Catégorie : Fêtes Païennes
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Les fêtes de Yul

 

Entre le 6 décembre et le 6 janvier, les peuples européens fêteront la vieille fête du solstice d'hiver.

 

Voici déjà des millénaires, nos lointains ancêtres célébraient le cycle du Yul en allumant un grand feu, symbole du puissant soleil, dispensateur de lumière et de fertilité.  Les Grecs célébraient, le 6 janvier, 1'épiphanie de Dionysos (epiphaneia = apparition, manifestation). La (re)naissance de Mithra était, elle, commémorée le 25 décembre et à Rome, la fête du Sol Invictus se déroulait le même jour.

 

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C'est seulement à partir de 440 que l'Eglise décida officiellement de célébrer la naissance de Jésus le 25 décembre. En effet, la date de l'événement variait, selon les sources, du 18 novembre (Clément d'Alexandrie) au 20 ou 21 mai.

 

« Plus tard, lorsqu'ils furent convertis au christia­nisme, nos pères n'abandonnèrent pas pour autant ces coutumes païennes et l'Eglise, bon gré mal gré, n'eut d'autre ressource que de les tolérer.  Elle fit même coïncider certaines de ses fêtes et des réjouissances solsticiènnes  (...)  L'Eglise décida aussi que la Noël serait fêtée le jour du solstice d'hiver, le 25 décembre, officialisant ainsi les joyeuses flambées qui marquaient cette date. » (I)

 

 En 601, le pape Grégoire 1er, enjoignait à ses mis­sionnaires anglais de s'employer à détourner de leur sens d'origine les coutumes païennes les plus enraci­nées, plutôt que de les combattre ouvertement.  C'est ainsi qu'au Moyen-âge, la fête de Noël devint la plus grande des réjouissances populaires chrétiennes. Une crèche vivante était représentée et processions, chants, danses, et même festin s'y trouvaient mêlés.

 

Mais en Ecosse, en 1583, la fête de Noël, considérée comme fête païenne, fut interdite.  Les puritains anglais parvinrent à la faire interdire, pour les mêmes raisons, sous Cromwell. Et ce n'est que lors de la restauration de Charles II, en 1660, qu'elle fut réta­blie.

 

Aujourd'hui encore certains chrétiens, comme les Témoins de Jéhovah, se refusent à célébrer Noël, fête européenne par excellence.

 

Comme nous le rappelions plus haut, la fête indo­européenne du Yul n'est pas limitée à une seule journée. En fait, Noël ne représente que le point culminant du cycle.

Les festivités débutaient, dans ce qu'on peut appe­ler les Grands Pays-Bas (de la Picardie à la Rhénanie en passant par la Champagne et la Lorraine) et plus particulièrement en Flandre, Hollande et Wallonie, par la fête de Saint-Nicolas. 

 

Celui-ci, monté sur son âne, ne serait autre que le vieil Odin chevauchant Sleipnir - soit une édulcoration chrétienne du mythe de la « Grande Chasse ».

 

Vient ensuite la Sainte Lucie (lux = lumière), toujours vivante en Suède et en Alsace, où les jeunes filles réveillent la maisonnée en lui apportant café et petits pains en forme de roue solaire.

 

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Le Père Noël (ou Bonhomme Noël ou encore Bonhomme Janvier) serait la version déchristianisée de Saint Nicolas,  II faut remarquer la violence avec laquelle l'Eglise s'est parfois attaquée au jovial personnage : en 1941, le curé de Clichy-sous-Bois affiche un qua­train contre le Père Noël et à la gloire du petit Jésus; le cardinal Roques, lui, dénonce en 1951 les « invraisemblables stupidités d'un imaginaire chiffonnier dénommé Père Noël ».

 

Et c'est la fête des rois qui clôt le cycle, avec sa galette ronde et dorée comme le soleil. (…)

 

Un des maîtres-symboles du Yul est sans conteste le traditionnel sapin (dont la signification serait à rapprocher à la symbolique païenne de l'arbre, modèle de vie, synthèse de la terre et de la lumière). C'est à Schlesttstadt, en Alsace, que l'on trouve, en 1521, la première mention d'un arbre de Noël; puis à Strasbourg en 1539.  La première description précise date de 1605.  L'arbre est attesté en Allemagne à partir de 1700, mais n'atteindra Paris et Londres qu'en 1837, pour seulement se généraliser en France à partir de la diaspora alsacienne de 1870.

 

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Un autre thème majeur est le feu, non seulement le feu dans l'âtre mais aussi celui du bûcher.  Bien qu'en Wallonie il ait quasiment disparu, la tradition­nelle « chandelle de Noyé » a subsisté : « Allumée à minuit pour marquer la naissance du Christ, elle est le symbole de la fête du feu. Noël n'est en effet que la fête antique du feu.  Le Christianisme a su profiter de cette solennité païenne pour l'accorder harmonieuse­ment avec l'image de l'homme nouveau, du Soleil sur le monde. » (3)

 

Michel B. FINCŒUR

 

(1) André NIZETTE : « Mathy brule-t-il ? » in « Folklore
dans la province de Liège... un passé bien vivant ! »,
1968, Liège, Fédération du Tourisme dans la province
de Liège.

 

(2) Georges REM : « Quelques pages pour lire au coin du feu » in « Si Liège m'était conté... » n° 29, 8ème année, hiver 1968. Enfants-Magazine décembre 1976.

 

« Comment les Rois Mages vinrent en Occident » Robert de HERTE in le Figaro-Magazine 06.01.1979.

 

Dossier « Noël, le Soleil reviendra » Eléments n° 19 déc.76-Janv.77.

 

« Les Solstices, Histoire et actualité » J. MABIRE et P. VIAL, éditions G.R.E.C.E., 1975.

 

(Sources :Pour une renaissance européenne, Décembre 1980)

 

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