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On n’entend plus guère les hommes politiques de gauche et de droite, les banquiers, les affairistes et les eurocrates qui nous vantaient les avantages d’une adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Même Obama s’en mêlait qui voulait notre bonheur. Une grande démocratie, un pays moderne, une démographie dynamique…, tout ceci devait stimuler notre croissance bien atone, pérenniser nos régimes de retraite bien fatigués et renouveler notre culture bien sclérosée. Bien sûr, il s’agissait d’un pays musulman, mais son islam était modéré, tolérant, ouvert…
Mais cette Turquie de bisounours n’existe que dans l’imagination de nos édiles. Les Turcs ont rejeté tout ce que leur avait apporté Mustapha Kemal : la laïcité, la promotion des femmes et le panel des libertés. Ils ont préféré « l’islam modéré » de Recip Erdogan. Et ce de manière tout à fait démocratique : Erdogan n’est pas un dictateur, il est réélu haut la main à chaque fois, malgré les affaires de corruption qui plombent son entourage. Les Turcs s’en moquent, ce qu’ils veulent c’est vivre dans un pays islamique pur et dur. Chaque jour, Erdogan serre un peu plus les boulons, et cela plaît aux Turcs qui en redemandent. L’armée et la justice, derniers bastions du kémalisme, ont été mises au pas sans faiblesse. Après tout, les Turcs ont le droit de vivre chez eux comme ils l’entendent ; le tout est qu’ils ne nous demandent pas de vivre comme eux chez nous !
Mais ce n’est pas le pire. Un exemple : Obama vient de constituer une coalition de supplétifs pour lutter contre l’Etat islamique. Non seulement la Turquie – pièce maîtresse historique de l’OTAN sur son flanc sud (contre les Russes) -, refuse d’y participer, mais Ankara a interdit aux Américains d’utiliser l’une des 24 (sic !) bases de l’OTAN éparpillées sur son territoire pour effectuer des raids sur l’Irak ou la Syrie. Etonnant, non ?
Bas les masques ! La Turquie est, avec le Qatar, le soutien indéfectible des Frères musulmans. En Egypte, ils supportaient sans conditions le président Morsi. Le retour des militaires au pouvoir au Caire et l’élimination des Frères musulmans ont failli provoquer une guerre entre les deux pays (retenez-moi ou je fais un malheur). Par ailleurs, l’alliance israélo-turque est un secret de polichinelle : les ennemis de mes ennemis (l’Iran) sont mes amis…
Prenons maintenant le cas de la Syrie. La Turquie sunnite a cherché à abattre l’alaouite Bachar al-Assad et à le remplacer par un pouvoir à sa botte. Mais elle n’a pas soutenu les « démocrates » de l’Armée syrienne libre, tant chéris par les hollando-sarkozystes. Non, elle a favorisé les mouvements sunnites les plus extrémistes. Elle a créé dans le sud de son territoire de nombreux camps d’entraînement où se sont formés les djihadistes de l’Etat islamique et d’al-Nosra. Elle a volontairement transformé sa frontière méridionale en passoire par où transitent hommes, matériels et armes lourdes. Il est notoire que tout apprenti djihadiste qui voulait se battre en Syrie n’avait qu’à prendre un avion pour Istanbul ; de là, il était acheminé sans problème vers les camps d’entraînement via des réseaux qui non seulement n’avaient rien à craindre des autorités turques, mais au contraire bénéficiaient de tout le soutien de l’Etat. Ce sont des milliers « d’Européens » qui ont ainsi transité vers la Syrie. Quant aux Turcs eux-mêmes, ils sont aussi des milliers à avoir suivi le même chemin, car les mosquées et les écoles turques sont de véritables pépinières de djihadistes. : il faut savoir que l’une des composantes de l’EI, la confrérie des Naqshbandi, est très proche d’Erdogan et de son parti, l’AKP.
L’EI s’est emparé des champs pétrolifères de la Syrie. Il en extrait 30 000 barils par jour qu’il revend à des prix défiant toute concurrence à l’Arabie saoudite qui les « blanchit » en Occident. De l’autre côté, Erdogan a refusé de mettre fin à la contrebande qui s’est organisée entre les deux pays. C’est ainsi que l’EI encaisse deux millions de $ par jour ! Tout ceci ne sort pas d’esprits tordus turcophobes ; cet état de fait est dénoncé par l’opposition turque elle-même, le parti CHP.
Quant à nous, on l’a échappé belle, au moins provisoirement. Pensez donc : la Turquie dans l’UE, c’est 85 et bientôt 100 millions de nouveaux Européens, de bons musulmans, dont une grande partie est illettrée et arriérée !
PS : il est possible que la Turquie change de position les jours prochains. Certainement pas par conviction, mais parce que sa situation est devenue intenable au sein de l’OTAN. Et on peut compter sur elle pour « faire le job » a minima.
Alain CAGNAT- Détails
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L’islamisme vient de déclarer une guerre sans merci aux croisés de l’Occident : « Tuez les mécréants partout où vous le pourrez, notamment les « sales et méchants Français ».Nous voici avertis. Le Quai d’Orsay vient de publier une liste de trente pays où les Français ne sont plus en sécurité : la totalité du Sahel, du Maghreb, du Mashrek et du Moyen-Orient : adieu soleil de Djerba et pyramides d’Egypte ! La décapitation d’Eric Gourdel n’est qu’un avertissement.
Mais les Français ne sont pas non plus en sûreté chez eux, dans leur pays qui compte maintenant au moins sept millions de musulmans (plus de trente en Europe) et où reviendront bientôt quelques milliers de fous de Dieu, dont quelques centaines de fauves lâchés dans nos rues. Et où « l’islam de France », représenté par les faux-culs que sont Dalil Boubakeur, le recteur de la mosquée de Paris, Hassen Chalghoumi, l’imam de la mosquée de Drancy, et le leader des Frères musulmans, Tariq Ramadan, n’est qu’une pilule destinée à nous endormir. Ne nous voilons pas la face : l’immense majorité des musulmans de France soutient tacitement les actions des islamistes (où sont leurs grandes manifestations de réprobation ?). Comme pendant la guerre d’Algérie, ils ne tarderont pas à hurler avec les loups, par solidarité ethnico-religieuse.
Quel gâchis ! Voici le prix à payer pour une politique occidentale calamiteuse à l’égard du monde arabo-musulman depuis un siècle. Tout remonte aux manigances judéo-américaines qui ont abouti à la déclaration Balfour de 1915 et à la promesse de la création d’un foyer juif en Palestine. Depuis 1948, les élites par judéophilie et les masses par arabophobie ont soutenu, en toutes circonstances, l’action criminelle d’Israël et de son allié anglo-saxon : nettoyage ethnique des Palestiniens en 1948, opération de Suez en 1956, guerre des Six Jours en 1967, guerre du Kippour en 1973, destruction du Liban à de multiples reprises, invasion de l’Irak en 1991, élimination de Saddam Hussein en 2003, puis de Kadhafi en 2011, manigances contre Bachar el-Assad, blocus inhumain de Gaza…
Les Occidentaux ont détruit l’Irak, la Libye, le Soudan, la Somalie, le Yémen, la Syrie et l’Afghanistan. Ils ont dressé les sunnites contre les chiites, fabriqué les talibans, fermé les yeux sur les agissements de leurs « amis » saoudiens, qataris et turcs qui finançaient et armaient les égorgeurs. A cette désastreuse politique d’intrusion dans le monde musulman, ils ont ajouté un crime encore plus grand : l’introduction en Europe par l’immigration « librement consentie » de dizaines de millions de croyants en Allah, véritable cinquième colonne de la reconquête islamique. Ce sont les Occidentaux qui ont rallumé cette « guerre des mille ans ».
L’incendie se propage partout, dans le Sud du Maroc, en Algérie, en Tunisie, en Libye, en Egypte, au Mali, au Niger, au Nigeria, en Centrafrique, au Soudan, en Somalie, au Yémen, en Irak, en Syrie, au Liban, en Afghanistan, au Pakistan… Les pompiers pyromanes ne savent plus où donner de la tête.
Les nôtres minaudent encore, tenant des discours aussi mensongers qu’incohérents, comme Hollande ou Lévy : « Si on avait bombardé Bachar al-Assad, il y a un an, ce ne serait pas arrivé… ». Sans parler de Fabius qui ne veut pas parler d’Etat islamique, mais de Daesh, pour ne pas froisser nos musulmans à nous. Pauvres imbéciles ! Les Américains, plus pragmatiques, ont compris ; comme disait Bush : « Qui n’est pas avec nous est contre nous » C’est avec l’accord secret de Bachar al-Assad qu’ils bombardent l’EI en Syrie. Ils ont aussi placé devant leurs responsabilités les Saoudiens et les Qataris, dépassés par le Golem qu’ils ont créé.
Mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir : la réconciliation avec l’Iran et avec la Russie, par exemple, deux partenaires indispensables dans cette guerre impitoyable. Le prix à payer sera probablement le nucléaire militaire pour le premier et l’Ukraine pour le second. Car les Occidentaux doivent cesser de se mentir. Notre ennemi, ce n’est pas la Syrie de Bachar al-Assad, la Russie de Poutine ou l’Iran des mollahs, comme ne l’étaient ni la Libye de Kadhafi ou l’Irak de Saddam Hussein ; aucun d’entre eux ne voulait ou ne veut nous faire la guerre. Notre ennemi, ce sont les sunnites fanatiques qui veulent la mort des infidèles que nous sommes, les salafistes, les wahabbites et les Frères musulmans soutenus par l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie. Voici nos vrais ennemis !
Mettons-nous quelques instants dans la peau des djihadistes. Une action même pas coordonnée mais simultanée, visant la France par l’exécution d’une trentaine d’otages à travers le monde et l’explosion de quelques bombes bien meurtrières dans les grandes métropoles du pays, aurait raison de la République. Voici ce à quoi nous sommes arrivés par le biais d’une politique uniquement motivée par le soutien à Israël et l’accaparement de la manne pétrolière : un gigantesque bordel nous attend, y compris chez nous, contre lequel nos bombes atomiques et nos porte-avions ne servent à rien.
Alain CAGNAT
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Jeudi 12 juin, des islamistes membres du groupe jihadiste de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont pris le contrôle de la ville de Tikrit, chef-lieu de la province de Salaheddine, en Irak. Mossoul, la deuxième ville du pays, est déjà tombée entre leurs mains. Ils projettent d'attaquer ensuite Samarra. La route Vers la capitale Bagdad s'ouvre inéxorablement. Lors de cette progression vers le sud du pays, les islamistes ont libéré plus de 300 prisonniers. Ce qui ne peut que renforcer leurs troupes et leur emprise sur cette région.
Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), cette insurrection a poussé plus de 500 000 personnes à l'exode dans la région de Mossoul. Les Irakiens peuvent remercier les Etats-Unis d'avoir apporté la Démocratie et les Droits de l'Homme. Il est vrai que depuis leur immonde déclaration de guerre en 2003, l'Irak est devenu un pays pacifié où il fait si bon vivre... Les attentats pratiquement quotidiens et le développement des groupes islamistes ne sont que les conséquences de l'invasion américaine. Si le pays a sombré dans un tel chaos, il ne faut pas chercher bien loin les responsables : merci qui ? Merci les Yankees !
Yann
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En ce premier anniversaire de l’ « insurrection libyenne », et alors qu’une « résistance verte » dont il est difficile d’évaluer la force réelle, semble être en mesure d’opérer sur la totalité du territoire, la Libye apparaît comme étant coupée en trois :
La Cyrénaïque n’accepte pas les décisions prises depuis Tripoli par le CNT. De plus, et les journalistes ne l’ont naturellement pas vu, les tensions y sont fortes entre les islamistes fondamentalistes et les membres des confréries soufies dont le poids régional est important. Les premiers pourchassent les seconds en les traitant d’hérétiques et des heurts se sont récemment produits lors des processions traditionnelles. Les fondamentalistes ont commis l’irréparable le 13 janvier, à Benghazi, quand ils ont passé un cimetière au bulldozer et profané une trentaine de tombes de saints - les marabouts du Maghreb -, dont ils ont dispersé les ossements. Pour eux, les rassemblements autour de leurs tombeaux, l’équivalent des moussem du Maroc, ne sont rien d’autre que de l’idolâtrie, donc du paganisme.
Le sud de la Libye a éclaté en deux zones qui, toutes deux, échappent totalement au CNT. Celle de l’ouest, peuplée par des Touaregs constitue la base arrière de l’insurrection qui embrase le nord du Mali depuis le mois de janvier dernier. Dans le centre/sud/est, des combats ont éclaté entre Toubou et Arabes. Comme il est peu probable que les ombrageux toubou du Tchad laissent leurs frères du Nord se faire massacrer sans réagir, un autre front risque donc de s’ouvrir avec tous les risques de contagion qui en découleraient.
La Tripolitaine est quant à elle coupée en quatre :
- Misrata est aux mains de milices gangsgtéro-fondamentalistes unanimement détestées. Ce furent leurs membres qui massacrèrent le colonel Kadhafi et qui tranchèrent les mains de son fils.
- Au Sud, la tribu des Warfalla qui, à elle seule totalise environ 30% de la population de la région, refuse de reconnaître l’autorité du CNT.
- Tripoli est sous le contrôle de milices rivales qui n’obéissent qu’à leurs chefs respectifs, le président du CNT, M. Mustapha Abd el-Jalil, étant quant à lui totalement impuissant.
- Pour le moment, les seules forces « solides » sont les milices berbères de Zentan et du jebel Nefusa. Celle de Zentan est composée de Berbères arabophones, cousins de ces Berbères berbérophones dont le centre est la ville de Zouara et qui peuplent une partie du jebel Nefusa autour de Nalout et de Yafran. Pour mémoire, les berbérophones -et non tous les Berbères-, totalisent +- 10% de la population libyenne, mais comme ils vivent à plus de 90% en Tripolitaine, ramenée à cette seule région, ils y sont +- 20%.
Les miliciens de Zentan qui détiennent Seif al-Islam, le fils du colonel Kadhafi, jouent pour le moment une subtile partie de poker menteur. Pour tenter d’y voir clair il faut avoir à l’esprit que :
1) Les berbérophones savent que le CNT suivra une politique arabo-islamique niant leur spécificité et qu’ils n’ont donc rien à attendre de lui.
2) Les Berbères arabophones de Zentan n’ont rien obtenu de tangible du CNT et, pour le moment, ils refusent donc de coopérer avec lui.
3) Les Warfalla ainsi que la tribu du colonel Kadhafi, adversaires naturels du CNT, sont en attente.
Si ces trois forces qui représentent ensemble +- 70% de la population de la Tripolitaine, s’unissaient, elles en prendraient facilement le contrôle. Or, avec Seif al-Islam, les Zentaniens ont dans leur jeu une carte maîtresse, ce dernier étant en mesure de leur apporter l’appui outre des Warfalla et des Kadhafa, celui également des Touaregs et des Toubous. Le seul problème est que la justice internationale a émis contre lui un mandat d’arrêt.
C’est autour de ces données complexes et mouvantes qu’un âpre et discret marchandage a lieu en ce moment en Libye. A suivre…[1][1]
Bernard Lugan
18/02/2012
[1][1] Pour recevoir mes communiqués dès leur parution, il vous suffit d’envoyer votre adresse mail à
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La crise libyenne, aspiration démocratique ou éclatement des alliances tribales ?
Personne ne regrettera le satrape libyen responsable de multiples attentats, de nombreux crimes et de la déstabilisation de régions entières de l’Afrique. Ceci étant, laissons l’émotionnel aux amateurs de superficiel et les pamoisons aux journalistes, pour ne nous intéresser qu’au réel. La fin de Kadhafi qui risque d’avoir des conséquences dont nous sommes loin de mesurer l’ampleur est en effet moins une aspiration démocratique populaire que la manifestation de l’éclatement de l’alchimie tribale sur laquelle reposait son pouvoir.
A la différence de la Tunisie ou de l’Egypte, la Libye dont plus de 90% du territoire est désertique, n’est en effet pas un Etat, mais un conglomérat de plus de 150 tribus divisées en sous tribus et en clans. Ces ensembles ont des alliances traditionnelles et mouvantes au sein des trois régions composant le pays, à savoir la Tripolitaine avec la ville de Tripoli qui regarde vers Tunis, la Cyrénaïque dont la capitale est Benghazi et qui est tournée vers Le Caire et le Fezzan dont la principale ville est Sebba et qui plonge vers le bassin du Tchad et la boucle du Niger.
De l’indépendance de la Libye en 1951 jusqu’au coup d’Etat qui porta le colonel Kadhafi au pouvoir en 1969, la Libye fut une monarchie dirigée par les tribus de Cyrénaïque. Membre d’une petite tribu chamelière bédouine, le colonel Kadhafi fut porté au pouvoir par une junte militaire multi tribale mais dans laquelle dominaient les deux principales tribus de Libye, celle des Warfallah de Cyrénaïque et celle des Meghara de Tripolitaine. La plupart des tribus de Cyrénaïque demeurant attachées à la monarchie, le colonel Kadhafi réussit un grand coup politique en épousant une fille du clan des Firkeche membre de la tribu royale des Barasa, ce qui lui assura le ralliement de la Cyrénaïque rebelle.
Or, aujourd’hui, c’est tout son système d’alliance avec la Cyrénaïque qui a volé en éclats. La date clé du délitement tribal du système Kadhafi est 1993 quand un coup d’Etat des Warfallah fut noyé dans le sang. Les haines furent ensuite tues tant la terreur imposée par le régime fut forte, mais les tribus de Cyrénaïque n’attendaient qu’une occasion pour se révolter et elle se présenta durant le mois de février 2011. Elles s’emparèrent alors de la région et arborèrent le drapeau de l’ancienne monarchie.
Kadhafi avait certes perdu la Cyrénaïque, comme les Turcs et les Italiens avant lui, mais il lui restait la Tripolitaine et le Fezzan. Dans ces deux régions, le régime avait également constitué de subtiles alliances tribales. Au moment où ces lignes sont écrites, à savoir le 27 février 2011, certaines tribus ont ainsi quitté le camp Kadhafi, mais les grandes solidarités demeurent, même si elles sont chancelantes.
A court terme, le principal danger qui menace le colonel Kadhafi n’est pas la Cyrénaïque séparée par plus de 1000 km de désert de la ville de Tripoli ; ce n’est pas non plus la surréaliste armée libyenne et encore moins les volontaires que l’on voit parader dans les rues de Benghazi ou de Tobrouk. Tout est en effet suspendu au choix que vont faire les chefs de la tribu guerrière des Megahra qui domine en Tripolitaine. Longtemps alliée à celle de Kadhafi, les Khadîdja, elle donna un temps le numéro 2 du régime en la personne du commandant Abdeslam Jalloud avant sa disgrâce de 1993 quand il fut suspecté d’avoir noué des liens avec les putschistes warfallah. Si les Megahra demeurent loyaux ou même neutres, Kadhafi se maintiendra un temps encore au pouvoir sur une partie du pays. Dans le cas contraire, il se trouvera alors véritablement en difficulté et contraint de se replier sur sa seule tribu laquelle n’est forte que de 150 000 membres.
Si les Meghara abandonnaient Kadhafi, cela voudrait dire qu’ils ont l’intention de s’emparer du pouvoir et la Libye serait coupée en deux, la Tripolitaine et la Cyrénaïque se trouvant dominées par les alliances tribales constituées autour des Warfallah et des Meghara. La question qui se poserait alors serait celle de la survie de l’Etat libyen.
Ces deux ensembles se combattront-ils ou bien se partageront-ils le pouvoir dans un cadre fédéral ou confédéral ? Nous l’ignorons, mais le danger est de voir apparaître une situation de guerres tribales et claniques comme en Somalie. Elles pourraient être suivies d’un éclatement en plusieurs régions, ce qui ouvrirait un espace inespéré pour Aqmi qui prospérerait au milieu du chaos avec en plus, dans le sud du pays, une dissidence toubou qui aurait des répercussions au Tchad, et des initiatives touareg auxquelles pourraient s’adosser l’irrédentisme touareg du Mali et du Niger ; sans parler, naturellement des conséquences pétrolières qu’aurait un tel conflit.
Bernard Lugan
27 février 2011
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De Sarajevo (1914) à Sarajevo (2009) en passant par Sarajevo (1993)
Mon premier mouvement aurait plutôt intitulé cette chronique en paraphrasant la suite des Trois mousquetaires : "20 ans après". Les guerres de Yougoslavie nous paraissent achevées, faute du moignon de la moindre structure géographique se référant encore elles-mêmes à cette appellation. Il pourrait donc se révéler nécessaire sinon profitable d’en faire désormais sereinement le bilan. Ne serait-ce que pour conjurer l’hypothèse d’un retour de ce cauchemar, certaines braises incandescentes couvant encore sous la cendre.
Hasardeux, dans un tel exercice, que de prétendre totalement à l’objectivité. Les voix de la vérité clament en général moins passionnément que celles de la tribu.
Aujourd’hui par conséquent, nous pouvons, nous devons établir le bilan de la catastrophe qui s’est produite ces 20 dernières années sur les lieux d’apparition de la première guerre mondiale, lieux de rivalités séculaires et mortifères entre le germanisme et le slavisme, mais également d’intrigues permanentes de Londres, de Paris, de Vienne ou de Venise.
La pseudo fédération, organisée en 1949 par l’aventurier trotskiste Tito sur la base d’un maillage pervers de 6 soi-disant républiques et 2 régions prétendument autonomes, ne pouvait durer.
Elle survécut chaotiquement quelques années à la mort du dictateur. Une certaine doctrine Badinter de 1991 crut pouvoir ériger en sujets de droit international les parts de ce découpage artificiel. Au bout du compte, sont apparues, à ce jour, 7 nouvelles petites entités étatiques dont 2 d'ores et déjà gouvernées par des musulmans.
Rassurerais-je les profiteurs de tous les conflits en rappelant que d’autres pourront leur permettre de vendre des avions ou des kalachnikov ? Restent encore à partager les 3 composantes de la fragile Bosnie-Herzégovine, issue des accords de Dayton de 1996, dont on juge actuellement à La Haye l’un des signataires. Plus tard on pourra d'ailleurs imaginer encore de dépecer les territoires hongrois de
Que d’inextricables complications en perspective !
Que de belles occasions pour les souverainistes de notre Hexagone ! Cela leur permettra de ricaner grassement des impuissances bruxelloises et strasbourgeoises, auxquelles ils émargent confortablement eux-mêmes. Et le si péremptoire général Gallois dénoncera jusqu’à son dernier souffle la faute, dans toutes ces affaires, des méchants Allemands, en espérant trouver, enfin, des clients pour le "meilleur avion du monde", Serge Dassault dixit, mais qu’aucune armée du monde n’a encore acheté. Le monsieur te dit : c’est la faute aux Allemands. Peut-être même pourra-t-on soupçonner celle des Luxembourgeois. Va savoir avec tous ces paradis fiscaux.
Faut-il applaudir à ce bilan, le juger comme très positif pour l’idée européenne ? Qu’on me permette de ne pas le considérer tout à fait.
Aujourd’hui précisément après plus de douze années de fonctionnement occulté la fédération croato-musulmane de Bosnie-Herzégovine semble à la veille d’exploser. La joyeuse petite supportrice de la photo fêtait à Mostar, en juin 2008 la victoire, sportive donc pacifique de
Aujourd’hui dans la même région, les musulmans de Bosnie après s’être alliés aux (gentils) catholiques croates pour éliminer les (méchants) Serbes orthodoxes humilient de plus en plus, et marginalisent leurs alliés d'hier.
Le discours islamiste de Bosnie accorde une grande place à un passé plus ancien, celui du paradis ottoman, et se réjouissent à l'idée de son retour. Le nationalisme bosniaque trouve même ses fondements dans une curieuse thèse historique. Il existerait, nous assure-t-on, une continuité entre l’hérésie dualiste des bogomiles du Moyen Âge, celle qui donna naissance au catharisme occitan, et le ralliement au conquérant turc. Par cela, on entend souligner que les descendants de ces Européens devenus musulmans détiendraient, sur
D'autres se tournent plus explicitement encore vers l'avenir radieux par la voix de Dzemaludin Latic appelant à la révolution culturelle bosniaque et proclamant Sarajevo capitale religieuse et culturelle de tous les musulmans des Balkans et d’Europe :
"la culture ottomane est en train de renaître dans toute sa splendeur et son élan, comme un soleil lors d’un jour nuageux, sur le continent européen. Quand aura-t-on un État puissant et ordonné, notre propre système musulman des médias, notre foyer bosniaque, pour cesser de trembler devant les bottes et les tanks étrangers ?"
Sa réponse et son espoir se fondent sur "la revitalisation de la civilisation islamique et ottomane" et sur la perspective "qu’après l’adhésion de
D'autres enfin se rallient au wahhabisme importé d'Arabie saoudite et financé par elle.
Le 19 mars dernier la protestation des Croates contre cette pression de plus en plus arrogante passait à un nouveau stade par la voix d'un certain nombre de mouvements croates l’association Un gouvernement alternatif et l’ONG Croatia Libertas qui ont choisi Leo Plockinic pour leur porte parole :
"Le sort des Croates est le pire des trois groupes principaux de Bosnie et ils sont soumis à l’assimilation par la majorité musulmane. L’un des problèmes les plus importants en Bosnie est la fusion de la politique bosniaque et de l’islam, qui transforme
Rappelons qu’en 1913 le régime autrichien en vigueur à Sarajevo organisait les nationalités sur la base des confessions religieuses. Or il ne recensait dans ce pays qu’une petite minorité de confession mahométane, etc.
Faut-il se satisfaire, à près de 15 ans de retard sur l’encyclique Ut unum sint de Jean-Paul II de 1995 des progrès de l’unité chrétienne ?
Ne mélangeons pas tout direz-vous, l’Europe et le christianisme.
Je me demande au contraire si l’Europe n’a pas d’abord à se réconcilier avec sa propre histoire et avec des conflits idéologiques dont la trace remonte à l’apparition de l’Utopie étatiste au XVIe siècle, puis à cette catastrophe qu'on appelle
Ainsi l’Espagne fut-elle livrée à ses conquérants de 711, qui l’occupèrent huit siècles. Ainsi s’apprête-t-on à faire de même dans le sud est européen plateforme pour la conquête et l'asservissement de nos capitales.
JG Malliarakis
Source : http://www.insolent.fr