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A vrai dire Jack Marchal n'était une vedette que dans un milieu assez restreint, dans lequel m'avaient introduit ma soif d'absolu et ma détestation des rebelles officiels et agréés (les différentes sortes de gauchisme universitaire des années 70). Je veux parler de la fac d'Assas, du GUD et toutes ces choses. Là J.M. jouissait du prestige d'avoir créé le personnage du rat noir (à partir d'un autre rat de la BD des années 60), rongeur emblématique de l'extrême droite estudiantine, et « adopté » en quelque sorte par défi, les ennemis de la Ligue communiste désignant collectivement les « fascistes » par cet animal pestilentiel (les sectateurs de Krivine ayant choisi eux comme animal totémique la taupe de Karl Marx).

Des rats de cave...

Ce rat noir casqué de noir était mis en scène par Marchal dans différentes activités: essentiellement le cassage de gueule de gauchistes, à grands moulinets de nunchaku (et aussi un peu de débauche gauloise). J. M., au mitan des années 70 allait étoffer ses BD dans le magazine Alternative, honnête tentative de fanzine branché nationaliste et anti-gauche. Tout ça n'était peut-être pas très politique au sens traditionnel du mot, mais au fond la politique nous était interdite, restait donc la baston et la provocation - et la camaraderie.

 

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Je n'ai pas beaucoup vu alors la silhouette dégingandée et la tête (et la coiffure) médiévale de Marchal. Je l'ai mieux connu à la toute fin des années 70. Par la contre-culture rock, essentiellement - et en ce sens il était bien, à sa façon particulière, de la génération Wight/Woodstock. Déjà vers 1975, il avait réalisé, avec le peintre futuriste Olivier Carré et un activiste italien, un 33 tours, Science & Violence, chanté en français extrémiste et ricaneur, sans doute musicalement influencé par les Rolling Stones ou le rock progressif encore la mode : ça ne m'emballait pas - à part peut-être le dystopique Tu sais Monsieur derrière ta porte - mais le disque avait l'incontestable mérite d'être unique en son genre...

 

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Et c'était ça l'autre grande passion de Jack Marchal : la musique pop/rock. Il s'était enthousiasmé pour la new wave britannique, avait acheté des synthétiseurs Korg et des boîtes à rythmes primitives. Je me souviens d'une de ses compositions assez réussies dans le genre vaguement kraftwerkien. Et c'est dans son mini-studio installé dans une pièce de son appartement de la rue de l'Assomption que mon cousin et moi-même fîmes les premières maquettes de notre groupe Jeunesse Dorée.

Marchal allait plus tard parrainer les groupes du « rock identitaire français », pas hyper excitants, du moins musicalement, mais c'est l'intention qui compte, on dira. Sinon, il s'était également enthousiasmé, à la fin des Seventies, pour les radios encore libres, et on l'entendait parfois aborder les sujets les plus variés et les plus clivants sur Radio Ici & Maintenant, tenue par des hippies vraiment très tolérants et peut-être épatés.

 

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Marchal avait un humour très acéré, balançait en pince-sans-rire des vannes assassines sur l'époque et ses « héros ». Il avait ce look d'éternel étudiant, un étudiant qui se foutait de l'élégance vestimentaire et plus encore de la mode (même new wave). Il était incommensurablement original dans ses réparties. Ou dans son comportement : je me souviens d'une soirée Jalons tenue à l'été 82 dans l'appartement de Cousin Arnaud, du côté du métro Villiers (75008). Une bonne partie de la nuit les gens - dont des people émergents comme Philippe Manœuvre et Jean-Pierre Dionnet - dansaient, buvaient, faisaient bruyamment les malins. Marchal lui s'était éclipsé assez tôt dans une pièce du fond du grand appartement, où mon cousin entreposait ses machines musicales, et il avait passé toute la nuit - en tout cas toute la fête - à tester les possibilités infinies de l'énorme synthétiseur Yamaha, dernière et coûteuse acquisition d'Arnaud, en un superbe mépris de nos activités festives. On l'avait vu émerger vers 3 heures du matin, content de sa « soirée », prenant un verre d'alcool réparateur et balançant quelques saillies aux derniers invités présents. C'était ça Marchal, un mélange attachant de radicalité politique et de planerie un peu « années 70 »...

 Pierre Robin

Source: Page Facebook de Pierre Robin

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