Catégorie : Terre et Peuple Magazine n°30 – Hiver 2006

LA CLE ETHNOPOLITIQUE

 

Ethnopolitique. Encore un mot compliqué, inventé par des intellos qui n'ont que ça à faire ? Non, un mot tout simple pour dire que la politique et le politique, les données politiques, les enjeux politiques sont largement déterminés par les questions ethniques.

 

On le savait déjà fort bien dans cette Grèce antique qui est "notre mère", selon la belle expression de Thierry Maulnier. "Ethnique" vient d'ailleurs d'un mot grec, ethnos, qui signifie "le peuple", "la communauté du peuple". Platon, dans La République, affirme que les Grecs "sont unis par la parenté et la communauté d'origine" car "les peuples grecs diffèrent des Barbares par la race et le sang". Quant à Aristote il rappelle, dans sa Politique, qu'est "facteur de sédition l'absence de communauté ethnique (...) car de même qu'une cité ne se forme pas à partir d'une masse de gens pris au hasard, de même ne se forme-t-elle pas dans n'importe quel espace de temps. C'est pourquoi parmi ceux qui ont, jusqu'à présent, accepté des étrangers pour fonder une cité avec eux ou pour les agréger à la cité, la plupart ont connu des séditions". Illustration de ces principes : les Athéniens, incontestablement reconnus comme les pères de la démocratie, avaient pris soin de prévoir pour ceux qu'ils appelaient les métèques – étrangers résidant provisoirement à Athènes en raison de leurs activités économiques – un statut très particulier, ne leur accordant aucun des droits politiques et civils dont bénéficiaient les Athéniens.

 

Une question : l'ethnopolitique est-elle en concurrence avec la géopolitique ? Certes non. Elles se complètent. Mais en précisant tout de même que l'ethnopolitique détermine en grande partie la géopolitique. Tout simplement parce que le peuple est plus important que la terre. Que la terre soit provisoirement perdue n'est pas insurmontable. La Reconquista ibérique en est l'illustration la plus spectaculaire. Par contre est insurmontable la perte d'un peuple, de la substance vivante qu'il représente. Cette condamnation à mort peut se faire par génocide. Elle peut aussi se faire par métissage. Cette solution finale miraculeuse dont rêvent tous ceux qui veulent la fin des peuples, pour déboucher sur ce monde paradisiaque qui serait celui d'une humanité uniformisée, indifférenciée – cette masse si facile à robotiser, à asservir, à exploiter.

 

C'est pourquoi nous sommes en total désaccord – le mot est faible – avec ceux qui, comme Douguine ou ses associés en France, en Italie, en Espagne ou ailleurs, considèrent comme une solution d'avenir l'Eurasie, c'est à dire un ensemble territorial regroupant des populations européennes et d'autres qui ne le sont pas, sous le pieux prétexte que la terre russe a été habitée, au cours de l'histoire, entre autres par des gens qui n'étaient pas Européens. En oubliant, ou plutôt en voulant oublier que les Russes, ces Européens, n'ont pas connu de repos tant qu'ils n'ont pas expulsé ou vassalisé ces hôtes indésirables... Nous pouvons mettre, très volontiers et gracieusement, sur cette question, à disposition de ceux qui en auraient besoin, un aide-mémoire sous forme de cours d'histoire... Une histoire que connaît bien le président Poutine et dont il tire des conclusions que son peuple, à l'évidence, approuve.

 

Quant à nous, en préconisant, comme grand dessein et grand destin pour tous les Européens l'Eurosibérie, nous ne faisons que mettre en application le principe ethnopolitique. Un principe qui, s'il était pris en compte sur tous les continents, permettrait de trouver des solutions équilibrées et équitables pour tous les peuples. Ces peuples, tous ces peuples, dont le droit à l'identité doit être reconnu. Sinon... dressez l'oreille. Le galop des cavaliers de l'Apocalypse s'approche.

 

Pierre VIAL

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