessitent l'appui de ce parti.
"Il est formalisé en Flandre, puis repris par les familles politiques francophones. Cela va ensuite plus loin au sud du pays où il est décidé d'établir un cordon sanitaire médiatique. L'idée est claire, il ne faut pas donner de liberté aux ennemis de la liberté", commente Jean Faniel, directeur général du CRISP (NDLR: centre de recherche et d'information socio-politique).
Concrètement, les partis jugés antidémocratiques, xénophobes ou racistes, qui véhiculent un discours de haine ne peuvent jouir d'une libre antenne. "Il n'est pas question de ne pas donner la parole aux partis d'extrême droite. Ce dont il est question, c'est de ne pas les laisser s'exprimer en direct", poursuit le docteur en sciences politiques.
"Les médias s'attellent à ce que des propos délictueux, racistes ou négationistes ne soient pas tenus sur leur antennes afin de ne pas être associés au délit. L'approche se veut très juridique à l'origine", avance Marc de Haan, président de l'Association pour l'autorégulation de la déontologie journalistique.
Par qui? À l'encontre de qui?
Lié à la notion de direct, le cordon sanitaire n'est pas pour autant exclusivement réservés aux médias audiovisuels. Les médias écrits sont également conviés à le respecter.
"Les médias de presse écrite et de presse électronique peuvent aussi pratiquer le direct. Techniquement, cela s'avère possible avec le net, notamment. On assimile aussi cette réflexion à l'idée d'accorder une tribune ou une carte blanche. Ce type d'article ne s'apparente pas à une interview où l'interlocuteur est cadré par des questions et commentaires.", souligne Marc de Haan.
La recommandation adressée aux médias par le Conseil de déontologie journalistique prévaut exclusivement pour la campagne électorale. "C'est une période particulièrement sensible car tout un chacun s'attend à ce que son message soit relayé. Mais les principes déontologiques s'appliquent en tout temps", expose Muriel Hanot, secrétaire générale du Conseil de déontologie journalistique.
Au sein de cette recommandation, aucun parti n'est cité nommément. "La position du parti sur le spectre politique n'a aucune importance. Le terme extrême droite n'est par exemple pas mentionné", détaille Muriel Hanot. Mais si après analyse approfondie, il résulte que son programme est antidémocratique, incite à la haine et ne respecte pas les conventions des droits de l'Homme, alors il convient d'appliquer le cordon sanitaire.
"Aux médias de définir la frontière"
"Les conclusions peuvent diverger selon les rédactions. Ce sont les médias qui doivent définir la frontière", reprend Muriel Hanot. "Il n'existe pas de liste scientifique basée sur des critères très pointus. La liberté éditoriale appartient à chaque rédaction."
"À l'époque où le cordon sanitaire a été créé, les idées extrémistes étaient clairement cantonnées dans des partis spécifiques comme le Vlaams Blok ou le Front National (NDLR: les noms de ces partis ont changé depuis lors). Mais elles ont aujourd'hui percolé à d'autres partis politiques, jugés démocratiques, par l'entremise de certaines personnalités, plus que par les programmes", précise Marc de Haan. "Le cordon sanitaire peut donc s'avérer moins opérant, mais on peut très bien l'appliquer à une personne précise sans le généraliser à l'ensemble de son parti."
Une acte de censure?
Souvent associé à tort à un boycott total, le cordon sanitaire s'érige-t-il comme un acte de censure, une entrave à la liberté d'expression? Légitime, la question fait débat depuis près de 30 ans et l'instauration de la pratique.
"Je conteste le mot censure. Dans cette optique, la liberté d'expression serait entravée par une autorité qui aurait le pouvoir de le faire. Ici, on est dans l'opposition entre deux libertés", estime Marc de Haan. "La liberté d'expression de candidats politiques porteurs d'idées extrémistes qui se voit limitée par la liberté d'expression des journalistes, qui ne sont pas de simple porte-micros. Ils ne sont pas obligés de répercuter les propos de tout le monde. Ils ont aussi une liberté de conscience. Les journalistes peuvent estimer qu'il est insupportable de contribuer à la renommée d'idées racistes."
"Assimiler le cordon sanitaire à de la censure est une vision complètement dépassée par les faits. Il y aurait censure si un parti d'extrême droite ne pouvait pas s'exprimer du tout. Mais ces partis ont leurs propres journaux, leurs propres pages Facebook, leurs propres sites internet..."
Quel impact?
Le cordon sanitaire explique-t-il à lui seul les scores électoraux relativement faibles des partis d'extrême droite en Belgique francophone? Jean Faniel nuance.
"C'est l'un des éléments. Mais il ne faut pas oublier non plus que c'est une famille politique composite qui a toujours éprouvé des difficultés à se fédérer. Même lorsqu'elle était à son apogée au milieu des années 90, il y a toujours eu de fortes tensions en interne. Toutes les initiatives menées de manière récurrente par la société civile, les associations et les syndicats pour éduquer la population et lui faire prendre conscience des dangers que représentent les partis d'extrême droite jouent aussi un rôle important."
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14 Sep 2017
Laurent Ozon.
Les populations touchées par l’Ouragan Irma ont été secouées par des crises particulièrement révélatrices : anarchie, pillages, violences inter-ethniques et intersociales, désespoir viral sur les réseaux sociaux, peurs contagieuses, critique de l’absence de moyens de secours et d’assistance des institutions.
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Auteur Basile. Blanche Europe.
Publié le 2 Sep, 2017
Les gauchistes ont une utilité lorsque, cherchant à débusquer du facho jusqu’au néolithique, ils nous permettent de faire connaissance avec des figures de notre histoire dont nous ignorions la grandeur et la pertinence de vues.
Alertés par un article d’un site gauchiste qui nous a étonnés, nous tenions donc à honorer ce jour le quatre-vingtième anniversaire du décès du baron Pierre de Coubertin.
Ce français aux larges vues et à l’énergie intrépide a un nom qui claque comme un fanion dans le vent. Il consacra toute sa vie à un projet magnifique : faire renaître l’olympisme grec après quinze siècles de sommeil.
Lire la suite : Pierre de Coubertin, rénovateur de l’olympisme et défenseur de la santé aryenne.
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En préconisant un Front des Patriotes nous voulons contribuer à mettre en synergie toutes les forces qui ont pour motivation de leur action la base commune devenue aujourd’hui un impératif de survie : face à l’invasion, Résistance et Reconquête.
C’est dans cet état d’esprit que nous mentionnons les prises de position et les opérations organisées par les publications et mouvements qui vont dans le bon sens, celui d’une action militante coordonnée.
Pierre Vial