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Plongée dans une crise économique depuis plusieurs années, son gouvernement contesté dans de grandes manifestations de rue, douze ans après le « printemps arabe » qu’elle avait enfanté, la Tunisie s’enfonce dans le chaos. Une menace pour l’Europe.

En 2011, la révolution du Jasmin, déclenchée par l’immolation d’un jeune vendeur ambulant sur un marché de Siddi Bouzid, avait conduit à la chute du régime Ben Ali. Mais la marche vers la démocratie, qu’appelaient de leurs vœux les manifestants – aussi bien animés par de légitimes revendications politico-sociales que manœuvrés par le Département d’État américain, des bloggers agitateurs et dans un second temps les islamistes – semble aujourd’hui de plus en plus menacé.

Le président Kaïs Saïed ne jouit que d’une très faible popularité, son niveau électoral est extrêmement faible. Lors du récent référendum pour confirmer la nouvelle Constitution – qui limite les contre-pouvoirs – seuls trois Tunisiens sur dix se sont présentés aux urnes. Un chiffre bas, surtout si l’on considère qu’il émane du gouvernement. Les oppositions le contestent, la participation effective serait selon leurs dires encore moindre, et demandent sa démission.

Les tensions sociales sont au plus haut : le taux d’inflation est en forte augmentation comme le chômage des jeunes. Les biens de première nécessité sont de plus en plus difficiles à se procurer. Des difficultés économiques qui ont poussé le gouvernement à négocier un prêt avec le Fonds monétaire international. Fidèle à sa politique de chef d’orchestre de l’austérité, ce dernier aurait demandé en échange de son 1,9 milliard de dollars, un gel des salaires des fonctionnaires, l’élimination des subventions pour alimentation et carburant, la réduction des dépenses en matière de santé publique, d’éducation et de protection sociale. Sans oublier la privatisation des grandes entreprises publiques. Poussant les citoyens et les syndicats dans la rue.

L’accord avec le FMI piétine, le pays peut faire faillite d’un moment à l’autre. Et de chacun sait que ce serait la porte ouverte à une nouvelle vague migratoire massive. Ce que craint l’Union Européenne qui pousse à la signature, comme tonne Joseph Borrell « l’Union européenne ne peut pas aider un pays incapable de signer un accord avec le Fonds monétaire international ». En cas de refus, le versement des dizaines de millions d’euros de l’Union européenne et de l’Italie pour des programmes de coopération en matière de migration pourrait être remis en cause.

Aux milliers de jeunes tunisiens désireux de venir s’installer en Europe, s’ajoutent les « hordes de migrants clandestins en provenance d’Afrique subsaharienne » arrivés en Tunisie, source de « violence et de crimes » selon Kaïs Saïed. Des clandestins arrivés en Tunisie mais… aspirant l’El Dorado européen. Si le pays plonge dans le chaos, ce serait un ultérieur tremplin pour le vieux continent. Une énième porte d’entrée ingérable (ou ingérée) comme la Libye.

Pile les Tunisiens perdent, face les Européens perdent. Quand le FMI s’en mêle, on n’est jamais surpris.

Audrey D’Aguanno

Source : Breizh-info.com - Le 27 mars 2023

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