Catégorie : Economie organique

 

La variété des conceptions rend difficile tout effort de synthèse. Depuis le simple syn­dicat mixte qui englobe tous les éléments pro­fessionnels et qui a « pour principe essentiel la liberté » (1), jusqu'au « corporatisme pur » qui fait de l'Etat lui-même une sorte de super ­corporation (2), nous trouvons toute une gamme de doctrines. Les unes s'inspirent du Moyen-âge, insistant sur la paix sociale et la moralité ; elles ont parfois un certain parfum de romantisme et de poésie. Les autres visent à être scientifiques, mettent l'accent sur la recherche du bien commun et la restauration du principe d'autorité ; elles ont de la force, voire de la rudesse. Beaucoup sont sommaires, se bornant à critiquer des thèses adverses et à nous fournir des esquisses de réglementa­tion pratique, applicables à des cas déter­minés.

La variété des doctrines étrangères.

Il est surprenant qu'il y ait aussi diversité de doctrines dans le pays qui passe pour un modèle de réalisation corporative : l'Italie.

A en croire G. Arias (3), les fins publiques se substituent aux fins privées dans le régime corporatif, au point que l'individu, lors des choix par lesquels il exerce son activité, se laisse guider par sa « conscience corporative » et non par son intérêt personnel, et que l'en­trepreneur se conforme à ce qu'il croit être l'intérêt public (4).

Suivant Fovel (5), le corporatisme est une doctrine productiviste, c'est-à-dire d'augmen­tation de la production. Dans ce but, il con­vient d'éliminer le revenu du capital. Cette thèse est donc avant tout anticapitaliste.

Pour Ugo Spirito (6), l'Etat moderne n'est ni transcendant, comme en régime libéral, ni bureaucratique, comme en régime socialiste, il n'est pas surajouté à l'individu, il est la nation elle-même qui absorbe l'homme par l'intermédiaire de la corporation. L'écono­mie se trouve subordonnée à l'Etat ainsi compris et tous les phénomènes économiques sont systématisés en vue de fins d'ordre éta­tique. La corporation se présente à la fois comme une solution des antagonismes « pu­blic-privé » et « capital-travail » ; elle aboutit à une fusion de l'individu et de l'Etat du point de vue économique.

Comme le remarque G. Arias avec raison et non sans vivacité, cette dernière concep­tion est contraire à celle qui inspire la Charte du Travail italienne. Celle-ci, en effet, dans la déclaration VII, affirme le principe de l'initiative privée et distingue nettement l'in­dividu et l'Etat du point de vue économique. « Les organisateurs d'entreprises, lit-on, sont responsables vis-à-vis de l'Etat de la direction de la production. »

Passons à des auteurs moins hardis. Marco Fanno regarde la corporation comme un moyen de remédier aux crises, c'est-à-dire aux fluctuations des prix dans le temps. Il décou­vre la cause de ces mouvements dans un fait structurel qui est non pas précisément la lon­gueur du processus de la production, dont cer­tains économistes français ont parlé, mais la différence dans la durée des cycles productifs des biens instrumentaux et de ceux des biens directs (de consommation). Les variations de la demande de ces derniers biens se répercu­tent de manière inégale à travers les stades de la production, en sorte que les chefs d'en­treprise, isolés, commettent de multiples erreurs de calcul et ne parviennent pas à ajuster leur offre à cette demande ultérieure changeante. La corporation, ayant une vue globale des entreprises, est à même de mieux connaître, de mieux calculer, de mieux pré­voir, et d'imposer une discipline de l'offre (7).

En généralisant la conception de Marco Fanno, on peut se faire une idée de celle d'Ugo Papi qui fait du corporatisme une doc­trine d'assurance non seulement contre la crise, mais contre tous les risques économi­ques. Cette assurance porte sur l'individu et sur l'affaire elle-même : elle vise les revenus à leur source (8). La propriété privée, l'ini­tiative individuelle, la faculté d'épargne sont préservées, mais une « discipline unitaire » est instituée. Par exemple, la corporation décide s'il convient ou non, en raison de la situation du marché, de permettre la création ou l'extension d'une entreprise.

Ugo Papi n'ignore pas que le système cor­poratif fait surgir une nouvelle bureaucratie et il recommande une « réduction systéma­tique du coût », conformément à la déclara­tion VIII de la Charte du Travail, c'est-à-dire l'obtention d'une production plus économique et non la simple amputation des revenus exis­tants. Pour y parvenir, il compte sur l'intervention de l'Etat, non pas « occasionnelle et incohérente sous la pression des intérêts les plus puissants », mais « ordonnée et cons­ciente des répercussions », conformément au double principe d' « intégralité dans la tutelle des intérêts existants » et « d'adhérence à la réalité du marché ». Ces deux normes corres­pondent au quatrième caractère général que nous avons indiqué ; elles signifient que les dirigeants du système, grâce à la vue d'ensem­ble qu'ils possèdent, d'une part contrôlent toutes les activités de manière à obtenir leur meilleur aménagement, et d'autre part règlent leur action d'après les conditions du milieu sans obéir à des dogmes.

Particulièrement instructive pour nous est la thèse d'Agostino Lanzillo (9), car elle se situe aux antipodes de celles de Fovel et de Spirito ; elle est réaliste et prouve que le cor­poratisme d'association avait d'éminents partisans dans l'Italie de 1936.

Selon cet excellent auteur, la corporation est un « regroupement des entreprises, des forces de travail, des activités, des échanges, sous le contrôle de l'Etat, par grandes bran­ches de la production, en vue d'une coordination rationnelle des entreprises et des facteurs de production et d'une distribution équitable du produit dans la sphère des intérêts écono­miques et moraux de la Nation ». La corpo­ration n'est pas un organe d'Etat, au contraire, elle est autonome par essence et même elle se présente comme « la négation dialectique de l'Etat » puisqu'elle apporte une «  solution intégrale des problèmes de structure » et exerce ses fonctions « en dehors de l'Etat et même, s'il y a lieu, contre l'Etat ».

Malheureusement, « la structure corpora­tive italienne présente le défaut d'être née par la volonté de l'Etat », elle n'est pas sortie de « l'humus social ». D'où des incertitudes à ses débuts. Mais la corporation ne doit pas prépa­rer une planification qui serait une préface du socialisme. Elle n'est ni révolutionnaire, ni anticapitaliste, elle apporte une heureuse solu­tion « à la contradiction qui existe entre les exigences de la vie sociale et l'incapacité de l'Etat ».

A. Lanzillo nous apporte donc une théorie remarquable de corporatisme anti-étatiste.

Filippo Carli rapproche l'économie corpo­rative de l'économie néo-classique (10). D'après lui, la psychologie de l'individu est en partie déterminée par les groupes auxquels cet individu appartient, notamment par l'Etat, synthèse des citoyens et fait spirituel. La recherche de l'équilibre ne doit pas être reje­tée, elle doit au contraire être étendue, de manière à obtenir un équilibre à la fois dyna­mique et multiple, c'est-à-dire « économique, éthique, psychique, démographique, juridi­que ». L'ordre économique n'est que l'aspect hédonistique de l'ordre politique. Le théori­cien peut retenir cet aspect pour étudier une « économie pure » du corporatisme. L'homo corporativus, sujet d'une telle économie, pro­cède à des calculs analogues à ceux auxquels se livre l'homo economicus, mais en tenant compte à la fois de ses intérêts et de ceux de la corporation dont il dépend (calcul hédonis­tique synthétique). L'économie orthodoxe n'est pas niée, elle est complétée.

Cette manière de présenter le problème est très acceptable, car l'économiste a toujours la faculté d'abstraire pour mieux étudier, mais il est à peine besoin de remarquer que l'homme réel tient généralement peu de compte des intérêts de son groupe lorsque celui-ci est très étendu, ce qui est le cas de la corporation. Un tel fondement doctrinal donne nais­sance à de grandes difficultés. Les prix, par exemple, doivent être coordonnés de manière à satisfaire aux exigences à la fois des indi­vidus et des groupes.

Pour F. Vito, l'économie politique étudie les moyens de parvenir à certaines fins et ces fins, qu'il résume dans les mots « justice sociale », sont des données morales et politi­ques. La justice est satisfaite lorsqu'une compensation est offerte à quiconque fournit un effort utile à la société et non à l'entre­prise. Par exemple, le salaire est rémunéré d'après l'utilité sociale de la prestation accom­plie et non conformément à l'intérêt pécu­niaire de l'entrepreneur, en d'autres termes, selon la productivité sociale et non selon la rentabilité individuelle. La corporation est l'instrument qui, sous l'égide de l'Etat, « assure la discipline unitaire, organique et totalitaire de la production », en appliquant l'activité à des buts d'intérêt national (11). Les pouvoirs publics, on le voit, ont une mission difficile à remplir : préciser les fins et inciter les indi­vidus à les atteindre. L'économique est le

corollaire d'une éthique et d'une politique (12).

Théoriquement donc, l'économie corpo­rative ainsi comprise n'est pas purement et simplement étatiste. « Tout en conservant l'initiative individuelle et la propriété privée, on cherche à obvier aux désordres de la con­currence grâce à l'instauration d'un système de discipline de la production dans lequel les intéressés conservent le rôle principal. Tel est le système de l’autodiscipline de la produc­tion institué par le corporatisme » (13). Il y a là une forte base individualiste : le salut doit en principe venir d'un acte de volonté.

Mais les corporatistes ne croient pas au jeu des automatismes et à l'harmonie des intérêts ; à cet égard, la divergence éclate avec les classiques : « Dans l'Etat corporatif qui considère l'homme tel qu'il est, l'initiative privée n'est pas niée, elle est reconnue en tant qu'elle s'accorde avec les intérêts de la collectivité » (14). Mais s'accorde-t-elle d'elle-même ? Le corporatiste se méfie des tendances naturelles à l'homme, consacrées par de mau­vaises habitudes, et recourt à l'Etat pour les combattre. Cette direction étatiste s'exerce par l'intermédiaire de la corporation et là est la différence avec les associations à caractère de monopole : ces dernières s'orientent vers la défense des intérêts privés, tandis que la cor­poration est orientée vers l'intérêt national. Et c'est ainsi que l'étatisme s'étend, soit tempo­rairement si on regarde l'homme comme capable de s'amender et d'aboutir à l'autodiscipline souhaitée, soit définitivement si l'on est moins optimiste. « L'organisme typi­que à qui est confié le soin de discipliner la production dans le système italien est la corporation, bien que cette discipline soit exercée directement par l'Etat dans certains secteurs à titre temporaire ou définitif » (15).

 Remarquons que la théorie, ainsi comprise, se présente toujours comme celle d'une éco­nomie de bien-être, mais en précisant « bien-être collectif » ; elle n'est pas a priori une économie de puissance, bien qu'elle le soit devenue en Italie. Elle repose sur ce postu­lat que l'Etat, à défaut de l'individu isolé ou groupé, sera capable d'orienter le système de manière à obtenir le bien-être et en même temps la justice. Que l'individualisme n'y par­vienne pas complètement, c'est l'évidence même ; l'homme est récompensé non seule­ment suivant son mérite, mais encore suivant sa chance ; il ne peut en être autrement dans un système de liberté relative, car on ne sau­rait supprimer le hasard sans instaurer un régime d'autorité totale. Mais que les diri­geants soient capables de faire mieux, c'est une autre question. L'action du hasard peut être considérée comme la rançon de cette liberté dont chacun profite et qui est source à la fois de responsabilité et de risques. Chacun n'a, en principe, qu'à s'en prendre à lui-même s'il ne parvient pas à ses fins, et l'Etat, tou­jours présent dans une société individualiste, a pour rôle de remédier aux conséquences fâcheuses des circonstances imprévues. Nous n'avons ici ni à décrire, ni à défendre ce système qui a incontestablement de la gran­deur, puisqu'il repose sur une notion de per­sonnalité humaine, mais nous sommes fondés à nous demander si les résultats de l'action corporative, temporairement ou définitive­ment étatiste, seront tels qu'ils compenseront la perte de la liberté individuelle. Le bien-être collectif repose sur une augmentation de la production, qu'aucune contrainte et sans doute aucune persuasion ne permet d'obtenir aussi bien et aussi vite que l'intérêt person­nel ; la justice sociale repose, comme le veut M. Vito, sur une rémunération conforme à l'utilité sociale de la prestation accomplie. Mais comment apprécier cette utilité ? C'est aux dirigeants à le faire. Tout dépend de la qualité des agents chargés de la direction et c'est un problème d'élite qui se pose, problè­me auquel nous sommes constamment rame­nés dans notre société actuelle, quel que soit le régime adopté.

Si de l'Italie nous passons au Portugal, autre pays corporatif qui a récemment attiré les regards, nous trouvons des idées analo­gues à celles que nous venons d'exposer. Citons quelques excellents auteurs : M. Caetano, C. Gonçalves, M. de Figueiredo, Da Costa Leite Lumbrales, José Joaquin Teixera Ribeiro, Pereira dos Santos. Le premier de ces écrivains notamment (16) explique que le corporatisme est un système comportant une conception complète d'organisation sociale. D'après lui, il existerait une sociologie corpo­rative dont se détacheraient une économie corporative, une politique corporative et un droit corporatif. Le principe de cette socio­logie serait personnaliste. La distinction entre l'individu et la personne, qui est en honneur aujourd'hui parmi les tenants du personnalisme et qui leur permet de faire figure d'adversaires à la fois des anciens libé­raux et des modernes socialistes, était faite déjà par des auteurs portugais. La « per­sonne » serait l'homme concret et social par opposition à « l'individu » qui correspondrait à un être économique abstrait et isolé (17). L'économie corporative est donc « intégraliste » puisqu'elle concerne l'homme « inté­gral », elle est morale et sociale, elle doit servir à des fins supérieures. Ainsi le capital a pour but l'utilité sociale, c'est-à-dire doit être socialement productif ; là seulement est sa justification. L'Etat corporatif, de son côté, unit un pouvoir fort et unitaire à une large décentralisation des fonctions adminis­tratives conférées à des entités juridiques autonomes sous la tutelle du Gouvernement.

L'économie corporative comme économie de groupes.

Essayons de dégager les grandes lignes d'une théorie de l'économie corporative : celle-ci nous apparaît essentiellement comme une économie de groupes, qu'elle soit d'Etat (imposée) ou d'association (spontanée). Elle se présente comme une extension et une accentuation du mouvement de concentra­tion que l'on constate à l'époque moderne dans l'industrie et le commerce.

La corporation peut faire partie d'autres groupements ou elle-même être divisée en groupements, mais elle demeure l'unité du système.

Le point de vue économique.

Dans l'ordre économique proprement dit, tout dépend de la réalisation d'un équili­bre entre les groupes et non plus entre les individus.

 Insuffisances et dangers du corporatisme d'association.

S'il s'agit d'un corporatisme d'association, la lutte entre les entreprises, que déplorent les adversaires du libéralisme, est remplacée par une lutte entre les collectivités. Celles-ci elles-mêmes ne sont parfois que des façades, car dans tout groupement il existe des entre­prises particulièrement puissantes et actives, des « centres de force », comme l'écrit Pantaleoni, qui font prédominer leurs propres inté­rêts (18). Le monopole, si amèrement repro­ché aux individualistes, est généralisé, ren­forcé, sanctionné. Le « jugement corpora­tif » risque d'être un jugement hédonistique collectif et même individuel dans le cas dont nous venons de parler. Les corporations ont sur les cartels ce surplus de force qui leur vient du nombre et de la cohésion de leurs membres. Déjà les cartels, dit-on, réalisent une économie de groupes, mais ils réussissent rarement à englober toutes les entreprises de

la branche de production envisagée, une concurrence résiduelle ou potentielle sub­siste, et bien souvent des concurrences par­tielles se perpétuent même entre les entre­prises cartellisées en portant sur la qualité, la présentation, les délais de livraison, etc... Dans la plupart des cas, nous sommes aujour­d'hui en face de ces « marchés imparfaits » sur lesquels s'est exercée la sagacité des modernes économistes. Le système corporatif au contraire ne laisse plus qu'une alternative entre deux formes de monopole dont nous aurons à parler.

Enfin, en raison de sa cohésion, le groupe est puissant et il est doué, comme tous les organismes vivants, d'une force d'expansion dont les grandes entreprises privées nous fournissent maints exemples (19). L'autodiscipline devrait consister alors en une auto­limitation, bien improbable d'ailleurs, car on sait quels entraînements subissent les indivi­dus comme les collectivités en périodes de prospérité. Il ne suffit pas d'avoir une con­ception de l'intérêt général pour modérer sa marche quand la route est belle et l'horizon clair, il faut une connaissance, assez peu répandue de nos jours, des nécessités du rythme.

L'action du groupé sur les prix.

Un tel groupe monopoleur va exercer son action sur les prix. Quand les corporations se trouvent en présence d'éléments non corporatisés, elles tendent à imposer leurs prix, quand elles ont à faire à d'autres corpora­tions, elles se heurtent plus ou moins violem­ment à elles. D'un côté, monopole unilatéral, de l'autre, monopole bilatéral.

Le cas du monopole unilatéral.

a) La théorie du monopole a été exposée avec soin dans le courant de ces dernières années par un grand nombre d'économistes et nous n'avons pas à y revenir (20).

Plaçons-nous dans l'hypothèse la plus favo­rable en supposant que le Comité directeur du groupe ait acquis le sens de l'intérêt géné­ral et ne cherche pas à obtenir uniquement le gain maximum. Il évitera toute sous-produc­tion rentable, c'est-à-dire qu'il s'abstiendra de réduire la production dans le cas où, grâce à une certaine rigidité de la demande, l'aug­mentation de valeur correspondant à la rareté croissante de l'offre ferait plus que compenser la contraction du volume des ventes (21).

Nous pouvons admettre dans ce cas que les dirigeants de bonne volonté désireront décou­vrir le prix normal, forme moderne du juste prix médiéval, qui a hanté nos hommes d'Etat depuis bien des années. Après avoir essayé de traquer le bénéfice anormal, nos législateurs ont visé ce prix normal par la loi du 19 août 1936 relative aux denrées de première nécessité en le considérant comme égal à la somme du coût réel et du bénéfice légitime (« rapport qui doit exister entre le prix d'achat et le prix de revente » art. 7). Ils étaient sur ce point d'accord avec la con­ception vulgaire et c'est ainsi sans doute que raisonneraient les chefs bien intentionnés des grandes unités corporatives. Or il y a là des dangers.

 D’abord le calcul du prix de vente doit se faire d’après le prix de remplacement des marchandises et non d’après le prix de revient sous peine de conduire à la ruine, en temps de hausse des prix, les entreprises dont la trésorerie est étroite. C’est pour parer à ce grave inconvénient que de bons esprits ont proposé la constitution d’un stock de base ou stock-outil, ensemble de marchandises à l’état de matières premières, de produits semi-ouvrés ou de produits finis, dont l’importance serait proportionnelle à celle du matériel et à celle du chiffre d’affaire de l’entreprise. Ce fonds de roulement devrait être maintenu en nature, non en valeur monétaire. Le supplément de bénéfices, après les prélèvements nécessaire à ce maintien, serait seul retenu pour le calcul des bénéfices normaux (22).

Si, au lieu d’envisager une période de hausse, nous supposons qu’une dépression mondiale survienne et entraîne un fléchissement des revenus nationaux, les prix établis à partir du coût dont les principaux éléments, intérêts, salaires, charges fiscales et sociales, suivent avec retard ou ne suivent pas du tout les mouvements des affaires, seront manifestement excessifs par rapport à la demande. Ou les prix de vente seront maintenus et les affaires se raréfieront, ou les prix de vente fléchiront et le profit considéré comme légi­time disparaîtra. De toutes manières, les entreprises iront à la ruine, plus ou moins rapidement suivant le degré d'élasticité de la demande.

Il est probable que les dirigeants de la cor­poration, notant une tendance de la demande à se restreindre, pour ce motif d'ordre géné­ral ou pour tout autre, par exemple à cause d'un changement de la mode, seront incités à fermer la profession en interdisant des créations et des extensions d'entreprises, au lieu de chercher à réduire les coûts et les prix pour susciter une demande nouvelle de la part d'acheteurs jusque là hors de portée.

Ajoutons encore que la fixation d'un béné­fice légitime est forcément arbitraire. On peut imaginer quelles pressions subiront les mem­bres des organismes chargés d'une tâche aussi délicate, de quelle force de caractère ils devront faire preuve.

Ce n'est pas tout : dans l'hypothèse corpo­rative, le prix est uniforme pour les produits identiques fournis par les diverses entrepri­ses, comme sur un marché ordinaire. Or les groupes réunissent des entreprises travaillant à des coûts divers qui correspondent à des différences dans la situation, l'outillage, l'or­ganisation, l'habileté des dirigeants ou du personnel, les proportions respectives des coûts fixes et des coûts proportionnels. Le prix devra couvrir le coût maximum afin d'éviter la ruine des entreprises défavorisées. En conséquence subsisteront les rentes, si souvent reprochées à nos économies.

Lorsque les prix sont fixés de la sorte sur le marché des produits, ils doivent l'être également sur celui des services et sur celui des capitaux. La corporation doit assurer l'équilibre entre l'épargne et l'investissement, obtenir l'auto-discipline de ce dernier et con­trôler le crédit : véritable direction économi­que, des plus délicates et dont les résultats sont fort douteux (23).

Le cas du monopole bilatéral

b) La question du prix dans le cas où les corporations, chacune dotée d'un monopole, s'opposent les unes aux autres, est encore très controversée. Les spécialistes ne sont pas d'accord sur le point de savoir si ce prix est déterminé ou non. Tout dépend du sens que l'on donne à ce mot. Si l'on considère comme déterminé un prix qui pourrait être prévu, c'est-à-dire calculé d'avance par un observa­teur connaissant toutes les données économi­ques du problème, nous verrons que le prix est indéterminé dans le cas qui nous intéresse ici. Si, au contraire, on admet qu'il y a déter­mination dès l'instant où l'on peut rassembler toutes les données, économiques ou non, mesurables ou non, tous les prix sont susceptibles d'être déterminés.

Lorsque les discussions s'engagent entre deux parties jouissant d'un monopole, l'une d'achat, l'autre de vente, chacune d'elles pousse à la hausse et résiste à la baisse ou inversement jusqu'au moment où d'une part elle n'a plus d'avantage à traiter et où d'autre part elle craint que l'adversaire ne se retire. Il y a donc des limites qui encadrent une zone dans laquelle se fixera le prix, mais, étant donné que les entreprises peuvent se décider à vendre temporairement à perte, en raison de l'importance des immobilisations qu'il faut amortir, cette zone est fort étendue.

Les théoriciens nous apprennent que le prix, au cas de monopole bilatéral, tend à se fixer à un point d'équilibre qui correspond soit au sacrifice égal minimum pour les deux parties, soit à l'avantage égal maximum pour elles, soit au maximum total d'avantages. Cette multiplicité de solutions possibles prouve déjà que la détermination du prix n'est pas absolue. Mais cette manière de voir ne nous offre qu'une approximation de la réalité. En effet, ces auteurs raisonnent sur deux unités opposées comme ils raisonne­raient sur des moyennes abstraites qui se heurteraient mécaniquement. En fait, chaque partie ne se borne pas à faire pression sur l'autre et à résister à la pression adverse jusqu'au moment où un équilibre est atteint. Elle tient compte de l'attitude probable de l'adversaire, c'est-à-dire estime dans quelle mesure celui-ci sera disposé à poursuivre la discussion plutôt qu'à conclure un arrange­ment, et à la suite de cette estimation peut se décider à traiter en deçà du point d'équi­libre ou à tenter d'aller au delà de ce point. Si par exemple deux unités industrielles se trouvent en présence, l'une vendeuse de matières premières et ayant une trésorerie aisée, l'autre acheteuse de ces matières et ayant une trésorerie étroite, chacune dotée d'un monopole respectif de vente et d'achat, le prix sera très différent suivant que la pre­mière ignorera ou non la situation de la seconde et suivant que la seconde jouera hardiment ou non son jeu.

L'action des parties dépend donc d'une double appréciation : chacune cherche à con­naître la situation de l'adversaire et l'opinion que cet adversaire a d'elle. Il y a des diri­geants de corporation, comme des dirigeants de cartels ou de syndicats, qui peuvent être téméraires, timorés, bluffeurs ou insouciants dans les négociations. Ces caractères particu­liers se compensent quand il y a sur le marché multiplicité de vendeurs et d'acheteurs, mais non dans le cas où des unités sont en pré­sence. Si donc le prix n'est pas complètement arbitraire, comme dans le cas d'une fixation par un tiers ou par l'Etat, on ne peut pas cependant le regarder comme déterminé, puisque nous nous trouvons avoir à faire à des facteurs psychologiques non mesurables et dont les influences sont imprévisibles (24).

Il va de soi que toutes les constatations pré­cédentes sont faites en supposant que les dirigeants des corporations sont des hommes à qui rien d'humain n'est étranger. C'est une hypothèse qui restera voisine de la réalité tant que ne seront pas intervenues des modi­fications psychologiques profondes dont nous aurons à parler.

Incertitudes et dangers du corporatisme d'Etat.

Nous avons raisonné jusqu'à présent sur une économie de groupes conforme à l'hypo­thèse d'un corporatisme d'association. Dans le cas d'une corporation conçue comme diffé­rente des groupes, représentant l'intérêt national et émanant du Gouvernement, c'est l'Etat qui décide souverainement. Il fixe les prix par l'intermédiaire des comités direc­teurs suivant les indications fournies par des statistiques plus ou moins exactes dans la mesure où les préoccupations économiques dominent et selon les conceptions personnelles des dirigeants dans la mesure où les préoccu­pations politiques ou éthiques l'emportent. De toutes manières, l'équilibre n'est assuré que par des tâtonnements successifs et coûteux. Le prix perd sa signification propre de point d'équilibre obtenu par la conjonction de for­ces opposées. Dès l'instant où interviennent des tiers par voie d'autorité, il n'a plus du prix que le nom et devient incapable de rem­plir son rôle de régularisation et d'orienta­tion. S'obstiner à l'appeler prix est une hypocrisie verbale. Il ne reste plus, dans ce cas, qu'à souhaiter que les fonction­naires chargés de la direction soient d'une compétence indiscutée et d'une conscience parfaite (25).

Quant au profit, il est maintenu en prin­cipe, lui aussi, mais il se rapproche du trai­tement du fonctionnaire ; en effet, les sur­profits dus au monopole et à la concurrence imparfaite tendent à être éliminés ; inverse­ment, l'Etat intervient en cas de difficulté pour soutenir les entreprises en péril de manière à éviter une diminution des salaires ou une fermeture de l'usine et il empêche ainsi la disparition totale de la rémunération des dirigeants (26).

Tout dépend évidemment de la mesure dans laquelle l'Etat saura assouplir le système de manière à le plier au rythme de la vie éco­nomique avec une marge suffisante de profit pour conserver un stimulant individuel.

Il ne faut pas se dissimuler que, lorsque l'Etat entre en jeu pour fixer les prix et les profits, il se charge d'une tâche redoutable. Pour peu qu'il soit faible, les épreuves de force qui se livrent autour des prix dans les économies de groupes reparaissent sous une forme indirecte : les intéressés s'efforcent d'agir sur les pouvoirs publics par la persua­sion, l'intimidation, la corruption, et, comme il s'agit d'intérêts collectifs, l'exploitation du vaincu est totale, car la responsabilité se dilue dans le groupe et nul ne prend cons­cience de la part qui lui incombe.

Le point de vue social.

Dans l'ordre social, la corporation n'échappe pas aux lois des groupes que Palante a fort bien énumérées à la fin du siècle dernier.

Conformément à la loi de conservation, elle cherche à grandir, à s'étendre, à acquérir la prépondérance. Toute vie, dit Nietzsche, est volonté de puissance et toute société acquiert un caractère « exploiteur ». D'où les innom­brables procès entre les anciennes corpora­tions, la tendance à l'exploitation des consom­mateurs, la difficulté d'une auto-limitation et les efforts en vue d'englober le plus grand nombre de sujets (métiers connexes) ou d'ob­jets (prix).

D'après la loi de continuité, le lien physio­logique se substitue aux autres liens sociaux lorsque ces derniers font défaut. De là vient que la corporation jadis s'est contractée, s'est repliée sur elle-même, est devenue étroite­ment familiale, a réservé l'accès à la maîtrise aux seuls fils ou gendres de maîtres.

La loi de grégarisme amène la solidarité économique à se transformer en contrôle et en contrainte. Palante cite à ce propos les corporations médiévales qui assujettissaient la vie privée de leurs membres à une étroite discipline.

La loi de conformisme, corollaire de la précédente, explique l'intolérance des groupes les uns vis-à-vis des autres.

Enfin la loi d'immobilisme s'applique avec d'autant plus de rigueur que le groupe est plus fragile, la moindre innovation risquant de détruire ce qui lui reste de cohésion, et elle se traduit par cette routine que l'on a cons­tatée en France dans les corporations lors de leur décadence (27).

Il est à remarquer que ces lois peuvent engendrer des effets heureux. « L'esprit de corps » est capable de susciter l'enthousiasme, l'héroïsme, la charité. La loi de conservation peut se traduire en besoin de grandeur, la loi de continuité en désir de sacrifice en faveur des générations à venir, la loi de grégarisme en sentiment de fraternité, la loi de confor­misme en volonté de discipline, la loi d'im­mobilisme en respect des traditions. Il semble­rait donc que tous les caractères changeraient pour ainsi dire de signe si l'inspiration géné­rale se modifiait. Ainsi en va-t-il de la gra­phologie, les mêmes traits ont deux signifi­cations différentes, l'une favorable, l'autre défavorable, suivant que l'écriture est consi­dérée dans son ensemble comme supérieure ou inférieure. Malheureusement, rien ne garantit que les élites seront placées à la tête des corporations. Cette association n'a en elle-même aucune vertu propre de redresse­ment, elle est une forme et nous sommes obligés de constater une fois de plus que tout dépend de l'esprit qui l'anime.

L'économie de groupes dans l'évolution actuelle.

Si, considérant les différents caractères de la corporation, on essaye de s'élever à une vue d'ensemble, il faut prendre garde de ne pas tomber dans l'erreur qui consiste à regar­der l'économie de groupes comme une éco­nomie individuelle dans laquelle l'unité se serait simplement dilatée. On commettrait une inexactitude analogue à celle que nous avons relevée ailleurs dans les comparaisons faites couramment entre les petites commu­nautés socialistes dont l'histoire nous offre des modèles et les nations socialistes que cer­tains voudraient instituer. Dans les deux cas, la différence entre les institutions confron­tées est de nature et non de degré. Les unités individuelles sur lesquelles raisonnaient les économistes classiques, douées de sensibilité, d'intelligence et de volonté dans une mesure extrêmement variable suivant les cas, supposées indépendantes les unes des autres, per­mettent à la loi des grands nombres de jouer. Or, nous savons aujourd'hui que les lois éco­nomiques sont des lois statistiques comme les lois physiques (28). Si donc nous avons à faire à un petit nombre de grandes unités, le degré de probabilité des lois va fléchir. Com­ment imaginer les équilibres envisagés par Walras sur les marchés des produits, des services, des capitaux, si au lieu de milliers de chefs d'entreprise, d'ouvriers et d'épargnants, il n'existe qu'un nombre restreint de corpora­tions et, qui plus est, de grandeur et de puis­sance inégales ?

Il est certain que les hommes tendent à s'agglomérer en fait depuis longtemps, et que le groupe peut être regardé à bien des égards comme la consécration d'un état de choses existant. Deux voies s'ouvrent alors au réfor­mateur: ou chercher à repersonnaliser l'hom­me, au besoin avec l'aide de l'Etat, ou admet­tre et accentuer l'évolution en légalisant une économie de groupes.

Si nous sommes en présence d'une écono­mie de bien-être, comme nos ancêtres la con­cevaient, la première solution est défendable, mais exige de la patience et du temps ; si nous avons à faire à une économie de puissance, telle que la conçoivent plusieurs de nos contemporains, la deuxième solution sera probablement préférée.

Nous nous arrêtons ici dans cet exposé, car nous sommes en présence d'un jugement de valeur. Mais nous comprenons maintenant pourquoi les théoriciens que nous avons cités sont enclins à déborder le cadre économique et à nous imposer des fins politiques et mora­les. Dans une économie de groupes, les équili­bres naturels anciens sont détruits. Il faut supposer une modification psychologique en admettant que l'homme est altruiste, comme fait G. Arias, ou faire intervenir l'Etat en prenant appui sur une donnée historique ou philosophique, comme fait Ugo Spirito. De toutes manières, les fins sont l'essentiel, ainsi que l'explique F. Vito.

Le dilemme ne doit pourtant pas être posé de manière simpliste dans les termes : moralisation ou étatisme. Les classiques ont admis la morale et l'Etat, mais avec une extrême modération et c'est en cela que leur doctrine est humaine. Ils savent que la moralité est indispensable au système qu'ils exposent, et même qu'ils vivent de leur temps : un régime contractuel exige le respect des contrats. Ils sous-entendent ce postulat qui est évident ; ils le sous-entendent même trop, car les com­mentateurs modernes ne l'ont pas toujours aperçu. Mais ils savent également que l'hom­me est faillible et ils placent l'Etat à côté de lui pour le surveiller.

Au total, le corporatisme est une doctrine extra économique dans une large mesure appliquée à un système de grandes unités professionnelles. L'équilibre s'établit dans le cas d'une auto limitation (morale) ou d'une contrainte extérieure (étatisme). Il en résulte fréquemment une tendance confes­sionnelle ou dictatoriale.

La nuance confessionnelle est d'autant plus normale que le corporatisme repose au fond sur un sentiment de méfiance à l'égard de l'homme actuel. Or, d'après la doctrine chré­tienne, les penchants naturels de l'homme
sont considérés comme mauvais et chacun de nous doit travailler à les redresser. M. Salazar fait .allusion aux « tendances vicieuses de l'humanité. » (29). A cet égard, nous sommes loin de l'individualisme qui fait confiance à
l'homme en le supposant, intéressé, mais non perverti.                      

La mutuelle attirance des deux formes de corporation.

Si différentes que soient la corporation d'association et la corporation d'Etat, elles s'attirent l'une l'autre curieusement.

D'une part la corporation d'association, même si elle se discipline, peut éviter diffi­cilement l'intervention de l'Etat quand elle est amenée à prendre des mesures d'impor­tance nationale, comme la fixation des prix, l'établissement d'un certificat d'aptitude, la fermeture d'une profession (30). Et si elle ne se discipline pas, non seulement les pouvoirs publics seront amenés à la diriger, mais c'est elle-même qui les appellera à son aide.

D'autre part, le corporatisme d'Etat n'est qu'une forme d'étatisme et l'on comprend que les pouvoirs publics souhaitent de voir jaillir du sol national des associations vivaces. Mais comme une invitation ne suffit pas, ils créent la charpente, ils éduquent les indi­vidus, ils prennent temporairement en mains l'organisation de l'économie avec le désir bien arrêté de préparer ainsi leur propre abdication. L'expérience portugaise, dont nous aurons à parler, nous offrira un modèle de cette méthode que nous résumerons par la formule : au corporatisme d'association par le corporatisme d'Etat.

Cette attirance mutuelle provient d'une double instabilité. Le corporatisme d'associa­tion ne trouve pas dans le milieu ambiant le support nécessaire (spiritualisme, notion d'in­térêt général, désir de collaboration, etc...) pour se suffire à lui-même ; le corporatisme d'Etat, s'il n'est pas temporaire et destiné à servir de cadre à un mouvement ultérieur spontané, n'est qu'un masque de l'étatisme et, théoriquement, se renie.

Louis Baudin

 (Sources : Le Corporatisme par Louis Baudin, Ed. L.G.D.J. – 1941)

 

Notes:

(1) La Tour du Pin,  Vers un ordre social-chrétien

(2) M. Manoïlesco, Le siècle du corporatisme

(3) Economie nationale corporativa ; Rome, 1929. L'economia corporativa ;  Florence,  1934.

(4) Cette  conscience n'est pas un principe  rationnel, écrit G. Arias. Suivant l'expression d'un commentateur, elle est « le concept normatif de l'utilité corporative » (P.  E. Taiviani, II concetto di ulilita nella teoria corporativa, Economia, juillet 1935). Sur la même  question,  voyez   M.  Troisi, Considerazione   nella  norma corporativa, Economia, janvier 1937

(5) Struttura   teorica   del   corporativismo.   come   economia   di
produttori, in Nuovi problemi politica, storia ed economia,  1932.
Economia e corporativismo, Ferrare, 1929.

(6)  I fondamenti della economie corporativa ;   Milan,  1932. Capitalisme e corporativismo ;  Florence, 1933.

(7) Cicli di produzione, cicli di credito e fluituazioni industriali, Giornale degli Economisti, mai 1931.

(8) Lezioni di economia politica corporativa ;  4e édit., Padoue, 1937,   tome   III,   titre   II,   chap.  XIV.

(9) Lo Stalo nel processo economico ;  Padoue, 1936, ch. XV.

(10)   Promesse  di economia   corporativa ;   Pisé,   1929.   Teoria generale  della  economia  politica nazionate ;   Milan,   1931.

(11)  F.   Vito,   Economia   politica   corporativa ;   Milan,   1939, ch. III.

(12) Dans le même sens, E. Coppola, La norma corporativa ; Rome,  1936. Cette norme est « une dogmatique nouvelle connexe aux principes éthiques et politiques ».

(13) F.  Vito, Lo stato  attuale della dottrina degli aggruppamenti di imprese in Italie, in Gli aggruppamenti di imprese nett economie corporativa ;  Milan, 1939. Cet économiste a écrit un  grand  nombre  d'études  sur  la  corporation. Citons,  en  ce  qui concerne la question des fins et le caractère éthique de l'économie corporative    :   L'essenza   dell’economia   corporativa,   in   Economia corporativa ; Milan, 1935. Sui fini dell'economia corporativa, Giornale degli Economisti ;   1935.

(14) Fr.  Feroldi,  I gruppi di  imprese  nell'economia corpora­tiva, in Gli aggruppamenti di imprese... ; op. cit., p. 115, note 1.

(15) F. Vite : Concorenza imperfetta, monopolio collettivo di economia corporativa in Gli aggruppamenti di imprese... ;   op. cit., P. 15.

(16) M. Caetano, Licoes de Direito Corporativo ; Lisbonne, 1936.

(17) Remarquons incidemment qu'il n'existe aucune opposition entre l'individualisme et le personnalisme, le deuxième n'est que le développement du premier, lequel n'a jamais admis l'isolement de l'homme et même a toujours reconnu la nécessité de certaines inter­ventions de l'Etat.

(18) La critique a été faite par M. Venditti, Negozii associa-tivi économie! ; Naples, 1938, p. 168. M. F. Feroldi répond que c'est là un fait interne qui peut et doit être combattu : / gruppi di imprese neilVconomia corporative, Economi'a, mars 1939, p. 246.

(18) La critique a été faite par M. Venditti, Negozii associativi économici ; Naples, 1938, p. 168. M. F. Feroldi répond que c'est là un fait interne qui peut et doit être combattu : I gruppi di imprese nell’economia corporativa, Economia, mars 1939, p. 246.

(19)  Fovel  compte  sur  cette  tendance  de  la corporation  pour éviter la stagnation.

(20) Pour tout ce qui concerne les prix, voyez nos ouvrages : La monnaie et la formation des prix ; Paris, 1936, et plus récem­ment : le mécanisme des prix ; Paris, 1940.

(2l) C'est le cas du « monopole social » de E. Staley, World Economy in Transition ;  New-York,  1939, p.  184.

(22) J.o., Déb. Parl.,Sénat, Séances des 15 et 22 février 1940 et proposition de loi Dommange.

(23) Voyez notre brochure : La réforme du crédit ; Paris, 1938, p. 107.

(24) Nous ne sommes donc pas d'accord avec M. F. Zeuthen (Du monopole bilatéral. Revue d'économie politique, 1933, p. 1651).

(25) Les hommes d'Etat eux-mêmes semblent n'avoir pas une idée claire des difficultés inextricables auxquelles ils se heurteraient s'ils devaient fixer les prix. Ils paraissent ignorer ce que les écono­mistes nomment « le calcul des valeurs ». C'est ainsi que M. Déat écrit à propos de la corporation : « Le prix sera fixé pour une période donnée et pour une denrée déterminée en tenant compte de tous les éléments et en assurant à chacun des producteurs, sala­riés ou non, à quelque échelon qu'ils soient placés, une rémunéra­tion normale et suffisante ». On juge du travail ! Nous renvoyons aux remarques pertinentes de tous ceux qui ont étudié la question de nos jours : Mises, Haiyek, Robbins, etc... (M. Déat, Corpo­ratisme et liberté ; op. cit., p. 54).

(26) Bruno Foa, II profitto nel sistema corporativo, Annali di statistica e di economia,  1935, vol.  III, p. 73.

(27)  Pour   l'analyse   générale   de   ces   lois,   voir   G.   Palante, Précis de sociologie ;   Paris,  1903.

(28) Voyez notre étude. La loi économique, dans l’ouvrage : Cournot ;   Padoue,  1939, p. 29.

(29)  Une révolution dans la paix ;  Paris, 1937, p. 148.

(30)   F.  Perroux,  Capitalisme et communauté de  travail ;   op. cit., p.  155 et suiv.

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